Fiche du document numéro 32667

Num
32667
Date
Dimanche 22 mai 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
23291
Pages
3
Urlorg
Sur titre
Journal de 20 heures
Titre
L'horreur au Rwanda : l'aéroport de Kigali serait tombé aux mains des rebelles, les morts se comptent par centaines de milliers
Sous titre
Après sa visite au Rwanda, Philippe Douste-Blazy a plaidé pour la mise en place urgente de zones de sécurité.
Nom cité
Lieu cité
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Résumé
- Horror in Rwanda: Kigali airport is said to have fallen into rebel hands, the dead number in the hundreds of thousands. There are no more words to describe what the Rwandan population is experiencing, subjected to the civil war. The fighting caused a terrible exodus, particularly with the border with Tanzania.

- The Rusumo Falls. For several weeks the Akagera river has been carrying these visions of horror relentlessly [we can see Minister Douste-Blazy looking from the Rusumo bridge at the bodies carried by the river]. For the doctor who became a minister, this first humanitarian mission was a shock. Philippe Douste-Blazy, Minister for Health: "We obviously have to be there to try to make contact with each other so that this madness stops".

- When one is a minister, and moreover of the French government, showing off with one or the other party would cause a diplomatic incident.

- In the Benaco refugee camp, which has 200,000 people or more, survival is urgent. The Minister is impressed by the efficiency of humanitarian organizations. The camp is predominantly Hutu.

- In order not to offend anyone, Philippe Douste-Blazy must now go to a Tutsi camp in Kirundo (Burundi). What is striking here is the silence. The population lives prostrate. Most of their village or their relatives have been massacred, often in front of their eyes. Philippe Douste-Blazy: "for me, coming is explaining to them that we are still thinking of them".
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Claire Chazal :] Madame, Monsieur, bonsoir. Euh, l'horreur au Rwanda : l'aéroport de Kigali serait tombé aux mains des rebelles, les morts se comptent par centaines de milliers. Il n'y a plus de mots pour qualifier ce que vit la population rwandaise soumise à la guerre civile. Nous avons choisi de commencer ce journal, euh, par le témoignage terrible de nos envoyés spéciaux.

Les combats ont provoqué un terrible exode notamment avec la frontière avec la Tanzanie. Philippe Douste-Blazy, le ministre de la Santé, était hier soir [21 mai] notre invité, il revenait tout juste du Rwanda. Il a plaidé pour la mise en place urgente de zones de sécurité.

Nos reporters Marine Jacquemin, Thierry Froissart et Gilles Tuban sont parmi les rares journalistes occidentaux à être sur place. Et ils nous ont fait parvenir ces images très dures. Voyez leur reportage.

[Marine Jacquemin :] Les chutes de Rusumo. Tous les bons guides de la région soulignent qu'elles méritent le détour. Nous savons déjà que ce qui nous attend n'a rien à voir avec une ballade touristique. Voilà plusieurs semaines que la rivière Akagera charrie sans répit ces visions d'horreur [on voit à l'image Philippe Douste-Blazy regarder depuis le pont de la Rusumo les corps charriés par la rivière]. Pour le médecin devenu ministre, cette première mission humanitaire est un haut-le-cœur.

[Philippe Douste-Blazy, ministre délégué à la Santé : "Il…, il faut évidemment qu'on soit là pour être à côté de ces populations, pour essayer de leur donner de l'eau potable, pour essayer de prévenir des épidémies et que surtout, peut-être, essayer de prendre contact avec les uns et les autres pour que cette folie s'arrête".]

Le pont marque la frontière entre Tanzanie et Rwanda. Les rebelles FPR tiennent le poste. Le panneau indique la distance qui nous sépare de Kigali. Il suffirait de quelques kilomètres pour rencontrer cette population otage de la folie humaine. Mais voilà, lorsque l'on est ministre -- qui plus est du gouvernement français --, s'afficher avec l'une ou l'autre partie provoquerait l'incident diplomatique. La sagesse implique de faire demi-tour [on voit Philippe Douste-Blazy sur le pont de la rivière Rusumo].

Face à nous, le camp de réfugiés s'étend sur 243 hectares. Benaco, 200 000 personnes ou plus, peu importe. Ici l'urgence est à la survie [on voit des réfugiés entassés dans le camp].

[Philippe Douste-Blazy s'entretient avec un humanitaire : - "Quand ils sont arrivés il y avait des milliers de gens dans le lac, elle disait". Un humanitaire : - "Ah ouais". Philippe Douste-Blazy : - "Et par l'éducation, l'information, ils ont expliqué qu'il ne fallait plus rentrer dans le lac".]

Le ministre est impressionné par l'efficacité des organisations humanitaires [on voit Philippe Douste-Blazy s'entretenir avec un humanitaire de Médecins sans frontières]. Le camp est à majorité hutu, ils arrivent encore à raison de 2 000 par jour. Pour ne froisser personne, Philippe Douste-Blazy doit à présent se rendre dans un camp tutsi, à quelques heures de là, au Burundi. Ici à Kirundo, ce qui frappe c'est le silence. Cette population vit prostrée. La plupart de leur village ou de leurs proches ont été massacrés, souvent sous leurs yeux [gros plan sur des enfants au regard hagard].

[Philippe Douste-Blazy : "Ce sont des yeux qui ne… regardent plus personne. Ce sont des yeux vides, des regards vides. Et, c'est ça pour moi : venir, c'est leur expliquer qu'on pense quand même encore à eux. Puis ça, vous voyez [il montre un biscuit à la caméra], ça c'est…, c'est de l'or ici : c'est 100 calories ou 120 calories. Vous en prenez 12 par jour et vous survivez. Vous n'en prenez que deux et vous ne survivez pas. Voilà, c'est tout. C'est en tant que médecin, c'est une démarche de médecin, comme un autre".]

25 heures d'avion, 700 kilomètres de piste, deux jours sur place, le ministre rentre en France le cœur pavé de bonnes intentions. L'humanitaire, c'est avant tout du concret [on voit Philippe Douste-Blazy venir saluer les réfugiés avant son départ].

[De Tanzanie, Marine Jacquemin, face caméra, devant des réfugiés : "Le travail sans relâche des organisations humanitaires a permis d'éviter le pire. Méthode et complémentarité dont devraient s'inspirer bien des politiques avant que de nouvelles tensions viennent embraser la poudrière que constitue cette région des Grands lacs".]
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024