Fiche du document numéro 3911

Num
3911
Date
Mardi 19 avril 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
284200
Pages
3
Titre
Complément d'information. Objet : Rwanda - Hypothèses sur l'origine de l'attentat contre le Président
Mot-clé
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Source
SGR
Type
Note
Langue
FR
Citation
HYPOTHESES CONCERNANT L'ATTENTAT CONTRE L'AVION PRESIDENTIEL.
1. Aucune hypothèse ne peut encore être considérée comme vérifiée,
mais il existe déja assez de présomptions raisonnables pour
permettre d'en développer certaines crédibles.


2. Le tir responsable de l'accident (roquettes ou Msl sol-air ?)
provenait de la bordure du camp Mil de KANOMBE. Le tir semble
avoir été exécuté par du Pers bien entraîné et se trouvant déjà
dans le périmètre de sécurité de l'aéroport.

Il apparaît très peu vraisemblable que des éléments du FPR aient
pu avoir accès au périmètre de sécurité de l'aéroport (il fallait
franchir plusieurs barrages Mil, la zone était interdite aux
civils et des Pat de l'UNAMIR accompagnées de Gd rwandais
contrôlaient le terrain).
De plus, on voit mal, dans la situation qui prévalait avant
l'attentat, quel bénéfice le FPR pouvait souhaiter tirer du chaos
que cet attentat devait créer, alors que la majorité des
observateurs s'accordait à considérer que les accords d'ARUSHA lui
étaient déja plus favorables qu'il ne devait l'espérer au départ.

3. Les "tueurs" du "réseau zéro", considérés comme majoritairement
issus de la Garde Présidentielle (GP), semblent devoir être
comptés également parmi ceux qui n'ont pas participé à l'attentat.
En effet, celui qui les dirigeait, le col SAGATWA (responsable de
la sécurité présidentielle et beau-frère du président) était à
bord de l'avion et fait partie des victimes. Il aurait alors été
trahi et sacrifié par ses plus proches collaborateurs.
Ces tueurs, par contre, aidés par d'autres éléments de la GP, puis
rapidement rejoints par les milices HUTU (INTERHAMWE et
IMPUZAMUGAMBI), sont certainement ceux gui ont initié les
massacres qui ont suivi l'attentat. Ces derniers ont débuté très
vite après l'annonce de l'attentat, tout comme la GP s'est
déployée plus rapidement gue l'UNAMIR pour contrôler les accès de
la ville de KIGALI et bloquer les Pat de l'UNAMIR.
Il était connu que les deux camps (mouvance présidentielle, comme
FPR) avaient établi des listes de "personnes à éliminer". Les
personnalités de l'opposition "éliminées" les tout premiers jours
figuraient certainement en bonne place sur la liste des gens à
éliminer pour la mouvance présidentielle.

4. Le Col BEMS BAGASORA, qui était Chef de cabinet au MDN, mais avait
aussi été Chef du Sv de Doc du MDN et également comd Bn LAA, est
cité par plusieurs sources comme devant être l'instigateur de
toute l'affaire.
Ses hommes (parmi lesquels il doit compter des éléments du Bn LAA
qu'il a commandé), pouvaient être au courant du vol de retour de
l'avion présidentiel et, de plus, l'approche de l'aéroport de
KIGALI en provenance de cette direction répond à un scénario
immuable. Les exécutants de l'attentat pouvaient donc facilement
avoir préparé leur acte.

5. Certaines sources prétendent que le président HABYARIMANA était
prêt à décider de céder aux insistances des "faucons", qui
souhaitaient la reprise des oombats, qu'ils estimaient être la
seule voie possible pour éviter l'application des accords d'ARUSHA
(dont ils ne voulaient à aucun prix et qui devenait de plus en
plus inéluctable).
L'analyse de ces sources est que le complot dirigé contre le
président aurait ainsi pu être manigancé par un groupe d'Offr
originaires du SUD du pays, favorables à une collaboration avec le
FPR et rancuniers envers l'entourage du président (qui les avait
pratiquement exclus du partage du pouvoir).
La suite des événements indiquerait cependant dans ce cas que ces
Offr "partisans d'une coopération avec le FPR" auraient perdu le
ctl de la situation qu'ils auraient provoquée.
Certains Offr du SUD (dont le Gen NDINDILIYlMANA, Chef EM de la
GdNat) gravitent cependant à une bonne place autour du
"gouvernement auto-proclamé.

6. pour d'autres analystes, il s'agirait plutôt d'un complot visant à
éliminer un président qui devenait "trop mou" aux yeux des ultras
de la mouvance présidentielle et qui allait, à DAR ES SALAM,
encore lâcher du lest dans le sens de la mise en oeuvre des
accords d'ARUSHA que ces ultras refusaient. Cet attentat, aisément
mis sur le compte du FPR (surtout avec des moyens comme la radio
RTLM), ne pouvait que faire reprendre les hostilités, situation
souhaitée par ces ultras (qui devaient se sentir trop confiants
dans les capacités des FAR de s'opposer au FPR).
Il s'agirait alors d'une sorte de coup d'Etat Mil, préparé par les
faucons des FAR. La suite du déroulement prévu leur aurait ensuite
échappé, avec l'intervention du Bn du FPR décidé à contrer les
massacres auxquels il assistait depuis son cantonnement, puis la
reprise générale des hostilités par le FPR (tout comme, au ZAIRE,
les pillages de 91, très probablement provoqués par la présidence,
avaient rapidement échappé à son ctl).
Auparavant, l'appel à la violence ethnique devait, dans leur
scénario, permettre d'éliminer les personnalités gènantes de
l'opposition.

7. Nous pensons que les accusations qui rendent le FPR responsable de
l'attentat sont peu vraisemblables.
Nous pensons également qu'il est difficile, au stade actuel de
préciser si l'attentat peut être attribué aux Offr du SUD (opposés
à la présidence parce que s'estimant lésés depuis toujours dans le
partage du pouvoir), ou aux ultras du régime.
Il est aussi indéniable que dans la gestion de la suite des
événements, ces deux groupes se sont entendus pour tenter de
reprendre le ctl d'une situation devenue chaotique (on retrouve
aussi bien le Gen NDINDILIYlMANA et le Col GATSINZI, que le Col
BAGASORA et le Gen BIZIMUNGU autour des nouvelles autorités du
gouvernement auto-proclamé). Notre préférence va cependant à
l'explication attribuant l'attentat aux "faucons" du régime,
proches des beaux-frères du président et s'exprimant par la voie
de la RTLM qu'ils contrôlaient.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024