Fiche du document numéro 3536

Num
3536
Date
Mercredi 13 juillet 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
11909947
Pages
0
Surtitre
Journal de 20 heures [3:20]
Titre
L'Église sort traumatisée de cette guerre. La population ne respecte plus les prêtres et ce qui est sacré. On a trop tué dans les églises et les cathédrales
Soustitre
Le ministre de la Défense François Léotard a confirmé le début du retrait des troupes françaises à la fin du mois, à commencer par 300 soldats.
Nom cité
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Résumé
- The Minister of Defense, François Léotard confirmed the start of the withdrawal of French troops at the end of the month, starting with 300 soldiers.

- In Kigali, Rwandans are trying to learn to live again. Among them are religious, hard hit by the war. Little by little, some are leaving the convents where they had taken refuge.

- The Bernardines school seems abandoned. And yet, inside, for three months, 18 sisters have survived without leaving. Death haunts Josephine. She can't seem to forget a night in April. That day she was unable to protect the families who had taken refuge under her roof. The army entered and took away all the men.

- Today, Joséphine Mukamunana dares to go outside for the first time. She goes in search of three of her sisters from whom she has no news. Dozens of kilometers from Kigali, on the main street of Rwamagana, a surprise awaits him: they are alive as well as two other Fathers. What they experienced, what they saw shook them. They are uncomfortable, as if they have something to blame themselves for, as if they are responsible for the misfortune around them.

- The Church comes out of this war traumatized. The seminars are empty, the young people have left or have been massacred. The population no longer respects priests and what is sacred. Too much has been killed in churches and cathedrals. As for the new owners, the RPF soldiers, they are suspicious: they do not forget that the Archbishop of Kigali was close to the old regime.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Patrick Poivre d'Arvor ; à noter que Charles Pasqua est également sur le plateau :] L'opération Turquoise au Rwanda, maintenant : le ministre de la Défense François Léotard a confirmé le début du retrait des troupes françaises à la fin du mois, à commencer par, euh, 300 soldats.

Euh…, et à Kigali, les Rwandais, euh, tentent pendant ce temps-là de réapprendre à vivre. Parmi eux des religieux, durement frappés par la guerre. Petit à petit certains quittent les couvents où ils s'étaient réfugiés. Nos envoyés spéciaux Patricia Allémonière et David Cosset ont rencontré une Sœur bénédictine d'origine tutsi. Regardez.

[Patricia Allémonière :] L'école des Bernardines semble abandonnée [une incrustation "Kigali, Rwanda" apparaît à l'écran]. Et pourtant, à l'intérieur, depuis trois mois vivent -- ou plutôt survivent -- sans sortir 18 Sœurs. La mort hante Joséphine. Elle n'arrive pas à oublier une nuit du mois d'avril [on la voit mettre son visage dans ses mains puis faire un signe de croix]. Ce jour-là elle n'a pas pu protéger les familles qui avaient trouvé refuge sous son toit. L'armée est entrée et a emmené tous les hommes.

[Joséphine Mukamunana, "Sœur bernardine" : - "16 personnes ont disparu et trois sont revenus. Ils ont pu échapper pendant qu'on…, qu'on bousculait les autres pour les amener plus loin". Patricia Allémonière : - "Vous avez eu très peur ?". Joséphine Mukamunana : - "Très peur".]

La peur ne l'a pas quitté depuis. Joséphine il est vrai est tutsi et elle a réchappé aux massacres [on la voit sortir de l'école et se diriger vers une voiture]. Aujourd'hui, elle ose sortir à l'extérieur pour la première fois.

[Joséphine Mukamunana : "J'ai un peu peur parce que… c'est la première fois que je…, je passe une barrière, comme ça, après trois mois [on voit un soldat du FPR serrer la main des passagers à travers la vitre du véhicule]".]

Elle part à la recherche de trois de ses Sœurs dont elle est sans nouvelles. À des dizaines de kilomètres de Kigali, sur la grand-rue de Rwamagana, une surprise l'attend [on voit une Sœur s'approcher de Joséphine et la serrer dans ses bras] : elles sont en vie ainsi que deux autres Pères. Personne ne pleure, personne ne crie, ils préfèrent prier. Ce qu'ils ont vécu, ce qu'ils ont vu les a ébranlés. Ils sont mal à l'aise, comme s'ils avaient quelque chose à se reprocher, comme s'ils étaient responsables du malheur qui les entoure [on voit trois Sœurs et deux Pères bénir le repas avant de passer à table].

Joséphine avant de partir veut revoir l'église de Rwamagana. Mais sur l'autel, on ne bénit plus l'eucharistie [on voit des réfugiés à l'intérieur de l'église, dont de nombreux enfants].

[Joséphine Mukamunana : "Maintenant il est plein de visages, de visages, euh…, blessés si je peux dire. Et tout le monde accroupi dans la misère, ça m'a fait quelque chose. D'autre part c'est bien qu'il y ait cette église où ils peuvent se rassembler".]

Elle repart [inaudible] ce qu'elle a découvert dépasse ce qu'elle avait imaginé [on voit plusieurs Sœurs saluer le véhicule qui transporte Joséphine].

[Patricia Allémonière, face caméra, devant l'église de Rwamagana [une incrustation indique à tort "Kigali, Rwanda"] : "L'Église sort traumatisée de cette guerre. Les séminaires sont vides, les jeunes sont partis ou ont été massacrés. La population ne respecte plus les prêtres et ce qui est sacré. On a trop tué dans les églises et les cathédrales. Quant aux nouveaux maîtres des lieux, les soldats du FPR, ils sont méfiants : ils n'oublient pas que l'archevêque de Kigali était un proche de l'ancien régime".]

[Patrick Poivre d'Arvor :] Alain Juppé et son homologue britannique, euh, Douglas Hurd en Bosnie. […]
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