Fiche du document numéro 13605

Num
13605
Date
Lundi 23 mai 1994
Amj
Hms
12:22:00
Taille
89296
Titre
Un émissaire de l'ONU au Rwanda - Trêve précaire
Cote
reutfr0020011106dq5n0104u
Source
Fonds d'archives
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI, 23 mai, Reuter - Une trêve est entrée en vigueur lundi dans la
capitale rwandaise Kigali pour permettre à un émissaire spécial de
l'Onu, le Pakistanais Iqbal Riza, de se rendre sur place, mais les
belligérants n'ont toujours pas donné de garanties sur son libre
passage par la route en provenance du nord.

Le directeur exécutif civil de la Mission d'assistance des Nations
unies au Rwanda (Minuar) Abdul Kabia s'est dit optimiste, faisant
remarquer que le cessez-le-feu semblait tenir malgré des violations
qu'il a jugées mineures.

Des tirs ont repris à Kigali après une brève accalmie marquant l'entrée
en vigueur de cette trêve, décrétée pour 34 heures, à compter de 08h00
locales (06h00 GMT). Nous ne pensons pas qu'il s'agisse d'une
violation majeure de la trêve. Il s'agit de tirs d'armes légères, et
non d'un bombardement continuel au mortier. Bien sûr si cela persiste,
cela nous préoccupera
, a dit à Reuter Abdul Kabia.

Soit les ordres (concernant la trêve) n'ont pas circulé, soit l'une ou
l'autre des parties n'a pas tenu ses engagements vis-à-vis de nous
,
a-t-il dit, reconnaissant que la visite d'Iqbal Riza n'était toujours
pas assurée.

Ce dernier, qui doit voyager par la route accompagné d'un conseiller
militaire, le général Joseph-Maurice Baril, vient au Rwanda pour
évaluer de quelle façon l'Onu peut faire cesser les massacres et
apporter une aide humanitaire au pays.

Le convoi acheminant l'émissaire de l'Onu a franchi la frontière
ougando-rwandaise lundi en tout début de journée et a entamé aussitôt
des négociations avec le président du Front patriotique du Rwanda
(FPR), Alexis Kanyarengwe, au Q.G des rebelles à Mulindi.

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Huit pays d'Afrique
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Lorsque ces négociations auront abouti, le convoi doit traverser pour
atteindre Kigali 200 km de territoires contrôlés pour l'essentiel par
le FPR, mais la présence de forces gouvernementales sur les hauteurs
dominant la route constitue toujours une menace.

Nous sommes ici pour discuter des modalités du nouveau mandat accordé
par le Conseil de sécurité de l'Onu
, a déclaré l'émissaire des Nations
unies à Reuter.

Voici une semaine, le Conseil de sécurité a autorisé l'envoi de 5.500
casques bleus supplémentaires pour tenter de mettre fin aux massacres
ethniques au Rwanda et pour apporter une aide humanitaire aux centaines
de milliers de personnes déplacées par les combats, qui font rage
depuis sept semaines. Lundi matin, huit pays d'Afrique ont fait
connaître leur souhait de participer à cette nouvelle force: Zimbabwe,
Tanzanie, Ghana, Nigeria, Namibie, Sénégal, Zambie et Congo.

Les massacres sont légion depuis la mort du président du Rwanda,
Juvenal Habyarimana, tué dans un attentat contre son avion le 6 avril
dernier. Selon les organisations humanitaires, 500.000 morts ont péri
et plus d'un million d'autres sont sans abri.

L'Ouganda a proclamé l'état de catastrophe dans trois districts
riverains du lac Victoria dimanche et la présidence ougandaise a fait
savoir dans un communiqué que 10.000 à 40.000 corps flottaient sur les
eaux de ce lac.

Le FPR a lancé une nouvelle offensive depuis leurs bases du nord du
pays après la mort du président Habyarimana, qui a culminé dimanche
avec la prise de l'aéroport de Kigali et la chute d'un bastion de
l'armée gouvernementale dans la capitale. Le FPR cherche désormais à
s'assurer l'entier contrôle de la capitale. /EXF

(c) Reuters Limited 1994

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