Fiche du document numéro 31803

Num
31803
Date
Jeudi 23 juin 1994
Amj
Hms
24:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
13923927
Pages
0
Surtitre
Journal de 24 heures [3:48]
Titre
Un officier français : « Notre première mission c'est d'arrêter les massacres quels qu'ils soient en gardant une stricte neutralité tant vis-à-vis des FAR que du FPR »
Soustitre
Les premiers militaires français sont arrivés dans la zone frontalière du Zaïre avec le Rwanda.
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Mot-clé
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Résumé
- The first French soldiers arrived in the border area of Zaire with Rwanda. The official figure is 500 men who started Operation Turquoise. And already about forty scouts have reached one of the Tutsi refugee camps in Cyangugu in the southwest.

- At Goma airport, aircraft rotations are intensifying to transport some 2,500 French soldiers from Operation Turquoise. Soldiers from contingents based in Africa, Bangui, Djibouti, Libreville, but also 800 from France with the command.

- At the PC, installed in a hangar, we manage the men but also the logistics: five Puma helicopters, light armored vehicles, jeeps. Equipment adapted to a specific mission. A French officer with a black beret: "Our first mission is, from Bukavu, to begin this mission to stop the massacres, once again the massacres whatever they are, while maintaining strict neutrality vis-à-vis the FAR and the RPF. It is a mission which is primarily a humanitarian mission but in which we would have to use force if one or other of the parties wanted to prevent us from carrying out this mission".

- Gradually, the men embark again. They leave Goma, the forward base of the device, for Bukavu further south. It is from there that they will then enter Rwanda. Their first mission could be to ensure the protection of 5 to 6,000 refugees in Cyangugu, just on the other side of the border. Mainly Tutsis but also members of the Hutu opposition are always a potential target for new massacres.

- In a second stage, these refugees could be evacuated to safer areas. A more risky operation. The use of force authorized by the UN could then facilitate the task of the French soldiers.

- 300 men from the Senegalese army are preparing to join the men of the French army. They should be on site within 48 hours.

- Saturday [June 25] the 2,500 French soldiers taking part in this operation will all have been dispatched. Today two departures took place from Roissy and the base of Istres.

- Somewhat unusual decor for these 200 soldiers: as a military base, the Paris airport of Roissy-Charles de Gaulle, a civilian establishment, in the company of other civilian travelers. But there are special operations in the air and some are keen on defense secrecy.

- More traditional the departure from the base of Istres. Since Monday [June 20], 20 rotations have been made to Bangui in the Central African Republic. In all 700 people and 700 tons of medical and military equipment. Colonel Thouverez, commander of the Istres air base: "For this operation, we are using Antonov planes, jumbo jets which are rented from Russian companies and which offer considerable interest in being able to carry around 100 tonnes each time".

- From Bangui these soldiers will also leave for eastern Zaire on the border with Rwanda. 2,500 men should be on site this weekend. Among them, a thousand will cross the border. And the incursions into Rwanda began this afternoon, for humanitarian missions striving to recall France.

- First of these missions in Cyangugu: there 8,000 refugees are trapped in an area under the control of the government army. Another mission, the region of Gisenyi: there also to help Tutsi refugees but also Hutu opponents.

- Humanitarian or not, the Rwandan Patriotic Front continues to consider Operation Turquoise as an aggression.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Catherine Ceylac :] Bonsoir. Les premiers militaires français sont arrivés dans la zone frontalière du Zaïre avec le Rwanda. Le chiffre officiel est de 500 hommes qui ont commencé l'opération Turquoise. Et déjà une quarantaine d'éclaireurs ont atteint l'un des camps de réfugiés tutsi de Cyangugu au sud-ouest. Le reportage de l'un de nos envoyés spéciaux, Philippe Boisserie.

[Philippe Boisserie :] Sur l'aéroport de Goma, les rotations d'avions s'intensifient pour acheminer les quelque 2 500 militaires français de l'opération Turquoise [une incrustation "Goma (Zaïre)" s'affiche à l'écran]. Des militaires venus des contingents basés en Afrique -- Bangui, Djibouti, Libreville -- mais aussi 800 arrivés de France avec le commandement [on voit des militaires français sur le tarmac de l'aéroport de Goma].

Au PC, installé dans un hangar, on gère les hommes mais aussi la logistique : cinq hélicoptères Puma, des blindés légers, des jeeps. Du matériel adapté à une mission qui se précise [on voit que les militaires français disposent de matériel de transmission ainsi que de deux antennes paraboliques].

[Un officier français au béret noir [il s'agit du colonel André Schill] : "Notre, euh, première mission c'est de…, à partir de Bukavu, de commencer cette mission d'arrêter les massacres -- encore une fois les massacres quels qu'ils soient -- en gardant une stricte neutralité, c'…, tant vis-à-vis des FAR que de…, du FPR. [Plan de coupe] C'est une mission qui en priorité est une mission humanitaire mais dans laquelle, euh, nous…, nous serions amenés à employer la force si, euh, l'une ou l'autre des parties voulait nous emp…, nous interdire de mener cette mission à bien".]

Petit à petit les hommes embarquent donc de nouveau. Ils quittent Goma, base avancée du dispositif, pour Bukavu plus au sud. C'est de là qu'ils pénètreront ensuite au Rwanda [on voit des militaires français en train d'attendre assis par terre sur le tarmac de l'aéroport de Goma ; un militaire lit le livre Soleils rouges de Paul-Loup Sulitzer].

Leur première mission pourrait être d'assurer la protection de 5 à 6 000 réfugiés à Cyangugu, juste de l'autre côté de la frontière. Des Tutsi majoritairement mais aussi des membres de l'opposition hutu y sont toujours une cible potentielle pour de nouveaux massacres [on voit des militaires français embarquer dans un avion militaire].

Dans un second temps, ces réfugiés pourraient être évacués vers des zones plus sûres. Une opération aussi plus risquée. Le recours à la force autorisée par l'ONU pourrait alors faciliter la tâche des militaires français.

[Catherine Ceylac :] 300 hommes de l'armée sénégalaise se préparent à rejoindre les hommes de l'armée française. Ils devraient être sur place dans les 48 heures.

Samedi [25 juin] les 2 500 soldats français participant à cette opération auront tous été acheminés. Aujourd'hui deux départs ont eu lieu à partir de Roissy et de la base d'Istres. Cécile Barnier.

[Cécile Barnier :] Décor quelque peu inhabituel pour ces 200 soldats : en guise de base militaire, l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle, établissement civil, en compagnie d'autres voyageurs civils. Mais il y a de l'opération spéciale dans l'air et certains tiennent au secret-défense [on voit des militaires français, dont une femme, dans le hall de l'aéroport de Roissy].

[Un journaliste s'adresse à un militaire français au béret noir qui s'apprête à entrer dans l'aéroport : - "Vous partez au Rwanda ?". Le militaire : - "Euh, oui, probablement [sourire]". Le journaliste : - "Ah oui".]

Plus traditionnel le départ de la base d'Istres. Depuis lundi [20 juin], 20 rotations ont été effectuées vers Bangui en Centrafrique [une incrustation "Istres, aujourd'hui" s'affiche à l'écran]. En tout 700 personnes et 700 tonnes de matériel médical et militaire [on voit des jeeps entrer dans la soute d'un avion Antonov].

[Colonel Thouverrez [Thouverez], Commandant base aérienne Istres" : "Nous utilisons pour cette opération, euh, des avions Antonov, qui sont derrière nous, des gros-porteurs, euh…, qui sont loués à des sociétés russes, euh, qui offrent l'intérêt considérable de pouvoir emporter environ 100 tonnes à chaque fois".]

De Bangui ces soldats partiront eux aussi pour l'Est du Zaïre à la frontière avec le Rwanda [on voit notamment deux soldats français installés dans un véhicule sur le pare-brise duquel on peut lire une pancarte indiquant "Opération Turquoise, Kisangani, Zaïre"]. 2 500 hommes devraient être sur place ce week-end. Parmi eux, un millier passeront la frontière. Et les incursions au Rwanda ont commencé dès cet après-midi, pour des missions humanitaires s'évertue à rappeler la France [diffusion d'une carte du Rwanda et de l'Est du Zaïre ; un flèche rouge au départ de Bukavu pointe en direction de Cyangugu].

Première de ces missions à Cyangugu : là-bas 8 000 réfugiés sont piégés dans une zone sous contrôle de l'armée gouvernementale. Autre mission, la région de Gisenyi : là aussi pour venir en aide à des réfugiés tutsi mais aussi opposants hutu [toujours sur la même carte que ci-dessus, une autre flèche rouge au départ de Goma pointe en direction de Gisenyi].

Humanitaire ou pas, le Front patriotique rwandais continue à considérer l'opération Turquoise comme une agression [gros plan sur deux soldats du FPR en train de marcher].
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