Fiche du document numéro 3535

Num
3535
Date
Mardi 12 juillet 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
13838965
Pages
0
Surtitre
Journal de 20 heures [4:51]
Titre
Henri Konan-Bédié : « Nous avons eu à faire savoir au gouvernement français que nous approuvions son initiative qui est une action humanitaire en faveur de nos frères et de nos sœurs du Rwanda »
Soustitre
À Kigali, les soldats de la minorité tutsi savent qu'ils ne peuvent diriger sans l'accord de la majorité. Alors ils tentent de réconcilier les ethnies.
Nom cité
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Lieu cité
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Résumé
- The withdrawal of Operation Turquoise in Rwanda will begin at the end of July or the beginning of August announced Alain Juppé. A decision which the Rwandan Patriotic Front welcomed. The withdrawal will be gradual in order to ensure a succession with the peacekeepers of the UN assistance mission by August 22.

- Meanwhile in Kigali, life is trying to gain the upper hand. Hutu and Tutsi return to their homes and wonder about the future.

- Several hundred families cannot yet return home: they live in the hills further west, those which have not yet been pacified, those where militiamen are said to hang out. So they stay in Ndera camp. In this center established by the Rwandan Patriotic Front, Hutu and Tutsi have learned to live side by side. The military took matters into their own hands.

- Belonging to the Tutsi minority, the soldiers know that they cannot lead without the agreement of the majority. So they try to reconcile the ethnic groups. The population today, after months of massacres, is ready to give its confidence to the RPF. It has suffered too much. There are thousands of disabled people with machete marks.

- Will the anti-government armed forces that are winning be wise enough to agree to share power? This is the question everyone is asking. One thing is certain, the strengthening of the international presence, the arrival of UNAMIR II, can only reduce the risks of drift.

- Interview with Henri Konan-Bédié, President of Côte d'Ivoire, by Patrick Poivre d'Arvor. Patrick Poivre d'Arvor: - "We have seen Nigeriens and Senegalese in Rwanda. We do not see Ivorians. Are you opposed to this Turquoise operation?". Henri Konan-Bédié: - "No, not at all. On the contrary, we had to let the French government know that we approved its initiative which is a humanitarian action in favor of our brothers and our sisters in this Rwanda. 'Ivoire is not in the habit of sending troops abroad when it comes to participating in or settling armed conflicts. We ourselves have on the border with Côte d'Ivoire, on the border of Liberia, a local conflict for which we had to mobilize our troops to ensure the security and peace of the populations".
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Patrick Poivre d'Arvor :] Le retrait de l'opération Turquoise au Rwanda commencera fin juillet ou début août a annoncé Alain Juppé. Une décision dont le Front patriotique rwandais s'est félicité. Le [il tousse]…, pardon, le retrait sera progressif afin d'assurer une relève avec les Casques bleus de la mission d'assistance de l'ONU d'ici au 22 août.

Pendant ce temps à Kigali, la vie tente de reprendre le dessus. Hutu et Tutsi retournent dans leurs maisons et s'interrogent sur l'avenir. Le reportage de Patricia Allémonière et de David Cosset.

[Patricia Allémonière :] Ils ne peuvent pas encore rentrer chez eux : ils habitent dans les collines plus à l'Ouest, celles qui ne sont pas encore pacifiées, celles où traîneraient des miliciens. Alors ils restent dans le camp de Ndera. Ils ne sont pas les seuls : plusieurs centaines de familles sont encore bloquées ici. Dans ce centre établi par le Front patriotique rwandais, Hutu et Tutsi ont appris à vivre côte à côte. Les militaires ont pris les choses en main [diffusion d'images de réfugiés errant dans le camp].

Appartenant à la minorité tutsi [gros plan sur un soldat du FPR], les soldats savent qu'ils ne peuvent diriger sans l'accord de la majorité. Alors ils tentent de réconcilier les ethnies. La population aujourd'hui, après des mois de massacres, est prête à donner sa confiance au FPR. Elle a trop souffert. Les handicapés qui portent la marque des machettes se comptent par milliers [on voit une femme marcher de dos à l'aide de béquilles, il lui manque une jambe].

[Patricia Allémonière dans la nuit de Kigali, face caméra et devant un blindé de l'ONU : "Les forces armées anti-gouvernementales qui sont en train de l'emporter seront-elles assez sages pour accepter de partager le pouvoir ? C'est la question que tout le monde se pose. Une chose est certaine, le renforcement de la présence internationale, l'arrivée de la MINUAR II, ne peut que réduire les risques de dérive".]

[Patrick Poivre d'Arvor interviewe à présent en plateau Henri Konan-Bédié.]

Patrick Poivre d'Arvor : Henri Konan-Bédié, euh, bonsoir. Vous êtes Président ivoirien. Alors…, on a vu au Rwanda, euh…, des Nigériens, on a vu des Sénégalais. On voit pas d'Ivoiriens. Vous êtes opposé à cette opération Turquoise ?

Henri Konan-Bédié, Président de la Côte d'Ivoire : Non, pas du tout. Au contraire nous avons eu… à faire savoir au gouvernement français, hein, que… nous approuvions son initiative… qui est une action humanitaire en faveur… de nos frères et de nos sœurs de ce Rwanda. Ben…, voyez-vous, je l'ai déjà expliqué, la Côte d'Ivoire n'a pas l'habitude d'envoyer des troupes à l'étranger lorsqu'il s'agit, n'est-ce pas, de participer ou de… régler des conflits armés. Ce n'est pas là le cas. Il s'agit de ce que nous avons nous-mêmes à la frontière de la Côte d'Ivoire, sur la frontière du Libéria : un conflit local pour lequel nous avons dû mobiliser nos troupes pour assurer la sécurité et la paix des populations, et des réfugiés et des populations ivoiriennes.

Patrick Poivre d'Arvor : Vous sentez la France trop…, trop présente en Afrique, euh, faisant trop sentir son influence d'ancienne colonisatrice ?

Henri Konan-Bédié : Non je ne pense pas. Je crois qu'au contraire, à l'heure actuelle, on recherche, n'est-ce pas, de bonnes volontés… des États, des gouvernements qui puissent, euh, prendre le relais de l'action française au Rwanda.

Patrick Poivre d'Arvor : Alors parmi les…, les premières, euh…, actions de la France tout récemment, euh…, pour l'Afrique -- pour ou contre l'Afrique, ça l'Histoire le…, le…, le dira --, il y a eu la dévaluation du Franc CFA. Est-ce que cette dévaluation a été bien digérée, euh…, par la population ivoirienne d'abord et… d'une manière générale par l'Afrique ?

Henri Konan-Bédié : Les…, la dévaluation qui relève, euh, du passé maintenant, puisqu'elle a eu lieu en janvier -- tout à fait dans…, au début de la deuxième semaine du mois de janvier, le 11 janvier, euh…, 1994 --, a été, euh…, accueillie par la population ivoirienne avec beaucoup de calme, de sérénité et un sens élevé de l'intérêt national. Cela relève maintenant du passé. Ce à quoi les Itali…, les…, les Ivoiriens s'attèlent maintenant c'est de compter avec, euh, leurs atouts pour regarder l'avenir en face.

Patrick Poivre d'Arvor : Alors leurs atouts, parlons-en. Euh, vous, vous succédez à un homme, Félix Houphouët-Boigny, qui a été au pouvoir pendant un tiers de siècle. Est-ce que c'est facile de…, d'affirmer sa personnalité quand on succède à un homme qui en avait autant ?

Henri Konan-Bédié : Oh, je dis qu'il n'est pas question de réinventer la personnalité du Président Houphouët-Boigny [sourire]. J'assume les fonctions à la tête de l'État, je le fais de mon mieux. Et je crois qu'avec l'équipe soudée qu'il y a autour de moi, nous ne ferons que continuer, prolonger ou agrandir l'œuvre entreprise sous la présidence du Président Félix Houphouët-Boigny.

Patrick Poivre d'Arvor : Je vous remercie Monsieur le Président. On va maintenant parler d'un…, d'un pays africain où ça se passe pas très bien -- pas bien du tout même --, l'Algérie, puisque là-bas, la violence est sans relâche […].
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