Fiche du document numéro 31740

Num
31740
Date
Jeudi 23 juin 1994
Amj
Hms
07:30:00
Auteur
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Taille
11130000
Pages
0
Urlorg
Surtitre
Journal de 7 heures 30 [3:23]
Titre
François Léotard : « En aucune manière nous n'avons l'intention de nous interposer dans la guerre elle-même ! C'est-à-dire de prendre parti pour l'une ou l'autre des deux parties »
Soustitre
Un « oui » du bout des lèvres, hier [22 juin] au Conseil de sécurité, pour l'intervention militaire française au Rwanda.
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Résumé
- After weeks of massacres and after many discussions in New York, the United Nations gives the green light to France: Paris will intervene today in Rwanda. An operation that is not unanimous, far from it.

- A lip service to "yes" yesterday [June 22] at the Security Council for the French military intervention in Rwanda: 10 votes in favour, but above all five abstentions. One of the closest results at the UN for a peacekeeping intervention.

- In the minds of many diplomats the bogging down of blue helmets in Somalia is still very present. So be careful, France's mandate is only humanitarian and limited to two months.

- The fiercest opponent of this operation remains the Rwandan Patriotic Front: "It is an act of aggression, an invasion that will be fought with arms" affirmed its representatives.

- Several humanitarian organizations present on the ground are also reluctant. International Action against Hunger believes that France is not the best placed country to intervene because of its past. An analysis shared by Pharmaciens sans frontières and the International Federation for Human Rights. In this chorus of reservations, only Doctors Without Borders welcomes an intervention that it has been calling for for a week.

- Before the National Assembly, Edouard Balladur wanted to clarify yesterday [June 22] the reasons for the government's decision to intervene in Rwanda. Edouard Balladur: "All diplomatic and humanitarian remedies having been exhausted, the massacres have not stopped. At the very least, certain States, including France, must react".

- The vast majority of MPs agreed with the Prime Minister's arguments. For many it is a matter of honor. Only the Communist Party declared itself frankly hostile to Operation Turquoise.

- There are still some uncertainties about the terms of this operation. As of this morning, a first contingent of French soldiers should be hard at work on the border of Rwanda and Zaire. Already installed at the Rwandan border, these French soldiers will be the first to go into action this morning. Their mission: to rescue 8,000 Tutsi currently threatened by Hutu government militias. 600 men for the moment, others later.

- From the Zairian base of Bukavu they will enter Rwanda, heading for Cyangugu a few kilometers away in the south-west of the country. Gradually over the next few days the operation will develop according to the same pattern. The French contingent will then reach 2,500 men, 1,000 will come from France.

- Command of Operation Turquoise has been entrusted to General Jean-Claude Lafourcade. It will have 500 vehicles, cargo planes and helicopters to carry out occasional logistics missions as small as possible.

- Edouard Balladur underlined yesterday [June 22] in the Assembly the strictly humanitarian purpose of this operation. The Minister of Defense too. François Léotard: "I remind you that our objective is humanitarian: to save people as soon as possible. Children, the elderly, civilians, religious people, people whose lives are threatened. In no way do we have the neither the intention nor the objective to intervene in the war itself! That is to say, to take sides with one or the other of the two parties".

- Operation Turquoise will be limited in time. Objective: to give way as soon as possible, perhaps as early as the end of July.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[William Leymergie :] Commençons par l'intervention française au Rwanda.

[Laurence Piquet :] En effet après des semaines de massacre et après bien des discussions à New York, les Nations unies donnent leur feu vert à la France : Paris va intervenir dès aujourd'hui au Rwanda. Une opération qui ne fait pas l'unanimité, loin de là. Florent Chevolleau.

[Florent Chevolleau :] Un "oui" du bout des lèvres, hier [22 juin] au Conseil de sécurité, pour l'intervention militaire française au Rwanda : 10 voix pour mais surtout cinq abstentions [on voit les membres du Conseil de sécurité en train de voter à main levée]. Un des résultats les plus serrés à l'ONU pour une intervention de maintien de la paix [gros plan sur le représentant de la France, Jean-Bernard Mérimée].

Dans l'esprit de nombreux diplomates l'enlisement des Casques bleus en Somalie est encore très présent. Prudence donc, le mandat de la France est uniquement humanitaire et limité à deux mois.

Le plus farouche opposant à cette opération reste le Front patriotique rwandais : "C'est un acte d'agression, une invasion qui sera combattue par les armes" ont affirmé ses représentants [on voit Claude Dusaïdi en train de s'exprimer avec une certaine virulence devant les journalistes].

Plusieurs organisations humanitaires présentes sur les terrains sont aussi réticentes. L'Action internationale contre la faim estime que la France n'est pas le pays le mieux placé pour intervenir en raison de son passé [on voit des enfants, dont certains sont blessés, assis dans la benne d'un camion pour être évacués]. Une analyse partagée par Pharmaciens sans frontières et la Fédération internationale des droits de l'Homme. Dans ce concert de réserves, seul Médecins sans frontières se félicite d'une intervention qu'elle réclamait depuis une semaine.

Devant l'Assemblée nationale, Edouard Balladur a voulu clarifier hier [22 juin] les raisons de la décision du gouvernement d'intervenir au Rwanda [on le voit prendre la parole devant les députés].

[Edouard Balladur, "Premier Ministre" : "[…] au génocide. Il l'a prise parce que tous les recours diplomatiques et humanitaires ayant été épuisés, les massacres ne se sont pas arrêtés et que…, il faut qu'à tout le moins à certains États, dont la France, réagissent [sic]".]

La grande majorité des députés s'est ralliée aux arguments du Premier ministre. Pour beaucoup c'est une question d'honneur. Seul le Parti communiste s'est déclaré franchement hostile à l'opération Turquoise [on entend les applaudissements des députés].

[Laurence Piquet :] Restent encore quelques incertitudes sur les modalités de cette opération. Dès ce matin un premier contingent de soldats français devrait se retrouver à pied d'œuvre à la frontière du Rwanda et du Zaïre. Benoît Mousset.

[Benoît Mousset :] Déjà installés à la frontière rwandaise ces militaires français seront les premiers à entrer en action ce matin. Leur mission : porter secours à 8 000 Tutsi menacés actuellement par les milices gouvernementales hutu. 600 hommes pour l'instant, d'autres ensuite [on voit des militaires français dans un aéroport puis sur le lac Kivu].

À partir de la base zaïroise de Bukavu ils pénètreront au Rwanda, direction Cyangugu à quelques kilomètres de là au sud-ouest du pays. Progressivement au cours des jours qui viennent l'opération se développera selon le même schéma. Le contingent français atteindra alors 2 500 hommes, 1 000 viendront de la métropole [diffusion d'une carte du Rwanda montrant la ligne de front ainsi que les villes zaïroises de Goma et Bukavu desquelles les Français partiront pour le Rwanda].

Le commandant [commandement] de l'opération Turquoise a été confié au général Jean-Claude Fourcade [Lafourcade]. Il disposera de 500 véhicules, d'avions-cargos, d'hélicoptères afin de conduire des missions logistiques ponctuelles aussi réduites que possibles [diffusion d'images de réfugiés].

Edouard Balladur a souligné hier [22 juin] à l'Assemblée le but strictement humanitaire de cette opération [on le revoit en train d'intervenir devant les députés]. Le ministre de la Défense aussi.

[François Léotard, "Ministre de la Défense" : "Je rappelle que notre objectif est humanitaire : sauver, dès que possible, des gens. Des enfants, des vieillards, des civils, des religieux, des gens qui sont menacés dans leur vie. En aucune manière nous n'avons l'intention ni l'objectif de nous interposer dans la guerre elle-même ! C'est-à-dire pour prendre parti pour l'une ou l'autre des deux parties".]

L'opération Turquoise sera limitée dans le temps. Objectif : céder la place le plus vite possible, peut-être dès la fin du mois de juillet [on voit des soldats français descendre d'un avion gros-porteur].
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024