Fiche du document numéro 16961

Num
16961
Date
1974
Amj
Auteur
Taille
1187816
Titre
Complainte des gens de l'argile. Les Twa du Rwanda
Type
Article de revue
Langue
FR
Citation
Cahiers d'études africaines

Complainte des gens de l'argile [Les Twa du Rwanda]
Les Twa du Rwanda
Monsieur José Kagabo, Monsieur Vincent Mudandagizi

Abstract
J. Kagabo & V. Mudandagizi — Ballad of the 'clay-people': the Batwa of Rwanda. Three case-stories demon-strating the
subservient position of the Batwa pygmies in Rwanda: a chief's litter-bearer, a potter and buffoon, and a relatively successful
peasant. The Batwa have never been accepted as full-fledged members of Society even after the 1959 revolution.

Citer ce document / Cite this document :
Kagabo José, Mudandagizi Vincent. Complainte des gens de l'argile [Les Twa du Rwanda]. In: Cahiers d'études africaines, vol.
14, n°53, 1974. Le problème de la domination étatique au rwanda. histoire et économie. pp. 75-87;
doi : 10.3406/cea.1974.2664
http://www.persee.fr/doc/cea_0008-0055_1974_num_14_53_2664
Document généré le 02/06/2016

JOS
VINCENT
Complainte

KAGABO
et
MUDANDAGIZI
des gens de

argile

Les Twa du Rwanda

Aux temps où la forêt primitive recouvrait le Rwanda les Pygmées
twa vivaient librement de la chasse Peu peu repoussés par les défri
cheurs ils durent céder la place Certains restèrent dans les lambeaux
encore existants de la grande forêt autrefois autres se résignèrent
tenter de survivre auprès une population qui ne les accepta jamais
Parmi ces derniers quelques-uns ont accepté enregistrer histoire de
leur vie de raconter leurs difficultés et leurs tentatives pour briser le
mépris général qui les entourait Nous présenterons des extraits de ces
biographies mais avant nous analyserons brièvement leurs conditions
de vie
On affirme généralement que les Twa forment
de la population
rwandaise Ce chiffre issu de la colonisation belge
toute chance être
approximatif les Twa aimaient pas se présenter aux recensements aux
quels ils étaient ailleurs rarement convoqués Il indique simplement
avec raison que ethnie Twa avère très minoritaire Si les Twa de la
forêt se distinguent aisément du reste de la population par leur aspect
physique petite taille traits assez forts démarche etc.) il en est pas
de même de ceux qui vivent depuis des générations dans des régions
défrichées Des alliances matrimoniales hors de leur ethnie avéraient
impensables mais le métissage ne en opéra pas moins essentiellement
par les femmes
la cour du roi ou chez les grands chefs des servantes
twa accomplissaient toutes sortes de menus travaux et offraient en outre
leurs services sexuels aux visiteurs qui ne les méprisaient pas Les enfants
issus de ces rapports étaient considérés comme des Twa et élevés dans le
milieu familial de leur mère Ainsi est-il pas rare de rencontrer des
Twa que rien ne distinguerait des autres Rwandais si existait pas leur
égard un comportement social particulier qui les désigne immédiatement
comme tels Bien ils soient nettement plus grands en raison des
métissages et de alimentation que leurs frères de race qui vivent encore
dans la forêt ils restent dans ensemble de petite taille

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JOSE KAGABO ET VINCENT MUDANDAGIZI

Avant la colonisation la distinction entre Hutu et Tutsi reposait sur
tout sur des critères économiques et politiques un troupeau important
un mariage avec une jeune fille tutsi la protection un chef faisaient
un Hutu voyait ses fils reconnus comme tutsi ils réussissaient main
tenir la fortune et la position de leur père
inverse des Tutsi qui
parce ils avaient pu conserver leurs troupeaux et gagner la faveur
un grand étaient trouvés réduits
une position misérable devenaient
hutu aux yeux de tous Il ne faudrait pas toutefois imaginer une forte
mobilité sociale car toute organisation économique et politique tendait
constituer des classes sociales bien distinctes Mais ces dernières ne se
fondaient pas sur des critères raciaux même si le groupe dirigeant était
presque intégralement origine tutsi richesse et pouvoir conféraient la
qualité de tutsi et les conditions économiques étaient telles que peu
avaient des chances
parvenir Bref la classe tutsi avait beaucoup plus
tendance
restreindre accès
ses rangs
étendre Restaient évi
demment aux malchanceux de cette classe une certaine idée de leur supé
riorité origine et un comportement par lequel ils cherchaient
se dis
tinguer du groupe économiquement inférieur auquel ils appartenaient
désormais était la manifestation une conscience de classe plutôt que
un sentiment racial Par contre les Twa avéraient bien race inférieure
aux yeux de tous Hutu et Tutsi Si nous utilisons ce terme est que les
idées
égard des Twa avaient des bases semblables
celles de certains
Européens sur les peuples de couleur Pour les Rwandais les Twa étaient
des hommes doués une humanité parfois difficile
démarquer de la
bestialité voraces au point de se nourrir comme des animaux de im
porte quel déchet doués une sexualité aucun interdit culturel ne
refrène incapables de honte ou de pudeur inintelligents et tout juste
bons
accomplir des besognes rebutantes méprisés et craints tout
la
fois repérables
leur attitude et
leur aspect physique On reconnaît
bien là ensemble plus ou moins nuancé des stéréotypes tendant affirmer
une inégalité physiologique et désigné par le terme de racisme
Pourtant sous bien des aspects les Twa étaient complètement inté
grés
la culture rwandaise Tout abord ils appartenaient aux mêmes
clans que les Tutsi et les Hutu1 connaissaient exactement le même sys
tème de filiation agnatique et obéissaient aux mêmes règles exogamiques
Les généalogies de Twa que nous avons relevées ne présentaient aucune
différence avec celles des Hutu ou des Tutsi sinon que les lignées colla
térales étaient souvent mieux mémorisées Eux-mêmes nous expliquèrent
ce trait par la nécessité de connaître le plus possible de parents étant
donné leur existence incertaine et vagabonde Ils pratiquaient également
un culte des ancêtres identique
celui des autres Rwandais Ils inté
graient enfin aux traditions culturelles nationales parlaient la même
langue avec toutefois un accent un peu différent souvent volontairement
Une quinzaine de clans regroupaient ïutsi Hutu et Twa sans distinction
origine

COMPLAINTE DES GENS DE

ARGILE

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souligné) possédaient la même littérature orale mais affirmaient toute
fois musiciens originaux Quels étaient donc les prétextes au racisme que
les Twa subissaient autrefois et continuent encore subir
Le trait le plus évident le plus souvent cité avec répulsion avère le
non-respect de interdiction de consommer du mouton
aux yeux de
leurs compatriotes les Twa sont abord des mangeurs de mouton1 De
là le proverbe On ne mélange pas les moutons et les chèvres qui incite
mettre les Twa
écart de là aussi idée que les Twa capables de
transgresser cet interdit franchissent allègrement toutes sortes de tabous
on dit par exemple au cours de initiation au kubandwa2 les officiants
qui jouent le rôle des imandwa deviennent des Twa ou font les Twa
parce ils doivent prononcer des obscénités mimer des actes licencieux
procéder
des interpellations interdites entre parents ils ont vaincu la
honte ils sont des Twa Or selon le mythe qui fonde le kubandwa les
imandwa sont de purs chasseurs insoucieux élevage et agriculture
Affranchis des contraintes économiques ils brisent allègrement les règles
de conduite imposées par la société Les Twa qui depuis des générations
étaient insérés dans une société agricole et pastorale ne vivaient plus
de la chasse même ils la pratiquaient toujours mais symbolisaient
encore une liberté dégradée en licence une bienheureuse inactivité
devenue paresse une jouissance aisée des fruits de la nature abâtardie
en gourmandise On voit comment au plan du rituel les Twa présentent
une double face et symbolisent la contradiction entre la nature et la
culture De cette équivoque naît le dégoût dans les réunions où la cruche
de bière et le chalumeau passent de main en main et de bouche en bouche
le Twa sa propre cruche et son propre chalumeau car personne ne veut
boire après lui
Cette démarcation entre les Twa et les autres fondée sur des critères
religieux consommation une viande interdite représentation rituelle
de leur état originaire de chasseurs) inciterait
penser que la société
rwandaise les considérait comme une caste plutôt que comme une race
instar des griots ou des forgerons Afrique de Ouest En fait ils
exer aient aucun art réservé
eux seuls leur condition marginale les
contraignait pour subsister
se spécialiser mais cette condition était
entièrement produite par interdiction de cultiver qui pesait sur eux
notre connaissance aucune coutume édicta clairement cette inter
diction et jamais nos informateurs ne nous en nrent part Il était seuleLe tabou du mouton est très fort au Rwanda et continue
être respecté
Si sa viande était pas consommée mais donnée aux Twa la peau par contre
servait aux femmes porter leurs bébés
Le kubandwa est une cérémonie initiation exigée par un ancêtre Au cours
de ce rituel qui ne se pratique entre initiés certains assistants se transforment
en personnages imaginaires les imandwa qui par leurs propos et leurs mimes
brisent les règles imposées Ainsi tel se vante de coucher avec sa mère tel autre
se vante de manger comme un goinfre de voler etc Au centre de la cérémonie se
trouve Ryangombe le héros qui institua le kubandwa et qui assisté de ses compa
gnons calmera les ancêtres initiés

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JOSE KAGABO ET VINCENT MUDANDAGIZI

ment affirmé et reconnu un Twa était incapable de cultiver Selon les
idées communes incapacité naturelle mais selon les pratiques refus
violent intégration quand les Belges permirent aux Twa accès
la
terre et les incitèrent cultiver ceux entre eux qui réussirent devenir
des paysans durent livrer de rudes batailles dont témoignent les biogra
phies que nous avons enregistrées
Privés de houes et de champs incapables de tirer leur susbsistance
de terrains de chasse réduits aux marais et quelques bois que faisaientils donc abord de la poterie
nos champs est argile dit un de
nos informateurs Cruches marmites pipes chandeliers pour la divina
tion étaient les objets ils modelaient et cuisaient couramment Ils
échangaient leur production contre des vivres et de la bière dont la quan
tité se marchandait évidemment mais qui se trouvait toujours insuffi
sante faire vivre le potier et sa famille Une partie de la poterie achetait
en outre le droit de construire sa hutte car les Twa ayant pas accès la
terre vivaient sur la propriété autrui dont hospitalité entretenait
par des cruches et de menus services Cet artisanat enfin était pas
réservé aux Twa des Hutu le pratiquaient également La chasse ne com
plétait imparfaitement les maigres revenus tirés de la poterie
Les Twa subsistaient surtout grâce
la relation particulière ils
avaient avec le roi et les grands Au tournant du xixe siècle les pères de
nos informateurs accomplissaient un service régulier la cour Considérés
comme des hommes du roi ils ne devaient de prestations
personne
autre Toutefois ils pouvaient également contracter une relation de
clientèle ce ils faisaient uniquement avec les plus grands chefs
la
cour comme dans les enclos seigneuriaux que leur demandait-on
Dans le meilleur des cas de danser et apprendre aux autres
danser Bien que les Twa fussent objet de la répulsion générale leurs
compatriotes étaient unanimes
reconnaître leur supériorité artistique
au plan de la musique et de la danse pas de belles fêtes sans eux pas de
groupes de danses guerrières les plus aristocratiques et les plus prisées
dont ils ne fussent les chorégraphes et les maîtres de ballet Mais le plus
souvent et était sans doute le service le plus rude qui était exigé eux
ils portaient les litières de leurs maîtres et effectuaient de longues jour
nées de marche Enfin ils étaient les bourreaux de la cour ce qui contri
buait augmenter hostilité leur égard Les rétributions de ces services
consistaient essentiellement en nourriture Parfois les favoris obtenaient
une vache
Seuls deux Twa devinrent des figures de histoire rwandaise Le
premier un certain Musyete sauva la vie une reine mère il avait été
chargé exécuter
la suite une guerre de compétition pour le trône
Quand héritier légitime réussit
triompher de ses opposants il anoblit
Musyete qui devint ancêtre des Abasyete famille désormais considérée
comme tutsi1 Ces événements se seraient passés au xvine siècle mais au
KAGAME Les milices du Rwanda précolonial Bruxelles 1963

8l

COMPLAINTE DES GENS DE

ARGILE

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xxe siècle origine des descendants de Musyete était pas encore
oubliée Ainsi Delmas nous conte-t-il en 1920 il fut témoin une scène
où pour ravitailler la caravane un Européen le frère du roi demandait
plaisamment
un des représentants de cette famille de fournir des
cruches1
Basebya fut le second Au début du xxe siècle il avait organisé une
bande Twa et ran onnait le Buberuka région située au nord du Rwanda
tel point que les habitants avaient presque tous émigré Les armées du
roi avaient pas réussi
le déloger malgré leur nombre et leur équipe
ment car Basebya était retranché dans un marais pratiquement inabor
dable pour qui ne le connaissait pas Il tenait si fermement sa position que
lorsque le Père Dufays voulut fonder une mission dans la région il
demanda une entrevue
Basebya qui lui promit de le laisser en paix2
Pour son malheur Basebya occupa de politique et soutint la cause un
prétendant au trône qui voulait renverser le roi Les Allemands durent
intervenir défirent les troupes rebelles et en 1911 exécutèrent Basebya
qui était tombé dans un piège tendu par un chef tutsi Basebya devint
vite une figure légendaire et on entend encore maintenant des chansons
et des légendes racontant son histoire Ces gestes admettent que ce bri
gand capable de défaire les armées royales était bien un Twa mais elles
ajoutent que sa mère fut la fille un grand chef tutsi Elle aurait été
exposée dans la forêt selon la coutume qui appliquait aux filles-mères et
recueillie par des Twa puis épousée par un eux elle aurait donné
naissance
Basebya Cette rumeur est bien significative des idées géné
rales sur les Twa pour justifier les succès guerriers et la notoriété de un
entre eux il faut lui inventer un sang pour une part étranger sa race
Durant la colonisation le sort des Twa ne fut guère amélioré Toute
fois la société rwandaise engagée dans de profondes transformations
commen
admettre
sous la pression administrative il est vrai
un Twa pouvait devenir un agriculteur Quelques-uns réussirent
autres échouèrent et continuèrent vivre exclusivement de leur poterie
et des libéralités des chefs Ceci leur valut au moment des troubles qui
précédèrent la prise de pouvoir des Hutu et indépendance être sou
vent accusés de traîtrise et traités en conséquence Le nouveau régime ne
changea pas leur condition économique aussi sont-ils toujours considérés
comme des parias Les tabous dont ils étaient objet gardent leur force
hui comme aux temps précoloniaux on ne boit pas au même
chalumeau un Twa
Histoire de Mvurabaiware
Je suis né pendant la famine Kiramwaramwara3 le troisième de
dix enfants Ma mère était une Twa qui aimait beaucoup le beurre
DELMAS Généalogies de la noblesse du Rwanda Kagbayi 1950
DUFAYS Jours troublés Ixelles 1928 pp 58-62
Famine qui eut lieu en 1902

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JOS

KAGABO ET VINCENT

DANDAGIZI

Or autrefois on pratiquait terriblement empoisonnement est
ainsi on donna
ma mère du beurre qui avait touché un malade
du pian Elle oignit de ce beurre contaminé et nous tombâmes
malades tous les deux Nous fûmes secourus par mon frère aîné
Baricaku Il fabriquait des pipes et les échangeait contre de la nourri
ture Il nous apportait haricots patates douces et sorgho et nous
étions rassasiés Mais il nnit par se révolter
Je ne veux plus nourrir
ces gens qui dépérissent
ne sert rien ils ne grossissent pas est
de la nourriture gaspillée
Les gens disaient
Cette mère et son
enfant jetez-les donc dans la brousse
Autrefois on exposait les
gens dans la brousse et les corbeaux les mangeaient argile aida
beaucoup ma mère Elle en nt des emplâtres
il
avait ni piqûres
ni médicaments
me grattait et en frottait Je ne mourus pas
et je guéris ma mère aussi Quand je fus plus grand les gens me
disaient que étais sorti de la tombe atteignis quand même âge
des enfants qui puisent de eau et jouent ensemble
avais une
ur aînée que les gens de Musange vinrent fiancer
Ruhani son fiancé avait pas de vache donner mon père Alors
quand ma
ur se maria allai chez elle
Musange Ils me trai
tèrent de voleur de gourmand de rebelle Pourtant avais de
honneur1
ai fait la clientèle guhakwa les chefs me donnaient du lait
de la bière et du miel et me nourrissaient bien Je grandis enfin et
lorsque vinrent les Blancs qui appelaient Belges je allais plus
tout nu2 Il est abord venu un Blanc appelé Sebiziga puis Rongorongo puis Majoro
ce moment la variole et la méningite tuaient
tout le monde Les Blancs nous vaccinaient en vain
Les Blancs vinrent et mangèrent des vaches innombrables Peu
après Sebiziga retourna Nyanza3 Musinga le roi dit aux Twa de
venir
la cour Mon père ne pouvant
aller me désigna Nous
allâmes et passâmes deux mois garder les enfants du roi
Je devins enfin adulte et je me mariai étais marié depuis seule
ment une semaine que nous vîmes venir les gens de la cour On me
dit
Tu es aîné chez ton père tous tes frères sont morts tu dois
remplacer ton père
la cour
Je dus partir et laisser ma femme
la cour les Blancs Sebiziga Majoro et Rongorongo demandaient
voir Nyirayuhi la mère du roi Elle se cachait mais nous voulions
tous la voir Nyirayuhi avait un Twa qui appelait Ruhigira
Il était son bourreau elle appelait pour tuer les gens leur crever
les yeux leur couper les testicules Un jour nous le vîmes derrière
enclos de Nyirayuhi là où on serrait le hamac des souverains Je
lui dis
Twa Ruhigira ces Blancs veulent voir Nyirayuhi et toi
tu es encore ici Ils veulent lui faire du mal cache-toi donc
Je suis rentré chez moi où je vécus bien avec ma femme Je faisais
Notre informateur utilisé le mot kinyarwanda ubupfura que nous tradui
sons par honneur
mais qui veut dire noblesse origine
et par extension
noblesse morale
Quand les poils pubiens commen aient
pousser on donnait aux enfants
une peau de chèvre pour habiller
La cour était fixée Nyanza

COMPLAINTE DES GENS DE ARGILE

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la clientèle étais porteur nous allions au Kinyaga ou ailleurs est
nous qui avons porté Thérèse Mukalinda au Kinyaga Elle allait se
marier avec Mukimbiri fils de Rwidegembya Nous traversâmes la
forêt et en trois jours nous étions arrivés Bisesero On mangea un
très bon taureau ils nous donnèrent des chèvres et nous sommes
repartis Je suis rentré chez moi pendant la famine Gakwege1 ai
commis une mauvaise action ai volé des patates douces Il avait
de quoi remplir une marmite en ai mangé pendant trois jours
Nous avons chassé au Nduga et mangé des oryctéropes Maintenant
que argent est venu tout
existe plus argent aussi nous
échappé Je ai jamais vu un Twa qui ait de argent
Histoire de Mashiro
Parle-moi de amitié il
avait entre les Tutsi les Hutu et
les Twa
est très facile Je vais te raconter les choses
origine Les
enfants de Gihanga étaient trois
Gahutu Gatwa et Gatutsi Ils
étaient dépourvus intelligence Un jour Gahutu qui était aîné
proposa de demander
Imana2 intelligence Imana lui proposa
deux intelligences
celle de la colère et celle de empressement
Gatutsi les accepta Quand Gahutu vint
son tour demander in
telligence pour sa postérité Imana lui dit il ne restait que celle
de infidélité et celle du travail Gahutu les accepta Gatwa vint
enfin comme les autres Imana lui proposa intelligence de la gour
mandise Gatwa accepta Une femme hutu vint aussi demander
intelligence
elle re ut la maladresse et indélicatesse Tous ren
trèrent chez eux avec leurs intelligences respectives Gahutu prit une
houe et retournait la terre Gatutsi le surveillait Puis Gahutu égalisa
la terre pendant que Gatutsi construisait une maison Ils allèrent
après chez Kibariro qui devait leur indiquer époque des pluies
pour effectuer les semailles Gahutu re ut des patates
faire rôtir
et Gatutsi re ut de la bière
boire Gahutu mangea se coucha et
endormit Gatutsi refusa de partager le lit de Gahutu et resta éveillé
toute la nuit Au petit matin la femme de Kibariro précisa les
époques des pluies Gatutsi entendit tout éveilla Gahutu et prit
congé de leurs hôtes Lorsque Gihanga leur père leur demanda ils
avaient obtenu des renseignements de Kibariro Gatutsi lui dit il
avait pas été chargé de cette mission mais bien plutôt Gahutu
Gahutu se trouva muet Gatutsi prit alors Imana
part et lui rap
porta ce il avait entendu Gihanga déclara
Toi Gahutu tu
travailleras pour Gatutsi il te commandera tu lui obéiras Quant
Gatwa votre cadet il vous trouve en train de boire de la bière vous
lui en donnerez Vous lui laisserez aussi les restes de vos repas Vous
ne lui refuserez rien
Ils vécurent ainsi Les Hutu travaillaient pour les Tutsi et leur
fournissaient des vivres les Tutsi leur donnaient des vaches Les
Cette
Imanafamine
est le mot
eut lieu
rwandais
en 1925
pour Dieu

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JOS

KAGABO ET VINCENT MUDANDAGIZI

Twa avaient même pas de terre leur enclos était annexé
celui
des autres ils ne cultivaient pas ils travaillaient seulement argile
Nous les Twa nous étions plus aimés de nos patrons que les Hutu
Ce sont pourtant les Hutu qui créaient la richesse Un Twa vivait la
cour pour parler transporter son patron jouer de la harpe et ne faisait
pas la corvée Mais il avait pas le droit avoir de la terre Ce ne fut
que sous le règne de Rudahigwa1 il eut la permission de cultiver
Les Belges ont trouvé sevré étais déjà un enfant qui savait
puiser un enfant twa capable de porter de argile pour faire trois
grandes cruches étais aîné de mon père quand vint le second
il me confia
sa mère qui eleva allais lui chercher de argile
je portais ses pots nous allions partout ensemble étais un jeune
homme quand mon père mourut allais faire ma cour au roi Musinga
Il choisit plusieurs entre nous pour son corps de danse et nous
conna un Tutsi nommé Ruhanamilindi sous la direction de celui-ci
il
avait également des Tutsi un Blanc venait
la cour
était toujours nous qui dansions pour accueillir Je suis resté là
Plus tard mon oncle paternel me trouva une femme Quatre jours
après le mariage je revins
la cour Ma femme tomba enceinte et
mourut en couches Quand on apporta la nouvelle je dis Musinga
que avais perdu ma femme et il autorisa rentrer Il me donna
trois francs2 Le cadavre de ma femme avait été porté par des voisins
chez ses parents car je étais pas là ai acheté une grosse cruche
de bière que ai partagée en trois parts une pour moi une pour ma
grand-mère la troisième pour mon beau-père Le lendemain je rega
gnai la cour Quelques mois après je pris une seconde femme Mais
après quelques semaines son père la persuada de me quitter pour
épouser un Twa voleur dans espoir que celui-ci lui procure des vête
ments de Tutsi et des bracelets Nous avons donc divorcé Je suis
resté trois ans célibataire puis je me suis marié avec une autre
femme est encore avec celle-là que je vis nous avons vieilli
ensemble
Quand arrivai
Nyaruhengeri Bucakara commandait encore3
Je suis venu avec mon oncle paternel et nos deux cousins Je connais
sais déjà Bucakara il accepta de nous héberger nous donna quelques
épis de sorgho pour nous rassasier et nous indiqua un endroit pour
dormir Nous nous sommes alors installés
Nyaruhengeri et avons
commencé extraire de argile pour faire des cruches Nous les ven
dions très bien je connaissais même beaucoup de Blancs
qui je
vendais des cruches Un jour Bucakara me convoqua avec mon
cousin Il avait encore une hutte herbe
Mashiro sais-tu que je
veux que vous payiez impôt
nous dit-il Je lui répondis
Chef
est moi le premier de tous les Twa qui ai payé impôt ai payé
mon premier impôt Kayitaba fils de Gahondogo au Nduga Je me
souviens même du montant ai payé vingt-huit francs cinquante
Ce est pas maintenant que je vais refuser de payer impôt je vais
était
Le
roi Mutara
une somme
Rudahigwa
déjà importante
régna de 1931
époque
1959
Bucakara était sous-chef Nyaruhengeri importante colline située
de Bufare

15 km

COMPLAINTE DES GENS DE ARGILE

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travailler pour avoir cet argent II me demanda quatre-vingts francs
cinquante Le soir où je acquittai de cette somme je suis venu
veiller chez Bucakara car
cette époque on veillait encore Ma
femme avait préparé une gourde de bière de banane que offris
Bucakara en lui disant
Chef je ai rien où abriter ma tête
les Rwandais se plaignent de moi personne ne veut abriter
Demandes-tu une parcelle
fut la question Je lui répliquai
alors que avais payé impôt Je savais que les Rwandais disaient
que les Twa ne devaient pas avoir de propriété foncière que leur
propriété
eux était argile mais ajoutai-je nous empêchons
pas les Hutu extraire de argile ils nous laissent donc avoir
des champs
cultiver comme eux Je partis chez moi Une fois
arrivé Sekidende le Tutsi chez qui avais construit ma hutte
accueillit ainsi
Tu ne cuiras plus tes pots devant mon enclos
puisque tu offres des présents Bucakara et
moi tu ne donnes
rien
Alors le lendemain je dus revenir chez Bucakara et lui
demander ce que allais devenir maintenant que Sekidende avait
chassé Bucakara me donna un champ et je me suis mis
chercher
une houe Je faisais la corvée et après allais cultiver mon champ
Ma poterie aidait aussi un Hutu qui voulait une marmite une
belle cruche pour sa bière je les lui faisais et nous causions Il me
donnait des haricots des patates douces parfois des vêtements Il
me les donnait par bonté et par pitié
cause de cette cruche que je
lui vendais Les Hutu ont pitié de moi car je insulte personne je
ne raconte pas de mensonges sur les gens et personne ne
battu
sauf mon père
Depuis que ai cultivé je entends avec tout le monde
Demande-le et on te le dira je ne vole personne je ne nuis
per
sonne Depuis que ai atteint âge de raison puis celui adolescent
et celui homme je ne me suis jamais disputé ni avec un Tutsi un
Hutu ou un Twa Je ne me suis jamais battu avec ma femme
Bucakara lui-même est parti ici sans avoir trouvé occasion de me
battre Jamais je ai été crier
Oh gens de cet enclos donnez-moi
manger je vous prie
Telle est ma vie ici Nyaruhengeri Je fais
de la poterie je cultive je envie personne
Autrefois un Twa chanceux était celui qui réussissait
grandir
avec des enfants tutsi Il gardait les veaux avec eux et recevait du
lait Un Twa qui vivait sur sa colline sans jamais apparaître chez les
Tutsi avait aucune influence Les chefs actuels mangent sans nous
laisser les restes même pas au cabaret Si un bourgmestre venait
ici il pourrait te donner une bouteille de bière mais je suis sûr
moi un Twa il ne en donnerait pas Les chefs autrefois ne nous
oubliaient pas les Twa tiraient beaucoup des grands est pour
que tu as entendu dire que nous les Twa nous sommes des Tutsi
Sais-tu pourquoi le nombre des Twa augmente pas Un jour
Gihanga convoqua ses enfants et leur donna une lance Il dit
Gatutsi de tuer Gahutu Gatutsi ne voulut pas tuer son frère Gihanga
ordonna alors
Gahutu de tuer Gatutsi Gahutu refusa Alors
Gihanga donna la lance
Gatwa en lui enjoignant de tuer celui
il voudrait tuer Gatwa transper
immédiatement Gahutu Mais

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JOS

KAGABO ET VINCENT MUDANDAGIZI

ce dernier laissait des enfants Gihanga dit alors Gatutsi
Tu ne
mangeras jamais avec Gatwa mais ne le maudis pas il te trouve
en train de manger donne-lui quelque chose dans sa propre écuelle
il te trouve en train de boire donne-lui de la bière dans une autre
gourde
Voilà tout est venu de là Parce que Gatwa accepté de
tuer son frère
pas été oublié est
peine on commence
oublier Même hui on nous reproche encore cet acte Les
Hutu nous disent sans arrêt
Vous les Twa vous êtes mauvais
depuis longtemps vous avez été les outils des Tutsi et des rois
Cela vient de Gihanga qui exhorté ses enfants entretuer Tu vois
que la politique
commencé plus tôt on ne le pense Notre petit
nombre vient de ce que Gatwa
accepté de tuer son frère
Histoire de Biguri
Notre propriété foncière est argile est ce que ai conclu de
histoire de mon grand-père
Mwanganshuro mon père était logé
par un nommé Ruzima Quand il quitta Mwanganshuro nous nous
fîmes héberger par des Hutu Les Twa ont jamais eu de propriété
Mon grand-père et mon père vivaient de la poterie vendaient leurs
cruches aux Hutu contre des haricots des patates douces des
cadavres de mouton Même Nyaruhengeri nous avions notre hutte
dans la propriété un Hutu qui nous avait acceptés Jamais les Twa
ont eu de propriété Tout le monde te le dira Nous vivions de la
chasse aux buffles aux elephants aux oryctéropes Nous vivions
dans la forêt toujours la chasse ou bien nous vivions dans enclos
de un un Tutsi recevait une colline
commander
il entretenait un Twa dans enclos de son Hutu Le Twa lui fabriquait
des pipes Dès que ai eu âge de raison je ai jamais vu un Twa
propriétaire foncier
Mon père été client chez un Tutsi Ruzima Il lui fabriquait des
pipes en argile et était porteur Ma mère jouait le rôle un imandwa
qui appelait Ruhanga1 Là où on faisait une cérémonie elle venait
toujours pour danser chanter et ronronner avec Ryangombe Le
lendemain on abattait une vache et on en donnait la vulve aux
imandwa était ainsi que nous mangions de la viande Autrement
était rare que les Tutsi et les Hutu nous donnent de la viande
Ma mère recevait aussi la viande du
ur que on donnait Ruhanga
son imandwa Ce jour-là elle préparait de la pâte de sorgho et nous
mangions tout ensemble était
la clientèle des Twa Moi ai été
client chez Cyitatire2 Je le portais et on me nourrissait Quand nous
venions de faire un portage nous trouvions des marmites pleines de
haricots On nous donnait aussi une vache
abattre était
ma
clientèle
Cf
77 note
Les initiés qui assistaient aux cérémonies du kubandwa se
spécialisaient souvent dans un rôle imandwa ils perfectionnaient au cours du
temps de manierê le rendre plus lyrique et plus amusant
Cyitatire fils du roi Rwabugiri était un des plus grands chefs du Rwanda
Il mourut foudroyé en 1929

COMPLAINTE DES GENS DE ARGILE

85

Les Belges sont apparus avec la famine Rumanura1 Je me sou
viens que je descendais ramasser des restes de patates dans les
champs La famine et la variole tuèrent beaucoup de gens Tous mes
frères moururent Comme je restai seul avec ma
ur mon père nous
amena ici Nyaruhengeri où avaient vécu nos ancêtres Un jour on
annon
que Cyitatire était venu rendre visite
Rukemandinzi Je
niai le voir Ils invitèrent
imiter pour amuser un Hutu qui
vient de perdre sa chèvre et qui essaie de la ressusciter appelai ce
Hutu Mpumuje et quand on lui demandait comment il allait faire
pour ressusciter sa chèvre expliquai il allait prendre sa peau
la rouler en boule et que cette boule se transformerait en chevreau
Cyitatire me donna une courge de bière et me demanda de rester
avec lui Quelque temps après Monsieur Joseph arriva
Save pour
construire Butare2 Comme ce Blanc voulait un Twa pour causer avec
lui on vint chercher un
Nyaruhengeri Je fus désigné et
partis pour Save On nous montra comment nous devions jouer
imiter un serpent avais assez peur car étais encore enfant Je
re us sept francs le jour où nous fîmes les jeux Quand je rentrai
chez Cyitatire il me gronda en me demandant où avais passé mon
temps Je lui montrai des allumettes que le Blanc avait données
mais je ne savais pas allumer Il me crut Je retournai une autre fois
chez le Blanc avec un Twa adulte Il nous servit une cruche de miel
et imitais hyène le crapaud et autres animaux Très content
le Blanc me donna encore sept francs et une étoffe blanche Je rentrai
la maison et pensai
amener une femme Je me mariai mais très
rapidement cette femme devint impossible
vivre
Je ai pas appris
fabriquer des cruches mais plutôt des pipes
en ai fabriqué
mon premier mariage Mais après la famine ai
abandonné la poterie parce que ai vu que je ne pouvais pas nourrir
convenablement ma famille Quand mon père mourut étais Save
chez Semutwa3 je vivais dans son enclos Plus tard je suis allé
demander une propriété
Gisanze chez Rugigana Je devins son
client et il me donna une terre Puis il fut remplacé par Medard Ce
dernier vint chez moi et me demanda si cette propriété apparte
nait bien Je le lui assurai mais il prétendit il agissait une
terre en déshérence qui tombait dans son propre domaine4 Il exigea
alors que je travaille au creusement des fossés anti-érosifs Je tra
vaillais avec mon fils encore célibataire Quand Medard vit avec
quelle vitesse nous abattions le travail il me prit mon fils pour en
faire un des porteurs de sa fille
un jour mon fils refusa de la porter et Medard le fit battre très
durement Je suis parti au bureau de administrateur pour me
plaindre
Je suis victime une très grande injustice moi un dan
seur du roi Nous ne devrions pas être maltraités nous qui transRumanura eut lieu en 1918
Il agit un administrateur belge
Semutwa était le fils de Cyitatire
Medard le nouveau chef essaie de récupérer la propriété concédée par son
prédécesseur Biguri en la déclarant inkungu laissée sans héritier
Les chefs
disposaient de ces terres et Medard prétend que Biguri
pas re
la propriété de
ancien chef mais est installé sur une terre vacante

86

JOS

KAGABO ET VINCENT MUDANDAGIZI

portons les administrateurs et leurs agents ils vont sur les
collines Medard me tue Voilà il me fait travailler aux fossés
depuis cinq ans sans jamais me laisser le temps de travailler pour
moi
administrateur nt alors écrire une attestation pour me déli
vrer de impôt de capitation Je suis revenu avec ce papier et je ai
porté chez le chef Rusagara Il était en train de la lire quand son ami
Gashugi arriva Rusagara empocha mon attestation pour aller
sa
rencontre Je les suivis et demandai
Rusagara de me rendre mon
papier Il me dit de revenir le lendemain
Quand je revins on me dit que Rusagara était parti
la cour
Je suis parti
sa poursuite
ce que arrive chez un certain
Rukara qui me demanda où allais était un endroit où je chassais
habituellement les oryctéropes mais je lui dis que Medard avait
maltraité que allais en plaindre au roi et demander
Rusagara
de me rendre exemption impôt un Blanc avait donnée Il
me répondit que le roi devait venir près de là voir ses vaches inyambo1
Je
rendis le lendemain matin Il arriva en voiture et chacun vint
le saluer Quand ce fut mon tour il me demanda
Eh bien Twa du
Bwanamukari où vas-tu
Je lui répondis que je venais chercher
Rusagara pour il me rende le papier exemption de impôt et de
la corvée que infligeait Medard que Rusagara avait pris ce
papier fait par un Blanc et ne voulait pas me le rendre Le roi
alors me conseilla de demander ce papier
Rusagara et de revenir
le voir si je ne réussissais pas
obtenir
il réglerait lui-même
affaire
Je revins mais
Gisanze je vis une grande bagarre entre les
Tutsi et les Hutu Nyiragikwene réclamait ses vaches les autres les
refusaient ai bien regardé et je me suis arrêté Je pensais en moimême
Maintenant les choses vont très mal entre Hutu et Tutsi
Si moi un simple Twa je commence me mettre en mauvais termes
avec Medard
passerai tous les coups
Je me donnais le conseil
abandonner et de venir Linganwe une autre colline
Linganwe ai logé chez Gaparaya Très peu de temps après
appris que mon ni venait de mourir Il avait été tué Je suis resté
sur place malheureux et pauvre Plus tard Sebudandi vint com
mander Linganwe Lui aussi voulut arrêter pour impôt avais
complètement oublié que mon attestation était restée chez Rusagara
Quand Sebudandi me fit arrêter il refusa abord de me croire puis
il me laissa aller chez Rusagara Celui-ci me dit alors
Si étais toi
je trouverais dix francs pour payer impôt
Sebudandi et puis
irais accuser Medard pour récupérer ta propriété ailleurs il est
arrivé une lettre disant que cette propriété était bien
toi
Je suis
allé accuser Medard et ai gagné le procès ai vendu cette propriété
pour trois mille francs que ai mangés
Plus tard
Linganwe ai eu un procès avec un Tutsi nommé
Bishirumuhatsi Tout le monde me disait que je perdrais ce procès
car personne ne voudrait témoigner pour moi Je leur répondais que
je gagnerais parce que je le ferai jurer par les imandwa de RyanLes inyambo étaient des vaches sélectionnées pour la parade

COMPLAINTE DES GENS DE ARGILE

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gömbe1 Le jour du procès je pris une queue de lièvre je la mis dans
ma poche et partis au tribunal Quand on me demanda de montrer
mes témoins je leur dit de faire jurer Bishurumuhatsi par Ryangombe il ne mentait pas Tout de suite je sortis la queue de lièvre
que avais dans ma poche Quand ils la virent ils crièrent
Sors du
tribunal ces affaires ont rien
voir ici
Mais Bishirumuhatsi
avait eu peur de jurer Finalement je ai vaincu Maintenant je suis
dans ma terre
Lorsque indépendance est venue les gens ont calomnié
Ce
vieux Twa est un sorcier
Je fus battu deux reprises était une
fa on de obliger quitter mes terres ... avais une grande pro
priété et est pour elle que je fus maltraité Maintenant bien que
en aie vendu une grande partie il en reste encore où je cultive
des patates douces et du manioc

Un faux serment par les imandwa de Ryangombe entraînait la mort La
tactique de Biguri était très astucieuse Durant la colonisation le kubandwa ne se
pratiquait plus que clandestinement et tout le monde se proclamait chrétien Aussi
Biguri cherchait-il profiter de la surprise de son partenaire pour montrer il
hésiterait prononcer le terrible serment Il joue aussi son rôle de Twa qui est de
ne pas avoir honte de se montrer publiquement adepte du kubandwa

KAGABO
MUDANDAGIZI
Ballad of the claythe Ba wa of Rwanda Three case-stories demon
strating the subservient position of the Batwa pygmies in
Rwanda
litter-bearer
potter and buffoon and
relatively successful peasant The Batwa have never
been accepted as full-fledged members of society even after
the 1959 revolution

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024