Fiche du document numéro 14922

Num
14922
Date
Jeudi 23 novembre 2006
Amj
Taille
83099
Titre
Le juge Bruguière signe neuf mandats d'arrêt contre des proches de Paul Kagamé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le juge Jean-Louis Bruguière a signé neuf mandats d'arrêt contre des
proches du président rwandais Paul Kagamé dans le cadre de son enquête
sur l'attentat contre le président Habyarimana, événement déclencheur
du génocide en 1994, a-t-on appris, jeudi 23 novembre, de source proche
du dossier.

Les mandats d'arrêt internationaux signés par le magistrat visent les
chefs d'« assassinat » ou de « complicité d'assassinat » et doivent être
diffusés dans tous les pays membres d'Interpol, selon la même source.
M. Bruguière demande notamment l'arrestation de l'actuel chef
d'état-major de l'armée rwandaise James Kabarebe. Outre ce militaire de
haut rang, les mandats visent des dirigeants historiques du Front
patriotique rwandais (FPR) et de l'APR, le bras armé du parti de M.
Kagamé : l'actuel ambassadeur du Rwanda en Inde, Faustin
Nyamwasa-Kayumba, le chef d'état-major de l'armée de terre, Charles
Kayonga, ainsi que Jackson Nkurunziza (plus connu sous le nom de Jack
Nziza, ancien responsable des renseignements militaires), Rose Kabuye
(dirigeante du FPR), Samuel Kanyemera (député FPR), Jacob Tumwine
(lieutenant colonel démobilisé) et les deux tireurs présumés, Franck
Nziza et Eric Hakizimana.

Vendredi, le magistrat antiterroriste avait demandé au parquet son avis
sur l'émission de ces demandes d'arrestation. Dès lundi soir, le
parquet avait répondu positivement. M. Bruguière a recommandé des
poursuites contre le président Kagamé devant le Tribunal pénal
international pour le Rwanda (TPIR), pour sa « participation présumée » à
l'attentat contre l'avion présidentiel le 6 avril 1994. M. Kagamé nie
toute implication dans l'attentat et le gouvernement rwandais a
qualifié d'« allégations totalement infondées » les recommandations du
juge français.


Quelque 10 000 personnes ont manifesté jeudi après-midi à Kigali contre
la volonté du juge français Jean-Louis Bruguière de poursuivre le
président rwandais Paul Kagamé et pour dénoncer le rôle joué selon eux
par la France pendant le génocide de 1994.

Portant des pancartes affirmant « France = génocidaire », « Arrêtez de protéger les tueurs » ou « la France dehors du Rwanda », les manifestants, avec à leur tête des responsables d'associations de rescapés du génocide et des responsables locaux, ont défilé dans la capitale pour rejoindre le stade Amahoro, où un rassemblement était prévu. « Nous les
dénonçons, nous les dénonçons
 », scandaient des manifestants, dont
certains brandissaient des photos de Jean-Louis Bruguière. Les
relations entre la France et le Rwanda sont de nouveau dans la
tourmente avec les accusations du juge français sur l'implication
présumée du président Paul Kagamé dans l'attentat en 1994 contre l'un
de ses prédécesseurs, Juvénal Habyarimana, dont la mort marqua le point
de départ du génocide au Rwanda. (AFP)

Le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) « ne
reçoit d'instructions de personne
 », a déclaré jeudi son porte-parole à
propos du juge français qui avait demandé des poursuites contre le
président rwandais Paul Kagamé. Everard O'Donnell a souligné que le
procureur Hassan Bubacar Jallow était indépendant, même vis-à-vis du
Conseil de sécurité des Nations unies, qui a créé la juridiction
d'Arusha pour rechercher et juger les principaux responsables du
génocide rwandais de 1994.

Le procureur du TPIR « n'a pas encore reçu de demande de la part du juge
Bruguière
 » mais « le bureau du procureur pourra faire une déclaration le
moment venu
 », a commenté M. O'Donnell, qui a réaffirmé que l'assassinat
du président Habyarimana n'était « pas l'affaire du procureur » du TPIR,
expliquant qu'il ne rentre pas dans les catégories de crimes pour
lesquels le tribunal est compétent. « Le crash (de l'avion du président
Habyarimana) n'a pas créé le génocide », selon lui. (Avec AFP).

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