Fiche du document numéro 31817

Num
31817
Date
Dimanche 26 juin 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
20773859
Pages
0
Urlorg
Surtitre
Journal de 13 heures [4:29]
Titre
Pour l'instant personne ne parle de s'avancer plus avant dans le Rwanda. Mais tout le monde sait bien que l'ambiance risque de changer en s'approchant du front et des troupes du FPR
Soustitre
Général Lafourcade : "La résolution de l'ONU est sortie à New York mercredi dernier [22 juin]. Nous sommes aujourd'hui dimanche matin et sont déployés ici plus de 1 000 hommes et plus de 120 véhicules".
Nom cité
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Lieu cité
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Mot-clé
Résumé
- In Rwanda, Operation Turquoise continues to gain momentum with the entry into the south-west of the country of a convoy of 15 vehicles in the department of Cyangugu.

- French troops are deployed in western Rwanda from two rear bases set up on the Zairian border: Bukavu in the southwest, and Goma in the northwest. Goma where a first contingent of Senegalese soldiers has just joined the French.

- The Senegalese have arrived. For the moment about forty men, equipped, fed by the French. This is the African contribution to Operation Turquoise.

- An operation which now takes on its true dimensions four days after its launch. Goma airport accommodates the big Russian Antonovs rented by the French army to transport military hospital, trucks, jeeps, artillery and armored vehicles.

- In military jargon, the French in Goma are "prepositioned". When the reconnaissance patrols have ended, like those they still do today in the direction of Kibuye, the bulk of the troops will settle in a more permanent way in Rwandan territory along the Zairian border.

- For the moment no one is talking about advancing further into the country. But everyone knows that the atmosphere is likely to change when approaching the front and the RPF troops.

- General Jean-Claude Lafourcade: "We are in the process of organizing the establishment of a large force 8,000 kilometers from mainland France. And you can imagine that an airlift of this magnitude could cause us some concern. This says everything is going well. The UN resolution came out in New York last Wednesday [June 22]. Today is Sunday morning and there are more than 1,000 men and more than 120 vehicles deployed here. We immediately took contact in Rwandan territory with the populations in difficulty even if we did not have our device completely deployed. I believe that this decision was good because already, without going very far, in the south and in the north in Rwanda, we were able to reassure many refugees in many camps. […] It was our political negotiators who activated this UN resolution. We are making sure that it may put an end to the massacres while waiting for the arrival of UNAMIR II".
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Bruno Masure :] Madame, Monsieur, bonjour. Au Rwanda l'opération Turquoise poursuit sa montée en puissance avec l'entrée dans le Sud-Ouest du pays d'un convoi de 15 véhicules, euh, dans le péa…, dans le département de Cyngugu [Cyangugu].

Les troupes françaises se déploient dans l'Ouest du Rwanda à partir de deux bases arrières installées à la frontière zaïroise : Bukavu, dans le…, au sud-ouest, et Goma au nord-est… ou au nord-ouest, pardon. Goma où un premier contingent de soldats sénégalais vient de rejoindre les Français. Reportage de l'un de nos envoyés spéciaux, Benoît Duquesne.

[Benoît Duquesne :] Les Sénégalais sont arrivés. Pour l'instant une quarantaine d'hommes, équipés, nourris par les Français. C'est la contribution africaine à l'opération Turquoise [on voit des soldats sénégalais en train de danser et chanter].

Une opération qui prend maintenant ses vraies dimensions quatre jours après son lancement. L'aéroport de Goma accueille les gros Antonov russes loués par l'armée française pour transporter hôpital militaire, camions, jeeps, artillerie et véhicules blindés [gros plans sur un camion militaire frappé d'une croix rouge et sur des canons d'artillerie].

En jargon militaire, les Français à Goma sont "prépositionnés". Quand les patrouilles de reconnaissance auront terminé, comme celles qu'ils font encore aujourd'hui en direction de Bukaye [Kibuye], le gros des troupes s'installera de façon plus durable en territoire rwandais le long de la frontière zaïroise [on voit des militaires français au béret noir autour de l'aéroport de Goma].

Pour l'instant personne ne parle de s'avancer plus avant dans le pays. Mais tout le monde sait bien que l'ambiance risque de changer en s'approchant du front et des troupes du FPR [on voit un peloton de soldats français en train de saluer leur chef en criant].

[Bruno Masure et Benoît Duquesne interviewent à présent le général Lafourcade.]

Bruno Masure : Nous retrouvons en direct Benoît Duquesne qui est en compagnie du général Lafourcade, responsable, euh, sur place de cette opération Turquoise. Euh, général La…, Lafourcade, bonjour. Euh, hier [25 juin] le général, euh, Germanos qualifiait de "fragile" la situation en raison d'un certain nombre de tensions sur les barrages. Est-ce que vous reprendriez ce qualificatif à votre compte ?

Benoît Duquesne : Alors général, vous… Le général ne peut pas entendre les questions que vous posez, Bruno. Mais donc, Bru…, Bruno Masure vous demande, euh…, de réagir à une déclaration qu'a fait le général Germanos hier [25 juin] en qualifiant de "fragile" la situation des Français sur les barrages en ce moment [sic] [une incrustation "Goma (Zaïre), direct" s'affiche en haut de l'écran].

Jean-Claude Lafourcade : Euh…, naturellement le général, euh, Germanos, euh, pense à…, au déploiement, euh, du dispositif que nous sommes en train de réaliser maintenant [une incrustation "Général Jean-Claude Lafourcade, Commandant Opération 'Turquoise'" s'affiche en bas de l'écran]. C'est toujours une période délicate car nous sommes en train d'organiser la mise en place d'une force importante à 8 000 kilomètres de la métropole. Et vous imaginez qu'un pont aérien de cette envergure, euh, demande quand même, euh…, de…, quelques soucis…, peut nous causer quelques soucis. Euh, ceci dit je vous rassure tout de suite : tout se passe bien, vous le constatez vous-même. Après, euh…, le…, il me semble que la déclaration…, la résolution de l'ONU est sortie, euh…, à New York mercredi dernier [22 juin]. Nous sommes aujourd'hui dimanche matin et sont déployés ici plus de 1 000 hommes et plus de 120 véhicules.

Benoît Duquesne : Non, mais est-ce ça veut dire que vous êtes encore au début de l'opération, que vous mont…, vous menez actuellement des…, des…, des opérations de reconnaissance en territoire rwandais et qu'effectivement vous sentez que la situation peut être éventuellement fragile pour vous et pour vos hommes ?

Jean-Claude Lafourcade : Alors, euh, nous avons naturellement immédiatement pris contact, euh, en territoire rwandais avec les populations en difficulté, avec les camps de réfugiés, euh, même si nous ne…, nous n'avions pas notre dispositif complètement déployé. Euh, je crois que cette décision a été, euh, bonne car d'ores et déjà, sans aller très loin, euh…, au sud et au nord dans le Rwanda, nous avons pu, euh…, ra…, rassurer, euh, de nombreux réfugiés dans de nombreux camps.

Benoît Duquesne : Alors une dernière question : euh, vous arrivez ici dans une région qui est, euh…, sous contrôle des forces gouvernementales, où il y a beaucoup de Hutu, où on sait que beaucoup de Tutsi ou de Hutu modérés ont été massacrés. Est-ce que vous avez pas l'impression d'arriver un petit peu tard ?

Jean-Claude Lafourcade : Alors moi je vous répondrai en tant que militaire : euh…, une décision prise, euh…, mercredi soir [22 juin] et comme je vous le disais tout à l'heure on est déjà 1 000, euh, quatre jours après. Euh, je trouve que c'est…, je n'arrive pas trop tard [inaudible].

Benoît Duquesne : Vous, vous avez fait vite mais politiquement est-ce que c'est pas trop tard ?

Jean-Claude Lafourcade : Alors je vous dirais que ça c'est pas, euh, mon problème. Euh…, ce sont les…, nos négociateurs, euh, politiques je crois qui ont activé cette résolution de l'ONU. On fait en sorte qu'elle… mette fin peut-être aux…, aux massacres en attendant, euh, l'arrivée de la MINUAR II.

Benoît Duquesne : Voilà. Euh, Bruno, je crois qu'on…, on…, c'est à peu près ce qu'on pouvait dire ici sur la base de Goma qui est devenue, euh, comme on le disait tout à l'heure, le centre nerveux, euh, la plaque tournante de toute cette opération Turquoise ici, euh, aux abords du Rwanda.

Bruno Masure : Merci be…, beaucoup Benoît Duquesne.
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