Fiche du document numéro 12376

Num
12376
Date
Samedi 6 octobre 1990
Amj
Hms
18:10:00
Taille
152166
Sur titre
Rwanda situation
Titre
Le calme règne dans la capitale rwandaise
Source
AFP
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
KIGALI 6 oct - Le calme régnait samedi à Kigali, la capitale rwandaise
qui a été, dans la nuit de jeudi à vendredi, le théâtre d'affrontements
armés entre rebelles et forces régulières, a pu constater à son arrivée
l'envoyé spécial de l'AFP.

Toutefois, la capitale offrait l'image d'une ville morte en raison d'une interdiction de circulation. Depuis vendredi matin, ne peuvent se
déplacer dans le centre durant la journée, que les personnes munies d'une autorisation délivrée par le ministère de la Défense. Dans les
quartiers périphériques situés près de l'aéroport, la vie semblait
reprendre néanmoins lentement son cours normal. Une certaine animation
régnait dans les rues de terre battue de ces quartiers populaires.
Les restrictions au déplacement sont une mesure qui vise à faciliter
les opérations de ratissage entreprises dès vendredi matin par l'armée
rwandaise pour débusquer les rebelles qui pourraient se cacher parmi la
population. De source informée française, on a indiqué que l'armée
avait procédé déjà à des arrestations et à des découvertes de caches d'armes sans pouvoir en préciser le nombre.

Des combats d'une rare violence



Quant à l'ampleur des combats dans la nuit de jeudi à vendredi, les
témoignages sont divergents. Pour une ressortissante belge épouse d'un
coopérant qui attendait de se faire rapatrier à l'aéroport de Kigali,
ceux-ci avaient été d'une rare violence. « C'était affreux, a-t-elle expliqué, ça tirait de partout, j'ai trois
enfants, c'est pour ça que je pars, je veux être en sécurité
 » .
Une touriste americaine, Jane Halle de San Diego (Californie), qui
attendait également de se faire rapatrier, a affirmé que l'hôtel Diplomate, proche de la résidence présidentielle et de l'état-major
des forces armées rwandaises, où elle était hébergée, avait été le
théâtre d'une forte bataille . Toutes les vitres du hall d'entrée
ont été brisées par des balles
, a-t-elle souligné.
Mais pour un expert militaire français, interrogé par l'AFP à l'aéroport de Kigali, qui a demandé à conserver l'anonymat, l'intensité
du feu s'explique surtout par la nervosité de l'armée rwandaise, peu
aguerrie au combat et non par la violence de l'attaque des rebelles. Il
a aussi démenti que les parachutistes français qui gardaient l'ambassade de France aient repoussé une attaque en faisant usage de
leurs armes.

« On a tiré en effet sur l'ambassade de France dans la nuit de jeudi à
vendredi,
a-t-il expliqué, mais les parachutistes en faction, qui sont
de vrais professionnels experimentés, n'ont pas riposté parce que d'évidence, il ne s'agissait pas de tirs intentionnels
 » .

Les corps expéditionnaires français et belge, a-t-on pu contater, ont
été déployés sur l'aéroport et sur l'itinéraire menant jusqu'aux
ambassades respectives de ces deux pays dans le but d'assurer la
sécurité des personnes désireuses de quitter le Rwanda.

Une mission uniquement humanitaire



« Notre mission est uniquement humanitaire, a affirmé à un groupe de
journalistes européens le commandant Dutournier du 2ème bataillon
commando belge. Elle consiste à assurer l'évacuation vers les aéroports
des candidats au départ et de protéger ce dernier d'une éventuelle
attaque afin de permettre le maintien du trafic aérien
 » .

Samedi à la mi-journée, l'aéroport de Kigali ressemblait à une
citadelle assiégée. Les parachutistes français du 3ème RPIMA (Regiment
parachutiste de l'infanterie de marine) de Carcassonne avaient pris
position dans le bâtiment principal et dans la tour de contrôle, tandis
que les soldats belges étaient tout autour de l'aéroport. Des
détachements de ces deux corps expéditionnaires étaient aussi disposés
le long de la route menant à l'aéroport.

Durant la journée de samedi, le rapatriement de ressortissants français
et belges s'est poursuivi.
(Deux cent quarante étrangers, dont 150 Français, ont été évacués
samedi de Kigali à bord d'un Boeing 747 spécial d'Air France affrêté
par le gouvernement français, a-t-on appris de source sûres de Paris).
Un vol spécial de la Lufthansa est également prévu pour 21H30 locales
(20H30 heure de Paris) à destination probablement de Francfort, a-t-on
indiqué à l'aéroport, de source informée.

Au début de l'après-midi, l'envoyé spécial de l'AFP a pu constater qu'environ deux cents personnes, en majorité belges, attendaient le vol
régulier de la Sabena à destination de Bruxelles, prévu pour le début
de l'après-midi.

Ru/chb.

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