Fiche du document numéro 1511

Num
1511
Date
Lundi 20 juin 1994
Amj
Taille
133805
Sur titre
Rwanda
Titre
Le secrétaire général de l'ONU soutient la proposition de M. Juppé
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Boutros Boutros-Ghali a exprimé, vendredi 17 juin, son soutien à
l'initiative française pour une intervention humanitaire au Rwanda. La
France déposera un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de
l'ONU au début de la semaine.

La France présentera au début de la semaine un projet de résolution
devant le Conseil de sécurité des Nations unies à New-York pour obtenir
l'autorisation d'intervenir ponctuellement, a annoncé le représentant
français à l'ONU, Jean-Bernard Mérimée. Le concept de l'intervention
humanitaire sous commandement français serait comparable à celui de
l'opération montée en Somalie à la fin de 1992 par les Etats-Unis, qui
avaient obtenu un mandat du Conseil de sécurité avant que l'ONU prenne
elle-même la relève.

Le secrétaire général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, a reçu vendredi
un appel téléphonique du ministre français des affaires étrangères en
visite en Côte-d'Ivoire. M. Boutros-Ghali « a exprimé son soutien à M.
Juppé pour tout effort permettant de mettre fin aux massacres et de
protéger la population rwandaise du génocide
 », selon une déclaration
officielle citée par un porte-parole de l'ONU.

Le département d'Etat américain a déclaré vendredi que les Etats-Unis
étaient « prêts à soutenir l'initiative française d'intervention
humanitaire au Rwanda
 », soulignant que Washington avait demandé « à
plusieurs reprises un arrêt des massacres
 ». Un porte-parole du
département d'Etat a ajouté que les Etats-Unis allaient poursuivre leurs
discussions avec la France « sur le meilleur moyen pour les alliés
européens et les pays africains d'agir rapidement pour instituer un
cessez-le-feu immédiat et mettre fin au carnage
 ».

Violents combats à Kigali



Sur le terrain, de violents combats à l'arme lourde ont repris tôt
samedi matin 18 juin à Kigali, où une trêve était néanmoins prévue plus
tard pour permettre l'évacuation de civils. Les personnes déplacées
devraient être évacuées simultanément de l'hôtel des Mille-Collines, en
secteur gouvernemental, et de l'hôpital Roi-Fayçal, en secteur rebelle.
Des miliciens hutus ont fait irruption vendredi dans l'hôtel des
Mille-Collines et tiré des coups de feu, sans faire de victimes.
Auparavant, les rebelles du Front patriotique rwandais (FPR,
majoritairement tutsi) avaient déclenché une vaste opération pour
évacuer 600 personnes de l'église de la Sainte-Famille, également située
dans un secteur encore contrôlé par les forces gouvernementales. Le raid
des forces rebelles a fait plusieurs dizaines de morts.

La mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (MINUAR)
prévoit de rouvrir l'aéroport de Kigali lundi, a précisé un
porte-parole, Pierre Méhu. L'aéroport avait été fermé il y a deux
semaines après avoir été bombardé. L'aéroport d'Entebbe, en Ouganda,
continuera cependant d'être utilisé par la MINUAR.

Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances exactes de la
mort d'un observateur militaire uruguayen, tué vendredi par un tir,
vraisemblablement à l'arme lourde, alors qu'il circulait dans le
nord-ouest du pays, en secteur rebelle, a indiqué un porte-parole
militaire de la MINUAR, le major Jean-Guy Plante. Un autre observateur a
été blessé et était samedi matin dans un état stationnaire à Nairobi.
L'ancien ministre français de la santé et ancien secrétaire d'Etat à
l'action humanitaire, Bernard Kouchner, arrivé vendredi à Kigali,
devrait assister samedi à l'évacuation des civils prévue à Kigali et
tenter de rencontrer les parties en conflit. Le président de Pharmaciens
sans frontières (PSF), qui l'accompagne, Jean-Louis Machuron, a précisé
que trois camions chargés de vivres et de médicaments devraient arriver
dans les prochains jours à Kigali. De son côté, le directeur général de
Médecins sans frontières (MSF), Bernard Pecoul, a dénoncé vendredi à
Paris, l'utilisation du camp de réfugiés de Benaco en Tanzanie comme « 
base arrière
 » des Hutus « sur le dos de l'aide humanitaire ». MSF a
demandé une intervention armée immédiate pour mettre fin aux massacres
au Rwanda.

Le quotidien bruxellois le Soir, dans son édition du week-end, rapporte
que peu après l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril,
« deux coopérants militaires français ont été tués à Kigali, ainsi que
l'épouse de l'un deux
 ». Le journal ajoute que « l'un de ces coopérants,
membre du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN),
Jean-Paul Mayertz, était arrivé à Kigali en décembre et assurait des
tâches de formation notamment auprès de la garde présidentielle
 ». (AFP,
Reuter.)

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