Fiche du document numéro 34426

Num
34426
Date
Jeudi 20 juin 2024
Amj
Auteur
Fichier
Taille
210708
Pages
2
Urlorg
Titre
Mort de Jean-Claude Lefort, ancien député communiste et militant de la justice humaine
Sous titre
L’ancien député PCF du Val-de-Marne, un temps secrétaire de Georges Marchais, engagé dans la solidarité avec le peuple palestinien, est décédé à l’âge de 79 ans.
Nom cité
Mot-clé
MIP
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Jean-Claude Lefort, décédé le 19 juin, était le beau-père de Salah Hamouri. Photo : Guillaume Collange/ARGOS

Jean-Claude Lefort a succombé le 19 juin des suites d’un cancer contre lequel il a mené son dernier combat. Il était un militant communiste, de ceux qui se sont formés dans les rangs des jeunesses communistes des cités populaires de la banlieue rouge. Né le 15 décembre 1944 à Paris, il passe d’abord son enfance et sa jeunesse à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), dans un milieu modeste. Son père, ouvrier, s‘était engagé aux côtés des républicains espagnols dans les Brigades internationales et sa mère est gardienne dans une école.

Celui qui aime déjà se dire « manouche » grandit dans ces zones périphériques de la capitale et fait ses armes militantes dans les combats pacifistes et internationalistes de ces années 1960-1970. Il devient dirigeant du MJCF. Ils sont trois copains et camarades, liés par le souvenir du combat de l’Espagne républicaine, qui ne se quittent jamais pour faire les quatre cents coups politiques : Jean-Claude Lefort à Bagnolet, François Asensi à Aubervilliers, et José Fort à Montreuil.

José Fort a réagi à l’annonce de sa mort pour saluer « notre histoire commune et notre amitié » au-delà de « nos divergences, nos colères, nos engueulades ». « Nous avons tous les trois vécus des moments intenses à la direction du Mouvement de la Jeunesse communiste : les bouleversements de 1968, la guerre américaine au Vietnam… »

Après « ces équipées », Jean-Claude rejoint, lui, le collectif travaillant en direct aux côtés de Georges Marchais, le tout nouveau secrétaire général du PCF. En 1983, il devient secrétaire de la puissante fédération du Val-de-Marne. Le dirigeant communiste est ensuite élu député de la 10e circonscription du département durant trois mandats.

Membre de la commission des Affaires étrangères, il participe à de nombreuses négociations internationales et s’engage aux côtés de nombreux peuples et contre les injustices. En mémoire de la lutte contre la bête immonde en Espagne, il sera coprésident fondateur de l’Association des amis des combattants en Espagne républicaine (Acer), avec José et François – le député, grâce à ses prérogatives au sein de la commission des Affaires étrangères, récupère une partie des archives des Brigades internationales déposées à Moscou.

Mais une terrible tragédie touchant un peuple le fait se lever une nouvelle fois. 1994, le génocide au Rwanda. L’élu milite pour que la vérité soit établie et propose, en 1998, la création d’une commission d’enquête sur la part des responsabilités françaises. Vice-président de ce qui sera, finalement, une mission d’information parlementaire sur le Rwanda, il se trouve en désaccord avec les conclusions du rapport et refuse d’en être coauteur. Il finit son troisième mandat de député en 2002 mais le militant poursuit ses combats pour la justice.

Toujours sensible à ses frères et sœurs, humains du monde, il s’investit activement en faveur des droits du peuple palestinien. En mai 2009, il est élu président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), à l’issue du deuxième congrès de ce mouvement. Il est également le coordinateur du comité national de soutien à Salah Hamouri, emprisonné dans les geôles israéliennes depuis 2005, dont il deviendra le beau-père après que sa fille, Elsa, épouse en 2014 le Franco-Palestinien, libéré en 2011 à la suite d’une intense campagne internationale. Salah Hamouri sera à nouveau détenu à trois reprises, avant d’être expulsé en 2022. Décoré des insignes de chevalier de la Légion d’honneur par Cécile Rol-Tanguy, en présence de l’ambassadeur palestinien en France, Jean-Claude Lefort ne cesse de multiplier les démarches pour faire respecter les droits de son gendre et poursuit sa lutte aux côtés des Palestiniens pour la reconnaissance de leur souveraineté.

Toujours prêt à dénoncer les injustices, il appelle en 2013 à la démission le ministre de l’Intérieur Manuel Valls pour sa politique à l’égard des Roms. Il rappelle au ministre socialiste sa propre émigration depuis l’Espagne, pour fuir le régime franquiste, et la compare avec celle des Roms, qui subissent une discrimination sociale dans leurs pays d’origine. Il signe « Jean-Claude Lefort, fils de Manouche ». En janvier 2024, en raison d’un différend qu’il explique dans un texte publié sur Mediapart, il quitte « avec une douleur extrême » le PCF, après soixante années d’appartenance.

L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et à ses proches.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024