Fiche du document numéro 33372

Num
33372
Date
Mardi 25 avril 1995
Amj
Auteur
Fichier
Taille
18550
Pages
2
Urlorg
Titre
Controverse sur le bilan des massacres
Nom cité
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Lieu cité
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Mot-clé
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Après avoir vidé samedi le camp de Kibeho, dans le sud-ouest du Rwanda, au prix d'un massacre qui aurait fait des centaines, voire des milliers de victimes parmi les réfugiés hutus, l'Armée patriotique rwandaise (APR, dominée par l'ethnie minoritaire tutsie) est passée hier à la deuxième phase, le retour des «déplacés» dans leurs communes d'origine.

La majeure partie des rescapés du camp de Kibeho, qui avaient été conduits dimanche à Butare, la ville la plus proche, étaient rapatriés hier vers les villages qu'ils habitaient avant la victoire militaire du Front patriotique rwandais (FPR, au pouvoir) en juin 1994. Toutes les cinq minutes, selon Médecins sans frontières (MSF), un camion chargé de réfugiés quittait hier le stade de Butare où une partie d'entre eux avaient été regroupés. Confirmant l'apréhension des réfugiés, qui craignent des représailles de la part de ceux qui se sont parfois installés dans leurs maisons et sur leurs terres, les équipes régionales du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et du Programme alimentaire mondial (PAM) rapportaient hier que les premiers arrivés avaient été accueillis à coups de bâtons et de pierres.

La confusion la plus totale règne quant à l'ampleur et aux responsabilités du massacre de Kibeho. La Mission des Nations unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar) a révisé à la baisse le nombre des morts après «un décompte plus scientifique», l'estimant à près de 2.000, contre 5.000 au moins la veille. Le président rwandais, Pasteur Bizimungu, qui s'est rendu dimanche dans le camp de Kibeho, a quant à lui fait état d'un bilan de 300 morts et indirectement attribué la responsabilité de ces violences aux miliciens hutus du camp. Des estimations qui ne concordent pas avec les observations du corps médical australien de la Minuar, qui a également visité dimanche le camp de Kibeho, et qui aurait dénombré au moins 4.000 cadavres, selon un porte-parole militaire australien, le colonel Damien Roach, qui s'exprimait hier sur la radio nationale australienne. Hier, les associations humanitaires témoignaient du zèle avec lequel l'APR avait, dès samedi soir, enterré les morts, rendant le décompte encore plus difficile.

M.-L.C.
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