Fiche du document numéro 797

Num
797
Date
Mercredi 29 Juin 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
5973
Pages
2
Titre
Léotard réclame une aide internationale
Source
Type
Dépêche d'agence
Langue
Citation
LÉOTARD RÉCLAME UNE AIDE INTERNATIONALE.
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par Peter Smerdon
727 Mots
29 Juin 1994
15:42 GMT
Reuters - Les actualités en français
Français
(c) Reuters Limited 1994.
GOMA (ZAIRE), 29 juin, Reuter - François Léotard, ministre français de
la Défense a demandé mercredi la participation d'Etats africains et
européens à l'opération "Turquoise" alors qu'il visitait les soldats
français dans le sud-ouest du Rwanda.

Lors d'une conférence de presse à Goma, François Léotard a lancé un
appel aux pays européens et africains pour qu'ils aident la France à
assurer la sécurité des civils menacés.

"La France n'est pas le gendarme du monde", a souligné le ministre.

Après un bref entretien avec le général Lafourcade, François Léotard
s'est rendu dans la base arrière de Bukavu. Il a ensuite franchi la
frontière pour se rendre auprès de troupes françaises et visiter des
camps de réfugiés sous protection française dans le sud-ouest du
Rwanda.

L'armée française estime à 800.000 environ les membres de la majorité
hutue et de la minorité tutsie déplacés dans l'ouest du pays sous
contrôle gouvernemental - 370.000 dans le sud-ouest et près de 400.000
dans le nord-ouest du pays.

Parmi les camps protégés par la France, celui de Nyarushishi, à 15 km
de la ville frontalière de Cyangugu, abrite quelque 7.800 Tutsis ayant
échappé aux massacres perpétrés par les milices et l'armée hutues.

Environ 1.500 soldats français sont arrivés dans la région depuis
jeudi dernier et leur nombre devrait atteindre 2.500 à la fin de la
semaine. Une première cargaison de 40 tonnes d'aide humanitaire
d'urgence envoyée par le ministère français de l'Action humanitaire
est arrivée mardi à Goma, et le pont aérien se poursuit, a-t-on
rapporté de source autorisée.

Malgré les promesses européennes d'un soutien logistique, seul le
Sénégal a pour l'instant envoyé 40 hommes rejoindre les Français.

Léotard a exprimé le souhait que les troupes françaises aient quitté
le Rwanda à la fin juillet comme prévu.

Le chef du gouvernement intérimaire hutu a déclaré qu'il serait ennuyé
si les troupes françaises étaient remplacées par des casques bleus qui
n'ont pas réussi à mettre fin aux combats à Kigali lorsqu'ils ont
commencé. "La France est bienvenue ici" a déclaré le Premier ministre
Jean Kabanda aux journalistes au siège provisoire du gouvernement à
l'hôtel Méridien de Gisenyi.

"Le départ des Français dans deux mois nous effraie, nous sommes
inquiets à l'idée qu'ils vont être remplacés par des troupes de
l'Onu".

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Bandes armées hutues et tutsies
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Mardi, les forces françaises ont évacué par hélicoptère sur Goma 35
religieuses et novices d'un couvent de Kibuyé, dans le centre du
Rwanda, ainsi que huit orphelins. Il s'agissait de la première
évacuation de civils menacés depuis deux mois et demi par les milices
hutues.

Mardi également, les troupes françaises se sont mis à la recherche de
bandes armées dont certaines sont soupçonnées de massacres dans le
sud-ouest du Rwanda.

Un porte-parole militaire a déclaré à Goma que les unités en
patrouille dans l'ouest du Rwanda n'y avaient découvert aucun nouveau
massacre depuis le début de l'opération Turquoise.

Il a dit que des soldats tentaient de faire la lumière sur des tirs
entendus lors de missions de reconnaissance précédentes à l'intérieur
d'un triange territorial borné par Gisinya, Karongi et Gisovu, dans le
Sud-Ouest. Le porte-parole a signalé la présence dans la région de
bandes armées hutues et tutsies, mais en précisant que les Tutsis en
question n'appartenaient pas au Front patriotique du Rwanda (FPR,
rebelle) et qu'il s'agissait d'individus cherchant à se défendre
eux-mêmes.

Dans une interview publiée mardi par le quotidien Le Monde, Alexis
Kanyarengwe, président du FPR, a assoupli la position de son mouvement
à l'égard de l'opération française. "Quand Paris a pris sa décision,
nous considérions ce geste comme une agression. Mais la communauté
internationale, par la voix du Conseil de sécurité de l'ONU, a couvert
la France. Si celle-ci s'en tient à son mandat humanitaire, ce sera
une très bonne chose", a-t-il dit.

Il a ajouté que le FPR n'était pas opposé a priori à une opération
humanitaire, mais qu'il aurait "préféré que celle-ci soit conduite par
les soldats d'un autre pays". /PBR/CDQ

(c) Reuters Limited 1994
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