Fiche du document numéro 34487

Num
34487
Date
Lundi 26 août 2024
Amj
Auteur
Taille
0
Pages
0
Urlorg
Sur titre
L'interview de 9h20
Titre
Gaël Faye : "70 % de la population rwandaise est née après le désastre, après 1994"
Sous titre
À 9h20, l'auteur compositeur et interprète Gaël Faye est l'invité de Léa Salamé. Il publie "Jacaranda" (Grasset), où il évoque à nouveau, après "Petit Pays", le génocide rwandais et surtout l'après. Avec Gaël Faye, chanteur, poète et romancier français.
Nom cité
Source
Type
Émission de radio (son)
Langue
FR
Citation
Jacaranda est le nouveau roman de Gaël Faye, huit ans son premier, Petit Pays, devenu phénomène de librairie, avec plus d'un million et demi de livres vendus. Jacaranda, c'est un arbre majestueux aux feuilles mauves, d'ailleurs dessiné sur la couverture du livre. C'est une fresque familiale, l'histoire sur quatre générations d'une famille et d'un pays, le Rwanda, entre la guerre, le génocide des Tutsis, la vie d'après, celle de la reconstruction et peut-être de la réconciliation. Ce livre, est une double histoire : celle d'une mère qui veut oublier ses origines et d'un fils, Milan, qui veut absolument les connaître. C'est un peu l'histoire non pas de Leurs enfants après eux, comme a écrit Nicolas Mathieu, mais de leurs enfants après le génocide.

D’abord faire silence



Gaël faye ne pensait pas au départ que son précédent livre lui mettrait de la pression. Mais une fois dans son bureau avec son stylo et sa feuille, il a senti : « que le succès du premier livre prenait beaucoup de place. Et il a fallu faire silence. Ça a fait partie du processus d'écriture : j'ai passé plusieurs mois à essayer d'oublier Petit Pays. Par exemple, je n'allais plus en soirée avec des amis parce qu'à chaque fois, on me parlait de ce livre. Il empiétait sur mes idées pour ce nouveau roman. Mais pour ce retrait du monde, j'ai cette chance d'habiter au Rwanda à Kigali où même si le livre est lu et connu, le statut d'écrivain n'existe pas ce qui m'a permis de mettre de la distance. »

Vivre, travailler, aimer dans les années qui suivent le génocide



Pour Gaël Faye, comment vivre dans ce pays après le génocide est la grande question. « La société rwandaise est une société jeune. 70% de la population est née après le désastre, après 1994. Je me suis retrouvé dans une société où j'étais vieux puisque j'avais 11 ans au moment du génocide. J'ai des souvenirs de l'avant, du pendant, de l'après. Et je me suis senti une forme de responsabilité envers cette jeunesse. Les jeunes n'ont pas conscience de certaines réalités qu'a pu traverser la société. Ou, s’ils en ont conscience, c'est tellement entouré de silence que pour eux, souvent, il manque les mots. J'ai l'impression qu'un livre peut donner à entendre un peu plus qu’un discours officiel. »

Rattrapé par Eusebie



A l’origine de Jacaranda un personnage de Petit Pays, Eusebie, la tante du héros, Gabriel, qui a rattrapé Gaël Faye : « J’ai senti comme un malaise. J'avais l'impression de l’avoir utilisée qu’à des fins de romancier. Et tous les personnages dans Petit Pays, on sait leur destin, on sait ce qu'ils deviennent, sauf elle. Or, Eusebie représente beaucoup de femmes que je côtoie. Cela me posait un problème d'éthique artistique et donc j'ai commencé par écrire de petites scènes, à la reconstituer, à prendre des nouvelles d'elles. C'était très étrange le roman sur lequel je travaillais ne me hantait pas, alors qu'Eusébie, si. »

Le silence transmet malgré lui



Pour Gaël Faye, même dans une famille où rien n’est dit, « on transmet des choses, des détails infimes. Mais le silence fait beaucoup trop de bruit et insécurise énormément. Il y a toujours quelque chose de touchant dans ces silences de famille parce que parfois, c'est une volonté de préserver, de ne pas emporter ses enfants dans ses propres chaos, et traumas. Mais je crois que la résultante, c'est qu'au contraire, le silence prend trop de place et empêche d'avancer. » Une expérience de silence que Gaël Faye a connu avec sa mère.

La suite est à écouter…
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024