Fiche du document numéro 18687

Num
18687
Date
Dimanche 4 juin 2017
Amj
Auteur
Taille
374874
Titre
Ceux qui luttent sans relâche
Sous titre
Trente ans après la création du Front patriotique rwandais (FPR), le réalisateur français Christophe Cotteret retrace l’épopée de l’ex-rébellion rwandaise, devenue parti-État.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
FPR
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le Rwanda n’est pas un
champ donné aux autres
pour qu’ils le cultivent.
Nous n’avons pas besoin
qu’on nousmontre le chemin vers notre
dignité. » En vingt et un ans, l’homme
qui se tient à la tribune a peu changé.
Silhouette longiligne et visage anguleux,
verbe acéré, Paul Kagame a seulement
échangé son treillis demaquisard contre
uncostumesurmesure, plus seyant pour
un chef d’État. Le 4 juillet 2015, dans le
nordduRwanda, lacaméradeChristophe
Cotteret capte la cérémonie organisée
par le Front patriotique rwandais (FPR) à
l’occasion de la fête nationale, qui célèbre
ce jour de juillet 1994 où la rébellion
alorscommandée par l’actuel président
s’emparait de Kigali, mettantuntermeau
génocide. Parmi les représentantsdugratin
politique et militaire qui s’y donnent
l’accolade,onreconnaîtquelques-unsdes
vétérans ayant écrit l’histoire – glorieuse
et controversée – de cemouvement politico-
militaire qui a conservé son surnom
des années de « lutte » : FPR-Inkotanyi
(« ceux qui luttent sans relâche »).
Rwanda-FPR-Kagame. Le film de
Christophe Cotteret s’ouvre sur ce triptyque
avant d’évoquer la genèse d’un
mouvement insaisissable qui fascine
autant qu’il irrite. Rien ne prédestinait
ce réalisateur français résidant à
Tunis, déjà auteur de deux films sur
la « révolution de jasmin », à devenir
le mémorialiste de cette rébellion née
en Ouganda en décembre 1987. « Une
amie m’avait suggéré de venir assister à
la 20e commémoration du génocide, en
avril 2014. M’intéressant aux périodes de
transition, j’ai cherché à en savoir plus
sur les Inkotanyi. Et je me suis rendu
compte qu’aucun livre ni aucun film sur
ce mouvement n’existait », résume-t-il.
ChristopheCotteret se rapproche alors
de la présidence de la République. Il
récolteunfeu orange, ce qui, auRwanda,
vaut approbation: «Onm’a dit : “OK, on
ne t’empêchera pas de le faire.” » Tout au
plus devra-t-il patienter : ce n’est qu’au
bout de deux ans qu’ilpourra interviewer
Paul Kagame– par ailleurs président du
Front patriotique.
TÉMOINS. Pour donner à voir cette
saga, Christophe Cotteret a pu exploiter
diverses archives inédites mises à
sa disposition par le FPR. Pour la raconter,
il a donné la parole aux
principaux cadres politiques
dumouvement – Tito
Rutaremara, Denis Polisi,
Patrick Mazimhaka – et aux
officiers emblématiques de
l’ex-guérilla : Paul Kagame
et son actuel ministre de la
Défense, James Kabarebe.
Avec d’autres témoins,
célèbres ou anonymes, ces
personnalités retracent
l’épopée d’une génération
deRwandais tutsiscontraints
à l’exil alors qu’ils étaient
encore enfants et qui ont
choisi de prendre les armes.
Avant de faire du pays des
Mille Collines – paysage d’apocalypse au
lendemaindugénocide – l’undes laboratoires
les plus prometteurs du continent.
« Ce qui m’a frappé, c’est l’incroyable
niveau de discipline qui règne au sein
de cemouvement, où rien n’est laissé au
hasard, témoigne Christophe Cotteret.
C’est aussi la richesse de sa culture politique,
quipuise aussi bienaux sourcesdu
marxisme,dulibéralismequedupanafricanisme,
proposant une synthèse avant
tout pragmatique. » Si l’on peut regretter
que le réalisateur n’explore qu’en surface
la façon dont le FPR, devenu parti-État
depuis 1994, a jeté les basesdu« miracle »
rwandais des années 2010, Christophe
Cotteret assume son parti pris. « C’est
avant tout la réflexion politique du FPR
qui m’intéressait : de quellemanière agir
dansdescirconstancesexceptionnelles? »
Confrontés au crime des
crimes,ayanthérité d’unpays
enmiettes, les « lutteurs infatigables
» ont suivi pour cela
les préceptes de celui qui, au
fond, n’a jamais cessé d’être
leur commandant en chef.
«Lepanafricanismedevraitse
construireenrejetant ce sentiment
qui existeunpeupartout
dans le monde, conclut
PaulKagamedansInkotanyi:
l’idéequequelques-uns sont
supérieurs aux autres et que
l’Afrique devrait figurer indéfiniment
tout en bas de ce
classement. »

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