Fiche du document numéro 33806

Num
33806
Date
Samedi 2 mars 2024
Amj
Auteur
Fichier
Taille
29221
Pages
2
Urlorg
Surtitre
L’invité
Titre
Plus jamais ça ?
Soustitre
30e anniversaire du génocide des Tutsis au Rwanda.
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Source
Type
Page web
Langue
FR
Citation
Vincent Baudriller - Directeur du Théâtre Vidy-Lausanne

Convaincu de l’importance de faire entendre à Lausanne des récits et des paroles venus d’autres pays et continents, je me suis rendu la semaine passée dans un festival de théâtre à Kigali au Rwanda pour y découvrir des spectacles et rencontrer des artistes.

Ce pays va commémorer le 7 avril prochain le 30e anniversaire d’un terrible génocide. En 1994, en l’espace de 100 jours seulement, près d’un million de personnes ont été systématiquement assassinées avec une extrême brutalité, principalement à la machette. Des hommes, des femmes et des enfants ont été massacrés simplement en raison de leur appartenance « ethnique ». Des centaines de milliers d’enfants sont devenus orphelins. Si la majorité des victimes étaient des Tutsis, de nombreux Hutus modérés, ainsi que des personnes d’autres communautés qui s’étaient opposées au génocide, ont également perdu la vie.

Trente ans plus tard, il a été clairement reconnu que la communauté internationale a largement failli, qu’elle n’a pas pu empêcher les massacres ni agi en amont face à ce qui était en train de se préparer, malgré de nombreuses alertes. Ni l’armée française, qui soutenait à l’époque le gouvernement en place, ni les casques bleus, dont le Conseil de sécurité de l’ONU avait voté deux semaines après le début des massacres le retrait de la plupart de ses contingents sur place, ne se sont interposés.

Le récent livre de Laurent Larcher Papa qu’est-ce qu’on a fait au Rwanda ?, sous-titré La France face au génocide, est particulièrement éclairant à ce sujet. Il s’ouvre sur une citation d’Antoine Anfré, actuel ambassadeur de France à Kigali : « Le génocide des Tutsis n’aurait pas eu lieu si nous avions eu une autre politique, cette responsabilité nous oblige. » Propos qu’il a répétés en public lors de mon séjour. Je partage aussi une déclaration de Volker Türk, haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, il y a un an à Genève : « Malgré ses promesses pour qu’une telle situation ne se reproduise plus jamais, la communauté internationale n’a pas agi au Rwanda en 1994. Affronter ces abominables tragédies du passé est le seul moyen d’avancer vers un avenir de paix et de dignité. »

On retrouve cet enjeu mémoriel dans le bouleversant Mémorial du génocide à Kigali, où une salle est consacrée à d’autres génocides ou crimes de masse de notre histoire récente, en premier lieu celui des juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, ou aussi ceux perpétrés par les Khmers rouges au Cambodge à la fin des années 70.

Il n’est pas question ici de comparer ces drames ni leurs contextes historiques si différents, mais en visitant ce lieu il m’était difficile de ne pas penser à la tragédie actuelle à Gaza et à l’incapacité de la communauté internationale d’imposer aujourd’hui un cessez-le-feu immédiat alors que la crise humanitaire est extrême.

Et à Gaza…



La semaine prochaine marquera le 150e jour du massacre commis par les extrémistes du Hamas en Israël et le début de la destruction de la bande de Gaza et de sa population par l’armée israélienne. Le bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires dénombre à ce jour près de 100 000 victimes, tuées ou blessées, sur ce territoire palestinien. Et ces « chiffres » continuent d’augmenter chaque jour. Selon l’ONU 2,2 millions de personnes sont aujourd’hui menacées de famine à Gaza.
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024