Fiche du document numéro 33780

Num
33780
Date
Mardi 7 juin 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
114715
Pages
2
Titre
Note à l'attention de Monsieur le Président de la République. Objet : Votre entretien avec le Premier ministre le mercredi 8 juin 1994 - Situation
Nom cité
Nom cité
Source
Fonds d'archives
FM
Type
Note
Langue
FR
Citation
PRÉSIDENCE
DE LA
RÉPUBLIQUE Le 7 juin 1994

Le General
Chef de L'Etat-Major Particutier

- NOTE -

à l'attention de
Monsieur le Président de la République

OBJET : Votre entretien avec le Premier ministre le mercredi
8 juin 1994 - Situation.

1. EX-YOUGOSLAVIE.

La situation est relativement calme. À Gorazde, les
Serbes se sont retirés de la zone des 3 km et à Sarajevo les
Musulmans se retirent du mont Igman qui est passé sous contrôle
d'une unité française.

Le rapatriement de notre bataillon de Glina se termine
et à la fin de la semaine nos effectifs au sein de la Forpronu
seront ramenés à 6000 hommes.

Au plan diplomatique la situation semble bloquée. Le
groupe de contact s'est réuni avec les parties samedi à Genève
mais aucune avancée sur la carte n'a pu être obtenue. Les
Musulmans ont durci leurs positions, ils souhaitent qu'un
éventuel cessez-le-feu soit d'une durée inférieure à deux mois
alors les Serbes proposent douze mois

Le représentant russe a demandé que Brcko soit
attribué aux Serbes alors qu'il était peuplé de Croato-
musulmans. Cette exigence à entraîné des demandes américaines
pour sept villes importantes pour lesquelles aucun accord n'a pu
être conclu.

Le groupe de contact estime donc inutile de
poursuivre la discussion avec les parties. Il se réunira le 14
juin à Londres pour élaborer des propositions pour la réunion
ministérielle, Concernant les institutions, la carte, les
garanties et les sanctions. Aucune date n'est avancée pour cette
réunion qui devrait cependant se tenir avant le sommet du G7 à
Naples.

Dans l'hypothèse où les grandes puissances se
mettraient d'accord sur une carte, différents scénarios vont
être étudiés en fonction des réponses des belligérants.

Les Américains proposeront les réactions suivantes :

X si les Serbes acceptent et si les Bosniaques refusent :
levée progressive des sanctions sur les Serbes.

X si les Serbes refusent et si les Bosniaques acceptent :
levée de l'embargo sur les armes et/ou frappes aériennes.

La question d'un nouvel ultimatum se posera et nous
devrons en discuter avec les Russes.

Lorsque les différents scénarios, et les réponses
possibles auront été étudiés, le Premier ministre vous les
soumettra.

2. - RWANDA

Les combats et les massacres se poursuivent. Les forces
gouvernementales ont lancé une contre-offensive dans Le sud pour
tenter de reprendre le contrôle de la route qui relie Gitarama à
la frontière burundaise.

Aux Nations unies, les Etats-Unis cherchent à imposer
le vote d'une nouvelle résolution pour autoriser le déploiement
des renforts de la MINUAR. Ce vote n'est nullement nécessaire
mais cette exigence s'inscrit dans le cadre de nouvelles
procédures (vote de deux résolutions avant chaque nouveau
déploiement des forces, raccourcissement de la durée des
mandats, révisions à mi-parcours) que les Américains tentent
d'imposer pour limiter les engagements militaires de l'ONU: Leur
motivation est essentiellement d'ordre financier puisqu'ils
assument 31 % du paiement des opérations extérieures.

Dans le cas présent, le Quai d'Orsay sera sans doute
contraint d'accepter cette procédure pour que la France ne soit
pas perçue comme faisant obstacle à l'action de L'ONU au
Rwanda. Toutefois, le gouvernement souhaite que soient précisés
à cette occasion les objectifs assignés à la MINUAR et les
règles d'engagement des troupes.

Il reste également, en pratique, à résoudre le problème
de l'équipement des contingents africains acceptant de
participer à la force. Les Américains ont proposé d'équiper les
Ghanéens d'ici 4 à 6 semaines. Un délai du même ordre nous sera
nécessaire pour équiper le contingent sénégalais.

M. Juppé juge la situation catastrophique. Il estime
nécessaire de faire de "l'agitation politique" au soumet de
l'OUA (13-15 juin) pour provoquer un sommet régional. Il
souligne qu'alors qu'on accuse la France d'armer les forces
gouvernementales, l'Ouganda fournit des armes au F.P.R. Il faut,
selon lui, rassembler les modérés de chaque camp pour relancer
le processus d'Arusha.

M. Roussin, pour sa part, envisage un renforcement de
notre action humanitaire au Burundi.

Général QUESNOT
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