Fiche du document numéro 1154

Num
1154
Date
Mercredi 10 octobre 1990
Amj
Taille
25862
Sur titre
Rwanda : retour au calme dans la capitale
Titre
Les affrontements auraient fait plus de deux cents morts
Nom cité
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
A Kigali, les magasins ont été autorisés à ouvrir, et le travail a
repris, mais le couvre-feu est maintenu ainsi que les interdictions de
circuler sans laissez-passer. Les combats continuent dans le nord-est,
où les troupes gouvernementales font face à environ dix mille rebelles.

Le président rwandais s'est rendu au Zaïre, lundi 8 octobre, pour
rencontrer le président Mobutu. Pendant ce temps, à Paris, Amnesty
International s'inquiète de la violente répression menée depuis le début
de l'année par le gouvernement du Rwanda à l'encontre de ses opposants.
L'organisation dénonce notamment les procès inéquitables et le fait que
des personnes soient emprisonnées uniquement pour leurs opinions.

Le premier bilan officiel des troubles a été donné lundi soir par le
ministre rwandais des affaires étrangères, M. Casimir Bizimungu : deux
cents morts du côté des maquisards, trente tués (civils et militaires)
du côté gouvernemental et cinq cents arrestations. Ce dernier chiffre
n'est pas définitif, car les interpellations continuent dans le pays.
Selon des journalistes belges, environ mille cinq cent cinquante
personnes dont cinquante femmes et enfants sont enfermés dans le stade
régional de Nymirambo, un quartier populaire de Kigali, attendant
probablement que les autorités se prononcent sur leur sort.

M. Bizimungu, évoquant « l'appui des pays amis dans ces moments
difficiles
 », a remercié la Belgique, la France et le Zaïre pour l'envoi
de troupes et de munitions. Si la présence des six cents paras belges et
des deux cent cinquante paras et légionnaires français a rassuré la
communauté étrangère, elle a, de l'avis général, contribué à remettre
d'aplomb un régime ébranlé par l'incursion des rebelles le 1er octobre.

Paris et Bruxelles présentent leur mission comme humanitaire, mais la
situation incertaine qui n'exige pas une évacuation générale, leur
permet de prolonger leur présence au Rwanda.

Selon les rebelles basés en Ouganda, des « Européens » pilotent des
hélicoptères de l'armée rwandaise. Il semble en tout cas probable que
des paras étrangers sont sollicités par les soldats rwandais pour des
appuis ponctuels.

Soutien militaire zaïrois



Mais l'essentiel du soutien militaire est assuré par les mille soldats
zaïrois, dont la mission officielle est de protéger quelques bâtiments
sensibles et les points stratégiques. Un témoin digne de foi a pu
apercevoir, dans un hôpital de la capitale, un soldat zaïrois blessé
d'une balle dans le ventre.

Cependant, la participation des soldats étrangers à des opérations
militaires est fermement démentie à tous les niveaux militaire,
diplomatique et gouvernemental. « Le Rwanda a fait l'objet d'une
agression extérieure
 », affirme, catégorique, le chef de la diplomatie
rwandaise, tout en admettant que les assaillants sont, en grande partie,
des réfugiés rwandais membres de l'armée ougandaise. Considérer ces
réfugiés comme étrangers est jusqu'à présent la position officielle du
régime concernant ces Rwandais qui ont fui leur pays en 1959 et dont
l'intégration en Ouganda semble aller de soi pour les autorités de
Kigali.

La commission mixte, chargée de déterminer l'origine nationale de ces
Tutsis, risque d'être le théâtre de négociations serrées. Par deux fois,
le ministre a fait allusion à la « base ethnique » du mouvement rebelle,
en déclarant que cette « organisation terroriste » avait acheté la
participation d'un opposant hutu, le pasteur Bizimungu, afin de montrer
qu'il n'était pas un parti ethnique. Et, en accusant le Front national
rwandais (FNR) de vouloir « l'instauration d'un régime minoritaire » à
caractère féodal, il ne pouvait faire allusion plus clairement à la
monarchie tutsie, qui a régné jusqu'en 1959, date de la révolte des
Hutus.

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