Fiche du document numéro 1352

Num
1352
Date
Vendredi 8 avril 1994
Amj
Taille
127088
Surtitre
Rwanda
Titre
Juvénal Habyarimana, « l'homme viril »
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
A ses débuts, les Rwandais l'avaient fièrement surnommé le « ``mugabo''
l'homme viril
». Il faudrait « que le chef ne soit plus considéré comme
étant au-dessus des autres, mais un parmi les autres, et un serviteur
 »,
disait-il en 1988, quinze ans après son arrivée au pouvoir, à une époque
où il bénéficiait encore d'une certaine audience.

Mais le général-major Juvénal Habyarimana a commencé à perdre de son
aura en 1991 avec l'introduction du multipartisme, qui a sonné le glas
de son hégémonie. Son parti, dont tout Rwandais, à l'origine, était
« membre de droit et de devoir », ne garda dès lors de son influence que
dans le nord du pays.

Juvénal Habyarimana est né le 8 mars 1937 au sein d'une famille hutue.
Il entre à l'Ecole des officiers de Kigali, dont il sort major de la
première promotion en décembre 1960. Il gravira ensuite tous les
échelons, jusqu'à devenir chef d'état-major général, puis ministre de la
police et homme de confiance du président Grégoire Kayibanda. Le 5
juillet 1973, il renverse, sans effusion de sang, le chef de l'Etat. Le
pouvoir était très affaibli : cinq mois plus tôt, des affrontements
entre étudiants hutus et tutsis avaient fait trois cents morts.
Les débuts du général-président sont prometteurs : il s'efforce de
donner à son régime militaire une large assise populaire et de faire
oublier le vieil antagonisme entre la minorité tutsie, au pouvoir à
l'époque monarchique et coloniale, et la majorité hutue. En 1975, il
crée dans ce but le Mouvement révolutionnaire national pour le
développement (MRND), qui sera le seul parti autorisé jusqu'en 1990. Le
mouvement veut rassembler « le peuple rwandais tout entier en vue de
mieux réaliser son développement
 ». Il y réussit dans un premier temps,
notamment grâce à son éloquence.

Régime autocratique



Mais le régime ne va pas tarder à devenir autocratique. D'abord à
l'intérieur, où Juvénal Habyarimana privilégie les ressortissants du
nord du pays au détriment de ceux du sud. Ensuite vis-à-vis de
l'extérieur, lorsqu'il ferme les frontières aux centaines de milliers de
Tutsis, en exil depuis 1959, qui réclament leur retour sur la terre de
leurs ancêtres. Son argumentation : « Le Rwanda est un pays surpeuplé,
il n'y a pas un seul centimètre carré de libre.
 » Mal lui en prend : en
octobre 1991, les Tutsis réfugiés en Ouganda lancent une attaque dans le
nord du pays.

Pendant trois ans, la guerre oppose le Front patriotique rwandais (FPR)
à l'armée gouvernementale. En février 1993, une commission d'enquête
internationale met en cause le maître de Kigali en dénonçant des
massacres de populations tutsies.

Le conflit le contraint à signer, le 4 août 1993, les accords de paix
d'Arusha (Tanzanie), qui reconnaissent aux réfugiés rwandais le droit de
retourner dans leur pays, et leur promettent une intégration au sein du
gouvernement et dans l'armée. Mais une partie des accords restera lettre
morte, du fait, notamment des réticences du président.

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