Fiche du document numéro 33983

Num
33983
Date
Dimanche 7 avril 2024
Amj
Auteur
Fichier
Taille
111338
Pages
2
Urlorg
Titre
Vincent Duclert : « Pas de reculade d’Emmanuel Macron » sur les responsabilités de Paris dans le génocide des Tutsi
Nom cité
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Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation


AFRIKARABIA : – Le président Emmanuel Macron avait annoncé jeudi dernier qu’il déclarerait dans un message vidéo que « la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n’en a pas eu la volonté ». Sauf que cette phrase très commentée entre jeudi et dimanche a disparu de la vidéo diffusée à l’UNESCO ce dimanche. Vous en pensez quoi ?

Vincent DUCLERT : – Je ne pense qu’on doive analyser le message vidéo diffusé en milieu de cette journée si importante pour le monde en termes de « reculade ». Pour moi, le propos d’Emmanuel Macron peut parfaitement inclure ce nouveau constat de la faillite des autorités françaises formulé dans la dépêche de l’Elysée, dès lors, comme il le rappelle là, qu’il a statué le 27 mai 2021 sur la responsabilité accablante de l’échelon politique essentiellement la présidence de François Mitterrand, dans le génocide perpétré contre les Tutsi.

Vous comprenez la déception des Français et plus encore des Rwandais qui attendent une reconnaissance plus profonde des erreurs de l’Elysée sous François Mitterrand ?

Notre rapport, les recherches qui ont suivi dont les miennes ont souligné que tous les moyens existaient en France pour arrêter le génocide, et pas seulement lors de sa phase paroxysmique mais avant durant le processus de préparation quand la France est massivement présente au Rwanda. La communauté internationale disposaient aussi de moyens puissants dont les casques bleus arrivés au Rwanda fin décembre 1993, mais la France restait clairement leader sur le dossier rwandais et revendiquait cette suprématie, et la défendait même avec obsession face au présumé « ennemi américain ».

Au regard de l’annonce d’Emmanuel Macron jeudi dernier, il y a lieu de s’étonner. Dans son allocution ce 7 avril 2024, le président Kagame a insisté : « La communauté internationale nous a tous laissés tomber en 1994 ». On peut deviner que, déjà informé de la reculade du président français, il y fait une allusion … ?

Décider de désarmer ces moyens et donc d’abandonner les Tutsi à leur sort effroyable relève de la responsabilité politique accablante dont nous parlons et qu’a reconnu le président français. C’est un fait acquis. Il n’y a pas de reculade pour moi, l’avancée se poursuit, ce que signifie la suite du message d’Emmanuel Macron, en ce qu’il :

1- déclare en direction du Rwanda, qui peut être en doute avec son absence aux cérémonies de la 30e commémoration, que le choix depuis 2021 d’une relation élevée, faite de confiance mutuels et de buts communs, n’est pas abandonné, qu’elle demeure comme un impératif politique majeur, et qu’un destin commun s’édifie entre les deux pays, entre les deux sociétés et les deux jeunesses particulièrement ;

2- insiste sur l’un des socles principaux comme l’un des objectifs majeurs de cette relation élevée : la poursuite de la connaissance commune par la recherche associant les chercheurs du Rwanda, d’Afrique, de France, d’Europe, une recherche bénéficiant de l’ouverture des archives à laquelle s’engage le Président, une recherche œuvrant pour l’éducation, pour l’enseignement, pour l’émergence au sein de la jeunesse de consciences vives, historiques et politiques.

Propos recueillis par Jean-François DUPAQUIER
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024