Fiche du document numéro 13688

Num
13688
Date
Lundi 30 mai 1994
Amj
Hms
14:29:00
Taille
86588
Titre
Rwanda - Accord de principe en vue d'une trêve
Cote
reutfr0020011106dq5u010qr
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 30 mai, Reuter - Forces gouvernementales et rebelles ont
convenu lundi du principe d'un cessez-le-feu au cours de pourparlers à
Kigali sous l'égide de l'Onu mais les armes ne se sont pas tues pour
autant dans la capitale rwandaise.

Les deux camps ont aussi accepté d'autoriser l'évacuation de milliers
de civils pris au piége des combats, qui auraient fait un demi-million
de victimes en sept semaines.

Les deux parties se sont très clairement engagées en faveur du
principe d'un cessez-le-feu
, a dit aux journalistes le général ghanéen
Henry Anyidoho, numéro deux des casques bleus, à l'issue de sept heures
de négociations.

Il s'agissait du premier face-à-face entre les chefs militaires du
Front patriotique du Rwanda (FPR, rebelle) et des Forces armées
rwandaises (Far) depuis le début de la guerre civile le 6 avril.

Avant le début des pourparlers, on pouvait entendre le crépitement
d'armes automatiques légères aux abords du bâtiment de l'Onu abritant
les négociations. Leur fin a été ponctuée de tirs de mortier et de
mitrailleuses dans toute la ville.

Au cours des discussions, a indiqué Anyidoho, le FPR s'est plaint des
obstacles mis, selon lui, par les gouvernementaux à l'évacuation des
civils, à la participation des Far aux massacres et aux appels au
massacre des Tutsis par la majorité Hutue sur les ondes de la radio.

La délégation gouvernementale a accepté de discuter de ces problèmes
avec son propre état-major avant la reprise, jeudi, des pourparlers sur
un cessez-le-feu.

Le colonel Frank Mugambage, chef de la délégation rebelle, a dit que le
FPR voulait la preuve que le gouvernement s'engage à respecter ses
engagements antérieurs.

---
Evacuation et exode
---

Le gouvernement doit faire quelque chose immédiatement à propos de la
poursuite des massacres. (...) Nous sommes convenus que l'évacuation
des civils doit se poursuivre sans interruption
.

L'Onu a évacué hors de Kigali plus d'un millier de personnes vendredi
et samedi et les opérations ont repris lundi avant la fin des
pourparlers.

Des centaines de Hutus ont ainsi pu quitter un stade de l'est de la
capitale sous escorte de l'Onu tandis que des Tutsis réfugiés dans un
hôtel ont gagné des zones sûres.

Le général Marcel Gatsinzi, chef de la délégation gouvernementale, a
dit que les Far n'étaient pas prêtes à accepter un cessez-le-feu mais
qu'il en réfèrerait à ses supérieurs.

Selon des témoins, les délégués se sont donnés l'accolade au début des
pourparlers.

L'avancée du FPR sur Kigali a entraîné l'exode d'un demi-million de
Hutus qui se retrouvent bloqués près de Gitarama, à une quarantaine de
km au sud de la capitale, selon le Haut commissariat de l'Onu aux
réfugiés (HCR).

Cela devient très grave, a dit un porte-parole du HCR à Genève. Ils
ont peu d'eau et peu de vivres et la situation médicale est très
sérieuse
.

Gitarama est la ville où s'était retranché le gouvernement provisoire
formé après l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril.
Les ministres l'ont quittée samedi pour se réfugier plus à l'ouest à
Kibuye, sur les bords du lac Kivu en face du Zaïre. /DR/JLF

(c) Reuters Limited 1994

Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024