Fiche du document numéro 31468

Num
31468
Date
Décembre 1990
Amj
Fichier
Taille
35530007
Pages
80
Urlorg
Titre
Mémorandum sur la crise politique actuelle au Rwanda
Mot-clé
Source
CRF
Fonds d'archives
Type
Rapport
Langue
FR
Citation
PLAN :

INTRODUCTION

I. LE RWANDA JUSQU'A L'INDEPENDANCE EN 1962

A. LA SOCIETE RWANDAISE AVANT LA COLONISATION

B. LA PERIODE COLONIALE

C. CONCLUSION

II. LE RWANDA APRES L'INDEPENDANCE

A. LA PREMIERE REPUBLIQUE

1. LES TROUBLES DE 1963

2. LES TROUBLES DE 1966-1967

3. LA PERIODE DE 1968-1973

4. LES TROUBLES DE 1973

5. CONCLUSION

B. LA DEUXIEME REPUBLIQUE

1. LA POLITIQUE DISCRIMINATOIRE

2. L'ABSENCE D'UN VERITABLE PROJET DE SOCIETE

3. LA CORRUPTION ET LE NEPOTISME

4. LA REPRESSION

5. CONCLUSION

III. LA QUESTION DES REFUGIES RWANDAIS

A. SITUATION DU PROBLEME

1. QUI SONT CES REFUGIES

2. A COMBIEN S'ELEVE LE NOMBRE DE CES REFUGIES

3. COMMENT VIVENT-ILS LEUR CONDITION D'EXILES

B. LA POSITION DES DIFFERENTS GOUVERNEMENTS RWANDAIS

1. LA PREMIERE REPUBLIQUE

2. LA DEUXIEME REPUBLIQUE

3. CONCLUSION

C. LA POSITION DES REFUGIES RWANDAIS SUR LEUR QUESTION

1. LA POSITION DU PROBLEME

2. LES REVENDICATIONS DES REFUGIES RWANDAIS

IV. LA CRISE ACTUELLE

V. PERSPECTIVES

A. LA PAIX, L'UNITE ET LA DEMOCRATIE

1. LA PAIX

2. L'UNITE NATIONALE

3. LA DEMOCRATIE

B. LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL

1. L'EDUCATION-FORMATION

2. LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE ET DE L'ESPACE RURAL

C. LA PERIODE DE TRANSITION

1. LE CESSEZ-LE-FEU

2. LE ROLE DU GOUVERNEMENT DE TRANSITION

VI. CONCLUSION GENERALE

[…]

CONCLUSION GENERALE :

Nous avons tenté, dans ce dossier, de montrer les causes du conflit qui a lieu actuellement au Rwanda. Il trouve ses origines dans la politique coloniale qui a créé la division au sein du peuple rwandais, ainsi que dans les pratiques des gouvernements des deux régimes d'après l'indépendance, qui ont usé de cet héritage politique pour se maintenir en place.

La lutte armée actuelle n'est que le recours ultime d'un peuple opprimé, après l'échec de plusieurs tentatives de dialogue, en vue d'instaurer un état de droit et abolir les exclusions.

Cependant, nous partageons cette conviction que "l'on peut tout faire avec les armes mais pas s'asseoir dessus" (Le prince de Talleyrand). Le conflit armé actuel ne peut donc qu'être passager et devrait céder le pas à un large débat, en vue de construire une nation profondément attachée aux valeurs de démocratie. Ce débat a toutes les chances d'aboutir puisque, malgré l'ombre de trente ans, l'Unité séculaire du peuple rwandais sera son atout majeur à la condition que tous "les parties" y contribuent dans une véritable volonté de conciliation.

Des liens solides ayant toujours existé entre les peuples de la région dite "des grands lacs", nous avons la certitude que leurs concours apportera un renfort appréciable à ce débat, car le rétablissement de l'équilibre dans ce pays sera un grand facteur de paix et de coopération pour cette région.

La coopération internationale est une nécessité. Les états occidentaux les plus présents au Rwanda, notamment la Belgique et la France, ont certainement un rôle déterminant à jouer pour l'avènement de conditions optimales pour une coopération efficace.

Les Missions Belges de Tutelles d'hier ont, par leurs erreurs, beaucoup de responsabilité dans les événements actuels au Rwanda. Cependant, l'Histoire est dynamique. Nous sommes convaincus que le Gouvernement Belge actuel, qui s'est beaucoup manifesté dans la recherche d'une solution à ce conflit, est réellement soucieux du rétablissement de la paix et du droit dans ce pays.

La France a une présence réelle au Rwanda, par les liens de Coopération et surtout par les liens linguistiques et culturels. Le Premier Ministre français a déclaré, au début de ce conflit, que la présence de l'armée française au Rwanda répondait à "une mission de haute sécurité dont la République est comptable". Nous partageons l'idéal de "Liberté, Egalité, et Fraternité" auquel le peuple français est profondément attaché. Nous aimerions avoir la certitude que ce sont ces principes qui guident l'action du Gouvernement Français dans ce conflit.

Il ne serait y avoir d'enjeu plus grand que la vie, la liberté et le droit à la patrie pour tous les peuples de cette terre. Nous avons l'espoir que le peuple rwandais recouvra bientôt son Unité afin pouvoir, en coopération avec les autres peuples, mener le grand combat contre la faim, la misère, l'ignorance et tout ce qui caractérise le sous-développement dans notre pays.

Nous voudrions terminer ce document en rendant hommage à une partie de la population qui, au cours des différentes crises (1959, 1963, 1966, 1973) et même au cours des événements actuels, malgré l'incitation du gouvernement à la délation, a refusé d'entrer dans la logique de répression dirigée contre leurs compatriotes. En effet, on a vu parmi les différentes couches de la population, des gestes de solidarité d'une incroyable humanité. Certains paysans ont sauvé leurs voisins menacés de mort. D'autres ont été tués pour avoir refusé de dévoiler les endroits où leurs amis étaient cachés. On en a même vu qui ont accompagné leurs amis jusque dans les pays d'exil et qui, plus tard, sont allés leurs rendre visite. Des élèves, des instituteurs, des professeurs ont risqué leur vie, particulièrement au cours des événements de 1973, pour aller avertir ou cacher leurs collègues. La liste serait très longue. Tous ces faits confirment que les divisions, qui ont caractérisé le monde politique rwandais au cours des trente dernières années, ne sont qu'artificiellement entretenues par une minorité d'opportunistes pour se maintenir au pouvoir.
Haut

fgtquery v.1.9, 9 février 2024