Fiche du document numéro 33423

Num
33423
Date
Mardi 18 juin 1996
Amj
Auteur
Fichier
Taille
23079
Pages
2
Urlorg
Titre
Kigali sort des prisons des enfants du génocide
Soustitre
330 mineurs vont rejoindre un centre de rééducation.
Tres
 
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Type
Article de journal
Langue
FR
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Citation
Le gouvernement rwandais a annoncé que 330 enfants, emprisonnés après le génocide de 1994, allaient être libérés dans les prochains jours. Un geste, à l'occasion du 16 juin, la journée de l'enfant africain. L'an dernier déjà, Kigali avait accepté à la même occasion que 197 mineurs sortent des prisons et des cachots pour rejoindre le centre de rééducation de Gitagata. Le gouvernement rwandais a sans doute aussi voulu donner une preuve de sa bonne volonté à la communauté internationale qui doit se réunir jeudi et vendredi à Genève pour décider d'accorder ou non un soutien financier au Rwanda.

Gitagata, ce n'est pas encore la liberté. Quelque 500 adolescents échappent à la promiscuité et à l'insalubrité des prisons et des cachots rwandais pour vivre dans des conditions acceptables, mais sous garde armée. Au terme de six mois de «rééducation civile et morale», ils devraient, en principe, retrouver leur famille, s'ils en ont encore.

Cette décision ne concerne que les enfants qui avaient moins de 15 ans au moment des faits, donc pénalement irresponsables. Restent en prison les enfants en bas âge, qui ont été arrêtés avec leurs mères, et ceux qui avaient plus de 15 ans au moment du génocide. Ils seraient près de 2.000, selon Daniel Toole, représentant du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), organisation qui a largement contribué à l'idée qu'on ne pouvait laisser indéfiniment des enfants en prison sans jugement.

Plus de deux ans après le génocide perpétré entre avril et juillet 1994 par les extrémistes hutus, et qui a fait plus de 500.000 victimes parmi les Tutsis et Hutus modérés, le système judiciaire rwandais peine en effet à se reconstituer. 73.000 Hutus attendent toujours, dans l'une des 13 prisons officielles ou dans les cachots improvisés dans les villages, d'être jugés.

«La majorité de ces enfants a effectivement participé au génocide», estime le responsable de l'Unicef. D'autres ont été tout simplement raflés, dans la folie des événements de 1994. La plupart souffrent de traumatisme et pour ceux, nombreux, qui n'ont plus de famille, les structures d'accueil sont insuffisantes. A Butare, dans le sud-ouest du pays, une unique école accueille 2.300 enfants soldats âgés de 7 à 19 ans, enrôlés par le Front patriotique rwandais après avoir vu leur famille massacrée. «Il reste encore un millier d'enfants soldats dans les unités militaires» de l'Armée patriotique rwandaise, souligne Ray Torres de l'Unicef. «Certains d'entre eux ne veulent pas quitter l'école, car ils sont avec des gens qui les ont protégés pendant le génocide.» Cette camaraderie d'armes a souvent remplacé la famille. Plus de 100.000 enfants non accompagnés ont survécu à la tragédie rwandaise, et survivent dans des conditions souvent difficiles au Rwanda et dans les camps de réfugiés.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024