Fiche du document numéro 1357

Num
1357
Date
Samedi 9 avril 1994
Amj
Taille
202137
Surtitre
Rwanda
Titre
Le premier ministre a été assassiné lors des massacres qui ont suivi la mort du chef de l'Etat
Soustitre
La capitale du Rwanda, Kigali, a sombré dans la guerre civile, jeudi 7 avril, après la mort du président Juvénal Habyarimana, dont l'avion a été abattu alors qu'il allait atterrir sur l'aéroport de la ville. Des soldats rwandais ont tué dix casques bleus belges de la Mission des Nations unies d'assistance au Rwanda (MINUAR), le premier ministre, Agathe Uwilingiyimana, et dix-neuf prêtres et religieuses rwandais d'une mission jésuite.
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le fracas des tirs de mortier et des rafales d'armes automatiques
résonnait toujours, vendredi matin, dans de nombreux quartiers de la
capitale. La garde présidentielle, composée de sept cents hommes
recrutés pour la plupart dans le nord du pays, dans les provinces de
Ruhengeri et de Gisenyi (région natale de Juvénal Habyarimana), semble
vouloir venger aveuglément la mort du président.

L'ensemble de l'opposition, nous signale notre correspondant régional,
Jean Hélène, est pris pour cible : le Mouvement démocrate républicain
(qui rassemble les opposants hutus du Sud), le Parti libéral (PL, parti
« mixte ») et le Front patriotique rwandais (FPR, tutsi). Le premier
ministre, Agathe Uwilingiyimana, assassinée ainsi que sa famille, était
issue du Mouvement démocratique républicain (MDR), le principal parti
d'opposition au président Habyarimana. Cette femme de caractère, âgée de
quarante et un ans, avait été nommée premier ministre en juillet
dernier. C'est en couvrant sa fuite que dix « casques bleus » ont été
appréhendés, puis emmenés et exécutés, selon un communiqué du ministère
belge de la défense.

Selon des responsables de l'ONU, le bilan des affrontements de jeudi est
« particulièrement élevé ». Les dix « casques bleus » belges ont été
tués après avoir été désarmés par des éléments de la garde
présidentielle, alors qu'ils se rendaient à l'aéroport pour enquêter sur
les circonstances de la mort du président et de son homologue rwandais,
Cyprien Ntaryamira.

La garde a en outre enlevé des dirigeants de l'opposition ainsi que
leurs familles, notamment le ministre du travail, Landouald Ndasingwa
(un responsable tutsi du Parti libéral), ceux de l'information et de
l'agriculture, le président du tribunal constitutionnel et celui de
l'Assemblée nationale. La garde présidentielle s'en est également pris
au quartier général du FPR et à ses troupes, cantonnées dans l'enceinte
de l'Assemblée nationale. Quant aux soldats qui ont tué dix-neuf prêtres
et religieuses rwandais au centre Christus, une mission jésuite, ils
n'ont pas été identifiés. Les Pères jésuites belges et des religieuses
espagnoles présents dans la mission ont été épargnés.

En liaison étroite avec la Belgique, la France étudie l'évacuation de
ses 600 ressortissants, et attend, avant de prendre la décision
d'envoyer des avions qui pourraient venir de la République
centrafricaine (où les troupes françaises sont en état d'alerte), que la
sécurité de l'aéroport soit assurée par les militaires belges
participant à la force de l'ONU actuellement déployée au Rwanda.
Les 2 519 « casques bleus » présents dans le pays, originaires de 23
pays mais surtout du Bangladesh (937 hommes), du Ghana (841) et de
Belgique (428) se retrouvent dans une situation difficile. Mardi
dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU avait prorogé de quatre mois le
mandat de la MINUAR, en avertissant qu'il procéderait à un réexamen du
rôle des Nations unies au Rwanda si les accords de paix d'Arusha
n'entraient pas en application. La MINUAR s'était déployée au Rwanda
pour veiller à l'application de ces accords. Ses troupes avaient
remplacé les deux compagnies françaises envoyées à Kigali par Paris,
pendant la guerre entre l'armée gouvernementale et la rébellion tutsie.
Au Burundi, la situation est restée calme. Le président de l'Assemblée
nationale, Sylvestre Ntibantunganya, assure l'intérim de la présidence
après la mort du président Cyprien Ntaryamira, tué dans le même accident
d'avion que son homologue rwandais. Le gouvernement a décrété un deuil
national de trois jours.
(AFP, Reuter.)

DOC: AVEC UN DESSIN DE PANCHO

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