Fiche du document numéro 13779

Num
13779
Date
Mercredi 8 juin 1994
Amj
Hms
18:04:00
Taille
86557
Titre
Tirs contre des civils à Kigali
Cote
reutfr0020011106dq6800uko
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 8 juin, Reuter - Des membres d'une milice rwandaise ont tiré
mercredi sur un bâtiment occupé par de nombreux civils dans un quartier
de Kigali sous contrôle gouvernemental.

Khalil Aitout, du mouvement humanitaire français Pharmaciens Sans
Frontières, a raconté qu'il se trouvait au Collège Saint-André, occupé
par des dizaines de personnes, pour la plupart des Tutsis, lorsque les
miliciens ont tiré à l'intérieur pendant deux minutes.

Il n'a pu préciser le nombre de blessés, parmi lesquels un cadreur
français, Jean-Christophe Klotz.

Atteint à la jambe, Klotz a été accompagné par des observateurs
militaires de l'Onu à l'hôpital du Comité international de la
Croix-Rouge (CICR).

Il a la jambe cassée mais ses jours ne sont pas en danger, ont dit des
responsables du CICR. Aucun autre occupant du collège n'a été
hospitalisé, a précisé Aitout.

Il a ajouté que les milices avaient ouvert le feu alors que des soldats
gouvernementaux et un responsable gouvernemental se trouvaient devant
le collège, dans le quartier de Nyamirambo.

Au même moment, des délégations des rebelles du Front patriotique du
Rwanda et du gouvernement tenaient une troisième série de discussions
sur le texte d'un accord de cessez-le-feu élaboré par la Mission des
Nations unies d'assistance au Rwanda.

Nous avons eu une réunion positive. Nous avons examiné le document
principal du cessez-le-feu et il y a encore du travail à faire. Nous ne
désirons pas divulguer le teneur de nos discussions, qui en sont à un
stade délicat
, a dit le général canadien Roméo Dallaire, commandant de
la Minuar, qui présidait les discussions.

Celles-ci doivent reprendre jeudi.

Lors de la première série de discussions, la semaine dernière, le FPR a
exigé que le gouvernement fasse cesser le massacre par des milices
hutues et par l'armée de centaines de milliers de Tutsis et de membres
hutus de l'opposition.

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Poursuite des discussions
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Mercredi, lors d'une suspension de séance, le chef de la délégation du
FPR, le colonel Frank Mugambage, a adopté un ton plus conciliant en
annonçant que le FPR poursuivrait les discussions parce que l'armée
gouvernementale avait assuré qu'elle tentait de faire cesser les
massacres.

Ils disent qu'ils sont maintenant déterminés à faire cesser certaines
de ces exactions, de sorte que nous disons 'Donnons- leur une chance'
,
a dit le colonel Mugambage à des journalistes.

Au lieu d'entraver le processus de discussions, poursuivons le,
a-t-il ajouté en soulignant que les rebelles recherchaient une solution
politique plutôt que militaire.

Un cessez-le-feu permettrait à l'Onu de déployer les renforts votés par
le Conseil de sécurité. Les opérations de la Minuar ont été paralysées
par les combats de ces derniers jours et l'aéroport a été fermé depuis
qu'un avion militaire canadien apportant des secours a failli être
touché dimanche par des obus de mortier gouvernementaux.

L'Onu a acheminé mercredi à Kigali par la route un convoi de
combustible et de ravitaillement venant d'Ouganda.

Depuis les massacres déclenchés dans les heures qui ont suivi
l'attentat qui a coûté la vie au président Juvenal Habyarimana, le 6
avril, le FPR s'est emparé de plus de la moitié du pays au cours d'une
offensive destinée selon lui à mettre fin aux tueries.

Des officiers de la Minuar se disent convaincus que le FPR pourrait
accepter de stopper l'offensive lorsqu'il estimera avoir brisé la
combativité de l'armée gouvernementale. Mais ils ajoutent que les
milices échappent au contrôle de l'armée régulière. Les hommes qui ont
attaqué le collège Saint-André faisaient partie d'un groupe d'individus
ivres, a dit un officier. /NCD

(c) Reuters Limited 1994

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