Fiche du document numéro 3560

Num
3560
Date
Mardi 26 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
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Taille
15589499
Pages
0
Sur titre
Journal de 13 heures [4:24]
Titre
Les Tutsi mènent la bataille la plus difficile : ils doivent lutter contre l'épidémie mais aussi contre tous ceux qui cherchent encore à les massacrer
Sous titre
Toutes les conditions sont désormais réunies pour le développement d'une épidémie foudroyante de choléra.
Nom cité
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Résumé
- In Rwanda, General Jean-Claude Lafourcade, commander of Operation Turquoise, calls for help: the French troops need help to collect corpses in the city of Goma as there are so many of them.

- The mass graves are full. Hundreds of abandoned bodies pile up along the roads. The French army has just received authorization to bury them. It was she who, until this day, collected and buried the dead. Over 1,000 a day.

- In the camps the survivors do not have enough energy. They are engaged in another fight, that for life. The Tutsi are leading the most difficult battle: they must fight against the epidemic but also against all those who still seek to massacre them. Soldiers from the former Rwandan government camp a few kilometers away and don't hesitate to get their hands on anything that looks like a Tutsi.

- The bravest, terrified, try to take the way home. They ask UNHCR officials or French soldiers to escort them to the border. 40,000 Tutsi and Hutu mixed would march today towards the direction of Ruhengeri. 90,000 others are said to have left the area controlled by the French army. The road that brings them home is long, several days of walking. They will need to find food and drink.

- Those they leave behind keep their eyes riveted on the jumbo jets arriving in Goma. The Americans have still not resumed their drops, but they have succeeded in building a new airstrip and delivering a wastewater treatment plant. In a few days, it will be able to filter the water from Lake Kivu. The installation of a system to provide water to all the refugees will take a month, according to experts. In the meantime, cholera is spreading and threatening the population of Zaire. A new challenge for NGOs.

- One and a half million refugees in Zaire, thousands who roam the roads and the cholera which has been rampant here for more than 20 years. All the conditions are now in place for the development of a devastating epidemic. Already 14,000 dead for a week and confirmation yesterday [July 25] that this is indeed the germ already present in the region, and unfortunately known to be resistant to most of the antibiotics used. Professor Marc Gentilini, "Infectious and Tropical Diseases, Pitié-Salpêtrière Hospital": "It is a vision of the concentration camps when they were released with these emaciated bodies, emptied en masse, anonymously. And, next to them , we find the survivors or those who are going to die. And it reigns over all these camps, which are of very precarious structure, a deathly silence".
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Dominique Bromberger :] Au Rwanda le général français Jean-Claude Lafourcade, commandant de l'opération Turquoise, lance un appel au secours : les troupes françaises ont besoin d'aide pour le ramassage des cadavres dans la ville de Goma tant ceux-ci sont nombreux. Hier [25 juillet] les Français ont ramassé 800 corps.

Tant bien que mal, l'aide humanitaire internationale commence pourtant à s'organiser. Patricia Allémonière.

[Patricia Allémonière :] Les fosses communes sont pleines. Des centaines de corps abandonnés s'entassent le long des routes. Victimes anonymes, oubliées [on voit trois tas de cadavres au milieu d'un champ]. L'armée française vient de recevoir l'autorisation de les inhumer. C'est elle qui jusqu'à ce jour ramassait et enterrait les morts. Plus de 1 000 par jour.

Dans les camps les survivants n'ont pas assez d'énergie. Ils sont il est vrai engagés dans un autre combat, celui pour la vie [gros plans sur des images d'enfants très affaiblis]. Les Tutsi mènent la bataille la plus difficile : ils doivent lutter contre l'épidémie mais aussi contre tous ceux qui cherchent encore à les massacrer [on voit successivement à l'image un homme blessé à la tête, un jeune enfant portant une cicatrice au niveau de l'oreille, un autre enfant blessé au niveau du tendon d'Achille et une femme qui a reçu un coup de machette en plein milieu du visage]. Des soldats de l'ex-gouvernement rwandais campent à quelques kilomètres et n'hésitent pas à se faire la main sur tout ce qui ressemble à un Tutsi [on voit notamment des soldats des FAR errer devant un bus de l'ONATRACOM].

Les plus vaillants, terrorisés, tentent de prendre le chemin du retour. Ils demandent aux responsables du HCR ou à des soldats français de les escorter jusqu'à la frontière [on voit des soldats français en train de discuter avec un soldat noir à un poste-frontière]. 40 000 Tutsi et Hutu mélangés marcheraient aujourd'hui vers la direction de Ruhengeri [gros plan sur un panneau indiquant en français et en anglais : "Bienvenue en République rwandaise, préfecture Gisenyi"]. 90 000 autres auraient quitté la zone contrôlée par l'armée française. La route qui les ramène chez eux est longue, plusieurs jours de marche. Il va leur falloir trouver de quoi manger et de quoi boire.

Ceux qu'ils laissent derrière eux gardent les yeux rivés sur les gros-porteurs qui arrivent à Goma. Les Américains n'ont toujours pas repris leurs largages mais ils ont réussi à construire une nouvelle piste d'atterrissage et à acheminer une station d'épuration. Dans quelques jours, elle pourra filtrer l'eau du lac Kivu [on voit des militaires américains installer la station d'épuration]. L'installation d'un système permettant de fournir de l'eau à tous les réfugiés va durer un mois selon les experts.

En attendant, le choléra se propage et menace la population du Zaïre. Un nouveau défi lancé aux ONG.

[Dominique Bromberger :] Les premières analyses ont permis d'identifier la souche du choléra responsable de l'épidémie. Le professeur Gentilini, chef du service des maladies tropicales à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui vient de rentrer de Goma, en a parlé à Lucie Soboul.

[Lucie Soboul :] Un million et demi de réfugiés au Zaïre, des milliers qui errent sur les routes et le choléra qui sévit ici de façon endémique depuis plus de 20 ans. Toutes les conditions sont désormais réunies pour le développement d'une épidémie foudroyante [on voit notamment des enfants en train d'agoniser]. Déjà 14 000 morts depuis une semaine et la confirmation hier [25 juillet] qu'il s'agit bien du germe déjà présent dans la région, et malheureusement connu pour être résistant à la plupart des antibiotiques utilisés [on voit des hommes noirs transporter des cadavres dans des sacs].

[Professeur Marc Gentilini, "Maladies Infectieuses et Tropicales, Hôpital Pitié-Salpêtrière - Paris" : "C'est une vision des camps de concentration lorsqu'ils ont été libérés avec, euh, ces corps décharnés, vidés en masse, anonymement. Et, à côté d'eux, on trouve, euh…, les survivants ou ceux qui…, qui vont mourir. Et il règne sur tous ces camps, qui sont de structure très précaire, un silence de mort".]

Peu de nourriture, pas assez d'eau potable, des réfugiés épuisés et affamés, il faut en priorité les réhydrater et les alimenter [on voit des enfants tentant de puiser de l'eau au milieu de la boue].

[Marc Gentilini : "Le choléra, ce n'est pas une question de médicaments, ce n'est pas une question de vaccination, c'est avant tout une eau adaptée et d'autre part une alimentation riche. Il faudrait au moins quatre à cinq litres d'eau, chaque jour, pour que l'organisme puisse à peu près survivre ! C'est difficilement réalisable dans les conditions que nous avons vu. Et, euh, je crains que la situation empire dans les jours qui viennent parce que, quelle que soit la rapidité maintenant de la mobilisation générale qui a été tardive mais qui s'est enfin déclenchée, euh…, il y a des gens qui ne seront pas rattrapables".]

Pour les spécialistes, 600 tonnes de vivres par jour sont nécessaires pour assurer les besoins d'une population dépourvue de tout.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024