Fiche du document numéro 20145

Num
20145
Date
Jeudi 24 mai 2007
Amj
Taille
97537
Titre
Fuentès : un mercenaire cloué au sol
Sous titre
Jean-Jacques Fuentès a été arrêté à Bordeaux et devrait être prochainement extradé vers Malte. Les autorités de La Valette lui reproche d'avoir fait illégalement transiter par l'île un avion à destination des forces armées ivoiriennes
Lieu cité
Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Arrêté le 17 mai à l'aéroport de Bordeaux, puis incarcéré à la prison de Gradignan, le mercenaire français Jean-Jacques Fuentès sera présenté demain jeudi à la Chambre d'instruction de la Cour d'appel de la capitale girondine, où devrait lui être signifiée son extradition vers Malte, en vertu d'un mandat d'arrêt international (lire l'article).

Destiné à des tournages de films



Ce pilote instructeur - telle est la qualité qu'il revendique - recruté dès l'automne 2002 par l'armée ivoirienne, est poursuivi par les autorités maltaises pour avoir acheminé illégalement en Côte d'Ivoire, via l'île méditerranéenne, un chasseur Strikemaster de fabrication britannique. Appareil utilisé a minima pour des vols de reconnaissance aériennes liés à "l'opération Dignité", la tentative de reconquête par les forces loyales au président Laurent Gbagbo de Bouaké, fief de la rébellion nordiste, en 2004. La Valette reproche notamment à ce baroudeur aguerri, qui a roulé sa bosse du Liberia au Soudan, via l'Angola ou l'ex-Zaïre, d'avoir dissimulé la vocation véritable du Strikemaster, présenté comme un avion démilitarisé destiné à des tournages de films.

En fait, selon le quotidien britannique The Observer, un fana d'aviation avait diffusé dès mars 2003 la photo, prise sur un aéroport maltais, de l'appareil fraîchement repeint aux couleurs de l'armée de l'air ivoirienne. Employé pour des shows de voltige aérienne en Europe par son ancien propriétaire, le pilote britannique Tom Moloney, le chasseur-bombardier, désarmé, donc considéré comme un aéronef civil, avait été acquis en cash par Jean-Jacques Fuentès à travers un homme d'affaires de Sheffield, dans le Yorkshire britannique. Convoyé ensuite jusqu'à Abidjan puis Yamoussoukro par le même Fuentès, au prix d'un périple rocambolesque, le Strikemaster made in Britain sera promptement remilitarisé. En chemin, il aurait même déjoué une tentative d'interception par deux Mirages français dans le ciel de Corse...

Reste à savoir si l'appareil a été, de près ou de loin, mêlé aux préparatifs du raid lancé le 6 novembre 2004 sur le lycée Descartes de Bouaké, quartier général d'un détachement du dispositif Licorne. L'attaque, menée par deux Sukhoï-25 de facture soviétique, avait été fatale à neuf soldats français et à un civil américain. Elle avait provoqué, en représailles, la destruction instantanée de l'essentiel de la flotte militaire ivoirienne sur l'aéroport de Yamoussoukro, même si la Strikemaster de Fuentès avait alors échappé au missile Milan censé le neutraliser. Le soldat de fortune avait d'ailleurs été entendu fin 2006 par les policiers de la Brigade criminelle dans le cadre de l'enquête ouverte sur les circonstances de ce drame, puis remis en liberté.

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