Fiche du document numéro 13280

Num
13280
Date
Lundi 18 avril 1994
Amj
Taille
87210
Titre
La Belgique enterre ses soldats
Page
14
Nom cité
Nom cité
Cote
no 15450
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
De notre correspondant à Bruxelles.

LE deuil et la révolte. Tel était hier le sentiment des Belges. Samedi, la Belgique se recueillait. Elle enterrait neuf de ses soldats tués à Kigali. Les funérailles du dixième ont lieu à Liège ce lundi matin. Que ce soit à Bruxelles, Namur, Seraing, ou Eghezée, le même chagrin réunissait l'assistance venue nombreuse.

Devant le premier ministre et des membres du gouvernement, à Namur, la veuve d'un des paras tués a eu ces mots : « Nous avons une prière à formuler. S'il vous plait, n'envoyez plus jamais nos paras commandos sous l'égide du béret bleu. Leur métier (..) c'est le béret vert, c'est le béret rouge, c'est leur fierté, leur dignité et leur défense ». Au delà des couleurs du béret, le sentiment prévaut chez les paras d'avoir été ligotés par l'ordre de mission des Nations unies. Le ministre des affaires étrangères Willy Claes, s'est écrié crûment : « Nous sommes comme des rats pris au piège. »

Hier, dans un débat à la RTBF, Simone Reumont, journaliste, venant de Kigali, a évoqué ce « piège ». Selon elle, ce sont les ultras des FAR (Forces armées rwandaises) qui ont tué « leur » président. Mais, ajoutait-elle, l'exécution du meurtre, son professionnalisme, laissent croire à l'intervention de mercenaires. Lesquels ? Ce n'est pour l'heure que présomptions...

Malgré les massacres et l'amertume des paras, un sondage publié par « le Soir » indique que 75% des Belges se prononcent pour l'envoi de troupes des Nations unies en vue de rétablir la paix, 48% se déclarent en faveur de l'envoi de militaires belges et 40% (contre 49) se résignent au risque des pertes qu'ils encourraient.

Dans « la Libre Belgique », Denis Palisi, deuxième vice- président du FPR (Front patriotique rwandais) a exprimé son regret de voir les Belges partir et souhaité le maintien de la coopération. Mais le major parachutiste Aloys Niabakuze, commandant du bataillon parachutiste de la zone de Remera des Forces armées rwandaises, confie au « Soir » le reproche adressé aux Belges : celui de leur « neutralité » qui les rend à ses yeux « complices » du FPR. Il conclut pourtant qu'on « ne divorce pas dans un si vieux couple ». Reste à déterminer les règles et les usages de la poursuite d'une éventuelle vie en commun...

PIERRE-ANDRE CHANZY

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