Fiche du document numéro 6263

Num
6263
Date
Jeudi 30 juin 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
184044
Pages
26
Titre
Génocide au Rwanda Témoignages
Source
MSF
Type
Langue
FR
Citation
Génocide au Rwanda
Témoignages
Françoise Bouchet-Saulnier
Pierre Salignon

juin 1994

Document en provenance du site internet de Médecins Sans Frontières

http://www.msf.fr
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GENOCIDE AU RWANDA
TÉMOIGNAGES
par mesure de sécurité, les identités des victimes
et des témoins rwandais ont été retirées

Juin 1994

Dossier réalisé par

Françoise Saulnier-Bouchet, Responsable Juridique à MSF
Pierre Salignon, Juriste-Chargé de mission à MSF

Avec la participation des équipes MSF au Rwanda

Anne Fouchard-Brown (MSF-France)
Hanna Nolan (MSF-Hollande)
Stephan van Praet (MSF-Belgique)

1

Les massacres perpétrés au Rwanda depuis le 6 avril dernier sont d'une gravité sans
précédent sur le continent africain. Leur dimension et leur déroulement posent
incontestablement la question du génocide.
Le 8 juin 1994, le conseil de sécurité notait avec le plus grand souci les rapports indiquant
que des actes de génocide avaient eu lieu au Rwanda et rappelait que ce crime tombe
sous le coup du droit international. Fin juin, un rapport de l'ONU a reconnu que les
massacres de Tutsis au Rwanda équivalaient à "un génocide programmé"1.
Le rapporteur spécial des Nations Unies affirme dans son rapport d'enquête rendu public
le 28 juin 1994 que :" La qualification de génocide doit d'ores et déjà être retenue en ce
qui concerne les Tutsis". Ainsi donc les événements qui se déroulent dans ce pays n'ont
rien à voir avec les dérapages d'une guerre civile ni avec des crimes de guerres et autre
violation du droit humanitaire.
Plus que l'ampleur du massacre, c'est son modus operandi qui permet de qualifier le
génocide. Il ne s'agit pas d'une explosion spontanée de violence dans un contexte de
colère ou d'autodéfense populaire, mais d'une campagne d'extermination organisée visant
à tuer l'ethnie minoritaire Tutsi. Cette campagne a, selon toute probabilité, déjà tué entre le
quart et la moitié de la population Tutsi du Rwanda. Quand aux Hutus partisans de la
modération, il est frappant de constater qu'ils comptent parmi les toutes premières
victimes des massacres et qu'ils ne furent pas assassinés comme opposants politiques
mais comme traîtres à la " race Hutu".
Le caractère raciste de la politique qui commandite les massacres ainsi que la " volonté
clairement affichée d'éliminer les Tutsis jusqu'au dernier permettent de qualifier ces
massacres de génocide, conformément à la définition qu'en donne la Convention du 9
décembre 1948 sur la prévention et la répression du crime de génocide à laquelle le
Rwanda a adhéré en 1975.
Tous les témoignages montrent que ces massacres obéissent à une stratégie préparée à
l'avance : établissement et distribution de listes de personnes à éliminer, utilisées dés les
premier jours des massacres. Une stratégie bien organisée : distribution d'armes aux
milices et tueurs. Une stratégie déclenchée dés l'annonce du crash de l'avion présidentiel
à une grande échelle. Une stratégie entretenue par les appels aux meurtres sur les radios
: d'État et la radio privée des Milles Collines.
Les personnels de secours Rwandais travaillant pour les organisations humanitaires
internationales et appartenant à l'ethnie Tutsi n'ont pas été, épargnés malgré la protection
que leur confèrent les conventions de Genève de 1949. Parmi eux, des membres
Rwandais du personnel Médecins Sans Frontières (MSF).
Dés lors que l'on s'accorde à parler de génocide, il est difficile d'en rester là, d'autant que
l'extermination se poursuit encore aujourd'hui.
La convention de 1948 prévoit que les auteurs de ces crimes seront poursuivis, qu'ils aient
agi individuellement ou dans l'accomplissement d'une fonction publique.
Encore faut il que des mesures soient adoptées au sein de l'ONU pour organiser la
poursuite de ces criminels. Depuis 1948, la convention sur le génocide attend que les
Etats adoptent ces règles et créent une instance judiciaire capable de les faire respecter .
En s'intitulant convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, le texte
de 1948 a clairement exprimé la nécessité d'ébranler le sentiment d'impunité qui a
longtemps prévalu. Il ne s'agit pas seulement de rendre justice aux victimes, mais
d'essayer de dissuader de nouveaux massacres, et leurs représailles. Il s'agit surtout

1

Nations Unies, Conseil Economique et Social - E/CN.4/1995/7-2! juin 1994, Commission des Droits de
l'Homme - Rapport sur la situation des droits de l'homme au Rwanda.
2

d'éviter la reprise d'un cycle de violence qui n'épargne ni les populations réfugiés ni les
pays voisins et transforme les secours humanitaires en support de guerre.
Le rapporteur spécial des Nations unies sur les violations des droits de l'homme au
Rwanda, l'Ivoirien René Degni Segui, préconise dans ces conclusions la création d'une
juridiction pénale internationale pour juger les auteurs des massacres. Examinant les
causes des massacres, il relève l'incitation à la haine et à la violence qui est le fait des
médias locaux, et l'impunité.
"les auteurs des massacres précédents et actuels, connus de la population et des
pouvoirs publics, n'ont faut l'objet d'aucune poursuite. Bien au contraire, ils continuent à
mener une vie paisible. Pis encore, nombre d'autorités locales qui se sont particulièrement
signalés par leur cruauté ont bénéficié de promotions, tandis que celles qui ont réussi à
maintenir le calme et à éviter les massacres ont été limogées ou tuées."
Enfin le Conseil de sécurité a décidé le 30 juin dernier de créer un groupe d'experts
chargés d'examiner et d'analyser les informations relatives aux violations graves du droit
humanitaire commises au Rwanda, y compris la preuve d'actes de génocide. Ce n'est que
dans 4 mois que le secrétaire général devra rapporter les conclusions de ce groupe au
Conseil de sécurité et faire des propositions appropriées. La notion de jugement
international de ces criminels présente dans le projet de résolution a disparu du texte final.
Aujourd'hui le Haut commissariat aux réfugiés reconnaît son impuissance vis à vis des
"criminels-réfugiés". La mission française au Rwanda n'a rien prévu pour l'interpellation de
ces individus.
La Minuar attend toujours que lui soient donné les moyens pour assurer un mandat de
protection bien dépassé par les événements actuels.
Médecins sans frontière est présent au Rwanda depuis le mois de mars,1993. Nous avons
été témoins de ce génocide qui se poursuit, malgré la présence de la Minuar, malgré
l'intervention française. Nous sommes aujourd'hui également témoins de l'impunité qui
continue d'entourer ses auteurs. Ils s'abritent politiquement derrière des populations
déplacées qui restent captives de ces criminels. Ils profitent économiquement de l'aide
internationale destinée en principe aux populations démunies, en compromettant les
organisations humanitaires dans un macabre chantage ? Pour Médecins sans frontières le
mot impunité n'est pas seulement synonyme de justice et d'apaisement. C'est aujourd'hui
une condition sine qua none de toute activité de secours digne de ce nom au Rwanda.
C'est pourquoi MSF a décidé de publier les témoignages qui sont en sa possession.
Les témoignages que nous présentons ici sont des témoignages directs de notre
personnel présent sur le terrain. Nous avons délibérément omis tous les témoignages de
deuxième main dont nous avons eu connaissance notamment dans notre travail auprès
des réfugiés..
Il s'agit donc des dépositions des membres Français, Belges ou Hollandais de MSF et des
témoignages de membres Rwandais des équipes MSF, survivants des massacres et
aujourd'hui réfugiés hors du Rwanda travaillant des hôpitaux et des camps de réfugiés.
Les crimes relatés concernent donc principalement :
- des assassinats délibérés de malades, blessés tutsis dans les hôpitaux tenus par MSF
- des assassinats du personnel de secours Rwandais travaillant dans les équipes MSF en
raison de leur appartenance à l'ethnie Tutsi.
- des massacres de civils tutsis.

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PREFECTURE DE NGENDA
LIEU : Commune de Nyagayaga près de Burengé- Rwanda
DATE : Début Avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES :
- Meurtre et traitement inhumain de civils
NOM ET POSITION DES VICTIMES
-Civils Rwandais appartenant à l'ethnie Tutsi
1 -Le frère de la femme de I appartenant à l'ethnie Tutsi
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
I (Rwandais appartenant à l'ethnie Hutu marié à une Rwandaise appartenant à l'ethnie
Tutsi) - Topographe
RECIT DES EVENEMENTS
"Emmené au bureau communal par des militaires des FAR, il a été livré à la foule et tué à
coups de machettes...sa maison a été pillée et incendiée"
Le témoin est réfugié aujourd'hui dans le camp de rapatriés Hutus de Ceru (Kirundo/Burundi).
LES AUTEURS DES CRIMES
-Militaires des FAR aidés de civils Rwandais appartenant à l'ethnie Hutu

LIEU : Camp de Burengé -Rwanda
DATE : 6 - 10 Avri11994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Destruction de biens essentiels à la survie de la population
- Meurtre et traitement inhumain de civils
- Assassinat du personnel de secours
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
-Civils Rwandais et réfugiés, appartenant à l'ethnie Tutsi
-Membres du personnel local MSF-F appartenant à l'ethnie Tutsi :
1- Cl - Nutritionniste
2- J - Chargé de la distribution des médicaments
3- A - Nutritionniste
NOM Er PROFESSION DES TEMOINS
- A (Burundais) - Auxiliaire médical MSF-F à Burengé
RECIT DES EVENEMENTS
"Au lendemain du 6 avril 1994, la ,population empêchait le personnel médical de MSF de
travailler en raison de la présence de Tutsis dans l'équipe locale.

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A partir du 8 avril 1994, des civils Rwandais et des réfugiés Burundais ont pillé les stocks
humanitaires de MSF. Les destructions se sont poursuivies jusqu'au samedi. Les militaires
des FAR se sont par la suite appropriés ce qui avait été volé,
Puis, ils sont venus appeler les réfugiés à prendre les armes, "les menaçant ;]de
représailles s'ils refusaient de tuer des Tutsis",
C'est à ce moment là que plusieurs membres du personnel MSF ont été exécutés.
Le témoin est réfugié aujourd'hui dans le camp de rapatriés Hutus de Ceru
(Kirundo/Burundi) avec la majorité du personnel Rwandais et Burundais, de l'ethnie Hutu
qui travaillait pour MSF-F à Burengé:
1- T - Auxiliaire médical
2 - P - Recherche des enfants mal nourris
3 - A - Auxiliaire nutritionniste
4 - J - Membre de l'équipe de nettoyage
5 - C - Auxiliaire nutritionniste
6 - J - Magasinier
7 - E - Responsable du personnel à l'hôpital
8 - V - Membre de l'équipe de nettoyage
9 - A - Membre de l'équipe de nettoyage
10 - J - Auxiliaire nutritionniste
1I - C - Auxiliaire nutritionniste
12 - A - Membre de l'équipe de nettoyage
LES AUTEURS DES CRIMES
- Civils Rwandais et des réfugiés Burundais
- Militaires des Forces Armées Rwandaises appelant les réfugiés à prendre les armes en
les menaçant de représailles s'ils refusaient de tuer des Tutsis.

LIEU : Burengé (à proximité des bureaux de la Croix Rouge Belge) - Rwanda
DATE :10 Avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Assassinat du personnel de secours
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
-Membres Rwandais du personnel MSF-F et de la Croix Rouge de Belgique appartenant à
l'ethnie Tutsi
1 - S - Magasinier MSF- F à Burengé et son frère S N
2 - A, B qui travaillaient pour la Croix Rouge Belge
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- I (Rwandais appartenant à l'ethnie Hutu marié à une Rwandaise appartenant à l'ethnie
Tutsi) - Topographe
RECIT DES EVENEMENTS
"Il est venu chez mois vers le 10 avril pour me demander de l'argent afin d'échapper aux
militaires. Comme je n'étais pas là, il est reparti et a été arrêté par les militaires à
proximité, des locaux de la Croix Rouge de Belgique. Livrés aux civils, il a été frappé
violemment, puis jeté dans une latrine. Il est mort le même soir. Son frère a également été
exécuté par des civils rwandais sur l'ordre des militaires des FAR qui disaient qu'il fallait
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"tuer les ennemis FPR". Sa famille s'est depuis enfuie vers le Burundi où J'elle est
réfugiée à Bunyaré.
Il dit avoir vu les corps de A, S, B- qui travaillaient pour la Croix Rouge Belge. Ils ont été
tués par des militaires et des paysans Hutus.
Le témoin est réfugié aujourd'hui dans le camp de rapatriés Hutus de Ceru
(Kirundo/Burundi).
LES AUTEURS DES CRIMES
- Civils rwandais appartenant à l'ethnie Hutu sur l'ordre de militaires des FAR "qui disaient
qu'ils fallait tuer les ennemis FPR".
- Le commandant militaire responsable des massacres de la province de Ngenda est le
sous-lieutenant Bizimungu Antoine.

LIEU : Les camps de réfugiés de Saga l et Saga 2 (à 30 km de la ville de Butare)
Rwanda
DATE : 20 avril 1994
HEURE : L'après midi
QUALIFICATION DES CRIMES
- Assassinat du personnel de secours
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Personnel local Tutsi (Saga 1 et Saga 2) travaillant pour MSF-B
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
I - B - Nutritionniste MSF-B à Saga 1
(Il est actuellement dans le camp de Mureky, Burundi )
2 - Séverine Hiran - Infirmière MSF-B
3 - Marie-Paule Spielman - Coordinatrice nutritionnelle MSF-B
4- Dr. Rony Zachariah - Coordinateur médical MSF-B
RECIT DES EVENEMENTS
Tout le personnel local de MSF-B (Hutus, Tutsis et Zaïrois) a été violemment regroupé par
des membres des milices Hutus et la police civile (gendarmerie). Les personnels Hutus
ont été forcés de massacrer leurs collègues Tutsis. Ceux d'entre eux qui ont refusé ont été
tués. Entre 30 et 40 I employés M5F- Tutsis ont été tués.
Severine Hiran et moi même avions essayé de faire évacuer ces gens le jour même, mais
nous avons été arrêté à plusieurs checkpoints. Au dernier checkpoint (à 1 km du camp), ils
nous a été indiqué que les Tutsis que nous tenterions d'évacuer seraient alors tués et
nous aussi. Nous avons alors été obligé de les reconduire sur Butare faute de pouvoir leur
faire passer la frontière.
AUTEURS DES CRIMES
- Les milices Hutus (Interhamwe)
- La "gendarmerie" de Saga/Kanje

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LIEU : Butaré- Rwanda
DATE : 17- 26 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Assassinat de malades et de blessés
- Assassinat du personnel de secours
- Meurtre et traitement inhumain de civils
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Patients de l'hôpital Universitaire de Butare
- Civils Rwandais Tutsis et Hutus modérés
- Membres du personnel Rwandais MSF-H:
1 - E - Logisticien
2 - B - Cuisinière
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- Hans Timmermans - Logisticien MSF-H
RECIT DES EVENEMENTS
"Entre le 17 et le 23 avril 1994, j'effectuais avec 3 autres membres expatriés de MSF-H
une mission exploratoire à Butare dans le sud du Rwanda.
Nous avons eu l'occasion de visiter alors à 2 reprises l'hôpital Universitaire. De nombreux
blessés à la machette y étaient soignés par une équipe de MSF-B. Cette équipe nous a
expliqué que tous les patients Tutsis avaient été emmenés à l'extérieur de l'hôpital et
exécuté. Quelques jours plus tard, des patients Hutus furent également enlevés sans que
l'on sache ce qu'ils sont ensuite devenus. Ensuite, le personnel Zaïrois travaillant pour
MSF-B, effrayé, a été contraint de partir. Les militaires ont alors repris le contrôle de
l'hôpital afin d'y soigner leurs blessés, en excluant par la même tous les autres blessés
civils.
Durant cette semaine de visite, nous avons vu des réfugiés Tutsis (une centaine), certains
gravement blessés, qui ont cherché à se réfugier dans les bâtiments de la sous-préfecture
de Butare. D'après des informations recueillies auprès de notre personnel local (du
personnel de confiance), nous avons appris que tous ces civils avaient été emmenés dans
le "busch" en camion...ils ont été exécutés.
Dans la soirée du 20 avril, nous avons reçu la visite du sous-préfet et de son assistant afin
de discuter la possibilité d'établir un hôpital de campagne dans la région. Ces deux
hommes, Hutus modérés, nous ont alors exprimé tout leur intérêt concernant notre
initiative. Malheureusement, le lendemain, nous avons trouvé 12 morts à proximité de la
maison du sous-Préfet située très proche de la notre. Nous n'avons pas regardé de
manière attentive les corps, mais nous savons qu'il s'agissait du sous-Préfet, de sa famille,
et du personnel domestique.
Un autre jour, nous avons été les témoins sur la route de Gitarama vers la frontière du
Burundi de l'exécution par un milicien d'un civil à l'aide d'une machette (...)
En quittant Butare par la route, le 23 avril, nous avons dû franchir près de quinze
barrages. Quatre ou cinq d'entre eux, situés à l'intérieur de Butare, et étaient contrôlés par
des militaires. Les autres, à l'extérieur de la ville étaient tous contrôlés par des civils armés
de machettes, de massues ou de lances. A mi-chemin de l'ascension d'une colline et à
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une centaine de mètres de l'endroit où nous étions, nous avons pu voir un entassement de
corps. Au passage du dernier barrage à 500 mètres à peine de la frontière, nous avons
rencontré deux femmes à genoux sur le bord de la route : elles avaient été frappées au
ventre à coups de massue. A la frontière, il y avait des traces de sang sur le goudron et,
depuis le pont sur la rivière, j'ai pu voir près de 80 corps flotter le long du courant en moins
de trente minutes. De tous sexes et de tous âges, ils avaient pour certains été démembrés
ou avaient eu la tête coupée.
Cinq ou six semaines plus tard, j'ai été le témoin d'une scène similaire sur le pont
enjambant les chutes de Rusumo, à la frontière entre le Rwanda et la Tanzanie; mais les
corps étaient moins nombreux cette fois.
Le 26 avril 1994, Emmanuel (X), notre ancien coordinateur au Rwanda, m'a informé par
radio de l'assassinat, juste après que nous ayons quitté Butare, de E (logisticien) et de B
(cuisinier), tous deux membres du personnel local de MSF-H à Butare. Je ne peux pas
dire ce qu'il est advenu de leurs familles, ri des autres membres de notre personnel local,
appartenant pour la majorité à l'ethnie Tutsi et tous de pacifiques et honnêtes personnes.
Je préfère même ne pas y penser .
AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR et miliciens Hutus

LIEU : Ville de Butare - Résidence du sous-préfet de Butare Rwanda
DATE : 22 avril 1994
HEURE : 8 h du matin
QUALIFICATION DES CRIMES
- Meurtre et traitement inhumains de civils, dont des femmes et des enfants.
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Le sous-préfet de Butare (Hutu -Militant du Parti PSD) - Mr. souphene (X)
- Tous les membres de sa famille, dont un enfant âgé de trois mois, ont été fusillés.
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
1 - Dr. Zachariah - Coordinateur médical MSF-B
2 - Marie-Paule Speilman - Coordinatrice nutritionnelle MSF-B
Tous les 3 sont des expatriés MSF-B
RECIT DES EVENEMENTS
Le 22 avril à huit heures du matin, Marie-Paule et moi-même sommes allés à la résidence
du sous-préfet pour assister à une réunion de sécurité.
Malheureusement, nous avons découvert les cadavres de 15 personnes, dont des
femmes, des enfants, et un bébé de trois mois.
Il ne restait que deux survivants. Le fils de Mr. Souphene (X), agé de quatorze ans. Après,
avoir été blessé par une balle à la cuisse, il est tombé dans un caniveau ou il a été laissé
pour mort par les auteurs du massacre.
Sa soeur était chez des voisins.
Ces deux survivants nous ont déclaré que des militaires de la garde présidentielle avait
délibérément orchestré cette attaque, dans le but de tuer Mr. Souphene (X) et sa famille
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entière, parce qu'ils étaient membres du PSD, parti politique Hutu d'opposition au
président Habyharimana.
Le chef du groupe (qui portait un foulard jaune) parlait bien l'anglais et était ivre; il s'est
approché de moi et m'a demandé ce que nous faisions là. Je lui ai expliqué que nous
étions là pour évacuer les blessés. Ils nous a alors froidement indiqué qu'il n'avait pas de
travail pour nous à Kibeho et que nous devions repartir immédiatement.
Un homme armé s'est approché de la voiture de Marie-Paule et a insisté pour qu'elle en
descende. Il lui a demandé son passeport pour vérifier si elle était Belge et a refusé de le
lui rendre jusqu'à ce que son chef de milice intervienne. Finalement, nous avons réussi à
faire demi-tour et à nous diriger vers Butare.
Alors que nous faisions demi-tour, nous avons entendu le bruit des tirs de mitrailleuses et
des cris qui venaient de l'église. Le lendemain plusieurs personnes déplacées ayant fuit la
violence ont confirmé que de nombreuses personnes, même les blessés, avait été tués
dans l'église.
AUTEURS DES CRIMES
- Les milices Hutus (Interhamwe)
- Des membres de la police communale

LIEU : Ville de Butare - en face de l'hôtel Fascon
DATE : le 22 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Massacre et traitement inhumain de civils
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Environ 30 civils d'origine Tutsi
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- Dr. Rony Zachariah - Coordinateur médical MSF-H
- Marie-Paule Spielman - Coordinateur nutritionnel MSF-H
RECIT DES EVENEMENTS
Le matin du 22, alors que nous allions à l'hôpital, nous avons vu une trentaine de civils
(dont une quinzaine d'enfants) regroupés devant l'hôtel Fascon. Des militaires étaient en
train de les frapper violemment. Au retour, vingt minutes plus tard, ils étaient tous morts.
Ces gens ont été tués par les militaires qui gardaient le checkpoint à côté de l'hôtel
Fascon. Les cadavres ont été jetés dans un caniveau derrière l'hôtel.
AUTEURS DES CRIMES
- Des soldats de la garde présidentielle qui gardaient le checkpoint devant l'hôtel Fascon.
Sur le chemin du retour nous avons vu beaucoup de cadavres. Une fois à l'extérieur de la
ville nous n'avons pas eu de problème particulier aux points de contrôle tenus par les
militaires ou tenus par des civils.
Dans la rivière qui forme la frontière entre le Rwanda et le Burundi de nombreux cadavres
flottaient emportés par le courrant.
LES AUTEURS DU CRIME
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Les militaires appartenant à l'armée du gouvernement provisoire (FAR) et peut être des
soldats de la garde présidentielle.

LIEU : Préfecture de Butaré, Commune de Muyaga, Rwanda
DATE : le 27 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Massacre de ci vils

NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Civils Rwandais appartenant à l'ethnie Tutsi
- Un prêtre Rwandais - S
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
L - Pasteur de l'église pentecôtiste
Le témoin est réfugié dans le camp de réfugiés Tutsis de Bugnari (Kirundo/Burundi)
RECIT DES EVENEMENTS
Le 27 avril 1994, la population Tutsi de la commune (environ 4.000 personnes) a été
rassemblée au bureau communal. Il s'est enfui alors les militaires lui ont tiré dessus. Il est
tombé. Les militaires ont cru qu'il était mort, l'ont déshabillé et l'ont laissé dans la rue. Les
militaires ont alors tiré sur le groupe dans lequel des familles entières étaient réunies.
Elles ont été achevées par la population Hutu à la machette. Sa femme, ses 6 enfants et
le reste de sa famille ont été assassinés (soit 32 personnes). Il s'est réfugié chez un ami
Hutu, pentecôtiste, pendant 15 jours. De l'endroit où il était caché, il entendait les coups de
feu et le bruit des massacres. Les voisins Tutsis ont également été tués ainsi que les
personnes qui s'étaient réfugiées dans la paroisse. Un prêtre Rwandais est mort. Il
s'appelait S.
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés de civils Rwandais appartenant à l'ethnie Hutu

LIEU : Ville de Butare - ancien bureau de MSF dans la région de Buye
DATE : Entre le 28 avril et le 5 mai
QUALIFICATION DES CRIMES
- Assassinat du personnel de secours de MSF
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- H - Chauffeur
- S - Chauffeur
- F - Chauffeur
- C - Chauffeur
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NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- L - Logisticien MSF-H au Burundi
RECIT DES EVENEMENTS
Des membres des milices Hutus Interahamwe ont pénétré dans l'ancien bureau de MSF
dans la zone Buye de Butare. Les 4 chauffeurs de MSF qui s'y trouvaient ont été
massacres.
AUTEURS DES CRIMES
- Membres de milices Hutus (Interhamwe)

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PREFECTURE DE KIGALI

MSF est dans l'impossibilité de transmettre son témoignage sur les exactions commises
dans la ville de Kigali pendant la période d'avril 1994 jusqu'à aujourd'hui. Ceux-ci seront
néanmoins communiqués dès que possible et feront l'objet d'une annexe au présent
rapport.

LIEU : Préfecture de Kigali - Commune de Kanzenze - Rwanda
DATE : 6- 13 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Massacre et traitement inhumain de civils
NOM ET POSITION DES VICTIMES
- Civils Rwandais appartenant à l'ethnie Tutsi
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- G - Agriculteur
RECIT DES EVENEMENTS
Entre le 6 et le 11 avril 1994, les autorités centrales ont publié des tracts qu'elles ont
distribué aux Tutsis leur assurant qu'ils n'avaient rien à craindre. Parallèlement, des
réunions de "sensibilisation" de la population hutue ont été organisées avec les conseillers
de secteur, bourgmestres... Les intellectuels et les commerçants ont été tués en premier
pendant que le reste de la population de l'ethnie Tutsie s'enfuyait sur la colline...où elle a
été ensuite attaquée par des civils Hutus. Les Tutsis se sont défendus jusqu'à l'arrivée des
militaires (FAR). Ses frères et ses soeurs sont morts. Il est arrivé le 13 avril au Burundi.
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civils Rwandaises appartenant à l'ethnie hutue.

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PREFECTURE DE (KIBUNGO)
LIEU : Centre Saint Joseph - Kibungo - Rwanda
DATE : 15 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Meurtre et traitement inhumain de civils et de réfugiés
- Assassinat et viol du personnel de secours de MSF
NOM ET POSITION DES VICTIMES
- Civils Rwandais appartenant à l'ethnie tutsie
- 3 Membres Rwandais du personnel MSF appartenant à l'ethnie tutsie
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- G - Chauffeur rwandais, logisticien MSF-F à Kibungo
RECIT DES EVENEMENTS
"Le 15 avril 1994, au centre Saint Joseph de Kibungo, environ 2.800 personnes ont été
rassemblées par la population civile et triées. Seules 40 personnes sont sorties vivantes.
J'ai du prouver que je n'étais pas Tutsi malgré mon physique pour échapper au massacre.
Mon père est Hutu et ma mère est Tutsi.
Les autres personnes ont été exécutées de 14h30 à 18h30 à l'aide de grenades, de
mitraillettes et d'armes blanches. Elles sont enterrées dans une fosse commune en
dessous de la cuisine de l'évêché de Kibungo.
Parmi les victimes,
- 2 chauffeurs qui travaillaient pour MSF,
- le Père Blanc du centre de médecine traditionnelle de Barre où les expatriés MSF
logeaient avant leur évacuation,
- une des infirmières Rwandaises de l'équipe MSF qui a été préalablement enlevée, violée
par des militaires de la FAR, puis décapitée à l'arme blanche.
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civiles rwandaises appartenant à l'ethnie hutue
- Milices hutues (Interhamwe)

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PREFECTURE DE GIKONGORO
LIEU : Préfecture de Gikongoro - Kibeho - Rwanda
DATE : 16 avril 1994
HEURE : L'après-midi
QUALIFICATION DES CRIMES
- Meurtre et traitement inhumain de civils.
- Des blessés ont par ailleurs été empêchés d'accéder aux soins médicaux dont ils avaient
besoin.
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Civils présumés appartenir à l'ethnie tutsie (dont des femmes et des enfants).
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- Dr. Rony Zachariah - Coordinateur MSF-B
RECIT DE EVENEMENTS
Nous avions préparé un convoi de trois 4 X 4 (conduits par Marie-Paule, Walter et moimême), dans le but d'évacuer les blessés qui nous avaient été signalés par des
organisations religieuses. Ces blessés, victimes des combats de Kibeho, étaient
jusqu'alors réfugiés dans l'église locale. Après avoir franchi la dizaine de barrages qui
nous séparaient de Kibeho, nous avons été brutalement stoppés par des miliciens
circulant dans un pick-up. On pouvait entendre alors des rafales de mitrailleuses. Nous
n'étions plus qu'à 1 km de l'église. L'un des miliciens, vêtu d'un uniforme vert et d'un béret
jaune, nous amis en joue avec sa mitraillette et a menacé de nous tuer. Il a également
tenté de prendre par la force la radio de notre véhicule. Nous avons appris ensuite qu'un
massacre avait été commis dans l'église.

LIEU : KIBEHO - Sud Ouest du Rwanda
DATE :15 avril 1994
HEURE : Après midi
QUALIFICATION DES CRIMES
Assassinat de civil
NOM ET QUALITE DES VICTIMES
Nombre indéterminé (au moins 100) de civils de l'ethnie tutsie
NOMS ET PROFESSIONS DES TÉMOINS
Wouter van Empelen MSF H et Rony Zacharias MSF B. Tous deux employés expatriés de
Médecins sans Frontière.
RECIT DES EVENEMENTS
Wouter, Rony et sa femme était sur la route pour Kibeho au Sud Ouest du Rwanda. Ils
avaient entendu dire que 3000 civils tutsis avaient été massacrés. Le but de leur voyage
15

était d'évacuer les blessés qui auraient survécu au massacre vers l'hôpital de Butare. A
l'entrée du village ils ont vu des vêtements sur la route couverte de sang. Au dernier virage
avant l'entrée du village, à environ 300 mètres du village, leur voiture a été arrêtée par un
camion rempli de civils hutus armés de machettes accompagnés d'un soldat en uniforme
de l'armée du gouvernement provisoire armé d'un fusil. Il y avait aussi des groupes de
civils hutus, hurlant, pieds nus et équipés d'armes artisanales.
La voiture de MSF a été arrêtée et l'équipe a été menacée particulièrement par l'un des
civils qui se comportait comme le leader du groupe des Hutus . Le groupe était violent et
menaçait de tuer l'équipe MSF. Ce n'est que grâce à la chance que l'équipe a réussi à
faire demi tour et à s'échapper. Ils se sont enfui et en faisant ce demi tour ils ont vu que le
village était en flammes. En face de l'église, ils ont vu que le massacre continuait. Ils ont
vu au moins 100 cadavres de civils tutsis. Les bandes de Hutus se lançaient sur les Tutsis
avec leurs armes artisanales et pendant ce temps les soldats tiraient dans la foule avec
des fusils. Les gens hurlaient et tentaient de s'enfuir. L ' équipe MSF est partie. Ils ont été
arrêtés une autre fois par des soldats hutus fortement armés. Alors qu'ils posaient des
questions sur le massacre, les soldats leur ont ordonné de partir immédiatement.
LES AUTEURS DES CRIMES
Soldats de l'armée du gouvernement provisoire et des groupes de Hutus armés et
obéissant à l'armée.

LIEU : Camp de Nyarumana - (Burengé) -Rwanda
DATE : Début Avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Destruction du matériel de secours et des biens essentiels à la survie de la population
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- Emmanuel Haringanji - Distributeur de repas MSF-F sur Nyarurama
RECIT DES EVENEMENTS
Il témoigne du pillage des stocks humanitaires MSF des 7 au 11 avril par les militaires des
FAR et la population civile.
Le témoin est aujourd'hui réfugié dans le camp de Ceru (Burundi) en compagnie d'autres
membres Rwandais et Burundais du personnel MSF-F:
1 - Distributeur de médicaments
2 - E - Distributeur de repas
3 - G - Chargé du nettoyage
4 - C - Cuisinière
5 - E - Cuisinière.
6 - C - Gardien de Jour
7 - J - Distributeur de repas
8 - T - Distributeur de repas
9 - A - Superviseur
LES AUTEURS DES CRIMES
Les militaires des FAR aidés des populations civiles Rwandaises appartenant à l'ethnie
Hutu
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LIEU : Camp de réfugiés de Burengé et Compound d'ISAR (camps de Maza et de
Nzangua) -Rwanda
DATE : 7- 12 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Destruction de biens essentiels à la survie de la population
- Assassinat du personnel de secours
NOM ET POSITION DES VICTIMES
- Membres du personnel MSF-F appartenant à l'ethnie Tutsi
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- A (26 ans, Rwandais originaire de Rusatira) - Logisticien MSF-F à Burengé
RECIT DES EVENEMENTS
"Les pillages et les destructions des structures humanitaires de Burenge ont commencé le
7 avril 1994 pour s'achever 2 jours plus tard (d'abord l'armée pour les objets de valeur,
puis ensuite la population civile).
Lors de l'évacuation des expatriés MSF le 8 avril 1994, la sortie du territoire Rwandais a
été refusée à l'ensemble du personnel non Zaïrois de MSF par les militaires. L'ensemble
du personnel rwandais et burundais MSF de Burengé environ 50 personnes, est donc allé
rejoindre le personnel des camps de Nzangua et Maza sur le compound d'ISAR. Je les y
ai suivi et y suis resté jusqu'au 12 avril après midi. Les expatriés avaient demandé au
commandant militaire du camp de Gako (situé à proximité du compound) d'assurer la
protection du personnel MSF local. 5 militaires ont donc été assignés à cette tache.
Le mardi 12 avril, vers 13h, la population de Gashora et de Batima, munies d'armes
blanches, a entouré le compound d'ISAR. L'armée a dans un premier temps tiré en l'air
pour les repousser. Il n'y a pas eu de blessés. Voyant la situation, j'ai discuté avec un
militaire qui m'a dit que "l'opération allait commencer". Je suis donc parti d'ISAR vers 17h
accompagné de Y (X), chauffeur pour MSF. Ce militaire essayait de protéger M, auxiliaire
du TFC MSF à Burengé 1. Elle est restée avec lui".
Après avoir passé la frontière au poste de Gasenyi le mercredi matin, A B et R sont tous
deux, restés à Muhuzu deux semaines. Ils ont été rejoints par des rapatriés Burundais. On
y dénombrait jusqu'à 2,000 personnes.
Accueillis ensuite dans l'école du camp de Marembo (déplacés tutsis), un ami leur a
raconté ce qui s'est passé dans le camp d'I5AR après leur départ : "Les militaires des FAR
(dont les 5 chargés d'assurer leur protection) et la population civile ont procédé à la
sélection des membres rwandais du personnel MSF. Les réfugiés Burundais n'ont pas
participé à ce tri; Ils étaient eux-mêmes effrayés. Les gens sélectionnés ont ensuite été
tués par balles, ou avec des machettes pour ceux qui essayaient de fuir".
3 Membres du personnel MSF-F auraient été assassinés :
1 - C - Nutritionniste
2 - A - Nutritionniste
3 - J - Chargé de la distribution des médicaments
4 - 2 chauffeurs MSF de Burengé
5 - F - Radio opérateur à Burengé
6 - Le frère de F - Chauffeur à Maza
7 - J - Cuisinière à Burengé
8 - A - Chauffeur à Maza
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9 - B et sa femme - Chauffeur à Maza
10 - E - Assistant médical à Nzangua
11 - F X - Ntambara - Cuisinier à Burengé
24 autres membres du personnel local de MSF sont portés disparus.
Le témoin est réfugié dans le camp de réfugiés Tutsis de Bugnari (Kirundo/Burundi) avec
13 membres survivant du personnel local MSF-F :
1 - S - qui travaillait à Nyarurama
2 - H - qui travaillait à Nyarurama
3 - B - Logisticien à Nyarurama
4 - D - Logisticien à Burengé
5 - P - Comptable, à Burengé
6 - S - Assistant médical à Burengé
7 - E - Infirmier à Burengé
8 - O - Magasinier à Burengé
9 - B - Cuisinière
10 - R - Cuisinière
11 - Les 3 maçons de Burengé dont V et A
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civiles Rwandaises appartenant à l'ethnie
hutue.

4 - H - Nutritionniste
5 - B - Infirmier
6 - L - Infirmier
7 - S - Nutritionniste
8 - J - Médecin
9 - S - Chauffeur
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civiles rwandaises appartenant à l'ethnie hutue.

LIEU : Compound d'ISAR (camps de réfugiés de Maza et de Nzangua) -Rwanda
DATE : 12 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Assassinat du personnel de secours
NOM ET POSITION DES VICTIMES
- Membres du personnel MSF-F rwandais appartenant à l'ethnie tutsie
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- M (29 ans, Rwandaise originaire de Kirambo) - Secrétaire au compound d'ISAR
Elle est réfugiée dans le camp de réfugiés "tutsis de Bugnari (Kirundo/Burundi)
RECIT DES EVENEMENTS
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"Le mardi 12 avril 1994, la population de la colline de Kyovu est descendue armée de
machettes et de lances pour tuer les Tutsis présents dans le compound d'ISAR. Cette
chasse aux Tutsis" était organisée par les autorités communales et militaires. Cette
attaque semblait prévue depuis longtemps. Puis les militaires des FAR sont arrivés; ont
fouillé les maisons, les ont pillées. Ils lançaient des grenades lorsqu'elles étaient fermées.
Toutes les maisons n'ont pas été fouillées".
Ce qui lui fait penser qu'il y avait des listes préétablies.
"Je faisais partie d'un groupe de 40 personnes environ sélectionnées par les militaires et
la population civile. Le tri se déroulait à l'aide des cartes d'identité sur lesquelles était noté
l'ethnie de chaque personne, mais aussi en fonction de l'aspect du visage des individus.
Les agents de l'ISAR ont tout d'abord été exécutés. Puis les militaires sont retournés au
compound pour tuer les membres du personnel rwandais de l'équipe MSF appartenant à
l'ethnie tutsie qu'ils avaient regroupée au préalable. Ce groupe, dont je faisais partie, a été
emmené en forêt et abattu. Ceux qui essayaient de fuir étaient tués à l'aide de bâtons et
de machettes. "Les militaires ont poussé la population à participer au massacres avec
eux".
Seules 5 personnes (dont M et une autre employée rwandaise de MSF) ont survécu. "Un
seul Hutu a été tué par accident; c'était un Tutsi qui était visé".
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civiles rwandaises appartenant à l'ethnie hutue.

LIEU : Compound d'ISAR (camp de réfugiés de Nzangua) -Rwanda
DATE : 12 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Assassinat du personnel de secours
- Meurtre et traitement inhumain de civils et de réfugiés
NOM ET POSITION DES VICTIMES
- Civils et réfugiés appartenant à l'ethnie Tutsi
- Membres rwandais du personnel MSF-F appartenant à l'ethnie Tutsi:
1 - J - Cuisinière à Burengé
2 - R- Opérateur radio à Burengé
3 - F - Chauffeur à Burengé
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- C (35 ans, Rwandais originaire de Kanzenze) - Chauffeur MSF-F à Nzangua
Il est réfugié aujourd'hui dans le camp de rapatriés hutus de Ceru (Kirundo/Burundi)
RECIT DES EVENEMENTS
"Le mardi 12 avril dans l'après midi, sous ies ordres des militaires des FAR, la population
des villages alentours a regroupé une partie de la population du camp après avoir
sélectionné les Tutsis et les avoir attachés. Il y avait plus de 100 personnes au total.
J'ai réussi à me cacher dans un trou près du lieu où les "sélectionnés" ont été tués. J'ai
entendu tirer les militaires. Ceux qui essayaient de fuir étaient rattrapés et tués à la
machette. Je n'ai pas vu le lieu où ils ont été enterrés mais je pense que seulement 4 ou 5
personnes ont réussi à s'enfuir. Les massacres se sont arrêtés vers 1h du matin".
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Je me suis alors enfui dans la forêt et réfugié ensuite au Burundi. Tous les Tutsis qui
étaient dans le compound ont été tués".
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civiles Rwandaises appartenant à :,!1:1 l'ethnie
Hutu

LIEU : Compound d'ISAR (Camps de réfugiés de Maza et Nzangua) - Rwanda
DATE : Début avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Assassinat du personnel de secours
NOM ET POSITION DES VICTIMES
- Environ 20 membres rwandais du personnel MSF-F appartenant à l'ethnie tutsie
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- E (Rwandais) - Opérateur radio MSF-F à Maza
RECIT DES EVENEMENTS
"Il est difficile de déterminer le bilan exact des massacres dans le compound d'ISAR. Mais
pour ce qui concerne le personnel MSF, environ 20 personnes ont été assassinées".
"Le groupe des survivants a pu traverser la frontière du Bugesera vers la préfecture de
Butaré puis s'est dispersé à partir de Nyanza, jusqu'à ce que le groupe qui reste vivant ne
se compose que de 15 personnes au maximum n'ayant pu regagner leur domicile ou leur
région d'origine".
"Aujourd'hui, l'urgence est d'assurer la' sécurité de ceux qui sont vivants et de traduire en
justice les auteurs des crimes".
Le témoin est réfugié aujourd'hui à Butare (Rwanda) en compagnie de
1 - J - Chauffeur
2 - J - Infirmier
3 - A - Chauffeur
4 - E - Assistant médical à Nzangua
5 - C - Chauffeur
6 - S - Nutritionniste à Maza
7 - L - Ménagère
8 - S - Infirmier à Burengé
9 - E - Infirmier à Burengé
10 - J - Chauffeur au Camp de Burengé
11 - S P - Charpentier journa1ier Nzangua
12 - d D - Veilleur de nuit Nzangua
13 - D - Chargée de l'hygiène
14 - L - Agent de cuisine à Burengé
15 - J P - Agent de cuisine à Burengé
16 - A - Agent de cuisine à Burengé
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civiles rwandaises appartenant à l'ethnie hutue.
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LIEU : Compound d'ISAR camp de réfugiés de Maza- Rwanda
DATE : 19- 23 Avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Destruction de matériel de secours et de biens essentiels à la survie de la population
- Assassinat de malades et de blessés civils
- Assassinat du personnel de secours
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Patients soignés dans l'hôpital de Maza appartenant à l'ethnie tutsie
- Membres rwandais du personnel MSF appartenant à l'ethnie tutsie
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
1 - J - (Burundais) - Infirmier MSF-F à l'hôpital de Maza
2 - A - (Burundais) - Infirmier MSF-F à l'hôpital de Maza
RECIT DES EVENEMENTS
"Le 8 avril, le camp de Maza a été attaqué par des militaires des FAR. Leur attaque a fait 3
blessés parmi les réfugiés. Entre le 11 et le 15 avril, 17 blessés, tutsis, sont arrivés à
l'hôpital. A l'exception de 2 blessés par balles, les autres avaient été blessés à l'arme
blanche. 2 sont morts.
Le 18, des militaires rwandais des FAR se sont introduits dans le camp de Maza et ont
pillé le stock de notre centre nutritionnel avec l'aide des réfugiés Burundais du camp et de
Rwandais vivants dans les villages alentours.
Le 19, une centaine de civils hutus armés de machettes, d'arcs et de lances est entré dans
l'hôpital pour y chercher les Tutsis qui étaient présents. Ils ont clairement signifié qu'ils ne
voulaient pas de mal aux réfugiés burundais présents. Certains d'entre eux ont néanmoins
pris peur et ont , préféré partir.
Le 23, une douzaine de militaires est à nouveau venu chercher les blessés tutsis dans
l'hopital. En plus ils ont emmené deux femmes, une visiteuse et une accompagnante. On
ne sait ce qu'elles sont devenues".
Les deux témoins ont trouvé refuge aujourd'hui dans le camp de rapatriés hutus de Ceru
(Kirundo/Burundi)
Liste des membres du personnel MSF-F survivants, réfugiés aujourd'hui avec eux dans le
camp de Ceru (et celui de Nyarunazi)
1 - J - Aide infirmier
2 - A - Aide infirmier
3 - P - Aide infirmier (Camp de Nyarunazi)
4 - S - Aide infirmier
5 - A - Hygiéniste
6 - N - Hygiéniste
7 - O - Gardien de l'orphelinat
8 - S - Gardien de l'hôpital
9 - E - Pompiste
10 - M - Pompiste
11 - J - Cuisinière de l'hôpital
12 - P - Chargé de la distribution du lait
13 - B - Femme de ménage
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LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires de Forces armées Rwandaises (FAR)
- Une centaine de civils Rwandais appartenant à l'ethnie Hutu

LIEU : Compound d'ISAR (Camp de réfugiés de Maza) - Rwanda
DATE : 13 mai 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Destruction de biens essentiels à la survie de la population
- Meurtre et traitement inhumain de civils et réfugiés
NOM ET POSITION DES VICTIMES
- Civils et Réfugiés
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
- A - Chargé de l'entretien et des distributions de lait à l'hôpital MSF-F de Maza
RECIT DES EVENEMENTS
Elle est partie de Maza le vendredi 13 mai après avoir entendu des coups de canon
venant de la colline surplombant le camp (Nemba) à proximité du poste frontière. L'hôpital
était la seule structure encore intacte, ainsi que deux postes de santé que les militaires
(FAR) avaient gardé pour eux. Le TFC et le SFC ont été détruits dès les premiers pillages.
Il y avait beaucoup de morts sur le camp (elle n'a pu les compter). Ils avaient été tués par
les FAR. Le long du chemin qu'elle a emprunté pour fuir, il y avait aussi des morts qui
avaient été tués par les tirs de grenades et d'armes automatiques du Front Patriotique
Rwandais (FPR)".
Le témoin est réfugiée aujourd'hui dans le camp de rapatriés Hutus de Gatare (Burundi)
en compagnie de :
1 - C - Chargée des consultations prénatales à Maza
2 - C - Orphelinat de Maza
3 - J - Orphelinat de Maza
4 - M - Orphelinat de Maza
5 - P - Logisticien
6 - L (X)
LES AUTEURS DES CRIMES
- Militaires des FAR aidés des populations civiles rwandaises appartenant à l'ethnie hutue
- Militaires du Front Patriotique Rwandais (FPR)

LIEU : Compound d'ISAR (camps de réfugiés de Maza et de Nzangua) - Rwanda
DATE : 8- 13 mai 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Destruction de matériel de secours et de biens essentiels à la survie de la population
- Bombardement d'un camp de réfugiés
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NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
1 - H - Nuritionniste MSF-F à Maza
2 - J - Recherche active MSF-F à Maza
3 - J - Nutritionniste MSF-F à Maza
4 - P - Chargé du stock central MSF-F à Maza
5 - E - Pharmacien MSF-F à Nzangua
RECIT DES EVENEMENTS
Ils confirment le pillage des stocks humanitaires MSF à Maza les 8-9 avril par les militaires
des FAR et la population civile.
Ils sont partis de Maza pour Nzangua vers le 3 mai avec de nombreux réfugiés Burundais.
A leur arrivée le camp était presque vide. Ils ont quitté Nzangua entre le 12 et 13 mai pour
Vyanzo suite aux attaques à la roquette du camp de réfugiés par le FPR. Ils n'ont pas vu
de morts. Il restait alors 300 personnes environ dans le camp et 29 personnes de l'équipe
locale d'MSF.
Les témoins sont réfugiés aujourd'hui dans le camp de rapatriés hutus de Gatare (Burundi)
en compagnie des membres du personnel MSF-F de Nzangua (Rwanda) suivants:
1 - A - Infirmier à l'hôpital
2 - P - Chargé de l'entretien à l'hôpital
3 - H - Chargé des consultations dans le dispensaire
4-E
5 - R - Dispensaire
6 - V - Chargé de la pharmacie du dispensaire
7 - E - Chargé du triage du dispensaire
8 - J - Chargé de la pharmacie du dispensaire
9 - G - Infirmier à l'hôpital
10 - E - Chargé de la pharmacie TFC
11 - T - Superviseur du TFC
12 - C - Chargé de la distribution des médicaments
13 - Z - Responsable thérapeutique
14 - S - Chargé du stock de lait
15 - S - Infirmier à l'hôpital
16 - E - Cuisinière au SFC
17 - F - Infirmier à l'hôpital
LES AUTEURS DES CRIMES
- Les militaires des FAR aidés des populations civiles Rwandaises appartenant à l'ethnie
Hutu
- Les militaires du FPR

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PREFECTURE DE BUTARE
LIEU : Route entre Butare et la frontière du Burundi - Une zone à 700 mètres de la
frontière avec le Burundi
DATE : 19 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Massacre et traitement inhumain de civils
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Des hommes, femmes {certains engagés politiquement) et des enfants, tous d'origine
Tutsi
NOM ET PROFESSION DES TEMOINS
1 - Dr. Rony Zachariah - Coordinateur médical MSF-B
2 - Marie-Paule Spielman - Coordinatrice nutritionnelle MSF-B
3 - Dr. Brice Ahounov - Médecin MSF-B à l'hôpital
Tous les 3 sont des expatriés MSF-B.
RECIT DES EVENEMENTS
Les alentours de plusieurs villages étaient parsemés de piles de cadavres (ombreuses
femmes et enfants). Il s'agissait de Tutsis enlevés à leur communauté et massacrés par
des groupes de "Interahamwe".
- A 700 mètres de la frontière avec le Burundi, près de 80 personnes courant vers la
frontière ont été vues. Elles étaient poursuivies par des milices armées de machettes. Une
personne a été coupée en morceaux sous nos yeux. Les autres ont réussi à rejoindre la
frontière... mais malheureusement, d'autres milices les attendaient là bas. Moins d'une
dizaine d'entre elles sont parvenues à passer la frontière, les autres ont été coupées en
morceaux.
AUTEURS DES CRIMES
- Des bandes de miliciens Hutus (Interahamwe), avec quelques individus portant un
uniforme. Les membres de la milice portaient des "foulards jaunes".

LIEU : Poste frontière officiel entre Butare et le Burundi
DATE : 20 avril 1994
QUALIFICATION DES CRIMES
- Traitement inhumain et meurtre de civils et de malades et de nourrissons
NOM ET PROFESSION DES VICTIMES
- Nombre indéterminé de civils et malades de l'ethnie tutsie
NOM ET PROFESSION DES TÉMOINS
Marc Eastgate, Wouter Van Empelen, membres expatriés d'MSF NL
RECIT DES EVENEMENTS
L'équipe de MSF se dirigeait vers le Burundi. A proximité de la frontière, nous avons vu un
flot immense de réfugiés, environ 15 000 personnes qui tentaient de franchir la frontière.
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Les réfugiés portaient des blessés et les cadavres de membres de leur famille. Ils étaient
eux mêmes sérieusement bléssés avec d'énormes coupures sur toutes les parties du
corps. Nous avons vu des mères portant des bébés ayant le crâne ouvert et des enfants
très grièvement blessés.
A ce moment nous avons croisé une équipe télé de la BBC. Il doit donc exister des
documents audiovisuels qui pourraient illustrer notre témoignage. Mais pour l'instant nous
ne savons pas si ces images ont été montées en film ou pas.
LES AUTEURS DU CRIME
Inconnus pratiquant la terreur et le massacre des populations tutsies.

LIEU : Butare centre ville - 1 un barrage routier
DATE : 20 avril 1994
HEURE : 11.00 am
QUALIFICATION DU CRIME
- Assassinat et traitement inhumain de civil
NOM ET PROFESSION DES TÉMOINS
- Marc Eastgate, Hans Timmermans, Wouter van Empelen Médecins expatriés de MSF
NL.
RECIT DES EVENEMENTS
" A cette date là, Butare était aux mains du gouvernement intérimaire. L'équipe de MSF
est arrivée à un barrage routier qui était tenu par des militaires du gouvernement
intérimaire, peut être des gardes présidentiels.
La voiture d'MSF a été arrêtée. Juste à coté du barrage routier le personnel de MSF a vu
comment les soldats battaient un jeune homme (civil sans arme) en lui frappant la tête
avec un gourdin en bois. Le jeune homme était couvert de sang et ne parvenait plus qu'à
gémir. Il était à l'agonie. Il a du mourir juste après. Les gardes ont menacé l'équipe MSF
avec leurs fusils et leur ont ordonné de partir.
LES AUTEURS DU CRIME
Soldats de l'armée gouvernementale (FAR)

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