Fiche du document numéro 12960

Num
12960
Date
Vendredi 8 avril 1994
Amj
Taille
131490
Titre
Les présidents du Burundi et du Rwanda ont été tués
Sous titre
L'explosion de l'appareil transportant MM.Ntaryamira et Habyarimana serait due à un tir de roquettes. L'équipage français a également péri. De violents combats ont éclaté à Kigali.
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
LES présidents rwandais, le général Juvénal Habyarimana, et burundais, Cyprien Ntaryamira, ont trouvé la mort mercredi soir lorsque l'appareil qui les ramenait de Tanzanie s'est écrasé à son arrivée à l'aéroport de Kigali, la capitale du Rwanda.

Deux ministres burundais, le chef d'état-major de l'armée rwandaise et quatre proches du général Habyarimana ont également été tués. Le nombre des membres d'équipage n'a pas été précisé, mais, selon le ministère français des Affaires étrangères, ils étaient trois, de nationalité française.
« Ce n'est pas un accident, c'est un assassinat. Les présidents ont été tués par les ennemis de la paix au Rwanda et au Burundi - a déclaré le représentant du Rwanda à l'ONU, Jean-Damascène Bizimana.
L'avion a essuyé des tirs de roquettes juste au moment où il était en train de se poser sur la piste de l'aéroport (...). Nous restons fermement convaincus que le peuple rwandais, qui se trouve dans une situation horrible à la suite de cet événement, recevra l'appui de la communauté internationale. Il en est de même en ce qui concerne le peuple frère du Burundi. »

Des tirs sporadiques à l'arme légère et de gros calibre ont été entendus en différents endroits de Kigali jeudi, principalement dans le centre de la capitale rwandaise. Selon un porte-parole de la Mission des Nations unies dans ce pays (MINUAR), des cordons de sécurité ont été installés par les forces régulières sur plusieurs artères stratégiques, et les patrouilles de l'ONU sillonnent la ville. Le gouvernement fait lancer par la radio des appels au calme, demandant aux habitants de rester chez eux, de « ne pas céder à la panique » et de ne pas commettre « d'actes qui porteraient préjudice à la sécurité de l'Etat ».

En revanche, le calme régnerait à Bujumbura, où les fonctionnaires et les commerçants se sont rendus peu nombreux à leur travail. La capitale burundaise prenait hier matin des allures de ville morte.

Au Rwanda, la situation ne cesse de se durcir. Trois ministres rwandais, membres de partis d'opposition au président Habyarimana, et trois observateurs militaires de l'ONU affectés à leur protection ont été « enlevés » jeudi par des éléments de la garde présidentielle, a indiqué un porte-parole de la MINUAR.

« C'est un acte répréhensible qui nous préoccupe au plus haut point », a-t-il ajouté, précisant: « Nous ne savons pas si ces éléments agissaient de façon isolée ou sur ordre de leur hiérarchie. » Les trois personnalités enlevées à leur domicile, dont certaines avec leurs familles, sont les ministres de l'Information (Faustin Rucogoza), de l'Agriculture (Frédéric Nzamurambaho) et du Travail (Landouald Ndasinga).

De même source, on apprenait que l'accès au lieu où l'avion présidentiel s'est écrasé avait été interdit à la MINUAR, sans aucune explication. L'ONU à Kigali fait donc savoir qu'elle ne peut confirmer ou infirmer les informations diffusées par le ministère rwandais de la Défense.
Le Quai d'Orsay a fait savoir que la France étudie l'évacuation de ses ressortissants du Rwanda, où les troubles semblent se poursuivre.

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fgtquery v.1.9, 9 février 2024