Fiche du document numéro 14234

Num
14234
Date
Samedi 9 juillet 1994
Amj
Taille
310608
Titre
Les demandes des démocrates rwandais
Cote
no 15521
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
TROIS des principales organisations démocratiques rwandaises
- le Mouvement démocratique républicain (MDR), le Parti
social-démocrate (PSD) et le Front patriotique rwandais (FPR) - ont
tenu vendredi à Paris une conférence de presse.

L'ambassadeur du Rwanda en France, Jean-Marie Ndagijimana, également
représentant du MDR, a indiqué que le président de son organisation,
Faustin Twagiramungu, premier ministre désigné par les accords
d'Arusha, se rendra dans les prochains jours à Kigali « pour finaliser
les consultations concernant la formation d'un gouvernement sur la base
de ces accords ».

Le porte-parole du MDR a exprimé son « inquiétude face à l'attitude
belliciste de certains officiers français de l'opération « Turquoise ».
Leurs déclarations partisanes ne peuvent manquer de faire penser que
l'opération « Turquoise » est destinée à défendre les massacreurs et
notamment les milices ». Il a exigé « le désarmement des milices se
trouvant dans la zone contrôlée par l'armée française, car sans cela la
sécurité des populations que l'on entend protéger ne peut être assurée.
C'est un préalable incontournable ». De son côté, le représentant du
PSD, Joseph Ngarambe, condamnant le fait que des responsables du
génocide se trouvent sous protection française, a fait observer qu'à la
fin de la Seconde Guerre mondiale on n'avait pas « laissé un petit
territoire pour les nazis ».

M. Ndagijimana a insisté sur l'urgence de la création d'un tribunal
international pour juger les massacreurs. A défaut, a-t-il indiqué, le
gouvernement rwandais prochainement constitué aura le droit légitime de
les juger. Radio Mille Collines, qui continue à appeler au massacre,
émet à partir de la zone de sécurité instaurée par les militaires
français. Les autorités françaises ont assuré Jean-Marie Ndagijimana
être « intervenues », mais en vain, pour faire taire cet émetteur. « Il
faut que la France, par tous les moyens, réduise cette radio au silence
» a souligné l'ambassadeur.

Callixte Karege, du FPR, a insisté, comme les deux autres orateurs, sur
le caractère dangereux de « la lecture ethnique et raciale faite du
conflit rwandais ». Dire, comme l'a fait Alain Juppé, que « la France a
permis aux Hutus modérés et au FPR de se rencontrer » est une « lecture
raciale simpliste ». Les accords d'Arusha, a souligné Callixte Karage,
ne sont pas le résultat de négociations « interethniques » mais de la
volonté de tous d'instaurer dans un Rwanda unifié un régime
démocratique.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024