Fiche du document numéro 8875

Num
8875
Date
Dimanche 17 juillet 1994
Amj
Hms
18:54:00
Fichier
Taille
87524
Pages
2
Sur titre
Rwanda situation
Titre
Gisenyi aux mains du FPR, au moins 51 tués à Goma
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
AFP
Type
Dépêche d'agence
Langue
FR
Citation
GOMA ((Zaïre), Le 17 juil - Au moins 51 réfugiés ont été tués sur l'aéroport de Goma et dans la ville alors que le Front patriotique rwandais (FPR) prenait dimanche après-midi le contrôle de Gisenyi (nord-ouest), près de la frontière zaïroise et que les vols humanitaires étaient arrétés.

Le FPR a lancé de Kigali un avertissement menaçant la France de pénétrer dans la zone de sécurité humanitaire qu'elle a établie dans le sud-ouest du Rwanda, si elle accepte que des soldats des forces régulières (NDRL: Forces armées rwandaises FAR) pénètrent dans cette zone.

Le porte-parole du Front, le major Shabane a également accusé la France d'avoir programmé la mise en place de cette zone pour protéger les militaires et les dignitaires du régime de l'ex-président Juvénal Habyaramana.

Dix réfugiés rwandais ont été tués sur l'aéroport, selon des journalistes sur place, par des obus de mortiers et des rafales d'armes automatiques qui ont atteint Goma (Zaïre) et son aéroport, base de l'opération humanitaire française Turquoise.

Un officier français a été atteint au thorax et opéré avec succès dans l'après-midi.

Des milliers de réfugiés ont continué d'affluer au Zaïre venant de Gisenyi, dernier bastion des forces gouvernementales tombné aux mains du FPR.

Au moins quarante personnes, dont de nombreux enfants, ont été piétinées par la foule paniquée par les tirs à proximité de la frontière zaïro-rwandaise.

Le nombre de réfugiés arrivés au Zaïre était dimanche évalué par le porte-parole du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) Panayotis Moumtzis entre 800.000 et 1.000.000. Le HCR a renouvellé son appel à l'aide internationale pour qu'une aide d'urgence soit apportée dans les 48 heures.

Les besoins en eau potable notamment sont immenses et actuellement couverts a à peine un quinzième. Les responsables de la santé craignent tout particulièrement que n'éclate une épidémie de choléra qui serait difficilement contrôlable alors qu'enterrer les morts pose d'ores et déjà un problème majeur.

Dans la soirée de samedi, le HCR a du suspendre les vols du Programme alimentaire mondial (PAM) --alors qu'ils avaient commencé le matin même--, à la suite des tirs de mortiers aux abords des pistes de l'aéroport de Goma.

Le FPR n'avait toujours pas proclamé officiellement dimanche soir à Kigali le cessez-le-feu, qui, selon par l'envoyé spécial de l'ONU au Rwanda Shaharyar Khan, devait intervenir au plus tard samedi. Le général Paul Kagamé, chef militaire du FPR, lui avait affirmé à Kigali qu'il s'agissait d'une question d'heures.

Le Front négocie actuellement à Kigali avec les autres partis rwandais --sauf deux partis hutus dont celui du président assassiné Juvenal Habyarimana-- la formation d'un cabinet et exige d'obtenir la Présidence, la Vice-Présidence et les ministères de la Défense et de l'Intérieur.

Les deux partis hutus exclus sont accusés d'être responsables des massacres qui depuis la mort du président Habyarimana le 6 avril ont fait des centaines de milliers de morts.

La nouvelle répartition des postes politiques, si elle est entérinée lundi comme le prévoit le nouveau Premier ministre, un Hutu modéré, Faustin Twagiramungu, consacrerait sur le plan politique la victoire militaire du FPR.

La France s'est dit disposée à prêter son concours au châtiment, exigé par l'opposition rwandaise, de ceux qui pourraient être mis en cause dans les massacres de civils.

Dans une lettre au Conseil de sécurité, Paris s'est mis à la disposition de la justice internationale pour traiter comme cette dernière le lui demanderait les responsables de l'ancien gouvernement rwandais réfugiés dans la zone de sécurité de l'opération Turquoise.

Paris a également fait un geste de bonne volonté à l'égard du FRP, qui considère la France comme un allié de l'ancien régime hutu, en désarmant au moins 1.500 soldats des Forces armées rwandaises (AFP) entrés dans la zone de sécurité où sont maintenant installés 1,6 million de déplacés.

bur/jch/mif/be tmf.elu
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024