Fiche du document numéro 31385

Attention : ce document exprime l'idéologie des auteurs du génocide contre les Tutsi ou se montre tolérant à son égard.
Num
31385
Date
Mardi 30 mars 2010
Amj
Auteur
Fichier
Taille
395646
Pages
65
Titre
Démenti du rapport Mutsinzi sur l'attentat du 6 avril 1994 [Négationnisme]
Soustitre
Synthèse du témoignage de l'ancien Chef des renseignements militaires à l'Etat-major de l'Armée Rwandaise, alors le Colonel BEMSG Aloys Ntiwiragabo.
Mot-clé
Source
FAR
Type
Rapport
Langue
FR
Citation
Démenti du rapport Mutsinzi sur l'Attentat du 6
avril 1994.
Synthèse du témoignage de l'ancien Chef des renseignements
militaires à l'Etat-major de l'Armée Rwandaise, alors le Colonel
BEMSG Aloys Ntiwiragabo.
Introduction
Pour les non avertis, les éléments du rapport Mutsinzi paraîtraient accablants à l'instar
du sensationnel rapport Jean de Dieu Mucyo contre la France. Mais pour ceux qui
connaissent les méthodes et les stratégies du FPR et celles qui sont appliquées par les
Commissions créées par le régime de Kigali, ils constatent d'emblée que le rapport
Mutsinzi est un ensemble de témoignages faits sur commande ou fabriqués et confiés
aux "témoins" pour les exposer, ensemble de situations et d'informations travesties et
de documents interprétés dans le but de la désinformation et de la manipulation de
l'opinion. Bref le rapport du Comité Mutsinzi est un dossier de diversion!
Le Comité Mutsinzi dénommé officiellement “Comité indépendant d’experts” est
présidé par Jean Mutsinzi, président de la Cour africaine des droits de l’homme et des
peuples et ancien président de la Cour Suprême du Rwanda. Ce Comité composé de
membres du FPR ne peut être crédible, indépendant ni impartial puisqu'il est créé par
le FPR qui se fait juge et partie. Le Comité n'est pas indépendant parce qu'il devait
rendre compte au gouvernement rwandais et ne pouvait pas, lui-même, rendre public
son rapport. Le Comité a été obligé de consigner dans le rapport non pas son constat
et son point de vue mais plutôt les vues du FPR.
Le gouvernement rwandais aurait dû demander soit à l'ONU, soit à l'Union Africaine,
de créer une Commission réellement Indépendante, à laquelle il n'aurait pas le droit
d'injonction ou de censure, composée d'enquêteurs étrangers, comprenant notamment
des représentants de l'OACI et de l'assureur du Falcon 50 présidentiel. Le rapport
d'une telle Commission ne subirait aucune modification, ajout, retrait ni retouche de la
part du gouvernement rwandais. Une telle Commission serait non seulement
indépendante mais aussi et surtout impartiale. Elle aurait pu par exemple chercher des
témoins se trouvant à l'étranger qui occupaient les postes de responsabilité leur offrant
la possibilité de connaître des situations et posséder des informations auxquelles un
simple soldat, sous-officier et n'importe quel officier, de la catégorie des témoins du
Comité Mutsinzi ne pouvait pas avoir accès.
Il aurait fallu une Commission libérée du préjugé considérant tous les réfugiés
rwandais comme des gens qui ont à cacher ou à se reprocher. Les gens ont fui la mort
semée par le FPR. Si les FAR s'étaient rendues, tous les officiers auraient été
exécutés sur le champ de bataille et le débat contradictoire actuel ne serait pas, car
"aucun témoin n'aurait survécu". La preuve étant que beaucoup d'officiers Ex-FAR
qui se sont remis au FPR et ceux qui sont retournés ou ont été rapatriés, ont été tués
avec leurs familles. Pour avoir des détails consulter www.virungavision.com.,
chercher le document "Situation des officiers Ex-FAR" et relever les noms de ceux

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qui ont été tués par le FPR. Il est donc tendancieux de prétendre que les personnes se
trouvant en exil ne peuvent pas donner un témoignage juste et se baser sur ce préjugé
pour mettre en cause l'enquête du Juge antiterroriste français Jean Louis Bruguière.
Le FPR fabrique des fausses accusations contre ces témoins potentiels se trouvant en
exil pour les discréditer. C'est plutôt ceux-là que les Commissions d'enquêtes
indépendantes doivent contacter sans tenir compte des fausses accusations de Kigali.
Par contre il faut savoir que personne se trouvant au Rwanda ne peut évoquer la thèse
impliquant le FPR, autrement dit Paul Kagame, dans l'assassinat du Président
Habyarimana, le rendant responsable de la catastrophe d'avril 1994, au moment où on
ne peut même pas accuser individuellement un simple soldat du FPR qui a tué un
parent ou un proche parent.
Il est reproché au juge J. L. Bruguière d'avoir établi l'ordonnance contre les suspects
rwandais sans les avoir contradictoirement entendus. Pourtant tous les détenus du
TPIR ont toujours fait objet de mandat d'arrêt sans avoir cherché à les localiser,
conduire des Commissions rogatoires et les entendre avant de délivrer les mandats.
De même Kigali établit des listes des "suspects" qui sont utilisées comme des mandats
d'arrêt alors qu'il n'a conduit aucune Commission rogatoire. Kigali a même condamné
certains réfugiés par contumace sans être allé les entendre dans les pays d'asile. Le
Colonel Théoneste Bagosora, le Lt Colonel Anatole Nsengiyumva, le Major Aloys
Ntabakuze, etc. sont cités dans le rapport Mutsinzi alors qu'il ne figure nulle part que
ce dernier est allé les entendre.
Le gouvernement rwandais du FPR étant partie n'a pas d'autorité morale de créer une
Commission quelconque sur le drame rwandais, et de surcroît composée uniquement
de membres du FPR. Il aurait fallu au moins associer des membres de famille des
victimes et le gouvernement du Burundi. Il faut une Commission internationale
indépendante et impartiale, composée de vrais experts, capables de contacter sans
préjugé les personnes susceptibles de posséder une information crédible et non des
gens de connaissances douteuses, préparés et entraînés au témoignage qu'ils donnent
ou se trouvant dans les conditions où ils n'ont pas la liberté d'expression, craignant
pour leur sécurité.

1- Critique de l'Accord de Paix d'Arusha.
La critique est un droit démocratique et fait partie de la liberté d'opinion et
d'expression. Il faut savoir que le Rwanda était dans l'effervescence de la démocratie!
Aucune disposition ne peut satisfaire à 100% tout le monde. Cependant personne
n'était complètement contre l'Accord de Paix d'Arusha. Même le parti CDR
(Coalition pour la Défense de la République) alors accusé de tous les maux n'était pas
totalement opposé à l'Accord de Paix d'Arusha. La preuve en est que la CDR luttait
pour entrer dans les Institutions de Transition à Base Elargie prévues dans cet accord.
Critiquer et refuser (rejeter) sont deux choses différentes. Quand on est politiquement
opposé à quelque chose et qu'on le rejette, on le boycotte; on ne lutte pas pour en
faire partie. Donc la CDR acceptait l'Accord de Paix d'Arusha puisqu'elle ne l'a pas
boycotté, même si elle en critiquait certaines clauses.

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L'Accord de Paix d'Arusha faisait partie de la Constitution. S'il avait été soumis au
référendum, celui qui aurait voté contre ne serait pas poursuivi en justice pour cela,
ou faire l'objet d’attaques systématiques diverses, alors que le vote est plus important
qu'un simple point de vue ou critique. L'Accord de Paix d'Arusha était accepté à au
moins 75%, donc largement majoritaire.

2- Mise en application de l'Accord de Paix d'Arusha par les Forces
Armées Rwandaises (FAR).
Extrait du rapport Mutsinzi:
"….les Accords précisent que la nouvelle armée nationale comptera 19 000 hommes,
dont 13000 militaires et 6000 gendarmes à raison de 60% pour les forces
gouvernementales et 40% pour le FPR avec une participation de 50% pour chaque
partie au niveau du commandement. Le noyau dur de l’armée rwandaise estima qu’il
perdait sa suprématie et opta pour une attitude de refus total des Accords, redoutant
une démobilisation qui les conduirait au chômage et à la perte de conditions de vie
confortables".
Observation:
Les allégations du Comité Mutsinzi sont un mensonge et de la désinformation
flagrants. En effet la signature de l' Accord de Paix d'Arusha eut lieu le 4 août 1993 et
les Accords devaient entrer en application 37 jours après, soit le 10 septembre 1994,
par la prestation de serment des membres des Institutions de Transitions à Base
Elargie (au FPR). Les Accords avaient réparti les départements ministériels entre les
partis politiques et le FPR, et attribué le nombre de sièges revenant à chaque parti au
Parlement de transition, en plus des quota susmentionnés par la Comité Mutsinzi au
sein des nouvelles forces de sécurité. Ce sont les partis politiques et le FPR qui
devaient désigner leurs représentants dans les Institutions de transition et en remettre
la liste au Premier Ministre et au Président de la république pour organiser les
cérémonies de prestation de serment. Le parti du Président Habyarimana était prêt
selon l'échéancier. Par contre les autres partis politiques et le FPR n'avaient pas
encore fini de désigner leurs représentants. Au mois de novembre ou début décembre
1993 la MINUAR a organisé une rencontre entre la partie gouvernementale et le FPR
à Mulindi, quartier général du FPR, pour faire le constat de ce retard. La partie
gouvernementale était représentée notamment par le Ministre Félicien Gatabazi, chef
de délégation, le Ministre Frédéric Nzamurambaho, le Chef d'Etat- major de la
Gendarmerie Nationale, alors Colonel BEM Augustin Ndindiliyimana, un haut
fonctionnaire du Ministère des Affaires Etrangères Amri Sued, moi-même (alors G2
de l' Armée Rwandaise) et d'autres. Paul Kagame dirigeait la délégation du FPR
comprenant notamment le Conseiller du Président du FPR aux affaires politiques, le
major Furuma et d'autres. La réunion a constaté que le retard n'était dû à la mauvaise
volonté d'aucune partie, et reconnu que les deux parties ont éprouvé de réelles
difficultés internes à respecter le calendrier. Le FPR était prêt le 28 décembre 1993 et
il a envoyé à Kigali ses représentants. La prestation de Serment du Président de la
République ouvrant le ban des séances de prestation de serment des autres Institutions
de Transition eut lieu le 5 janvier 1994. Les autres Institutions ne pourront pas prêter
serment suite aux divergences dues à l'implosion de certains partis politiques, la
polarisation de leurs franges et l'impossibilité de s'entendre sur les listes à présenter.
Le FPR s'en mêlera, exigera la prestation de serment de la frange qui lui était alliée,
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s'opposera à la participation de la CDR aux Institutions de Transition alors qu'elle en
avait le droit, et boycottera les séances de prestation de serment des membres des
Institutions de Transition le 5 janvier et le 25 mars 1994. Le Président Habyarimana
ne faisait que demander aux partis politiques scindés en deux de s'entendre sur une
liste commune et de la présenter pour organiser la prestation de serment. Le statu quo
persistera jusqu'à son assassinat le 6 avril 1994. Voici l'extrait de son dernier discours
radiodiffusé le 15 janvier 1994:
« Je voudrais vous rappeler à nouveau que l’Accord de Paix d’Arusha accorde des
pouvoirs étendus aux partis politiques devant participer aux Institutions de la
transition. Cet accord leur confie en effet la responsabilité de désigner leurs
représentants à l’Assemblée Nationale de Transition. Il détermine le nombre de
portefeuilles ministériels dévolus à chaque parti, ainsi que le nombre de leurs députés
à l’assemblée nationale de transition. Dès lors, aucune personne, aucune institution,
ne peut dépouiller les partis et formations politiques des droits qui leur sont reconnus
par l’Accord de Paix d’Arusha
Nous devons donc respecter le prescrit de l’Accord de paix et éviter de nous ingérer
dans la gestion interne des partis. Nous devons laisser aux responsables des partis
politiques le soin de prendre souverainement les décisions dans le respect des statuts
de leurs partis.
C’est dans cette voie du respect des lois et règlements que nous avons tous choisis,
en posant la signature sur l’Accord de Paix.
Nous devons, par conséquent, demander avec insistance aux forces politiques qui
n’ont pas encore obtenu en leur sein, le consensus sur les listes de leurs représentants
à l’Assemblée nationale de transition et au Gouvernement de Transition à Base
Elargie, de mettre tout en œuvre pour enrayer rapidement les entraves afin d’aider
notre pays à sortir de l’impasse et de permettre la poursuite de la mise en place des
Institutions prévues par l’Accord de paix d’Arusha ».[…]
« C’est pour cette raison qu’informé de l’impasse dans laquelle se trouvent les
négociations engagées par ces partis, il m’est d’avis que nous devons nous imposer la
ligne de conduite suivante et le calendrier ci-après qui devraient nous conduire à la
mise en place la semaine prochaine, des deux Institutions de la transition restantes, à
savoir l’Assemblée nationale de Transition et le Gouvernement de Transition à Base
Elargie.
1. Nous ne pouvons en aucun cas contourner ni l’Accord de Paix d’Arusha, ni la loi

sur les Partis Politiques, ni les Statuts des partis politiques. Agir autrement, ne nous
amènerait à aucune solution, car ce serait aller dangereusement à l’encontre de notre
engagement de baser notre conduite sur les principes de l’Etat de droit. C’est pour
cela que nous devons à tout prix ne tenir en considération que les listes fournies par
les Représentants légaux des partis politiques.
2. Toute personne qui aurait à redire sur ces listes fournies par les Représentants
Légaux de son parti devrait recourir aux instances judiciaires, comme le prévoit
l’article 28 de la loi sur les partis politiques. Elle pourrait tout autant s’en référer

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aux instances compétentes de son parti, conformément aux statuts, pour que justice
lui soit faite.
3. Je souhaite que tout cela soit terminé au plus tard le jeudi 20 janvier 1994. Ainsi,
nous serions à mesure de mettre sur pied rapidement, les Institutions de la transition,
dans le respect des lois et des statuts des partis. Cela ne contrarie en rien quiconque
se sentirait lésé de continuer à recourir auprès des instances habilitées mais
également de continuer à favoriser le processus de réconciliation entre les diverses
tendances des partis politiques ».
Personne, ni le FPR ni les partis politiques, n’a fait officiellement objection à ces
principes rappelés par le Président Habyarimana. Mais ils continuaient de prétendre
que c’est lui qui bloquait l’application de l’Accord de Paix d’Arusha.
Cependant le Président Habyarimana comptait prendre sa décision le 08 avril 1994,
malgré les restrictions de l' Accord de Paix qui ne lui donnait pas le plein pouvoir. Il
l'a révélé au Ministre de la Défense Augustin Bizimana qui devait aller en mission, au
moment où Bizimana allait lui demander le message à porter au Président Ghanéen,
tel que c'était prévu après la Réunion de Yaoundé du 4 au 8 avril 1994. Le Président
Habyarimana lui a dit qu'il allait reprendre les pourparlers avec les partis politiques, et
que, quel qu'en sera le résultat, il allait trancher le 8 avril 1994, quitte à gérer la suite.
Si la date du 8 avril 1994 était convenue dans les pourparlers, Bizimana devrait alors
interrompre sa mission et rentrer au pays. Le Ministre Bizimana m'en a informé dans
la soirée du 6 avril 1994, alors que nous étions à Yaoundé au Cameroun, après avoir
appris la triste nouvelle de l'attentat. Ce n'est pas la pression exercée sur Habyarimana
par le sommet de Dar-es-Salaam du 6 avril 1994 qui venait de le convaincre de
mettre en place les Institutions de Transition. Il n'a fait qu'informer ses homologues de
sa décision.
La signature de l'Accord de Paix d'Arusha le 04 Août 1993 constituait un soulagement
pour la majorité du peuple rwandais qui en avait assez de la guerre. Les Forces
Armées Rwandaises ont apprécié cet heureux événement. Le Commandement a
donné des ordres clairs et précis pour éviter tout ce qui pourrait entraîner la non
application de cet Accord:
Des réunions et des conférences d'explication et de sensibilisation à la mise en
application de l'Accord ont été tenues à tous les niveaux (échelons de commandement
et les unités). Des Commissions ont été créées pour étudier des voies et moyens
pouvant aider à la mise en application de l'Accord d'Arusha.
Le Commandement des FAR a organisé une rencontre avec le Premier Ministre
désigné Mr Faustin Twagiramungu. La rencontre eut lieu à l'Ecole Supérieure
Militaire. Tous les échelons de commandement des FAR ont participé à la réunion:
Le Ministre de la défense et son cabinet, les Chefs des deux Etats-majors et tous leurs
staffs, les Commandants des camps militaires et des Unités de l' Armée Rwandaise et
de la Gendarmerie Nationale, les Commandants des secteurs opérationnels. Cet
accueil du Premier Ministre désigné, avec les honneurs militaires appropriés avant sa
prestation de serment témoigne de sa reconnaissance et du soutien des FAR à l'Accord
d'Arusha.

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Concernant la démobilisation et l'intégration, le Ministère de la Défense a mis sur
pied la Commission de démobilisation, composée de Colonel BEMS Bagosora, Lt Col
BEMSG Ntiwiragabo, Lieutenant Colonel BEM Ndengeyinka, Lt Col BEM
Rwabalinda, Major Gendarme Karangwa, Commandant Gendarme Bizimana et
Capitaine Ir Munyaruguru. La première séance des travaux de cette Commission a
duré 3 jours du 14 au 16 Août 1993. La démobilisation concernait toutes les
catégories de militaires y compris les élèves officiers.
Le Ministre de la Défense a tenu à l'Ecole Supérieure Militaire (ESM) le 16 Août
1993 une réunion de commandement des FAR pour donner les explications relatives
aux accords signés à Kinihira le 15 Juillet 1993. Tous les échelons de commandement
des FAR susmentionnés ont participé à la réunion. Il a été demandé aux commandants
d'unités de transmettre au Commandement des FAR les observations de leurs unités
sur le contenu des Accords.
Les militaires de toutes les unités, toutes catégories confondues, ont été associés à la
définition des critères de démobilisation et d'intégration. Les Commandants d'unités
ont tenu des réunions avec les militaires de leurs unités respectives pour recueillir
leurs avis et les ont transmis au MINADEF. La Commission de démobilisation a fait
la synthèse et celle-ci avait été diffusée. Toutes les unités y souscrivaient. Le bouc
émissaire Colonel Théoneste Bagosora n'a jamais émis un avis défavorable à la
démobilisation alors qu'il était Président de la Commission ad hoc.
Les FAR ont reçu l'équipe d'experts du PNUD pour la démobilisation qui a visité le
secteur d'opérations de Kibungo le 28 Septembre 1993 en vue d'avoir un entretien
préliminaire avec les militaires dans le cadre d'une enquête socioprofessionnelle qui
devait être réalisée.
Les membres de la Commission de démobilisation ont participé une réunion conjointe
avec les consultants du PNUD le 12 octobre 1993 à 15h00 au siège du PNUD à
Kigali. Ensuite le MINADEF a nommé des membres de la Commission mixte de
démobilisation qui devaient travailler étroitement avec les experts du PNUD.
Le MINADEF a créé la Commission d'élaboration des programmes de formation
conjointe, des syllabus d'instruction et de règlement de discipline, cela pour préparer
bien avant avec le FPR les cours de base de l'Armée Nationale.
Les FAR ont reculé leur position de 200m sur la route Kigali-Gatuna à Ngondore pour
dégager une zone de rencontres mixtes des commandements des FAR et du FPR. La
MINUAR a organisé une première rencontre de haut niveau entre les FAR et le FPR
le 08 Décembre 1993 à 10h00 à Ngondore. D'autres séances ont suivi jusqu'au 23
mars 1994.
La MINUAR entrait dans des camps militaires des FAR pour effectuer ses contrôles
sans limitation aucune.
Les FAR ont été coopératives vis-à-vis du FPR. Par exemple le Commandement des
FAR a offert cinq Camionnettes Hilux le 17 Février 1994 au bataillon du FPR. De
même il a mis trois bus à la disposition de la MINUAR le 22 Février 1994 au profit du
bataillon du FPR.

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Les membres du Haut Conseil de Commandement de l'Armée (HCCA) et les membres
du Conseil de Commandement de la Gendarmerie Nationale (CC GN) avaient déjà été
nommés par Arrêtés Présidentiels le 10 janvier 1994.
De ce qui précède, ceux qui prétendent que les FAR ne croyaient pas en l'Accord de
Paix d'Arusha font de la désinformation et la diversion.
Par contre le FPR n'avait jamais posé des gestes de nature à montrer son adhésion à
l'Accord de Paix d'Arusha. Il n'avait pas encore signalé ses officiers à intégrer dans les
organes de commandement des nouvelles forces de sécurité à l'instar des FAR jusqu'à la
date fatidique du 6 avril 1994. En fait le commandement du FPR ne croyait pas en cet
accord et n'a pas voulu intéresser ses troupes pour ne pas les distraire.

3- Installation du FPR au Conseil National de Développement.
L'extrait du rapport Mutsinzi:
Lorsque la délégation du FPR s’est installée dans une partie des locaux du Conseil
national de développement (CND) en décembre 1993 en prévision de la mise en place
des institutions de transition, un détachement de la MINUAR a été affecté à la
sécurité quotidienne du CND et contrôlait les opérations et mouvements du FPR. En
outre, les FAR exerçaient un contrôle sur le FPR de nature à repérer tous les
mouvements qui y étaient effectués de telle sorte qu’un déplacement du CND à
Masaka ne pouvait être réalisé à l’insu des agents de renseignements des FAR.
Observation:
Avant l'arrivée du FPR à Kigali une reconnaissance a été faite au CND par une équipe
tripartite composée du Colonel BEM Luc Marchal alors commandant du Contingent
belge et du Secteur KIBAT de la MINUAR, du Colonel Kayumba Nyamwasa alors
Chef de la DMI du FPR et du Colonel BEMSG Aloys Ntiwiragabo alors chef des
renseignements militaires à l'Etat-major de l'Armée Rwandaise. Il a été convenu que
le FPR se déploiera sur les côtés Nord et Est du périmètre du CND et qu'il occupera
des installations de l'Hôtel du Parlement à l'exception du dernier étage et du toit du
bâtiment. Cette mesure était décidée pour éviter que le FPR occupe des postions lui
permettant de dominer le Camp de la Garde Présidentielle de Kimihurura et puisse
observer l'intérieur du camp comme un terrain de football. La MINUAR devait placer
un dispositif empêchant le FPR d'accéder à ces endroits
Au grand étonnement du commandement des FAR cette clause n'a pas été respectée
par le FPR et la MINUAR. Le FPR a occupé le dernier étage et a placé au-dessus du
toit du bâtiment une mitrailleuse pointée au camp Kimihurura.

4- Surveillance et contrôle du FPR par la MINUAR au CND et en
déplacement à Mulindi.
Extrait du rapport Mutsinzi:

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"La rigueur de la procédure de contrôle des entrées et des sorties au CND,
l’accompagnement effectué par la MINUAR aux membres du FPR qui se déplaçaient
en ville, et plus particulièrement au quartier général de Mulindi, les fouilles
systématiques des individus et véhicules lors de chaque entrée de la bâtisse ou
résidait la délégation du FPR, rendaient totalement impossible l’introduction au CND
d’armes et de munitions dont six missiles antiaériens de type SAM 16 supposés avoir
été introduits au CND lors de navettes avec le quartier général du FPR à Mulindi
"(Tito Rutaremera)
Observation:
Ces allégations de Tito Rutaremara ainsi que tout ce que le Colonel belge Ballis
raconte à ce sujet sont des principes qui n'étaient pas observés. Les militaires du FPR
se déplaçaient librement dans la zone sous contrôle de la MINUAR, aussi bien en
tenue civile qu'en uniforme du FPR. Ceux en uniforme se déplaçaient évidemment en
véhicules seulement dans la circonscription urbaine et étaient toujours armés. Mais
ceux qui étaient en civil allaient même à Rutongo et à Kabuga puisqu'il n'y avait pas
de contrôle de pièces d'identité. La MINUAR ne fournissait que l'escorte des VIP et
pas aux simples officiers et hommes de troupes qui sillonnaient tous les quartiers de la
capitale Kigali.
Dans un premier temps la sortie des militaires du FPR et leur libre circulation dans la
ville de Kigali étaient considérées par les FAR comme des opérations de
reconnaissance. Le chef d’Etat Major de l’Armée Rwandaise l’avait fait remarquer au
Commandant de la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda
(MINUAR), le Général canadien Romeo Dallaire. Il lui demandait de cantonner
l’unité au CND et de lui interdire des sorties. Le chef d'Etat-major a proposé de
fournir au FPR un fonds de roulement pour créer une cantine à l’intérieur du CND et
permettre aux militaires de se procurer certains produits sur place (boissons, pain et
friandises, vivres non périssables, articles de toilette, sous-vêtements, et…) Le FPR
pouvait choisir un fournisseur qu'il pouvait appeler à tout moment pour le
réapprovisionnement de la cantine; il pouvait aussi choisir un marchand de fruits pour
ravitailler régulièrement le CND.
En guise de réponse, le Général Dallaire avait dit que les militaires du FPR n’étaient
pas des prisonniers et que le CND n’était pas une prison.
Dans un deuxième temps le FPR a saisi l’opportunité lui offerte par le Commandant
de la MINUAR pour réaliser son triple objectif, à savoir : recrutement, renforcement,
des troupes basées au CND et infiltration aussi bien à Kigali qu'à travers tout le pays.
Il importe d’expliciter comment le FPR a procédé:
*Les militaires du FPR sortaient de leur base au CND en véhicules aussi bien en civil
qu'en tenues militaires et se rendaient dans des familles amies ou dans leurs familles
disséminées dans tout Kigali.
*Les militaires enlevaient les tenues et les donnaient aux recrues qui les attendaient
dans ces familles. Le soir les véhicules retournaient en ville prenaient ces recrues à la
place des militaires et les conduisaient au CND. Le lendemain ces recrues étaient
conduites au Quartier général du FPR à Mulindi sous prétexte que c’était la relève.

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*Les véhicules rentraient à Kigali avec des vrais militaires supposés aller relever ceux
qui avaient été transportés à Mulindi (alors que c’était des recrues). C’était plutôt le
renforcement, car aucun ancien militaire entraîné n’avait quitté le CND pour Mulindi.
*Les militaires qui étaient conduits dans des familles à Kigali et qui remettaient leurs
uniformes aux recrues recevaient des habits civils. Avec ceux qui sortaient du CND
en civil, ils étaient affectés dans des groupes opérationnels dans la capitale Kigali,
tandis que d’autres étaient envoyés en missions de reconnaissance et de sape ailleurs
dans le pays. C’était alors l’infiltration.

5- Surveillance discrète et constante du CND par la Garde
Présidentielle.
Extrait du rapport Mutsinzi:
"Mise à part la garde et la supervision du FPR par la MINUAR, les FAR exerçaient
aussi autour du CND une surveillance stricte et serrée, mais de manière plus discrète.
Des équipes de militaires de la garde présidentielle avaient été choisies et affectées à
la surveillance de tous les mouvements qui se passaient autour du CND et rendaient
compte chaque soir au major Mpiranya, commandant de la garde présidentielle, de
tout ce qu’ils avaient vu….."
Bizimana Claver :
« Vers la fin 1993, des militaires de la garde présidentielle ont reçu la mission
d’observation du CND. Il y avait des éléments de cette compagnie qui étaient
spécialement affectés, en cachette, à la surveillance des mouvements qui se passaient
autour du CND. Son mot de code était ‘Itinéraire’ ! Cette opération existait avant
l’arrivée du FPR au CND, mais elle été renforcée en janvier 1994 et orientée
spécifiquement à cet effet. Des militaires s’habillaient en tenue civile et allaient
contrôler tout ce qui se passait autour de ce bâtiment ……
Le Sgt Nsengiyumva Etienne:
« Lorsque le FPR est arrivé à Kigali, je résidais au camp de la garde présidentielle à
Kimihurura. Il y avait habituellement une sécurité qui était affectée à la défense du
camp, mais depuis l’arrivée du FPR à Kigali, les mesures de sécurité ont été
extrêmement renforcées, tant à Kimihurura qu’à Kanombe. Il y a eu une unité qui a
été spécialement affectée à cette mission de surveillance discrète mais efficace de tous
les mouvements effectués par les membres du FPR logés au CND. Tout le long de la
route partant de la résidence présidentielle de Kanombe jusqu’en ville a été désignée
comme un itinéraire de surveillance quotidienne privilégiée. J’ai effectué de temps en
temps ce travail de surveillance à moto, et je circulais le long de la route KimihururaRésidence-Présidence. Si je considère comment nos équipes effectuaient, de manière
permanente, ce travail de surveillance du FPR, je juge qu’il n’était pas possible que
quelqu’un puisse sortir du CND sans que nous le voyions……
Observation:
La Garde présidentielle n'a jamais fait à l' Etat-major de l' Armée rwandaise un
rapport sur les activités du FPR au CND. Les renseignements militaires avaient
d'autres sources d'information qui leur ont permis de savoir comment le FPR faisait le
recrutement, le renforcement et l'infiltration. S'il y avait un dispositif de surveillance
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autour du CND, l' Etat-major de l' Armée rwandaise aurait su que le FPR avait créé
des brèches dans la clôture tel que cela a été dévoilé par le Colonel Luc Marchal,
commandant du Contingent belge à la MINUAR. Or on n'avait pas cette information.
Quant à la présence discrète des éléments de la Garde présidentielle sur certaines routes
de la capitale, c'était une mission de routine de surveillance des itinéraires susceptibles
d'être empruntés par le président de la république. Or le Boulevard de l'Umuganda
longeant le CND était l'une des voies principales utilisées par le président Habyarimana,
notamment de la résidence présidentielle de Kanombe à son bureau au Village Urugwiro
ou vice-versa. Mais l'unité n'avait pas un élément positionné à l'entrée du CND, à côté du
char de la MINUAR, pour noter les entrées et les sorties!
Cependant, puisque le président de la république n'était pas à Kigali le 6 avril 1994 et
qu'à son retour dans la soirée il était pressenti rentrer à sa résidence de Kanombe, la
Garde présidentielle n'avait certainement pas jalonné le Boulevard de l' Umuganda. Par
conséquent aucun de ses éléments ne pouvait se trouver aux environs du CND.
Si la Garde Présidentielle surveillait le CND en permanence; c'est elle qui aurait
prévenu l'Etat-major de la sortie du bataillon du FPR en masse le 7 avril 1994 aprèsmidi. Il en aurait été de même pour tout autre quelconque dispositif de surveillance
des FAR aux alentours du CND. Or c'est le Général Dallaire qui est allé le signaler au
Comité de crise où il se réunissait. Autrement dit Dallaire est allé le signaler dès que le
FPR est sorti, avant que la Garde présidentielle ne constate le mouvement des troupes
d'attaque vers le camp et le déclenchement de l'attaque proprement dite. Les FAR ne
s'approchaient pas des installations du CND pour éviter tout prétexte du FPR de rompre
l'Accord de paix.
Mais à la question de savoir pourquoi Dallaire n’a pas empêché le FPR de sortir de son
enceinte alors que la MINUAR avait des chars positionnés autour du CND, au lieu de
dire au moins qu’il avait essayé et que le FPR a refusé, il a dit simplement : « Le FPR
vient de montrer sa stratégie, vous n’avez qu’à montrer la vôtre. » Même dans ses
allégations le Colonel Ballis alors chargé des opérations à la MINUAR ne dit pas qu'il
aurait tenté d'empêcher le FPR de sortir de l'enceinte du CND. Au contraire il prend
cause et effet du FPR et justifie sa sortie.
Sortie du CND par le FPR.
Colonel Ballis:
« Je n’exclus que des petits groupes de soldats du FPR soient en mesure de le faire
parce que c’était de très bons soldats. Mais partir du CND et arriver à l’endroit où
les missiles ont été tirés sans être vus, avec les missiles sur le dos, ça devient déjà
beaucoup plus compliqué, et ce serait quand même assez impressionnant avec les
missiles pareils.(Colonel Ballis)
C’est le 07 à 16h que des colonnes de militaires du FPR sont sortis du CND, pour
occuper le tour du CND, contrôler les accès pour avoir de l’espace pour manœuvrer
et également avoir la garde présidentielle à l’oeil. Ils ont occupé des postes
d’observation sur le périmètre qui allait pratiquement de l’hôpital Roi Fayçal, l’hôtel
Méridien vers le Rond point, jusqu’au stade Amahoro. C’était des postes
d’observation juste pour contrôler et pouvoir réagir à temps, pas des positions de
combat (Colonel Ballis).

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Observation:
Les allégations du Colonel Ballis quant à la sortie du commando du FPR avec des
missiles dénotent une mesquinerie et une légèreté indignes d'un officier de son rang.
Tellement il banalise cet acte qui a fait sombrer le pays dans la catastrophe! Il dévoile
en même temps son alliance avec le FPR. Jusqu'à ce jour personne d'autre, à part lui,
n'a dit que le commando du FPR serait sorti et se serait rendu sur le lieu du crime à
pied avec des missiles sur le dos. Il s'y est rendu en véhicule.
Par ailleurs le Colonel Ballis occulte le fait que c'est le FPR qui a pris l'initiative de
reprendre la guerre par l'attaque du camp Kimihurura de la Garde Présidentielle.
Sinon alors il devrait dire si c'est la Garde Présidentielle qui a tiré la première balle
sur le FPR! Pourtant le FPR a repris les hostilités vers 15h30 et le gros de son
Bataillon a attaqué le Camp de la Garde Présidentielle à Kimihurura. Il ne s'est pas
contenté des postes d'observation. Tandis que ses détachements positionnés dans la
ville ont repris les tirs et ont tenté de fermer les différentes voies menant à la
capitale. Mais ils se sont heurtés aux barrages spontanés dressés par des résistants.
Les fouilles spontanées effectuées par ces derniers ont devancé les éléments du FPR
et ont permis de découvrir des caches d'armes avant leur l'arrivée. Le message du FPR
capté du 4 avril 1994 signalant les caches de Gisozi et Gatsata est ainsi stipulé:
« Référence votre Communication. Honneur vous confier de suivre de près et nous
dire si nos stocks d'armes de Gatsata et Gisozi sont découverts. Si négatif, cherchez
tous les moyens possibles pour les protéger... » La neutralisation des éléments du
FPR infiltrés dans la capitale fut une surprise désagréable pour le FPR. Mais le 7 avril
1994 après-midi le Bataillon du FPR a simultanément attaqué le camp Kimihurura,
mis en marche son artillerie lourde et a pilonné le Camp Kacyiru de la Gendarmerie et
certains quartiers de la ville. Il a aussi amorcé le mouvement pour attaquer le camp
Kacyiru.

6- Contrôle du chargement des convois du FPR sur l'axe KigaliMulindi par les FAR.
Extrait du rapport Mutsinzi:
-"Il est même arrivé que les FAR exigent le déchargement pour s’assurer du contenu
réel"(Colonel Ballis) [….] -"Arrivés à Ngondore, là où se séparait la zone du FPR et
celle des FAR, les militaires des FAR m’obligeaient à ouvrir la bâche et ils fouillaient
le camion. A Byumba, il y avait également une barrière des FAR sur laquelle ils me
demandaient de m’arrêter. Ils recommençaient la même fouille"'(chauffeur Safari
Eugène alias Karakonje).
Observation:
Les FAR n’étaient pas autorisées à contrôler la circulation et le chargement (hommes
et matériels) des véhicules du FPR. C'est une seule fois que le Commandement du
secteur opérationnel Byumba a suspecté un chargement et a exigé un contrôle.
L'élément d'escorte de la MINUAR s'est opposé sous prétexte que la MINUAR assiste
au chargement. Tandis que le FPR a menacé de rompre l'accord de paix d'Arusha. Le
contrôle ponctuel du chargement des convois du FPR a été interdit. Par contre le FPR
et la MINUAR ont même tenté d'organiser des convois nocturnes à partir de Mulindi.

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C'est l'élément du contingent Bangladais à la MINUAR détaché à Ngondore qui s'est
opposé catégoriquement et le convoi est retourné à Mulindi. Il faut noter aussi que
le contrôle de la circulation normale des personnes et des biens partout dans le pays
était aussi interdit aux forces de sécurité gouvernementales.

7- Interdiction du survol du CND.
Extrait du rapport Mutsinzi:
Quant à l’interdiction de survoler le CND, les témoins du FPR auditionnés rejettent
toute idée d’un plan machiavélique se cachant derrière cette mesure. L’interdiction
n’a pas été unilatérale, il s’est tout simplement agi d’une décision qui a été arrêtée de
commun accord entre le FPR, la MINUAR et le gouvernement rwandais, dans le but
de garantir la sécurité sur le CND : « C’était une mesure ordinaire de sécurité car il
aurait été très imprudent de laisser les avions tant civils que militaires survoler un
bâtiment abritant les officiels du FPR».
Observation:
L'interdiction du décollage et de l'atterrissage respectivement vers et venant de l'Ouest
survolant la ville de Kigali n'a pas été décidée de commun accord avec le
gouvernement, puisqu'il n'y eut aucune consultation ou réunion à cet effet. C'est le
FPR qui l'a imposée unilatéralement au mois de janvier 1994 sous prétexte que des
avions survolant le Secteur Ouest étaient soupçonnés d'être en mission de reconnaissance
de ses positions qui ne se limitaient qu'à la parcelle du CND. Le Général Dallaire n'a
fait que communiquer l'interdiction au Commandement des FAR, ajoutant que le FPR
menaçait de tirer sur des avions qui contreviendraient à cette interdiction.
Effectivement le FPR a tiré sur le C-130 belge avec mitrailleuse le 8 ou le 10 janvier
1994, heureusement sans le toucher

8- L'existence des barrages routiers.
Extraits du rapport Mutsinzi:
Ces témoins font état de l’existence des barrages routiers des FAR situés en différents
endroits entre le CND et le centre commercial de Kabuga ou logeait une section de la
gendarmerie nationale. Ces barrages étaient notamment placés à Remera-Giporoso,
Nyandungu, Mulindi et au KM 19 à la jonction de la route principale menant à
Masaka. Comme indiqué supra, ce barrage du KM 19 a fonctionné depuis la guerre
d’octobre 1990 et était toujours opérationnel le 06 avril 1994, le soir de l’attentat.
Le Sgt major Ngendahimana :
:«La localité de Masaka était entièrement gardée par l’armée rwandaise. L’endroit
qui est désigné comme le point de départ des tirs était sous le contrôle total de la
garde présidentielle…….».
Le Sgt Mutiganda Innocent:
« A partir du CND en direction de Kabuga, le premier barrage se trouvait à RemeraGiporoso. Ce barrage était très renforcé. En descendant un peu, à Nyandungu, se
trouvait une autre barrière, mais moins renforcée. A Mulindi, se trouvait aussi une
barrière. Au Km 19, se trouvait une barrière de nos militaires. Au tournant, près des

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champs du colonel Kanyarengwe, à côté de la route conduisant à Masaka, se trouvait
une autre barrière surveillée par nos éléments. C’est pour dire que les patrouilles des
FAR étaient solidement déployées le long de cette route. Connaissant le sérieux
contrôle qui s’effectuait sur ces barrages, il me paraît surréaliste de dire que le FPR
les a franchis, en véhicule, avec des armes lourdes derrière ».
Iyamuremye Emmanuel:
« Depuis l’assassinat de Gatabazi [en fevrier 1994], la sécurité a été très stricte et
très serrée, avec plusieurs patrouilles de militaires dans différentes parties de la ville.
Ces patrouilles étaient très nombreuses dans les localités de Kanombe et Kabuga à
tel point qu’il était impossible d’y pénétrer sans pouvoir décliner son identité. Les
patrouilles s’exerçaient le long de la route menant à Mulindi là où se trouve la prison
militaire, mais aussi dans les environs. Elles étaient effectuées par des militaires de la
garde présidentielle, du bataillon para-commando et parfois par des éléments
d’autres unités comme la compagnie L.A.A ou B.A.C. Je ne vois pas comment le FPR
aurait pu s’infiltrer avec des armes lourdes dans la zone de Kanombe et Masaka où
des patrouilles militaires se relayaient ».
En ce qui concerne particulièrement la journée du 06 avril 1994, le témoin Paul
Henrion rapporte que ce jour-là à 08 heures du matin, alors qu’il passait sur la route
Kigali-Rwamagana pour aller au lac Muhazi, il a vu un groupe de militaires
rwandais portant le béret noir de la Garde présidentielle. Il a sursauté en voyant que
deux d’entre eux avaient un béret incline du côté droit « à la française » leur insigne
étant bien visible. A son retour vers 20 heures, il a retrouvé le même groupe de
militaires au même endroit : « Le 06 avril 1994, je me suis rendu au lac Muhazi entre
7h30 et 9h. En sortant de Kigali chez Rwandex, il y a un barrage. A la bifurcation
vers l’aéroport, encore un barrage. J’arrive à l’usine Guitanite qui fabriquait des
tôles ondulées avec les papyrus, à l’entrée de Masaka, je vois en dessous de la pompe
de robinet, à côté d’un petit arbuste, deux jeeps avec des militaires, des gardes
présidentiels bérets noirs et dans ces bérets noirs j’ai vu qu’il y avait deux avec les
bérets à l’envers. Ils n’étaient pas mis ni à la belge ni à la rwandaise. Ils étaient mis à
l’autre sens, alors je dis : tiens : Qu’est-ce qui se passe ? Je vois dans la jeep une
bâche qui couvrait une
mitrailleuse, un quadruple. Arrivé à Kabuga juste dans la descente, je vois un canon
antiaérien et anti-blindé avec un chargeur dessus. Au retour, j’ai revu le même canon.
Au lieu d’être tourné vers le Km 27, il était tourné vers l’aéroport canon levé. Arrivé
à l’emplacement de la mitrailleuse, je vois les types qui sont en train de déblayer leur
outillage. Il était aux environs de 20h-20h05 min »
Le placement de cette arme de grand calibre sur la route Kigali-Kabuga est aussi
signalé par un autre témoin, l’adjudant chef Karambizi Philippe qui a rapporté au
Comité que le 05 avril 1994, Paul Henrion a vu entre Kabuga et le Km 19 un canon
sans recul posé sur une remorque ayant des pneus, placée en dessous de la route avec
une équipe de militaires des FAR à ses côtés. Quelques mètres plus loin, au Km 19
sur la route conduisant à Masaka, le témoin y a vu un groupe de militaires français
qui étaient en observation.
De son côté, Gérard Prunier relate avoir recueilli des informations qui indiquaient
que le soir de l’attentat : des hommes blancs sont repérés sur la colline de Masaka.

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Observation:
Il n'existait plus de barrages sur les axes routiers en 1994 puisqu'ils avaient été
interdits par la Première Ministre Agathe Uwilingiyimana. La mesure a été plus
renforcée dans la Zone de Consignation des armes KWSA, sous contrôle de la
MINUAR, qui allait de Rutongo à Kabuga. Les positions militaires avaient été
identifiées et recensées par la MINUAR. Il n'y avait pas de position militaire à
Masaka. Même la Gendarmerie nationale à Kigali était soumise sous contrôle de la
MINUAR. Les patrouilles de routine de la police administrative (sécurité publique)
étaient effectuées par des équipes mixtes de la MINUAR et la Gendarmerie. S'il y
avait tous ces barrages cités dans le rapport Mutsinzi entre Remera et Kabuga les
militaires de la MINUAR en auraient parlé dans leurs témoignages. Or personne n'en
fait mention. Des éléments de la MINUAR, tel le Colonel Ballis, ne parlent que de la
présence des militaires français au KM 19, le 6 avril 1994. Mais cela aussi c'est une
diversion et une affaire de règlement de compte à la France pour se disculper puisque
toutes les informations alors disponibles convergeaient sur la complicité des belges
dans l'attentat. Le Colonel Ballis semble d'ailleurs extrapoler l'information de Mr
Paul Henrion évoquée ci-dessus, au lieu de baser son témoignage sur les rapports de
ses subordonnés.
S'il existait un barrage spécialement à Remera-Giporoso le groupe de liaison du FPR
auprès de la MINUAR, dirigé par Karenzi Karake, alors Lt Colonel, l'aurait attesté
puisqu'il circulait dans la ville de Kigali sans aucune limitation. Or le Comité
Mutsinzi ne semble même pas l'avoir interrogé. Le Comité Mutsinzi semble
également ne pas avoir interrogé la population de Giporoso, ni les cadres ou d'autres
anciens employés de SAR MOTOR et de la Limonaderie de Remera qui devraient
être les vrais témoins de la présence d'un barrage à ce carrefour.
Le fait que les différents témoins anciens militaires des FAR associent l'existence des
barrages et des patrouilles entre Kigali et Kabuga avec l'infiltration du commando du
FPR le soir du 6 avril 1994, c'est que le témoignage leur a été suggéré. S'il s'agissait
d'un témoignage libre et de principe les intéressés n'évoqueraient pas l'impossibilité
de cette infiltration.
Par ailleurs, les Unités non chargées de la sécurité publique et de la surveillance du
territoire telles qu'elles sont citées dans les témoignages ne pouvaient en aucun cas
s'autoriser à effectuer des patrouilles sur une axe routier national et en dehors de la
zone de défense de leurs positions, l'Etat-major de l' Armée Rwandaise ne leur ayant
donné aucun ordre de le faire
L'Adjudant-chef Karambizi ne fait que répéter ce que Paul Henrion lui a raconté et
renchérit en précisant que les hommes soi-disant vus par Henrion étaient des Français.
Ce n'est pas son propre constat. Il y a une contradiction entre ce que Mr Henrion a
rapporté à Karambizi et ce qu'il a rapporté au Comité Mutsinzi. Il change de version
selon l'interlocuteur. A Karambizi il parle du constat du 5 avril 1994: un canon sans
recul posé sur une remorque ayant des pneus entre Kabuga et KM 19 et des militaires
Français (avec précision) en observation au KM 19. Notons qu'une remorque a quand
même toujours des pneus! Au Comité Mutsinzi il parle du constat du 6 avril 1994: des
militaires rwandais dont deux avec les bérets à l’envers (sans préciser à la française ou
des militaires Français), et deux jeeps dont une avec une bâche qui couvrait une
mitrailleuse, un quadruple au KM 19, un canon antiaérien et anti-blindé sur la
descente de Kabuga (passé Kabuga) vers KM 27 (vallée de Rugende). Il ne signale

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rien entre KM 19 et Kabuga alors qu'il a raconté à Karambizi qu'il y avait un canon
sans recul.
Je précise qu'un affût quadruple 14,5 mm dont les FAR étaient dotées ne peut pas se
placer sur la jeep Land-Rover dont l'Armée rwandaise était équipée. Je suppose
également que le canon antiaérien et anti-blindé dont Henrion parle est le canon
bitube 37 mm. Ces deux armes étaient toujours tractées sur leurs roues par des
camions. Alors qu'on peut transporter deux missiles (ou même des dizaines de
missiles) SAM 16 dans une camionnette et passer inaperçu (comme le FPR l'a fait) il
n'était pas possible de conduire incognito ces armes aux endroits cités par MR
Henrion contrevenant aux règles de la Zone KWSA sous contrôle de la MINUAR.
Mr Henrion parle des bérets noirs de la Garde présidentielle. La Garde présidentielle
n'avait pas de signe distinctif ou d'uniforme particulier. Toute l'Armée rwandaise
portait les bérets noirs à part les Para-commando qui portaient le béret camouflé
cousu en tissu comme les vestes smoke. En outre les militaires rwandais portaient le
béret incliné du côté droit, justement comme les belges, ce que Mr Henrion a
constaté. Mais sa mauvaise foi le fait voir les choses à l'envers!
Tandis que les "hommes blancs" de Gérard Prunier ne pouvaient être que les
militaires belges de la MINUAR puisque Masaka était dans leur zone de contrôle. Et
la population de Masaka en a témoigné le lendemain de l'attentat, tout en précisant
que le 6 avril 1994 ils ont sillonné la zone plus qu'à l'accoutumée et patrouillaient
seuls, alors que d'habitude ils étaient en compagnie des gendarmes rwandais. La
population a également fait état, en plus des équipes de patrouilles en jeeps blanches
de la MINUAR, de la présence de deux militaires blancs à bord d'une camionnette
tout terrain de couleur orange, faisant des navettes entre le pont du Km 19 et Kabuga
et se sont s'arrêtés souvent au KM 19. Cette camionnette et les autres équipes sont
rentrées à Kigali à toute allure après la chute de l'avion.
Il faut rappeler qu'au cours de la procédure le Comité Mutsinzi a fait état de
témoignages divergents sur la présence des militaires à Masaka le 6 avril 1994.
Certains témoins ne parlaient pas du barrage mais de la présence des militaires
rwandais y compris le commandant de la Garde présidentielle en fin de la journée,
d'autres parlaient des militaires blancs en uniforme belge avec les bérets bleus de
l'ONU portés la française, d'autres parlaient des militaires blancs en uniforme belge
avec des bérets français. Ces informations contradictoires ont été diffusées sur
l'Internet et dans certains médias. Leur divergence démontre qu'il s'agit d'informations
fabriquées à des fins de diversion. Le rapport du Comité Mutsinzi les a occultés et
précise plutôt que ce sont des militaires français qui étaient en observation d'après
l'information que Henrion a donnée à l' Adjudant-chef Karambizi.
Par contre, tel que stipulé plus haut, peu de minutes après la chute de l'avion, des
équipes de patrouilles de la MINUAR belge ont vite évacué les lieux. L'une d'entre
elles à bord d'une jeep mitrailleuse venant de l'Est est passée au centre de Mulindi à
très grande vitesse, arrivée au km 15 (bifurcation de la route menant à Ndera), elle a
ouvert le feu, arrivée au carrefour SAR Motor à Remera elle a tiré sur les gens. C'est
cette équipe qui est allée au Stade Amahoro et les militaires bangladais lui ont refusé
l'entrée. Pourquoi est-elle allée au Stade au lieu du Quartier Général de la MINUAR
basé à l'Hôtel Amahoro situé à 200 m seulement de l'entrée du stade?

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Toutefois si les faits rapportés par Mr Henrion et Prunier avaient eu lieu, ces
militaires belges de la MINUAR qui patrouillaient dans la zone les auraient constatés
eux-mêmes et en auraient fait le rapport. De même la section du Lieutenant Lotin qui
est passée là-bas en allant à l'Hôtel Akagera et au retour aurait constaté ces faits et en
aurait informé sa hiérarchie par radio à l'aller et au retour; tandis que le militaire
rescapé de la section en aurait fait le rapport écrit. Pourquoi le Comité Mutsinzi n'a-til pas interrogé le Colonel Luc Marchal pour savoir s'il a eu de tels rapports? Même le
Colonel Ballis qui se fait le porte-parole du FPR ne dit pas que son témoignage sur la
soi-disant présence des militaires français à Masaka est basé sur les rapports des
militaires de la MINUAR alors qu'il était chargé des opérations à la MINUAR. Il ne
fait que rapporter des "on-dit"! Les officiels du FPR qui ont été escortés à l'Hôtel
Akagera le 6 avril 1994 auraient dû aussi avoir constaté et rapporté les mêmes faits
que Mr Henrion. Le FPR ne se serait pas empêché d'évoquer leur constat dans les
tentatives de désinformation qu'il a faites pendant 15 ans. Tandis que le Comité
Mutsinzi aveuglé par le mensonge de Mr Henrion n'a même pas pensé à les entendre
quand bien même ils n'auraient fait qu'affirmer ce mensonge.
Les FAR ne pouvaient en aucun cas installer des barrages et déployer des armes
ostensiblement sur un axe routier contrôlé par la MINUAR au risque d'être taxé de
violation de l'Accord de Paix d'Arusha qu'elles avaient plutôt commencé à mettre en
application. Les actes concrets suivants et détaillés plus haut en témoignent la réalité:
La Création de la Commission de Démobilisation et d'Intégration dans la nouvelle
Armée Nationale une semaine seulement après la signature de l' Accord de Paix
d'Arusha; la Définition des critères de démobilisation avec la participation de tous les
militaires des FAR et leur diffusion; l'Accueil du Premier Ministre désigné par le
Commandement des FAR, rassemblant le Ministre de la défense et tout son cabinet,
les deux Chefs d'Etats-majors et leur staff, ainsi que les commandants des camps, des
secteurs opérationnels et des unités autonomes;
la Nomination par arrêtés
présidentiels des membres du Haut Conseil de Commandement de la nouvelle Armée
Nationale et ceux du Conseil de Commandement de la nouvelle Gendarmerie
nationale le 10 janvier 1994.
Je donne l'exemple d'un autre témoignage impossible de Mr Paul Henrion pour
démontrer que ce qu'il prétend avoir constaté le 6 avril 1994 de Rwandex-Gikondo à
Kabuga n'est qu'un montage. Dans un document publié sur google intitulé Dossier
Rwanda: le 6 avril, le colonel Ballis était au CND, il est rapporté ce qui suit au
sujet de Paul Henrion dans l'Affaire des casques bleus belges tués au camp Kigali le 7
avril 1994: " Paul Henrion, qui était rentré chez lui dans la matinée du 7, se souvient
que le minibus dans lequel les Casques bleus avaient été jetés est passé devant sa
maison: « ils étaient couchés, en désordre et derrière leur véhicule, il y avait une
Toyota rouge de la gendarmerie, qui semblait les suivre… »
D'où venait Mr Henrion dans la matinée du 7 avril 1994 vers 9 heures alors qu'il était
rentré de Muhazi le soir du 6 avril 1994, étant passé à Masaka vers 20 heures? Mr
Henrion n'habitait certainement pas l'une des 4 ou 5 villas officielles situées sur
l'Avenue de l'Armée en haut de l'ESM. C'est là où le minibus est passé pour déposer
les casques bleus au camp Kigali situé à moins de 400 m de la résidence de la
Première Ministre où ils ont embarqué. Même si Mr Henrion habitait là-bas il n'aurait
pas pu voir à l'intérieur du minibus, puisqu'à Kigali les maisons situées dans les

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quartiers résidentiels sont en retrait des routes. Elles ont un jardin devant, et une
clôture qui les séparent des routes. De plus c'était un minibus à 14 ou 16 places avec
ses sièges. Comment aurait-on pu faire coucher des gens alors justement qu'il y avait
des sièges. En outre les passagers étaient au nombre de 16 dans la partie utile du
minibus, le siège de devant étant occupé par le Major Bernard Ntuyahaga et le
chauffeur seulement. Parmi les 16 passagers il y avait les 10 casques bleus belges, 4
casques bleus ghanéens et 2 militaires rwandais d'escorte du Major. Il n'y avait même
pas de raison de les faire coucher puisque le Major Ntuyahaga, alors de passage, les a
pris à bord du minibus de bonne foi. Le Lt Lotin chef de la section des casques bleus,
désarmée et spoliée des radios par les mutins, lui ayant demandé de les conduire au
poste de la MINUAR le plus proche, afin qu'il puisse entrer en contact avec ses
supérieurs. Le Minibus était seul et aucun autre véhicule ne le suivait. Il passait près
de la résidence de la Première Ministre alors que le Major Bernard Ntuyahaga venait
de chez lui et se rendait au service à l'Etat-major de l'Armée rwandaise situé dans
l'enceinte du camp Kigali. Il les a alors déposés au poste des observateurs de la
MINUAR au camp Kigali et s'est rendu à son travail.
Il y a un lobby belge qui fabrique des histoires de diversion. En plus du Colonel Ballis
et de Mr Henrion, l'ancien Directeur de l'Hôtel Akagera, cité dans un autre document
publié sur google, a prétendu aussi qu'à son retour de l'Akagera le 6 avril 1994 vers la
fin de la journée, il a été contrôlé par des militaires de la Garde présidentielle au
barrage de Masaka KM 19, alors que d'habitude, disait-il, ils ne le contrôlaient pas
parce qu'ils le connaissaient; ainsi pour dire que la Garde présidentielle avait une
position permanente sur ce barrage. Or la Garde présidentielle n'a jamais tenu des
barrages en dehors des installations présidentielles. Et aucune autre unité de l'Armée
rwandaise n'a tenu ce barrage de Masaka même avant la signature de l'Accord de Paix
d' Arusha. Ce n'était qu'un poste de contrôle de routine de la Gendarmerie Nationale,
mais qui n'existait plus depuis la signature de l' Accord de Paix d'Arusha. Tous ces
témoins qui parlent des barrages sur la route Remera-Kabuga, plus celui de Paul
Henrion à Rwandex, ignorent les mesures de sécurité qui régissaient la Zone de
Consignation des Armes, KWSA, sous contrôle de la MINAUR. Sinon ils n'auraient
pas osé inventer ces histoires rocambolesques!
Par contre la coïncidence du déplacement de Mr Paul Henrion vers l'Est et celui du
Directeur de l'Hôtel Akagera, avec celui du groupe des officiels du FPR escorté par la
section du Lieutenant Lotin à l'Hôtel Akagera le 6 avril 1994 à l'insu de la hiérarchie
de la MINUAR, particulièrement du Colonel Luc Marchal commandant le contingent
belge paraît suspecte. Mr Henrion peut aussi être allé à l'Hôtel Akagera pour la même
circonstance plutôt qu'à se limiter à Muhazi! Toutes ces histoires de barrages et de
présence de militaires rwandais à Masaka sont tout simplement inventées dans le but
d'écarter la possibilité pour le FPR de s'être rendu à Masaka et d'avoir tiré sur l'avion
du Président Habyarimana à partir de là. Ce groupe de Belges qui les invente se
dévoile et c'est certainement lui qui est remercié dans le télégramme intercepté du
FPR félicitant l'Escadron renforcé!

9- Assassinat de Habyarimana par son entourage y compris sa
propre famille.
a) Complot ourdi par les FAR.

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L'histoire du complot ourdi par des membres des FAR est sans fondement, puisque
aucune information y relative n'avait été portée à la connaissance du commandement
de l' Armée rwandaise, soit officiellement soit officieusement. En effet si cela était
raconté dans toutes les unités du camp Kanombe tel que les témoins du Comité
Mutsinzi le prétendent les renseignements militaires l'auraient certainement su.
D'une manière générale le Comité Mutsinzi entérine les témoignages non vérifiés et
attribue en ordre dispersé le complot à certains officiers des FAR, notamment le
Colonel BEMS Théoneste Bagosora, le Lt Colonel BEMS Anatole Nsengiyumva, le
Major CGSC Aloys Ntabakuze, le Major François Xavier Nzuwonemeye, le Major
Protais Mpiranya, auxquels il ajoute le Lt Laurent Nubaha, le major BEM Emmanuel
Neretse et le Capitaine Innocent Sagahutu.
Il incrimine les intéressés sans prouver leur complot, soit par des réunions soit par des
échanges de correspondances écrites ou télégraphiques. Le Colonel Bagosora ne
pouvait en aucun cas demander au Lt Colonel Anatole Nsengiyumva de quitter son
secteur opérationnel de Gisenyi à l'insu de l'Etat-major de l' Armée Rwandaise alors
que ce dernier pouvait le chercher à tout instant. Une réunion de tous ces officiers à
Kigali ne pouvait passer inaperçue. Il ne pouvait créer un réseau de transmission
parallèle au réseau des FAR sans que la station directrice de l'Etat-major de l' Armée
rwandaise ne le constate. De plus le Lt Colonel Nubaha, commandant du camp Kigali
et le major Nzuwonemeye, commandant du bataillon de Reconnaissance ainsi que le
Capitaine Sagahutu ne pouvaient recevoir des messages suspects alors qu'ils étaient
servis par le centre des transmissions de l'Etat-major. Les renseignements militaires
de l'Armée rwandaise n'ont jamais eu écho d'un complot contre le Président
Habyarimana au sein des FAR, mais plutôt au sein du FPR.
Le gouvernement rwandais s'évertue à reprocher le juge antiterroriste Jean Louis
Bruguière d'avoir établi les mandats d'arrêt contre les membres du FPR sans les avoir
entendus. Pourtant le Comité Mutsinzi incrimine ces officiers alors qu'il ne les a pas
entendus pour infirmer ou affirmer les allégations qui les concernent; alors que la
plupart sont disponibles à Arusha, et que le Comité n'avait pas de difficulté de
conduire des commissions rogatoires dans des pays d'asile des autres.

Annulation de l'Exercice de parachutage à Nyandungu par le Major Ntabakuze
et réunion à l'Etat-major de l'Armée Rwandaise la journée du 6 avril 1994.
Extraits du rapport Mutsinzi.
Le Sgt major Emmanuel Munyaneza:
«Le 06 avril dans la matinée, nous devrions nous rendre dans la vallée de Nyandungu
pour y effectuer des exercices de parachutage. Un message est venu de l’Etat-major
invitant le major Ntabakuze à aller participer à une réunion urgente. Immédiatement,
Ntabakuze a pris la mesure de suspendre les exercices de notre bataillon qui étaient
prévus pour la journée du 06 avril et s’est rendu dans ladite réunion en laissant
l’ordre de rester prêts. Lorsque le major Ntabakuze nous transmettait cet ordre, il
semblait être très préoccupé. Cette suspension devait avoir un motif que j’ignore ».

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L’adjudant Ndaruhutse Elias:
« Le 06 avril 1994, les exercices de parachutage ont été supprimés par le major
Ntabakuze, il nous a dit que la situation n’était pas bonne et nous a placés en alerte
».
Le Sgt Ngirumpatse Pascal:
« J’étais l’un des moniteurs qui étaient prévus pour coordonner les exercices de
parachutage dans la matinée du 06 avril. Je m’étais rendu à l’endroit où ils devaient
se dérouler pour l’observation des lieux et la mise en place du matériel. Tout était
prêt. Pendant que j’attendais l’arrivée des militaires qui devaient participer aux
exercices, l’adjudant-chef Canisius alias Ndabashinzwe dont j’oublie le nom exact,
est venu m’informer que les exercices venaient d’être annulés. Il ne m’a pas donné
des explications sur les motifs de l’annulation. J’ai plié le matériel et je suis allé
informer les compagnies concernées ».
Observation:
J'atteste qu'aucune réunion n'a été tenue à l' Etat-major de l' Armée rwandaise la
journée du 6 avril 1994. Le Major Aloys Ntabakuze ne pouvait donc pas aller dans
une réunion qui n'a été convoquée par personne. Le message convoquant la réunion
évoqué par le Sergent Emmanuel Munyaneza est imaginaire. On peut d'ailleurs se
demander la place qu'il avait pour savoir que son unité a reçu un message de l'Etatmajor! Les commandants d'unités n'étaient jamais conviés aux réunions de l'Etatmajor même s'il y en avait une. Par ailleurs le major Ntabakuze n'aurait pas pu mettre
en état d'alerte son unité seulement dans un camp militaire qui en comptait 7, alors
qu'il n'y avait pas de situation nécessitant son intervention quelque part.
Quant à l'annulation de l'exercice de parachutage dans la vallée de Nyandungu le 6
avril 1994, le Comité Mutsinzi aurait dû contacter le Major Ntabakuze pour infirmer
ou affirmer l'information. Cependant, même à supposer que le cas ait eu réellement
lieu, il ne faut pas l'associer avec les préparatifs de l'attentat du 6 avril 1994. La
raison aurait plutôt été l'absence du seul avion para Nord-Atlas qui avait été
réquisitionné et avait transporté la délégation à Dar-es-Salaam. En effet les
programmes d'instructions dans les unités étaient mensuels et établis plusieurs
semaines à l'avance. Il est donc fort probable que le commandant du bataillon Para
Commando ait établi le programme d'instruction du mois d'avril au cours du mois de
mars, et ait prévu l'exercice de parachutage le 6 avril 1994. Mais l'avion para étant
réquisitionné et parti pour Dar-es-Salaam le 5 avril 1994, l'exercice devait
naturellement être annulé. La communication serait alors parvenue aux moniteurs le
matin du 6 avril 1994. Les témoins font de la spéculation parce qu'ils ignoraient
l'absence de l'avion para!
Communications spéciales de la Garde Présidentielle (p. 126-127 du rapport
Mutsinzi).
Les Extraits du rapport Mutsinzi:
Ngarambe Elias:
« Il y avait une maison qu’on appelait ‘Maison de sécurité’ qui se trouvait à la
résidence présidentielle de Kiyovu. Cette maison avait des appareils permettant la
communication directe avec l’avion. Des militaires spécialistes en transmission y

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assuraient tout le temps la permanence. Ils disposaient de fréquences sur lesquelles
ils communiquaient avec l’avion, mais pas de fréquence de communication avec la
tour de contrôle ».
Kamana François:
«Je vous signale que le président Habyarimana avait l’habitude de communiquer
avec la garde présidentielle avant de s’adresser à la tour de contrôle. En général,
c’était soit lui-même qui le faisait en personne, soit son officier d’ordonnance, le
major Bagaragaza. Ils donnaient un signal au commandant de la garde présidentielle
quand le Falcon 50 entrait sur le territoire rwandais pour leur dire l’endroit où il se
trouvait et quand il s’apprêtait d’atterrir à Kanombe. Je me souviens même qu’au
moment de décollage à Dar-es-Salaam, quand l’avion se trouvait encore sur le
tarmac, que le major Bagaragaza a informé les officiers de la garde présidentielle
restés à Kigali, de l’heure de départ de l’avion. Je pense qu’il s’est adressé au
commandant du camp GP, le major Protais Mpiranya. Etant donné que j’étais le plus
ancien, tout le monde avait confiance en moi, ce qui me donnait la chance d’être plus
informé d’un certain nombre de choses que mes autres camarades de la garde
présidentielle ».
« Le major Mpiranya Protais était le commandant de la garde présidentielle. En cette
qualité, il dépendait du ministre de la défense. Il disposait d’un réseau radio
indépendant des forces armées rwandaises FAR. Un poste G.P. était stationné à la
résidence présidentielle de Kiyovu.[….] Il y avait là aussi une radio avec laquelle les
G.P. pouvaient communiquer entre eux et avec notamment le bataillon
Reconnaissance.[…] Les G.P. pouvaient communiquer avec toutes les forces armées
mais l’inverse n’était pas vrai. De plus, les blindés équipés de radios se trouvaient
également à la résidence présidentielle de Kiyovu »
Observation:
Bien que je ne l'atteste pas, j'estime qu'il était tout à fait normal que la Garde
présidentielle dispose d'un moyen de communication indépendant et d'un réseau
interne séparé du réseau ordinaire de l' Armée rwandaise et que la station directrice
soit installée à la maison de Sécurité à Kiyovu. Elle devait pouvoir coordonner les
missions de ses différents détachements (Kiyovu, Kanombe, Gisenyi, Rambura,
etc…) sans passer par le réseau ordinaire de l'armée, étant donné qu'elle ne recevait
pas d'ordre de l' Etat-major et ne lui rendait pas compte de ses missions de routine en
ce qui concerne la sécurité présidentielle. Par contre prétendre que la station
communiquait avec l'avion présidentiel relève d'une pure imagination.
Aussi prétendre que le Président Habyarimana communiquait personnellement avec la
Garde présidentielle avant de s'adresser à la tour de contrôle c'est une aberration. Il ne
pouvait pas chaque fois savoir quand l'avion entrait sur le territoire rwandais pour le
signaler à la garde présidentielle avant le pilote à la tour de contrôle. L'avion
présidentiel disposait d'un salon présidentiel séparé de la partie réservée à la
délégation par une cloison. Il n'était pas équipé d'un poste de radio monté au salon
présidentiel pour que le président puisse communiquer directement avec la garde
présidentielle. Un garde du corps se trouvant dans la partie réservée à la délégation ne
pouvait savoir si le président se levait pour aller dans la cabine de pilotage afin de
communiquer avec la garde présidentielle. Si l'officier d'ordonnance était appelé au

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salon présidentiel, il fermait la cloison et la délégation ne pouvait savoir pourquoi il
était appelé.
Concernant la communication de l'officier d'ordonnance avec la Garde présidentielle
avant le décollage de Dar-es-Salaam le 6 avril 1994 alors que l'avion était encore au
tarmac, il y a lieu de se demander comment il l'aurait fait en présence de Kamana qui
était aussi au tarmac. Le Major Bagaragaza avait-il alors un poste radio E/R portatif
au sol, de longue portée, par lequel il est entré en contact avec la garde présidentielle?
Pourtant il n'avait même pas le téléphone satellitaire portable, puisque le système
n'était pas encore connu au Rwanda. Tandis que le téléphone satellitaire avec une
grande antenne parabolique (pas la valise) à déployer au sol, dont le président
Habyarimana disposait n'avait pas été emporté.
Il est aussi aberrant de prétendre que le commandant de la garde présidentielle pouvait
communiquer avec toutes les forces armées mais que l'inverse n'était pas vrai. Cela
n'est techniquement possible que sur un poste radio qui n'a que la réception, le
système d'émission ayant été bloqué. Or toutes les unités des FAR étaient équipées de
postes émetteurs-récepteurs. Par contre la garde présidentielle ne communiquait
presque jamais avec les unités des FAR étant donné qu'elle n'avait pas d'informations
à échanger avec elles dans le cadre de ses missions. Pour échanger des messages les
Unités devaient requérir l'autorisation de l'Etat-major de l'Armée rwandaise. Plus
précisément la garde présidentielle ne pouvait pas communiquer avec le bataillon de
reconnaissance alors que ce dernier n'avait pas sa propre station. Ses communications,
comme celles de toutes les unités du camp Kigali passaient par le centre des
transmissions de l'Etat-major et cela sur autorisation.
Implication de l'entourage du Président Habyarimana.
Extraits du Résumé du rapport Mutsinzi:
"Le 08 janvier 1993, alors qu’il se trouve a Arusha, le colonel Bagosora, chef de
cabinet au Ministère de la défense, claque la porte des négociations de paix en
prononçant ces mots à l’égard des Tutsi et du FPR : « Je rentre pour leur préparer
l’apocalypse». Deux semaines plus tard, juste après la signature du troisième
protocole d’Arusha, relatif à la fusion des deux armées, une association secrète
AMASASU est créée au sein de l’armée rwandaise, le 20 janvier 1993, par des
officiers extrémistes qui optent pour la poursuite du conflit arme contre le FPR,
préconisent la mise à l’écart des Tutsi, organisent des actions de massacres ethniques
et se donnent également pour objectif de « détecter et détruire s’il le faut tous les
politiciens hypocrites qui font tout pour gérer cette guerre afin de se maintenir
illégalement ou se hisser frauduleusement au pouvoir ».
"AMASASU se veut être le bras armé du Hutu power30 et est dirigée par le colonel
Théoneste Bagosora sous le pseudonyme de Commandant Mike Tango se qualifiant
comme le Conseil suprême des AMASASU".
"Le major Bernard Ndayisaba qui vivait au camp Kanombe dans la compagnie Génie
militaire explique le contexte de la naissance et du développement de cet extrémisme
au sein des FAR ayant conduit à l’assassinat du Chef de l’Etat :

21

« Au camp Kanombe, est née une association initiée par des officiers extrémistes qui
s’appelait AMASASU dont la caractéristique était celle de combattre énergiquement
les Accords d’Arusha. La plupart des commandants des bataillons et des unités du
camp Kanombe en faisaient partie, notamment le colonel Bagosora, le major
Ntabakuze, le colonel Baransaritse, le major Ntibihora, le major Munyapotore et
autres. Ces gens-là n’hésitaient pas à qualifier publiquement le président
Habyarimana de traître pour le simple fait qu’il avait signé ces Accords. Ils
l’accusaient d’avoir vendu le pays au FPR. Ce groupe organisait la fuite de ce type
d’informations dans le journal Kangura pour propager de telles idées à la
population. Ils jetaient aussi des tracts dans les rues, surtout dans les camps
militaires pour intoxiquer les militaires contre Habyarimana. Ils y mettaient
également des noms d’officiers qu’ils accusaient de collaboration avec le FPR".
Observation:
La préparation de l'apocalypse est gratuitement attribuée au Colonel Bagosora par le
fait même qu'il n'était pas à Arusha dans la période où on lui prête les propos. Aucun
témoin parmi les délégations qui étaient à Arusha n'a attesté ces propos devant le
TPIR. C'est une invention du FPR qui l'avait déjà étiqueté pour en faire un bouc
émissaire des tristes événements ultérieurs que le FPR projetait. De même le FPR
attribue gratuitement à Bagosora le pseudonyme de Commandant Tango Mike
signataire des tracts alors lancés par AMASASU.
AMASASU s'est manifestée dans un tract apparaissant comme une lettre adressée au
Président de la République le 20 janvier 1993 et s'est identifiée en toutes lettres
comme étant: Alliance des Militaires Agacés par les Séculaires Actes Sournois des
Unaristes. Les membres de cette organisation n'ont pas été identifiés, même pas le
signataire des tracts sous le nom code Tango Mike. Ce tract semblait s'attaquer à la
classe politique accusée de collaborer avec le FPR. Alors qu'il dénonçait les
préparatifs d'une attaque d'envergure du FPR, celui-ci a effectivement fait un raid
dans la ville de Ruhengeri et attaqué sur le front nord-ouest dans les préfectures de
Ruhengeri et Byumba le 8 février 1993. Au cours de cette offensive le FPR a tué plus
de 40.000 civils et fait plus de 350.000 déplacés de guerre, portant le nombre des
déplacés à un million.
Le deuxième tract s'attaquait aux officiers supérieurs disant que ce sont eux qui font
que la guerre ne finit pas, sans en donner d'amples explications. Ceci montre que cette
organisation ne comptait pas des officiers supérieurs dans ses rangs, y compris le
Colonel Bagosora, et ne pouvait surtout pas être leur émanation. Par ailleurs
AMASASU et les deux tracts peuvent être une imagination d'une seule personne qui
se dit organisation.
Prétendre que l'association AMASASU est née au Camp Kanombe et que la plupart
des commandants de bataillons et des autres unités en étaient membres c'est une
aberration. Si les membres de cette organisation AMASASU étaient connus au camp
Kanombe, que ses soi-disant membres qualifiaient publiquement le Président
Habyarimana de traître et qu'ils jetaient les tracts dans les rues et dans les camps
militaires, le Commandant du camp Kanombe, alors le Colonel BEMS Félicien
Muberuka qui semble ne pas être étiqueté, en aurait rapporté officiellement à l'Etatmajor. Ou bien l'Etat-major l'aurait su par d'autres sources et au moins un tract du
genre lui aurait été apporté. Or aucune information n'a filtré sur cette organisation. A

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part les deux tracts susmentionnés que cette organisation a lancés publiquement,
AMASASU ne s'est plus manifestée. C'est ce qui a compliqué l'identification de ses
membres, si membres il y avait et si ce n'était pas un individu se disant organisation!
La base des AMASASU au Camp Kanombe n'était pas parmi les hypothèses de l'Etatmajor de l'Armée rwandaise. Les deux tracts connus ne s'attaquaient pas au Président
Habyarimana. Les autres tracts ou actes attribués à cette organisation qui viseraient
le chef de l'Etat auraient été fabriqués.
Par ailleurs s'il y avaient des commandants d'unités du camp Kanombe qui auraient
qualifié publiquement le Président Habyarimana de traître pour le simple fait qu’il
avait signé ces Accords, l' Etat-major de l' Armée rwandaise aurait demandé des
explications aux intéressés et pris des mesures statutaires appropriées. Ils auraient
prêché contre les convictions profondes de toutes les FAR. Or rien ne s'est passé!
Extraits du Résumé du rapport Mutsinzi
"Les prémices du complot d’assassinat du président Habyarimana sont apparues dès
1992 après qu’il eut donné l’ordre au ministre de la défense, James Gasana, de
mettre à la retraite des ténors de l’armée et de la gendarmerie, entre autres les deux
chefs d’état-major, les colonels Laurent Serubuga et Pierre-Célestin Rwagafirita,
ainsi que le colonel Bonaventure Buregeya, chef de la sûreté nationale et cousin de
l’épouse du Président. En réaction contre cette mesure, des officiers supérieurs
concernés s’organisèrent en une association devancière de celle d’AMASASU,
appelée ABARUHARANIYE, dont la direction fut confiée au colonel Serubuga
………"
"Des le début de l’année 1994, des propos exprimés publiquement, relayés par des
écrits des extrémistes de la Coalition pour la Défense de la République (CDR), dont
le hérault était Hassan Ngeze, rédacteur en chef de Kangura, prédisaient que la mort
du président Habyarimana surviendrait au mois de mars 1994, en précisant que
l’auteur de l’assassinat sera un Hutu agissant au bénéfice des Tutsi…."
"Rappelons qu’au niveau du commandement, le FPR devait avoir 50% des postes,
alors que du cote gouvernemental la proportion pour les simples militaires dans la
nouvelle armée serait de 60% seulement des effectifs, ce qui signifie qu’il devait y
avoir un grand nombre de limogeages parmi les officiers et les militaires des FAR, ce
qui ne manquait pas de les inquiéter. L’élimination du Président intervint dans ce
contexte de coup d’Etat dont le fer de lance était le colonel Bagosora appuyé par les
chefs des unités spéciales des FAR, principalement la garde présidentielle, les
bataillons Para-commando et Reconnaissance, et l’occasion était belle pour la mise a
exécution immédiate de la phase finale du génocide".
Observation:
L'attribution de l'assassinat du Président Habyarimana à son entourage taxé d'être
opposé à l'Accord de Paix d'Arusha est antithétique et cynique. Même le Colonel
Bagosora à qui on attribue encore cette machination n'a jamais émis un avis contre le
partage du pouvoir avec le FPR alors qu'il a participé aux négociations. Il a peut-être
seulement émis des réserves sur le trop de concessions faites au FPR et sur ses
intransigeances. Ceci n'est que normal dans les négociations.

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Dire que l'entourage de Habyarimana ne voulait pas perdre ses postes et ses faveurs
en citant notamment les officiers retraités ou ceux qui seraient démobilisés n'a pas de
fondement. Le Président Habyarimana restait le Président de la transition. C'était un
atout pour sa famille biologique et sa famille politique. L'élection du Président
Habyarimana à une bonne majorité de 75% au moins après la transition était sûre vu
les alliances politiques qui venaient de se nouer comme stipulé plus haut.
Habyarimana avaient encore au moins 7 ans à passer à la magistrature suprême du
pays. Sa famille nucléaire, notamment son épouse, garderait ses privilèges et son
honneur. Les membres de sa famille élargie n'étant pas nombreux pouvaient toujours
être placés si népotisme obligerait. Pourtant en tuant Habyarimana sa famille
nucléaire perdrait tous les privilèges qui reviendraient à la famille de son remplaçant,
pendant que la famille élargie perdrait aussi toutes les facilités attendues durant la
période de transition et même après les élections. Donc son assassinat par les siens est
antithétique, car il aurait des retombées négatives en leur défaveur. Ils n'avaient aucun
intérêt à le tuer alors que celui du FPR se passe de discussion.
Les officiers déjà mis à la retraite en juin 1992 n'avaient pas à reprocher cette
disposition à Habyarimana en l'associant avec la signature de l'Accord de Paix
d'Arusha intervenue une année plus tard. Ils auraient dû s'en prendre plutôt à
l'opposition qui a exigé leur départ. Puisque les partis politiques avaient la latitude
d'attribuer des postes à leurs membres, le MRND pouvait placer les officiers de son
obédience retraités ou démobilisés à des postes convenables dans des ministères lui
attribués. Le Colonel Bagosora pouvait même maintenir son poste de Directeur de
cabinet au Ministère de la défense pendant la transition et après les élections. D'autres
pouvaient être des Directeurs de projets attribués au MRND, des parlementaires,
etc… Les officiers retraités en général et le Colonel Bagosora en particulier n'avaient
aucun intérêt à assassiner Habyarimana.
Notons aussi en passant que le Colonel Buregeya n'était pas le chef de la sûreté
nationale quand il a pris la retraite en 1992. Il était le commandant de l' Ecole
Supérieure Militaire.
Par ailleurs ce n'est pas le ministre de la défense qui a mis les officiers à la retraite. Il
n'en avait pas la compétence. La mise à la retraite des officiers était la prérogative
exclusive du Président de la république au même titre que leur nomination, leur
démission et leur révocation, et cela par arrêté présidentiel.
Les allégations du Comité Mutsinzi à ce sujet sont encore une preuve de fabrication
des informations propre au FPR. Il est tellement ancré au mensonge qu'il ne pense
même pas à consulter les textes réglementaires ou demander de vraies informations
aux anciens officiers qui sont à sa portée tel que le Général Marcel Gatsinzi, actuel
ministre de la défense du FPR!
Concernant la CDR, elle n'avait pas la force d'empêcher la conclusion de l'Accord de
Paix d'Arusha. Elle ne s'opposait pas non plus au partage du pouvoir avec le FPR. Elle
dénonçait seulement le trop de concessions données au FPR. Le Président
Habyarimana soutenait la participation de la CDR dans les Institutions de Transition à
Base Elargie. De ce fait la CDR n'avait aucun intérêt à assassiner son allié.

24

Le document attribué à un certain Thaddée de la CDR, daté du 29 mai 1994 à Kigali
qui aurait été remis à Madame Colette Braeckman par "un porteur non identifié" pose
des interrogations! Même si le porteur n'a pas donné son nom et son adresse en guise
d'identification, serait-il blanc donc communément européen ou américain, serait-il
africain ou apparemment asiatique? Le Bureau de Colette Braeckman est-il isolé et
non dans le complexe du SOIR où l'accès ne devrait normalement être autorisé
qu'après l'identification du visiteur? La porte du bureau de Colette Braeckman étaitelle toujours ouverte pour y entrer comme au marché sans s'annoncer d'abord?
Thaddée existe-il pour le confronter avec ce document ou a t-il existé réellement? Le
Comité Mutsinzi l'a-t-il contacté s'il existe? Comment le porteur est-il entré en
relations avec Thaddée et où et comment a-t-il reçu le document. La seule possibilité
étant la remise en mains, soit au Rwanda soit à Goma car ce n'est qu'à Goma qu'on
prenait des avions pour quitter la région au mois de mai 1994. En tout cas pas par la
poste puisque elle ne fonctionnait plus depuis le 7 avril 1994! Pourquoi le document
a-t-il était donné à Colette Braeckman? Se connaissait-elle avec Thaddée? Fut-ce
l'initiative du porteur de le lui apporter alors que ce n'est pas à elle que Thaddée l'avait
destiné?
Ce document d'une écriture "masquée" avec des lettres bizarres pour cacher l'écriture
authentique de l'auteur, ne serait-il pas un faux fait en prévision des investigations
éventuelles dans le but de l'exhiber en guise de désinformation?
Quelle était la formation de Thaddée et quelle était son occupation ou fonction avant
avril 1994 puisque le document est écrit en français? Quelle était sa vraie place au
sein de la CDR? Ne serait-il pas un faux à l'instar de la lettre du Colonel Gilles
Bonsang de la Commission Mucyo? En tout cas malgré le maquillage de cette
écriture, en lettres capitales déformées, elle a l'air d'être de l'école britannique et non
de l'école latino-franco-belge à laquelle Thaddée devrait avoir été formé! Si Thaddée
et le porteur ne sont pas identifiés, rien n'exclut que le document aurait été rédigé à
Bruxelles par une autre personne s'attribuant le nom de Thaddée de la CDR, pour le
présenter à la Commission parlementaire belge sur le Drame rwandais par
l'intermédiaire de Mme Colette Braeckman, et brouiller les pistes!

Extraits du rapport Mutsinzi:
Selon le lieutenant Jean de Dieu Tuyisenge qui a travaillé comme agent de
renseignements à la présidence de la République de 1988 à 1994:
« C’est à partir du 26 février 1994, que l’information d’assassiner le président
Habyarimana s’est petit à petit révélée. Je parle de cette date parce que ce jour-là le
colonel Sagatwa m’a appelé en tant qu’agent de renseignements militaires et m’a
donné la mission de sonder discrètement dans l’armée pour savoir l’impact négatif
qu’il pourrait y avoir si l’on procédait à l’emprisonnement de certaines personnes
influentes, y compris des officiers militaires. Je me suis informé et je me suis rendu
finalement compte que les commandants des unités d’élite des FAR étaient tous dans
cette clique qui souhaitait faire un coup d’Etat. Qu’il s’agisse de Mpiranya, Neretse,
Nubaha, et autres….."
Selon l' adjudant-chef Munyaneza Denis « Le 06 avril dans la journée, je voyais que
mes chefs directs, le major Nzuwonemeye et le capitaine Sagahutu se comportaient
d’une façon qui n’était pas comme les autres. J’ai constaté que l’un et l’autre

25

faisaient des mouvements d’aller et de retour au camp en jeep comme s’il s’agissait
de la préparation d’une opération militaire. D’autres officiers comme Nubaha et
Neretse étaient dans les mêmes mouvements. Ce n’était pas habituel ce genre
d’attitude, on voyait qu’il y avait quelque chose qui avait changé dans le
comportement journalier de ces officiers. Leurs mouvements montraient qu’ils étaient
préoccupés par la préparation de quelque chose, mais je ne peux pas préciser
laquelle. En tout cas, Sagahutu n’était pas stable du tout ce jour-là, contrairement à
son habitude ».
Observation:
Le Comité Mutsinzi et ses témoins retournent l'information que les services de
renseignements avaient sur la menace du FPR, et attribuent celle-ci à ceux qu'ils
appellent extrémistes de la partie gouvernementale. L'information que le Lt Tuyisenge
travestit concerne plutôt le plan du FPR qui comptait exploiter le chaos consécutif à
l'assassinat du Ministre Félicien Gatabazi le 21 février 1994. C'est à cette occasion
que le FPR voulait tenter un coup d'état et reprendre la guerre. Mais la partie
gouvernementale ayant vite maîtrisé la situation et empêché le chaos, le FPR a reporté
son plan.
Le Lt Tuyisenge s'aventure à citer les noms des officiers qu'il s'imagine lui-même
comme les chefs de file. Or aucun desdits officiers n'était de nature à comploter contre
le Président Habyarimana. Par ailleurs le major BEM Neretse et le Lt Colonel Nubaha
n'étaient pas des commandants d'unités d'élite. Le major Neretse était commandant du
1er bataillon Muvumba alors déployé dans le secteur opérationnel de Ruhengeri. Par
contre ce bataillon fut dépêché en renfort à Kigali à partir du 9 avril 1994 après-midi.
La convergence des fausses allégations du Lt Tuyisenge et l' Adjudant-chef
Munyaneza dénote qu'elles leur ont été suggérées.
Les deux faux témoins citent le major Neretse dans leur montage parce qu'ils peuvent
l'avoir vu à partir de cette date sans savoir exactement quand et comment il se trouvait
à Kigali. Le Lt Colonel Nubaha était le Commandant du camp Kigali et de la
Compagnie Quartier Général (Cie QG). Il n'avait que le rôle administratif aussi bien
sur les unités implantées au camp Kigali que sur les éléments disparates de cette
compagnie formée par des personnels travaillant à la Présidence, au Ministère de la
défense et à l'Etat-major de l' Armée Rwandaise, non organisée comme une unité de
combat. Toutefois le fait que les deux faux témoins citent major Neretse alors qu'il
n'était pas à Kigali le 7 avril 1994 c'est une preuve qu'ils se sont consultés ou ont été
associés par le Comité Mutsinzi pour faire le même montage.
Extraits du rapport Mutsinzi:
"Des militaires des FAR attestent que l’évocation de l’assassinat du président
Habyarimana revenait souvent dans des conversations initiées par leurs collègues
originaires de Gisenyi et Ruhengeri, et que cette information avait été prise très au
sérieux par les services proches du président de la République".
"Plusieurs autres militaires des FAR, notamment ceux du camp de Kanombe,
auditionnés par le Comité dans divers endroits du pays, confirment l’existence d’un
plan de coup d’Etat et d’élimination du président de la République…"

26

"Le journal Kangura dans son numéro spécial 53 publié en décembre 1993 titrait sur
sa couverture: Habyarimana mourra en mars 1994 et expliquait que cette mort sera
réalisée dans le cadre d’un assassinat exécuté en marge d’une cérémonie religieuse
ou d’une grande conférence internationale".
Observation:
Si des informations sur le pseudo complot attribué aux FAR circulaient de façon
prémonitoire au sein des Unités des FAR, les commandements des Camps et des
unités en auraient informé l'Etat-major de l'Armée rwandaise par un Compte Rendu
Occasionnel de Sécurité (CROS). Or aucun n'a signalé cette situation. Par contre
l'Etat-major de l'Armée rwandaise avait des dizaines d'informations provenant d'autres
sources depuis le 21 novembre 1993 qui se sont succédées au fur et à mesure, toutes
parlant de la menace du FPR et jamais d'un complot interne aux FAR. C'est
certainement ces informations que les militaires commentaient de leur manière étant
donné qu'ils ne pouvaient avoir accès à la version réelle. Tandis que le Comité
Mutsinzi les retourne contre la partie gouvernementale. Des exemples:
-L'information du 21 Novembre 1993 signale la présence d'un escadron du FPR
infiltré dans la Capitale Kigali pour enlever et assassiner le Chef de l'Etat. C'est
probablement cette information que Hassan Ngeze a rapportée de sa façon et publiée
au journal Kangura en décembre 1993. Il ne faisait pas état de la menace de la partie
gouvernementale.
-L'information du 5 Janvier 1994, signale que le bataillon FPR au CND possède des
missiles SAM 7. Le jour de l'arrivée du bataillon du FPR à Kigali le 28 décembre
1993 les infiltrés qui ont été déversés dans la ville de Kigali ce jour-là, selon le
rapport du commandant du bataillon PM susmentionné, n'étaient certainement pas
tous briefés sur la discrétion et ont raconté que le FPR avait amené des armes non
contrôlées et non autorisées. La population a entendu et parlé, et l'information est
arrivée aux renseignements militaires de l'Armée Rwandaise.
-Le rapport de renseignement du 12 janvier 1994, signalait que le FPR a tenté de tuer
le Président Habyarimana pendant ses déplacements par route, mais qu'il a échoué à
cause des mesures de sécurité prises par la Garde Présidentielle, que le Président
Habyarimana sera abattu à bord d'un aéronef et que ça passera inaperçu.
-En janvier 1994, une lettre adressée à Kagame et saisie à Muhura-Byumba sur un
certain Zubere de Nyamirambo ville de Kigali, disait qu'il n'était pas facile
d'assassiner le Président Habyarimana sauf avec au moins 100 Hommes en tenue
civile. Le passeur avait évité la route normale Kigali- Mulindi et avait utilisé des
chemins détournés pour emmener ce rapport à Kagame.
-Le 14 février 1994 un militaire, cadre de la MINUAR a signalé que le FPR au CND
possédait des Missiles SAM avec certitude.
-La dernière information datait du 2 avril 1994 faisait état de la combinaison des
assassinats des autorités civiles et militaires et leaders des partis politiques proches du
MRND et éliminer spécialement le Chef de l'Etat et le Chef d'Etat-Major de l'Armée
Rwandaise, déclencher simultanément l'offensive généralisée et foncer sur Kigali. Ces
attaques étant prévues entre le 03 et le 09 avril 1994. Cette information de source

27

européenne suggérait que le Président Habyarimana ne fasse pas le déplacement du 6
avril 1994 à Dar-es-Salaam.
C'est certainement ces informations qui sont parvenues aux soldats étant déformées
ou qui étaient délibérément travesties et retournées contre les militaires de l' Armée
rwandaise pour semer la confusion, si réellement elles ont circulé au camp Kanombe.
Partant, si au cours de la réception à l'Hôtel Méridien le 4 avril 1994 le Colonel
Théoneste Bagosora "a déclaré qu’il était opposé au déplacement du président de la
République en Tanzanie, et que l’avion dans lequel il voyagera, sera abattu", c'est
bien suite à cette information du 2 avril 1994. Sa déclaration montre que le Colonel
Bagosora se souciait de la sécurité du Président Habyarimana plutôt que de planifier
son assassinat. Interpréter cette déclaration comme si Bagosora disait qu'il allait
commanditer l'assassinat du Président Habyarimana, c'est travestir sa pensée. S'il avait
le plan d'abattre l'avion du Président, ce déplacement étant une occasion propice,
Bagosora ne se serait pas opposé et ne l'aurait pas déclaré. Lui attribuer l'attentat c'est
antithétique!
Extraits du rapport Mutsinzi:
"Les circonstances entourant la mort du président Habyarimana dans un attentat
contre son avion seront examinées en deux volets, l’un politique, l’autre militaire. Au
niveau politique le président Habyarimana se trouvait confronté à une crise d’Etat
qu’il devait résoudre. Les institutions prévues par les Accords d’Arusha devaient être
rapidement mises en place, faute de quoi des sanctions de l’ONU risquaient d’être
prises, suivies de celles des puissances amies du Rwanda, notamment la Belgique".
"Sur le plan militaire, les Accords d’Arusha prévoyaient l’intégration des deux
armées en une armée nationale nouvelle. Certains militaires des FAR, officiers et
subalternes, n’étaient pas opposés à cette décision, fatigués qu’ils étaient par quatre
années d’un conflit qui avait occasionna des dizaines de milliers de morts et de
blessas graves. Par contre d’autres militaires de haut rang, essentiellement
originaires des préfectures de Gisenyi et Ruhengeri, résistèrent à cette intégration et
adoptèrent une position radicale de rejet et d’hostilité vis-à-vis des Accords
d’Arusha".

Observation:
C'est le gouvernement rwandais qui a toujours demandé les négociations de cessez-lefeu en vue de pouvoir négocier un accord de paix, mais le FPR violait ces cessez-lefeu, puisqu'il ne voulait que la prise du pouvoir. La plus grave violation étant l'attaque
du 8 février 1993 sur tout le front Nord-Ouest, au cours de laquelle il a massacré plus
de 40.000 personnes Le FPR a été sommé de retourner à ses positions de départ et
d'accepter les négociations de paix. L'Accord de Paix d'Arusha lui a accordé plus
qu'il ne méritait. Il a fait semblant d'en être satisfait comme un trompe-l'œil, mais il a
continué de préparer la guerre devant le conduire à la prise du pouvoir total. C'est
aussi le FPR qui a bloqué la mise en place des Institutions de Transition en boycottant
les cérémonies de prestation de serment le 5 janvier et le 25 mars 1994. C'est au FPR
qu'il fallait faire des pressions puisqu'il continuait de rebuter la CDR alors que même
le corps diplomatique soutenait sa participation aux Institutions de Transition. Tandis
que le discours du Président Habyarimana du 15 janvier 1994 quant au respect des

28

clauses de l'Accord de Paix d'Arusha est sans équivoque. C'est le FPR qui ne le
respectait pas! J'ai déjà démontré que l'Accord de Paix d'Arusha était soutenu par les
FAR et que ces dernières avaient commencé à le mettre en application.

b) Commande, livraison, détention et maniement des missiles SAM.
Extraits du rapport Mutsinzi:
"Les FAR disposaient en effet de spécialistes en artillerie anti-aérienne formes dans
différents pays, notamment la France, la Libye, la Chine, la Corée et l’Union des
Républiques socialistes soviétiques".
"Le 13 juillet 1992, l’ambassade de Russie au Rwanda a adressé une note verbale
positive au Ministère rwandais des affaires étrangères avec copie au Ministère de la
défense en lui faisant connaître que « le Gouvernement de la Fédération de Russie a
donné son accord à une livraison au Rwanda au cours des années 1992-1993 du
matériel militaire dont la liste est ci-jointe d’un montant de 26 millions de US$, le
paiement devant être effectué au cours de l’année même de la livraison en devises
convertibles".
Selon Richard Mugenzi « Une autre information dont j’ai eu connaissance concerne
le dispositif anti-aérien des FAR. Dans les derniers mois de l’année 1993, je ne me
souviens pas exactement du mois précis, le lieutenant BIZUMUREMYI chargé de
renseignements militaires à Gisenyi, avec qui je travaillais souvent dans ma fonction
d’opérateur, m’a dit que les FAR possédaient des missiles sol-air qui venaient d’être
livrés par la France pendant ces jours-là……»
"En effet, en décembre 1994, Human Rights Watch a publié un rapport établissant
que les FAR disposaient en avril 1994 d’un arsenal anti-aérien assez performant
qu’elles ont amenées au Zaïre après leur défaite" (liste dont 40-50 SA-7 missiles et
15 Mistral AAM missiles)………..
"L’enquête de Human Rights Watch et le témoignage du Cpt Sean Moorhouse
permettent de se rendre compte que les FAR disposaient d’un armement anti-aérien
important puisqu’elles avaient des missiles Mistral qui sont des armes aussi
performantes que les SAM-16, puisque le Mistral a une portée de 5 Km et un poids de
20 Kg, alors que le SAM-16 IGLA (URSS) dénomme Gimlet par l’OTAN a une portée
de 5Km comme le Mistral et un poids de 18 Kg".
"Les informations fournies par Human Rights Watch ne sont pas les seules puisque la
présence de 15 missiles Mistral dans l’arsenal des FAR avait été signalée par le
contingent belge de la MINUAR, lequel avait insisté, moins d’une semaine avant
l’attentat, sur le danger de tirs de missiles à Kigali contre les C-130 de la force
aérienne belge".
"De son côté, Dallaire assure que les FAR « avaient des batteries anti-aériennes à
l’aéroport de Kigali et un nombre indéterminé de missiles SA-7, ce qui est un
armement suffisant pour abattre un avion en approche d’atterrissage".

29

Observation:
Concernant l'acquisition des armes antiaériennes, les anciennes autorités militaires
rwandaises ne nient pas les différentes commandes qui ont été faites. La volonté
d'acquérir des armes antiaériennes a bien existé et n'est que normale. Cependant il n'y
eut aucune livraison.
Le Comité Mutsinzi semble travestir la lettre de l'Ambassade de Russsie. De toutes
les façons la note verbale diplomatique portant accord de fourniture diffère de la note
ou du bordereau de livraison de l'usine de fabrication, des entrepôts d'une autre armée
ou d'un autre fournisseur agréé, avec la liste des matériels et leurs numéros de série.
Ladite note verbale de l' Ambassade de Russie tient-elle lieu du bordereau de
livraison?
Il aurait fallu chercher l'ancien chef du service de Gestion et approvisionnement au
Ministère de la défense et lui demander s'il y eut livraison de missiles SAM
commandés et de quel fournisseur. Il aurait fallu chercher et entendre l'ancien
Commandant de la Base militaire de l'Armée rwandaise qui avait la gestion de
l'armement dans ses attributions pour savoir s'il a réceptionné des missiles SAM,
quelle provenance, s'il les a stockés dans ses entrepôts et à quelle unité il les a livrés.
Concernant la détention et le maniement des SAM il aurait fallu chercher et entendre
l'ancien Commandant du Camp Colonel Mayuya (camp Kanombe) et commandant du
Secteur opérationnel de la ville de Kigali, le Commandant de l'Artillerie de
Campagne et des anciens officiers du Bataillon Antiaérien. Il aurait fallu notamment
demander si cette unité spécialisée, qui devait détenir les missiles antiaériens si les
FAR en étaient dotées, avait au moins un seul militaire qui connaissait des missiles
antiaériens, les avait vus et manipulés, avait reçu un entraînement et où il l'a reçu.
Il aurait fallu aussi chercher des anciens officiers de la Garde présidentielle se
trouvant à l'étranger et leur demander si l'un ou l'autre militaire de leur unité a reçu un
entraînement aux Missiles antiaériens, si cette unité était dotée de telles armes, depuis
quand et de quelle provenance. Mais aussi le Comité Mutsinzi semble ne pas avoir
interrogé le Colonel Evariste Murenzi, ancien officier de la Garde présidentielle qui
s'est distingué par la délation dans le dossier Mucyo contre la France. Sinon il a eu le
courage de dire que la garde présidentielle n'a jamais possédé les missiles SAM et son
témoignage n'a pas été retenu tout simplement.
Il aurait fallu chercher l'ancien G1 (Chef du personnel) de l'Armée rwandaise et
l'ancien chef de service de la Coopération militaire au Ministère de la défense et leur
demander s'il y eut un militaire Ex-FAR qui reçut un entraînement aux missiles
antiaériens. Il aurait fallu même interroger le dernier chef du personnel au Ministère
de la défense et lui demander s'il y a eu un seul militaire des FAR qui a reçu un tel
entraînement.
Le rapport n'avait pas à établir que les FAR disposaient de spécialistes en artillerie
antiaérienne. C'était un fait puisque les FAR avaient une Unité de défense
antiaérienne. Cependant les militaires rwandais affectés au Bataillon antiaérien
n'avaient reçu que la formation sur les Mitrailleuses quadruples 14,5 et les Canons
bitubes 37 mm. Ce sont les seules armes antiaériennes dont cette unité était dotée.
Quant à dire qu'"ils avaient été formés dans différents pays, dont la Corée et la

30

France, au maniement de missiles sol-sol et « avaient des connaissances dans le
maniement des missiles sol-air " c'est une affirmation gratuite sans preuves. Le
Comité Mutsinzi a-t-il identifié au moins un seul militaire des FAR qui a fait la
formation aux missiles, dans quel centre d'entraînement et à quelle période? Les FAR
établissaient régulièrement les situations des effectifs sur lesquelles figurait la
qualification pour les spécialistes. Lorsque certains militaires étaient en formation à
l'Etranger la formation qu'ils suivaient était aussi précisée en face de leurs noms. Le
Ministère de la défense n'ayant rien évacué et le FPR ayant trouvé toutes les archives,
il devrait montrer un tel document sur lequel figurent ceux qui ont reçu la formation
aux missiles sol-air. Sinon c'est de la fabulation. La vérité est que personne des FAR
n' a reçu cette formation.
Si les FAR avait jamais possédé des missiles sol-air ou si certains militaires les
avaient appris, le Lieutenant-Colonel BEMS Innocent Nzabanita (Breveté d’Etudes
Militaires Supérieures de l'Ecole de Guerre Interarmes de France), alors commandant
en second du camp Colonel Mayuya (camp militaire de Kanombe), ayant été
responsable de la coopération militaire au Ministère de la défense, devant avoir
manipulé les dossiers des militaires qui ont été envoyés en formation à l'étranger,
aurait requis le commandant du Bataillon antiaérien ou un autre militaire formé pour
identifier les lanceurs qui ont été découverts dans les buissons dans la vallée de
Masaka le 25 avril 1994 par la population. Il n'aurait pas été obligé de requérir le
concours du Lieutenant Ingénieur "civil" Augustin Munyaneza pour identifier les
lance-missiles pour la simple raison qu'ils portaient les lettres russes et que l'intéressé
connaissait le Russe, et non parce qu'il connaissait les missiles sol-air.
Le Lt Colonel BEMS Innocent Nzabanita a été tué par le FPR par pendaison dans la
prison de Gisenyi après son rapatriement en 1997. De même le Lt Colonel CGSC
Stanislas Hakizimana, alors commandant le Bataillon antiaérien, a été tué avec sa
famille et sa belle-famille après son rapatriement en 1997. Ce sont des témoins
potentiels sur la détention ou pas de missiles sol-air par les FAR et sur la formation ou
pas de servants, qui ont été éliminés, et bien beaucoup d'autres!
Le contingent belge précise-t-il l'unité qui détenait les 15 missiles Mistral? Par
ailleurs s'agit-il de tout le contingent, sinon de son représentant habilité le Colonel
Luc Marchal qui en était le commandant, pour généraliser et attribuer l'information à
tout le contingent? Si l'information émane de l'un ou l'autre militaire, le Colonel
Marchal à qui ses hommes devaient rendre compte l'a-t-il confirmée? A défaut de
cela, l'information qui lui aurait été cachée serait fausse et pure machination. Par
contre il s'est avéré qu'au sein de son Unité il y avait des gens qui le doublaient! Il est
inconcevable que le contingent belge ait suspecté les FAR de posséder des missiles
antiaériens alors que c'est un cadre du même contingent qui avait informé l'Etat-major
de l'Armée rwandaise en février 1994 que le FPR disposait des missiles SAM avec
certitude au CND. Quant au "danger de tirs de missiles à Kigali contre les C-130 de
la force aérienne belge" ce n'est que le FPR qui le présentait puisqu'il avait déjà tiré
sur un C-130 belge à partir du CND en janvier 1994, même si c'était avec une
mitrailleuse antiaérienne.
Où est-ce que le Général Dallaire a-t-il localisé des missiles SAM 7? Peut-il attester
avoir demandé des explications à la partie gouvernementale, pour les avoir cachés,
alors qu'on lui a donné toute la situation de l'armement en dotation? En tout cas il n'a

31

fait aucun reproche aux FAR! Par conséquent qu'il ne doit pas prétendre que les FAR
en disposaient.
Quant à l'information sur la livraison des missiles SAM 16 aux FAR par la France,
donne-t-elle les numéros de ces missiles et atteste-t-elle comment et quand la France
les a livrés aux FAR? Où étaient-ils entreposés? N'est-ce pas que cette information fut
diffusée par le Professeur Philip Reyntjens qui a déjà confessé d'avoir diffusé des
informations sans fondement? Le Comité Mutsinzi l'a-t-il entendu? Tandis que
Richard Mugenzi l'a adoptée et l'a attribuée au Lt Bizumuremyi puisqu'il sait qu'il est
mort et ne peut le contredire!
Quant aux rapports du Cpt Sean Moorhouse et de Human Rights Watch sur la remise
de 40 à 50 missiles antiaériens aux autorités zaïroises, faudrait-il savoir de qui ils ont
reçu l'information. Ont-ils vu de leurs propres yeux et compté les armes dont ils ont
reproduit la liste? Cette liste était-elle signée par les anciennes autorités habilitées des
FAR en guise de reconnaissance de la possession de ces engins et de leur remise aux
autorités militaires Zaïroises?
La prétendue possession de 40 à 50 missiles antiaériens SA-7 et 15 Mistrals AAM par
les FAR est aussi en contradiction avec la thèse de Patrick de Saint Exupéry qui
prétend que le gouvernement rwandais a demandé 2 missiles SAM à la France en
1993. Or ni la possession ni la demande n'a eu lieu.
La vérité est que les FAR n'ont jamais été équipées de missiles antiaériens et aucun
militaire des FAR ne les connaissait. De même le nombre de certaines autres armes
citées sur la liste est très supérieur à la dotation réelle des FAR. Les FAR n'avaient
pas non plus d'armes antiaériennes de 23 mm au même titre que les SAM.
Paradoxalement la liste ne contient pas les canons 122 mm, 105 mm et les Lanceroquettes multiples Katiusha 107 mm qui étaient les meilleures armes d'appui des
FAR, malgré leur nombre limité. Elle ne cite pas les missiles sol-sol Milan. Cette liste
est donc imaginaire.
Cependant la présence des missiles sol-air aux mains FPR au CND, signalée d'abord
au début du mois de janvier 1994, était confirmée depuis le mois de février 1994. Les
chancelleries occidentales en étaient informées.
c) Le tir de missiles à partir du camp militaire de Kanombe.
La précision avec la laquelle une demi douzaine de militaires ex-FAR "déclarent que
les tirs de missiles ont été tirés à partir de le clôture de la résidence présidentielle ou
tout près" suppose que ces témoins étaient sur les lieux du tir. Faisaient-ils partie du
détachement de la garde présidentielle déployé au périmètre de défense de la
résidence?
D'autres témoins disent que les tirs seraient partis de l'intérieur du camp ou des
environs du camp sans indiquer de quel côté. Ces témoignages sont vagues, preuve
qu'ils sont forgés. Aucun de ces témoignages ne précise la direction des projectiles. Or
l'avion ne pouvait pas tomber d'aplomb au jardin de la résidence présidentielle s'il a
été abattu par des missiles tirés sur lui à la hauteur de la clôture de la résidence. Il en
est de même si l'avion a été atteint après avoir dépassé la vallée Nyarugunga selon

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Silas Siborurema. A vol d'oiseau ce serait à 200 ou 300 m de la résidence
présidentielle. Un avion abattu ne s'écrase pas d'aplomb au point de l'impact ou à
quelques mètres. Il va s'écraser plus loin en fonction de l'altitude à laquelle il se
trouvait, sa vitesse, sa trajectoire et son poids. Par conséquent si l'avion avait été
atteint par les missiles alors qu'il arrivait au niveau des endroits cités, il se serait
écrasé soit entre la résidence présidentielle et l'hôpital militaire de Kanombe, soit à la
hauteur du camp Kanombe côté nord, soit dans l'enceinte du camp, dans le quartier
de la Compagnie des Bâtiments Militaires et Quartier Maître ou de la Compagnie
Transport, et sinon tout près du bout Est de la piste ou sur la piste même.
Les témoignages recueillis 15 ans après l'attentat par le Comité Mutsinzi ne sont que
des montages suggérés aux témoins conditionnés pour les exposer. Ils ne peuvent
supplanter ceux qui ont été recueillis de première main auprès de la population de
Masaka, Rusororo et Ndera déposant librement le lendemain de l'attentat. Les
habitants de ces localités ont affirmé avoir vu des missiles tirés de la vallée de
Masaka.
Dans ses tentatives de diversion pour se disculper pendant 15 ans, le FPR attribuait
l'attentat à la partie gouvernementale, mais il citait chaque fois Masaka comme le lieu
de départ des missiles. Tandis que le Comité Mutsinzi vire brusquement à 180 degrés
pour couper court avec cette thèse. Il occulte les témoignages qu'il a recueillis sur
cette thèse au cours de la procédure.
Le Comité Mutsinzi n'a pas entendu les habitants du versant Nyarugunga proches du
lieu de départ supposé des missiles que les experts britanniques situent dans le
domaine du camp militaire de Kanombe à moins de 200 m de leurs habitations. Or ces
habitants auraient certainement entendu les détonations ou le souffle au départ des
missiles. Ceux qui se trouveraient dehors pourraient même situer avec précision la
position de lancement. Le Comité a craint que la population ne le désarme en
contredisant d'office sa thèse.
Le fils du Président Habyarimana, Jean Luc qui est le meilleur témoin oculaire de la
triste scène, atteste sans ambages que les missiles ont été tirés à partir de Masaka. En
effet Jean Luc qui attendait le retour de son père était dehors et regardait l'avion venir
de l'horizon. Il a bien vu la direction de provenance des missiles, comment ils ont
atteint l'avion et a assisté à la terrible chute de l'avion devant lui dans le jardin de la
résidence présidentielle. Jean Luc n'a aucun intérêt à couvrir l'assassin de son père
quelle que soit son appartenance politique ou régionale et sa couleur. Si les missiles
avaient été tirés à partir du domaine militaire de Kanombe tel que présenté par le
Comité Mutsinzi, Jean Luc aurait entendu le départ et vu les missiles venir de son
côté droit et non plus loin à Masaka.
d) Le Document: Rwanda Downward Spiral
"Dès le 8 avril 1994, le Département d'Etat Américain reçoit des informations du
Haut Commandement de l' Armée rwandaise selon lesquelles un missile tiré par les
extrémistes Hutu de la Garde présidentielle a abattu l'avion transportant les
Présidents….conformément à l' Ambassade à Kigali et DAO (Defense Attaché
Officer) à Yaoundé. Il est significatif que personne au sein du Commandement
rwandais n'accuse le FPR d'être à l'origine de l' attentat", précise le document.

33

Observation:
Ce rapport semble être de la désinformation destinée à orienter les décisions des
autorités américaines. Il serait important de savoir à quel moment l' Ambassade des
USA à Kigali et DAO à Yaoundé ont reçu ladite information et de la part de qui (la
personne). Il faut savoir si c'est à l' Ambassadeur des USA lui-même que
l'information a été livrée directement ou s'il a été informé par l'un ou l'autre de ses
agents! Le DAO Yaoundé a-t-il reçu l'information directement par la même source
(personne) du "Haut commandement de l'Armée rwandaise"? Si oui, comment ce
service étranger basé à l'étranger recevait-il directement des informations du "Haut
commandement de l' Armée rwandaise"? Sinon a-t-il été informé par l' Ambassade
des USA à Kigali?
Que veut-on dire par "Haut Commandement de l' Armée Rwandaise" puisque cette
terminologie n'était pas d'usage à l' Armée rwandaise? S'il s'agit de l' Etat-major de l'
Armée rwandaise, cela suppose que l'information devrait avoir été livrée à
l'Ambassade des USA par une autorité habilitée pour être acceptée. Si l'information
émane de l' Etat-major de l' Armée rwandaise et qu'elle date du 7 ou 8 avril, ce
devrait être le Colonel Joseph Murasampongo remplaçant momentanément le chef
d'Etat- major qui l'aurait livrée pour lui accorder une certaine probabilité. Le Colonel
BEM Marcel Gatsinzi désigné Chef d'Etat- major ad intérim de l' Armée Rwandaise
n'étant arrivé à Kigali que le 8 avril vers 17 heures et pris ses fonctions dans la
soirée.
Si par "Haut Commandement de l' Armée rwandaise" on veut plutôt dire le
Commandement des Forces Armées rwandaises, terme consacré pour désigner le
Commandement de l' Armée rwandaise et celui de la Gendarmerie nationale réunis
autour du Ministre de la défense, l'information devrait avoir été livrée par le Colonel
Théoneste Bagosora, Directeur de Cabinet au MINADEF, le 7 avril 1994 avant-midi
pour être acceptée comme provenant des FAR, car c'était lui l'autorité habilitée à
parler au nom des FAR (voir notamment tous les communiqués qui sont sortis, c'est
lui qui les signait). Si l'information date du 7 avril après-midi elle devrait avoir été
livrée par le président du Comité de crise créé par la réunion du Commandement des
FAR tenue à l' ESM le 7 avril 1994 à partir de 10 heures, à savoir le Général-major
Augustin Ndindiliyimana. L'information a-t-elle été transmise physiquement à
l'Ambassadeur par l'autorité militaire rwandaise habilitée et bien identifiée qui s'est
déplacée à l'Ambassade ou à l'envoyé de l'Ambassadeur qui s'est déplacé à l'Etat
major de l'Armée rwandaise; a-t-elle été transmise par téléphone par l'autorité
militaire de l'Etat-major de l'Armée rwandaise habilitée, qui téléphonait
habituellement à l'ambassade et dont on reconnaissait la voix pour attester que c'était
bien l'intéressé? Mais si l'information émane de quelqu'un d'autre, elle ne peut être
qu'une manœuvre de diversion montée et lancée par un élément du FPR se présentant
comme étant du Haut Commandement de l'Armée rwandaise ou par un élément de la
cinquième colonne. N'importe quel militaire, quel que soit son rang et sa fonction, ne
pouvait s'arroger le droit de communiquer avec les ambassades. Mon observation est
valable pour la même thèse évoquée par l' Ambassadeur de France au Rwanda dans sa
note du 25 avril 1994 à Paris. De qui avait-il reçu l'information selon laquelle "les tirs
provenaient de Kanombe où se trouve un camp de la garde présidentielle". Il n'y
avait pas de camp de la garde présidentielle à Kanombe. Il y avait seulement un

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détachement commis à la défense en surface de la résidence présidentielle, déployé
sur le périmètre de celle-ci.
Le Commandement des FAR a suspecté le FPR dès l'annonce de l'attentat suite aux
renseignements susmentionnés dont il disposait sur le complot du FPR d'attenter au
président Habyarimana. C'était le point de vue des membres de la réunion spontanée
des officiers supérieurs des FAR tenue en lieu et place du Commandement des FAR
à l'Etat-major de l'Armée rwandaise la nuit du 6 au 7 avril 1994, donc avant la
communication de ladite information à l' Ambassade des USA à Kigali. Il est donc
faux de rapporter que "personne au sein du Haut Commandement de l' armée
rwandaise n'accusait le FPR d'être à l'origine de l' attentat". On était plutôt surpris
par la version de diversion du Général Romeo Dallaire qui s'évertuait à parler
d'accident alors que l'avion était abattu par des tirs d'engins sol-air:
En effet suite aux télégrammes du FPR interceptés par le Commandement
opérationnel de Gisenyi et relayés à l'Etat-major de l'Armée rwandaise, dont les
extraits sont repris ci-dessous, le Commandement de l'Armée rwandaise savait dès le
7 avril 1994 à 7 heures que c'est le FPR qui a commis l'attentat. Par conséquent
aucune autorité habilitée de l'Etat-major de l'Armée rwandaise n'aurait donné
l'information contraire au contenu de ces télégrammes, attribuant l'attentat aux
éléments de la Garde présidentielle à partir de rien. Le lecteur peut tirer la conclusion
lui-même car ces informations se passent de commentaire.
e) Preuves d'assassinat du Président Habyarimana par le FPR
Les messages de félicitation et de réjouissance du FPR interceptés:
-"Nous avons entendu la voix de Radio-Rwanda disant que le tyran et le Président
Burundais sont morts par accident inopiné. Ce n'est pas possible pour nous!. Nous ne
croyons pas comme IKINANI CYANANIYE ABAGOME N'ABAGAMBANYI (c'est à dire
l'invincible) soit mort. Bref, nous félicitons les groupes d'actions en profondeur. La
victoire veut dire avantage remporté à la guerre sur autrui. Moral Haut! ".
(Fax du 07 Avril 1994 à 07H00 du Commandement opérationnel GISENYI)
-RMT du 06 Avril 1994 à 09H00, la réunion qui devrait avoir lieu à MULINDI ce jeudi
07 Avril 1994 est annulée. Je vous remercie et vous félicite de l'opération d'hier. La
récompense est à vous pour le moment. Toutes les unités doivent se mettre en état
d'alerte. La guerre commence..." ( Fax du 07 Avril 1994 à 07H20 du Commandement
opérationnel GISENYI)
-"Vous confie la mission de terminer le projet comme je vous l'ai précisé. Le plan est
presque terminé. Les gorilles (HUTU) ont échoué et les bergeronnettes (TUTSI) ont
gagné le match ...." (R Fax du 07 Avril 1994 à 07H55 du Commandement opérationnel
GISENYI)
-"Vous informons que la mission de notre ESCADRON RENFORCE s'est soldée par une
réussite brillante contre le MRND-CDR et le FRODEBU-PALIPEHUTU. Sachez que le
Chef du pays du Sud (BURUNDI) a succombé avec son Ministre du Plan et celui des
Communications. Dans la Ville principale (KIGALI) on tire dans toutes les rues.... Nous
continuons d'attendre la réaction de nos amis du pays du Sud pour vous donner les

35

nouvelles instructions. Le Chef (MUSEVENI) a regagné KAMPALA sans problème et la
communication de ses services avec nos éléments intérieurs s'est passée dans meilleures
conditions et cela avec l'aide de la Communauté Belge et les Eléments du pays du Sud
nous ont beaucoup aidés pour la Réussite de notre mission qui n'était pas facile à
réaliser. Nous remercions sincèrement tous ceux qui ont contribué à la Réussite de la
mission de notre ESCADRON RENFORCE. Nous félicitons spécialement les spécialistes
infiltrés dans la Ville Principale pour réorganiser l'ESCADRON. Pour chacun de vous
le renfort important vous arrive incessamment. Le Chef (MUSEVENI) est prêt à nous
tenir comme d'habitude la main forte et nous promet de nous accompagner jusque dans
la Ville Principale...:……Courage, notre réussite est irréversible et on pourra nous
donner Rendez-vous tous dans la Ville Principale". (Télégramme INT/OPS/94/691 du 07
Avril 1994 du Commandement opérationnel GISENYI relayé à 08H45)
-"Nous avons tué le Grand Chef avec l'aide de nos amis belges. Malheur à la
deuxième ethnie".
-"C'est une date inoubliable pour nous et même pour notre ethnie .... Si le Président de
la République est tué, on peut dire que nous sommes sûrs de la victoire ...".
La vallée de Masaka est le seul lieu de départ des missiles quel que soit l'auteur de
l'attentat. Pendant les 15 années écoulées le FPR et son lobby tentaient d'impliquer les
FAR par diversion, en retournant les informations sur la complicité belge en la
complicité française, mais ils citaient aussi le lieu de Masaka: Présence à Masaka des
militaires des FAR y compris le Commandant de la Garde présidentielle; présence des
militaires blancs portant l'uniforme français; présence des militaires blancs portant
l'uniforme belge avec des bérets français; présence des militaires blancs portant
l'uniforme belge et des bérets bleus de l'ONU portés à la française. Certaines des ces
informations ont été partiellement publiées par le Comité Mutsinzi. Et maintenant le
même Comité change complètement, oublie Masaka et situe le départ des missiles au
camp militaire de Kanombe ou dans son domaine.

10- Interdiction à la MINUAR d’accéder à certaines zones dont le
camp Kanombe
Extrait du rapport Mutsinzi:
"…dès le matin du 6 avril, la force de la Minuar a été empêchée d’accéder à certaines
zones dont le camp Kanombe, des armes lourdes ont été dissimulées dans l’une des
caches d’armes souterraine, les fréquences des communications militaires ont été
modifiées".
Observation:
Depuis la création de la Zone de consignation des armes KWSA sous le contrôle de la
MINUAR, il fut installé des équipes des observateurs de la MINUAR dans tous les
camps militaires de Kigali y compris le camp Kanombe. Ces observateurs assuraient
la permanence de jour et de nuit et se relayaient. La MINUAR avait pris toutes les
clés des magasins d'armement et ce sont ces observateurs qui ouvraient et fermaient
lors de la relève des personnels de garde. Il y avait pour chaque camp un nombre
déterminé de militaires de garde. La garde montante et la garde descendante prenaient
et remettaient respectivement les armes en présence des observateurs. A Kanombe il y
36

avait une poudrière située dans le domaine du camp en contrebas sud du camp. Il était
soumis au même régime que les magasins des unités situés dans l'enceinte du camp.
D'où venaient ces armes lourdes qui "ont été dissimulées dans l’une des caches
d’armes souterraine", le matin du 6 avril 1994, combien de caches souterraines se
trouvaient au camp Kanombe et dans quel quartier du camp à part la poudrière
susmentionnée?
Concernant les fréquences des communications, si réellement elles ont été modifiées,
ça n'aurait été qu'une opération normale périodique. Il se pourrait alors que par
coïncidence ce soit le 6 avril 1994. Et ceux qui l'on constaté, mais de mauvaise foi,
associent cette opération avec l'attentat. Toutefois si les fréquences ont été modifiées
ça n'aurait pas été fait que pour les unités de Kanombe, car c'est une opération qui
concerne toutes les unités du pays. Et pour le réseau opérationnel, l'Etat-major de la
Gendarmerie Nationale en aurait été avisé puisqu'il en faisait partie. Cette opération
était la prérogative de l'Etat-major de l'Armée pour les Unités territoriales de l'Armée
et le réseau opérationnel.
La seule personne qui peut affirmer ou infirmer cette opération, c'est le Colonel
Joseph Murasampongo qui remplaçait momentanément le Chef d'Etat-major de
l'Armée pour les affaires courantes, en tant que le Chef de service le plus ancien
présent à ce moment-là. C'est lui-même et le seul qui aurait signé le message de
changement de fréquences adressé aux Unités, Secteurs opérationnels, Ministère de la
défense et Etat-major de la Gendarmerie. Pour signer le message, l'officier des
transmissions de l'Etat-major devait lui présenter le projet du message avec le
calendrier des changements de fréquences préétabli. Le Comité Mutsinzi l'a-t-il
contacté pour pouvoir accréditer cette information? Ce Comité a-t-il du moins
interrogé le Général Ndindiliyimana qui était le chef d'Etat-major de la Gendarmerie
et qui est disponible à Arusha?
Accès et départ du Commando FPR à Masaka.
Il sied de rappeler que la circulation était libre. Il n'y avait pas de couvre-feu, pas
d'unités des FAR déployées dans la zone, ni de point de contrôle ou barrage sur la
route Kigali-Musha-Rwamagana. Le FPR se déplaçait librement dans la zone sous
contrôle de la MINUAR. Masaka se trouvait dans ladite zone. Les éléments du FPR
en civil ne pouvaient pas être reconnus car le contrôle de routine de pièces d'identité
par la Gendarmerie avait été interdit par la Première Ministre Agathe Uwilingiyimana.
Après le tir, le commando a enfoui les lanceurs dans les buissons où ils ont été
découverts le 25 avril 1994 par la population déplacée venant de l'Est qui y
aménageait des abris. Le commando peut être rentré à Kigali en véhicule civil,
endéans 20 minutes, passant inaperçu à Mulindi et Remera comme tout autre
véhicule; il peut avoir pris la direction de Rwamagana et disparaître dans la nature; il
peut s'être dissimulé chez les connaissances à Masaka, Rusororo, Kabuga, Musha,
etc…et rejoindre les Unités du FPR en marche sur Kigali.

11- La Boîte Noire
Lorsque le Falcon 50 du Président Juvénal Habyarimana a été abattu dans la soirée du 06
avril 1994, comme par miracle, il est tombé dans les jardins de la Résidence
Présidentielle à Kanombe située en effet dans l'axe Est d'approche, d'atterrissage et de
37

décollage de l'Aéroport International Grégoire Kayibanda (Aéroport de Kanombe).
L'avion s'est donc écrasé à l'intérieur d'une zone sécurisée. Après le crash de l'avion on
a requis le concours des Militaires de la coopération française instructeurs au Bataillon
Para pour rechercher la Boîte Noire dans les débris et sur l'épave du Falcon 50. En effet
le Commandement de la Garde présidentielle savait que l'avion avait une Boîte noire,
mais personne ne connaissait la boîte noire pour pouvoir l'identifier. Apparemment les
instructeurs Para de la coopération française ne la connaissaient pas non plus, tel qu'on
va le voir ci-dessous. Les mécaniciens de bord de l'avion Para Nord Atlas se trouvaient
avec l'avion à Dar-es-Salaam, car l'avion avait été requis pour transporter la Délégation
rwandaise.
Toutefois les deux équipes de fouille ont retrouvé un boîtier noir et ont convenu que
c'était la boîte noire. La Garde Présidentielle a remis ce boîtier à l'Etat-Major de l'Armée
Rwandaise (EMAR). Comme personne à l'EMAR ne connaissait non plus la Boîte noire,
on a pris ce boîtier comme une Boîte noire authentique. Le Directeur Général de
l'Aéronautique, Mr Stanislas Simbizi a aussi pris soin de récupérer les Bandes
magnétiques d'enregistrements des Communications de vols et le Registre de vols de la
Tour de contrôle de l'aéroport et les a remis à l'Etat-major de l'Armée rwandaise pour
leur sécurité. Ce matériel fut gardé par le major BAM Gérard Ntamagezo alors mon
adjoint. A mon retour de mission de Yaoundé le 9 avril 1994 le major Ntamagezo me le
remit. Tout ce matériel a été confié au médiateur, le Président Mobutu, pour sa sécurité
et les besoins de l'enquête. Je l'ai remis en mains propres au Président Mobutu le 1 mai
1994 à Gbadolite. Le matériel a été plus tard mis à la disposition du Capitaine Français
Paul Barril par le Président Mobutu, car en 1991 le Rwanda avait aussi remis à la France
un lance-missile qui avait été saisi sur le FPR au front, et avait demandé à la France
d'aider à en identifier le genre et la provenance.
Après les investigations préliminaires et notamment le décryptage des bandes
magnétiques, le Capitaine Barril a tenu un débat télévisé au cours duquel il a fait état
des pièces à conviction qu'il détenait, y compris la Boîte Noire du Falcon 50 abattu.
Un représentant de la Compagnie Dassault a fait objection sur la possibilité d'avoir
retrouvé la boîte noire, disant que l'avion n'avait pas la boîte noire au dernier
entretien, c'est-à-dire en octobre ou novembre 1993. Toutefois il n'a pas dit que
l'avion n'a jamais possédé une boîte noire. Cela a créé le doute sur l'authenticité de la
pièce détenue par le capitaine Barril, mais aussi il a laissé entendre que la boîte noire
pouvait avoir été démontée soit à l'avant-dernier entretien après son contrôle, soit
entre l'avant-dernier et le dernier entretien. En tout cas ce n'est pas le mécanicien de
bord qui aurait démonté cette boîte entre les deux entretiens. Le démontage à l'avantdernier entretien en préparation de l'attentat semble plus plausible.
Les investigations du juge Bruguière ont permis de découvrir dans les locaux de
l'ONU une Boîte noire attribuée également au Falcon 50 Rwandais. Quand le Journal
Le Monde a publié des éléments d'enquête du juge Bruguière et révélé la découverte
de la boîte noire dans les locaux de l'ONU à New York, les différentes hautes
personnalités de l'ONU se sont agitées et ont prétendu qu'elles ignoraient l'existence
de cette boîte noire dans les armoires du Secrétariat Général de l'ONU. Tandis que le
Général Dallaire a déclaré au cours d'une conférence à l'Université Nationale du
Rwanda (UNR), le 10/04/2004, que cette boîte avait été ramassée sur le lieu du crash
le 24 mai 1994, et qu'il l'a envoyé lui-même à l'ONU en mai 1994 (Voir La Nouvelle
La Relève No 486 du 15 au 30/04/2004).

38

L'article de Patrick de Saint-Exupéry paru dans LE MONDE du 08.04.09 nous
apprend que cette boîte noire appartenant au Concorde 209 d'Air France, immatriculé
F-BVFC, a été trouvée par l'ONU le 27 mai 1994 (bien que le Général Dallaire dise le
24 mai), abandonnée à proximité du crash. C'est donc 7 semaines après l'attentat que
l'ONU a trouvé la fausse boîte sur les lieux du crash, 4 ou 7 jours après l'occupation
des lieux par le FPR.
Par acquit de conscience l'ONU a mis sur pied une Commission spéciale pour faire le
décryptage de la boîte noire découverte dans les armoires de ses locaux. La
Commission a attesté qu'il s'agit d'une fausse boîte noire n'appartenant pas au Falcon
50 Rwandais. Les éléments publiés faisaient aussi état d'une tentative de manipulation
de ladite boîte pour y injecter les données de vol du 06 avril 1994, mais les
manipulateurs ont échoué.
Ce que je pense de cette affaire
Les compagnies Dassault et Air France qui entretenaient conjointement l'avion
peuvent s'être lancé la balle et l'une n'a pas voulu couvrir l'autre. Celle qui semble être
responsable de la disparition de la boîte noire authentique, a alors été obligée, avec
ses commanditaires, de chercher une fausse boîte noire de substitution, car la boîte
noire authentique devait avoir été détruite après son démontage. Pour faire croire que
la boîte noire de substitution venait de l'avion abattu, on l'a d'abord envoyée à Kigali
et déposée " à proximité du crash", 7 semaines après l'attentat alors que le FPR
occupait le lieu depuis une semaine. Mais le Comité Mutsinzi n'a pas fait des
investigations sur la provenance de la fausse boîte noire et son cheminement jusqu'à
Kigali pour ne pas dévoiler le circuit!
Les FAR ont gardé la position sur le lieu du crash jusqu'au 20 mai 1994 et se sont
exfiltrées dans la soirée du 20 au 21 mai 1994. Le FPR a occupé cette même position
le 21 mai 1994 au petit matin et la MINUAR a été sur les lieux le même jour selon
Patrick de Saint-Exupéry. La fausse boîte noire ayant été trouvée sur la position 4 ou
7 jours après son occupation par le FPR, ce dernier sait comment elle y est arrivée! La
fausse boîte noire a donc été déposée après la première visite de la MINUAR qui
n'avait rien trouvé sur le lieu du crash, puis le FPR a appelé la MINUAR pour la
ramasser quelques jours plus tard.

12- La Réunion spontanée de crise tenue la nuit du 6 au 7 avril 1994 à
l'Etat-major de l'Armée Rwandaise.
Extrait du rapport Mutsinzi:
Le soir même de l’attentat, une réunion de crise fut convoquée à l’état-major au camp
Kigali par le colonel Bagosora qui la présida. Le général Dallaire qui y était convié à
demandé que la MINUAR ait la permission de garder l’endroit de l’Accident pour
qu’une véritable enquête puisse avoir lieu ». Dallaire relate que « Bagosora a
acquiescé tellement rapidement que j’ai immédiatement pensé que soit il n’avait
rien à cacher soit il avait déjà cacher ce qui devait l’être».[….] Le constat du colonel
Luc Marchal est sur ce point éclairant : « [Le 06 avril 1994] à 2230 Hrs, j’ai été
convoqué à l’Etat-major Général des FAR, par le Gen. Dallaire. Y étaient présents le
Gén. DALLAIRE, le Gén. NDINDILIYIMANA, le Col. RUSATIRA, le Col.
39

BAGOSORA et des officiers d’Etat-Major des FAR et de la GD ainsi que moi-même.
[…..]».
Observation:
La réunion de crise qui fut tenue à l'Etat-major de l'Armée rwandaise la nuit du 6 au 7
avril 1994 fut spontanée. Il est donc faux de prétendre qu'elle a été convoquée par qui
que ce soit et notamment par le Colonel Bagosora. En effet à l'annonce de la triste
nouvelle de l'attentat contre l'avion présidentiel des officiers de l'Etat-major de l'
Armée Rwandaise (EMAR), de celui de la Gendarmerie Nationale et du Ministère de
la défense résidant à Kigali (centre ville) se sont rendus spontanément à l'EMAR pour
avoir des précisions sur ce qui venait de se passer et connaître l'attitude à prendre,
conformément aux Ordres Permanents des FAR, selon lesquels tout militaire devait se
rendre dans le camp militaire le plus proche de sa résidence en cas de Crise.
Après la certitude que le Président de la République et le Chef EMAR avaient trouvé
la mort dans l'attentat, les officiers supérieurs présents d'abord en désarroi total et
perplexes prirent enfin le courage et décidèrent de tenir une réunion pour voir
comment gérer la crise. Le Colonel BE MS Théoneste Bagosora n'y était pas à ce
moment-là. Ce sont ces officiers qui pensèrent à l'appeler pour diriger cette réunion en
tant que Directeur de Cabinet du Ministre de la Défense, puisqu'elle regroupait des
représentants des deux Forces, à la place du Ministre de la Défense qui était en
mission à l’étranger. Au moment où ces officiers le cherchaient il n'était pas encore
chez lui. Il sera avisé par son épouse à son arrivée à la maison et se rendra à l'EMAR.
De même le Colonel Léonidas Rusatira, commandant de l' Ecole Supérieur Militaire
rejoignit ses camarades à l' EMAR. Les officiers ont pensé à y convier le
Commandant de la MINUAR le Général Romeo Dallaire pour recueillir ses avis et
conseils et qu'il soit témoin des mesures préconisées par les FAR puisqu'elles
n'avaient rien à cacher. Le Général Dallaire s'est fait accompagner par le Colonel
BEM Luc Marchal. Cette réunion spontanée de crise a examiné les points suivants:
-Appréciation de la situation qui prévalait; -Combler le vide du Commandement de
l'AR; -Comment combler le vide institutionnel et politique; -Informer le peuple et le
tranquilliser.
Aucun commandant d'unité n'a été convié ou convoqué à cette réunion. Par
conséquent, le témoignage du Cpl Nyirinkwaya Jean-Damascene, recueilli à Kigali, le
06 juin 2008 selon lequel: "Après l’attentat, la réaction immédiate a été de tirer
plusieurs balles en direction de Masaka. Puis, un rassemblement a été ordonné. Le
major Ntabakuze nous a dit: "Voilà, on vient de nous couper la tête. Maintenant, ce
qui reste c’est de nous venger. Nous partons pour l’instant à l’état-major, dans une
réunion urgente, vous attendrez la décision qui sera prise", n'est qu'un montage. Le
Major Ntabakuze n'est pas allé en réunion à Kigali puisqu'il n'y fut pas appelé et s'est
rendu plutôt à la résidence présidentielle à Kanombe pour s'occuper du ramassage des
corps des victimes.
Par ailleurs les allégations du Général Dallaire selon lesquelles: « Bagosora a
acquiescé tellement rapidement que j’ai immédiatement pensé que soit il n’avait rien à
cacher soit il avait déjà caché ce qui devait l’être», sont tendancieuses! Pourquoi
lui prête-t-il de la mauvaise foi ou des mauvaises intentions si tôt? A mon avis c'est
une preuve que le Colonel Bagosora était désigné à l'avance comme bouc émissaire

40

des événements qui venaient d'être déclenchés par ceux-là mêmes qui les ont
planifiés, et Dallaire devait en être au courant!
Les commandants d'unités n'ont été convoqués qu'à la réunion du commandement des
FAR tenue à l'ESM le 7 avril 1994 à partir de 10H00 qui a mis en place un comité
militaire de crise ayant la mission spécifique d'aider les partis politiques à combler le
vide institutionnel.
Les Accords d'Arusha ne prévoyaient pas le processus de remplacement du Président
de la République en cas d'incapacité ou de décès de celui en place avant le début de la
transition. L'Accord de Paix ne devait être appliqué que pendant la Transition, c'est-àdire après la mise en place du Gouvernement de Transition à base Elargie (GTBE)
conformément à l’Accord de Paix d'Arusha: Questions diverses et Dispositions
finales, article 22. Le GTBE n'étant pas encore mis en place, la clause de l' Accord
d'Arusha relative au remplacement du Chef de l'Etat ne pouvait être appliquée. Mais
les dispositions de la Constitution de juin 1991 non modifiées par l’Accord de Paix
d’Arusha restaient valables. Les Partis politiques se sont alors référés à la Constitution
de juin 1991. C’est ainsi que le Président du Parlement, le Dr Théodore
Sindikubwabo, a été désigné comme Président intérimaire. Le gouvernement
intérimaire devait gérer la crise, procéder à la pacification du pays et poursuivre les
pourparlers pour mettre en place les Institutions de transition en commençant par la
présentation du candidat à la Présidence de transition par le parti MRND. Le FPR a
tout fait pour handicaper l'action du gouvernement intérimaire, a empêché la poursuite
de l'application de l' Accord de Paix et a privilégié la guerre.

13- La découverte des 2 lance-missiles
Ma mise au point complète le témoignage du Colonel Théoneste Bagosora car il a
relaté non assez correctement certaines informations dont je suis le seul détenteur.
Dans sa longue plaidoirie sur la découverte des lance-missiles, de la page 158 à 170,
le Comité Mutsinzi s'étend sur la date de la découverte qui est un détail au lieu des
éléments essentiels: le fait (découverte), le lieu (vallée de Masaka) et l'objet (lancemissiles). Or tous les témoins qu'il a entendus attestent ces trois éléments essentiels
du débat bien qu'ils divergent sur la date de la découverte qu'un témoin qui n'a pas
pensé à la mémoriser peut toujours oublier. Que la découverte ait eu lieu entre le 7 et
le 11 avril ou plus tard après l'attentat, le Comité Mutsinzi ne peut le contester car il
n'aurait pas d'arguments de contredire tous ces témoins. Par contre les FAR n'auraient
pas de raison ni d'intérêt à postdater la découverte. Cependant si la découverte des
lance-missiles avait eu lieu entre le 7 et le 11 avril 1994 le Commandement du camp
Kanombe en aurait informé l'Etat-major de l'Armée rwandaise et celui-ci lui aurait
intimé l'ordre de les apporter sans attendre le 25 avril 1994. Je l'aurais appris et je les
aurais vus avant mon départ en mission au Zaïre à partir du 21 avril 1994, date à
laquelle j'ai quitté Kigali avec le Général Marcel Gatsinzi. Nous avons rejoint les
Ministres André Ntagerura et Agnès Ntamabyaliro à Gisenyi et toute la délégation
s'est rendue à Kinshasa le 22 avril 1994.
Au cours de mon séjour à Gbadolite j'ai informé le Président Mobutu que je détenais
une pièce qui avait été ramassée sur le lieu du crash du Falcon 50 présidentiel, qu'on
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croyait être la boîte noire, et les bandes d'enregistrement sonores de la tour de
contrôle. Alors que notre délégation devait poursuivre la mission à Dar-es-Salaam,
moi je suis retourné à Kigali pour prendre ces objets et les apporter au Président
Mobutu pour leur sécurité et les besoins de l'enquête.
Or c'est à mon retour à Kigali le 28 avril 1994 dans la soirée que j'ai trouvé un lancemissile dans la salle des opérations installée dans la cave du Mess des officiers. Je fus
alors informé qu'il s'agissait de 2 lance-missiles mais que le Ministère de la défense a
estimé qu'il ne fallait pas les garder ensemble et a décidé d'en garder un à sa propre
discrétion pour des raisons de sécurité. Je reçus aussi l'original du rapport
d'identification des 2 lance-missiles établi par le Lt Ir Augustin Munyaneza, attestant
leur découverte dans la vallée de Masaka le 25 avril 1994 après-midi par la
population déplacée en provenance de l'Est qui débroussaillait les lieux pour y
installer un campement. Mais les déplacés de guerre qui les ont découverts ont évacué
les lieux le lendemain à l'aube sans qu'on puisse acter leurs déclarations.
Comme je devais retourner à Gbadolite j'ai pensé à emmener les deux lance-missiles
pour les confier également au Président Mobutu. J'ai pris celui qui était à l' Etatmajor de l'Armée rwandaise et je suis allé voir le Ministre de la défense, Mr Augustin
Bizimana, à Gitarama pour lui demander le 2ème. Il m'a dit d'emmener celui que
j'avais, mais qu'il garde le 2ème pour les raisons susmentionnées, quitte à le remettre
plus tard. Je devais seulement informer le Président Mobutu qu'il y avait un deuxième
que nous gardions.
Puisque je ne pouvais pas traverser la frontière avec ce lance-missile alors que les
autorités militaires zaïroises n'étaient pas prévenues, je l'ai laissé au commandant du
Secteur opérationnel de Gisenyi, Lt Colonel BEMS Anatole Nsengiyumva lui disant
que j'allais en aviser le Président Mobutu afin qu'il donne au Commandant de la
région militaire de Goma l'ordre de venir le prendre. C'est ce qui fut fait.
Le 1 mai 1994, à la remise du boîtier noir et des bandes d'enregistrements sonores au
Président Mobutu, je lui ai parlé également de la découverte des lance-missiles dont
l'un était en attente à Gisenyi. Il a alors donné des instructions au commandant de la
région militaire de Goma pour le récupérer. Par ailleurs je l'ai informé que les FAR
avaient saisi un autre lance-missile et son missile sur le FPR dans le parc de l'Akagera
en mai 1991 et que ce matériel avait été confié à la France pour nous aider à
l'identifier. A mon retour à Gisenyi le 4 mai 1994 le commandant de la région
militaire de Goma, Général de Division Tembele avait déjà pris celui que j'avais laissé
à Gisenyi. Tembele l'a ensuite envoyé à Kinshasa aux Services de sécurité de Mobutu,
plus précisément au commandant de la Garde Civile, le Général d'Armée Baramoto.
Les lance-missiles n'ont donc pas été gardés tous les deux pendant longtemps au
Ministère de la défense contrairement à l'extrait de la déclaration du Colonel
Théoneste Bagosora à la page166 du rapport Mutsinzi. Le Ministère n'y a gardé qu'un
seul, qu'il a ensuite transféré à Gisenyi à la garde du Lt Colonel Anatole
Nsengiyumva qui l'a emmené et gardé en exil à Goma. Les lance-missiles n'ont pas
non plus transité par les entrepôts du camp Kigali, contrairement aux dires du 1er Sgt
Bisengimana Apollinaire à la page 169 du rapport Mutsinzi.

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Lorsque le Lt Col Anatole Nsengiyumva a quitté Goma pour Nairobi ou le
Cameroun il a remis au Colonel Théoneste Bagosora le 2ème lance-missile qu'il
gardait. Ensuite le Colonel Théoneste Bagosora l'a remis au Quartier général des FAR
en exil à Burengo-Goma (Lac Vert). Je l'ai repris automatiquement sous ma
responsabilité. Mais suite à la situation sécuritaire précaire j'ai senti la nécessité de le
confier au Président Mobutu à la fin du mois de mars 1995. J'en ai fait part au
Ministre de la défense, le Col BEM Athanase Gasake qui avait remplacé Augustin
Bizimana en novembre 1994. Je l'ai alors confié au commandant de la région militaire
de Goma, le Général Tembele le 1er avril 1995. Il l'a également envoyé à son tour au
Général Baramoto à Kinshasa comme le premier. Le Colonel Bagosora ne maîtrisait
pas ce dossier. Il ne connaît pas les détails des démarches que j'ai faites auprès du
Président Mobutu et de ses services de sécurité.
La découverte des deux lance-missiles n'a pas fait l'objet de large diffusion sur le
réseau radio des FAR, la preuve étant que même le Général Augustin Ndindiliyimana,
chef d'Etat-major de la gendarmerie n'a pas été informé. En effet l'un des lancemissiles a été gardé dans la discrétion au Ministère de la défense. Puis il a été évacué
à Gisenyi et mis à la garde du Commandant de secteur opérationnel. L'autre n'a passé
que 4 jours dans la salle des Opérations à l'Etat-major de l'Armée. Puis je l'ai évacué à
Gisenyi le 29 avril 1994 et il fut envoyé à Kinshasa. Le Général Ndindiliyimana ne
pouvait le savoir que s'il avait été à l'Etat-major de l'Armée et précisément dans la
salle des opérations entre le 26 et le 29 avril à 11 heures.
Le rapport Mutsinzi est plein d'incohérences et contradictions à ce sujet. J'en donne
l'exemple sur les déclarations de Rugengamanzi Protais (page 168) qui prétend que
les lance-missiles ont été emmenés au camp Kanombe par le Lt Colonel Nzabanita le
7 avril 1994 vers 7 heures à bord d'un camion rempli de militaires; tandis que le 1er
Sgt Munyaneza Emmanuel (page 169) situe également la découverte des lancemissiles entre le 7 et le 10 avril 1994, mais il dit que c'est le chauffeur du Major
Ntabakuze qui les a emmenés au camp à bord d'une jeep land Rover! Il n'est donc
point besoin de reprendre tous les faux témoignages pour les contredire un par un. Ils
sont tous les mêmes. Tous ces gens ont tout simplement appris d'une manière ou d'une
autre qu'il y eut découverte de lance-missiles et ils échafaudent chacun son histoire.
Par contre en plus des 2 témoins de Kivuye qui attestent que les lance-missiles ont
été retrouvés entre 10 jours et 3 semaines après l'attentat, soit entre le 17 et le 28 avril
1994, et ont assisté sinon participé à leur découverte, le nommé Gabriël Ntamumaro,
un haut fonctionnaire qui habitait en haut de la route au niveau du Km 19 a attesté la
découverte et la remise desdits engins par les déplacés de guerre et leur remise aux
militaires du camp Kanombe qui étaient venus puiser de l'eau au robinet du Km 19, le
25 avril 1994.
Disparition des lance-missiles
A la prise du pouvoir à Kinshasa le 15 mai 1997 par Laurent Désiré Kabila, ils étaient
dans les entrepôts du camp militaire Kokolo. Le commandant du camp Kokolo était le
commandant John Numbi, actuel Inspecteur général de la police congolaise. Le
Général James Kabarabe, actuel Chef d'Etat- major des Forces Rwandaises de
Défense était le Chef d'Etat-major général des Forces Armées Congolaises secondé
par Joseph Kabila. Les deux lance-missiles ont disparu ni vu ni connu. J'ai appris que
le Commandant John Numbi n'a pas voulu témoigner sur ce sujet devant le juge
antiterroriste français Jean Louis Bruguière en commission rogatoire à Kinshasa en

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juillet 2001. Embarrassé de dire la vérité, il a préféré le silence plutôt que de mentir!
Par contre s'il n'avait jamais eu connaissance de l'existence desdits lance-missiles il
l'aurait déclaré sans difficulté. Le Comité Mutsinzi a-t-il fait des recherches pour
retrouver ces deux lance-missiles? En tout cas le général John Numbi et le Général
James Kabarebe, et même Joseph Kabila, connaissent leur destination!

14- Etablissement et signature des ordres de mission à
l'étranger
Extraits du rapport Mutsinzi:
"En dernière minute, le chef d’état-major, le général Nsabimana, qui s’opposait au
projet de génocide, reçut un ordre de mission émanant du colonel Bagosora,
l’obligeant à accompagner le président en Tanzanie. Un ordre d’autant plus
surprenant que les deux hommes ne voyageaient jamais en même temps. […..]
Lors du retour, le général Nsabimana ainsi que le médecin personnel du président, le
docteur Akingeneye, essayèrent d’éviter d’embarquer dans l’appareil où le président
du Burundi avait déjà pris place de manière inopinée, mais ils y furent invités par
Habyarimana lui-même et, selon des témoins, « c’est en tremblant qu’ils
s’embarquèrent »…
Runyinya Barabwiriza qui était conseiller aux affaires politiques à la présidence de
la République, ……a signalé au Comité que certaines personnalités rwandaises, dont
le chef d’état-major, se sont rendues au sommet de Dar-es-Salam sans qu’il ait émis
leurs ordres de mission respectifs et a précisé qu’il ne connaît pas l’identité de la
personne qui a ordonné leur départ à Dar-es-Salaam :« L’établissement des ordres
de mission des officiels de l’Etat relevait de mes compétences. Le ministère des
affaires étrangères me donnait une liste de personnalités prévues pour le départ, puis
je procédais à l’établissement de leurs ordres de mission. A mon départ de Kigali
vers Dar-es-Salaam le 05 avril, j’avais signé les ordres de mission de tous les
membres de la délégation, mais celui du général Nsabimana n’y figurait pas……..».
Jean-Marie Vianney Mvulirwenande, conseiller charge de l’information et de la
communication à la présidence de la République de 1992 à 1994 a souligné……..
« En principe, pour les délégations de haut niveau comme celle qui s’était rendue à
Dar-es-Salaam en avril 1994, c’était le président de la République qui signait en
dernier ressort les ordres de mission que lui présentaient son directeur de cabinet ou
l’un de ses conseillers. L’organisation des missions se faisait en concertation avec le
ministère des affaires étrangères, mais c’était le Président qui apposait sa signature
sur la liste de personnes qui devaient partir. ……»
Mvulirwenande précise comment se faisaient les ordres de mission des hauts officiers
en signalant le rôle primordial que jouait le colonel Bagosora, en sa qualité de
directeur de cabinet au ministère de la défense :« Comme le ministre de la défense
était en mission, c’est le directeur de cabinet au MINADEF, le colonel Bagosora, qui
avait la compétence d’établir en son absence les ordres de mission. …….»
Kamana Francois, …… fait un récit identique à celui de Jean-Marie Vianney
Mvulirwenande sur plusieurs aspects,….« Lorsque c’était une délégation de deux ou
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plusieurs personnes qui se rendait à l’étranger, on la mettait sur un ordre de mission
collectif comprenant les noms de tout un chacun, et le président de la République y
apposait sa signature. Sur l’ordre de mission qui nous a été délivrée avant notre
départ à Dar-es-Salaam, les noms de Sagatwa et de Nsabimana n’y figuraient pas…..
La question qui m’a hanté après que j’ai lu l’ordre du jour du Sommet qui était
consacré au Burundi a été celle de me demander pourquoi le président Habyarimana
s’était déplacé avec le chef d’état-major alors que le pays était en guerre. Dans ma
position de garde du corps, je ne pouvais pas en savoir plus, mais il est vrai que c’est
une question qui m’a traversé la tête car je n’ai pas compris cette logique-là de voir
que le Président était venu au Sommet avec le chef d’état-major pour participer à une
réunion dont l’objet principal était le Burundi. Cela n’arrivait jamais qu’ils se
déplacent ensemble. J’ai interprêté ce déplacement de Nsabimana en me disant que
durant son séjour avec le Président, qu’ils allaient peut-être préparer une opération
militaire très importante pour laquelle l’avis du chef d‘état-major était nécessaire ».
Observation:
Les Ministres ou en leur absence les Directeurs de cabinet ne signaient jamais les
ordres de mission à destination de l'étranger. La signature des ordres de mission pour
l'étranger était la prérogative exclusive du Président de la République. Le Colonel
Bagosora bien que Directeur de cabinet ne pouvait pas donner un ordre à un Généralmajor, Chef d'Etat-major de l'Armée, d'aller coûte que coûte en mission, alors qu'il ne
pouvait même pas l'en enjoindre à un soldat, puisqu'il n'en avait pas le pouvoir.
Il y a contradiction entre les allégations de Runyinya qui prétend que c'est lui qui a
signé les ordres de mission de tous les membres de la délégation rendue à Dar-esSalaam et le témoignage de J.M V Mvulirwenande qui précise que les ordres de
mission étaient signés par le Président de la République, même s'il ne révèle pas que
c'est bien le président qui a signé les ordres de mission pour Dar-es-Salaam. Tandis
que François Kamana est plus explicite et précise que l'ordre de mission pour Dar-esSalaam était bel et bien signé par le président de la république. Comme le Comité
Mutsinzi est obnubilé par l'incrimination du Colonel Bagosora, il n'a pas pu relever
cette contradiction. Runyinya Barabwiriza qui est prisonnier ne pouvait dire que ce
que le FPR voulait qu'il dise jusqu'a s'attribuer la prérogative du Président de la
République.
Même l'ancien Ministre de l'Intérieur, Munyazesa Faustin qui faisait partie de la
délégation atteste qu'ils avaient un ordre de mission collectif signé par le Président de
la République et non par le Conseiller Runyinya Barabwiriza.
Quant à l'allégation de Mvulirwenande selon laquelle en l'absence du Ministre de la
défense c'est le Directeur de cabinet, en l'occurrence le Colonel Bagosora qui avait la
compétence d'établir les ordres de mission, c'est une aberration qui vise aussi à
inculper le Colonel Bagosora. Les départements ministériels n'établissaient pas les
ordres de mission. Lorsqu'ils initiaient une mission ils rédigeaient un mémorandum
sur la mission, le transmettaient au Président de la république à travers le Ministère
des Affaires Etrangères et proposaient les noms des membres de la délégation.
L'établissement des ordres de mission des personnes retenues était alors de la
compétence des services concernés de la présidence qui les présentaient à la signature
du Président de la république. Le Colonel Bagosora ne pouvait en aucun cas établir
l'ordre de mission du Général Nsabimana alors qu'il n'avait même pas à le proposer

45

puisque la mission n'était pas initiée par le MINADEF. Par contre la Présidence ou le
Ministère des Affaires Etrangères pouvait demander à un département non initiateur
de la mission de fournir un candidat, en précisant le nom en cas de besoin, en fonction
de ses compétences dans le domaine de cette mission. Le département avisait
l'intéressé mais ce n'est pas lui qui établissait son ordre de mission.
Tandis que François Kamana qui dit que « Lorsque c’était une délégation de deux ou
plusieurs personnes qui se rendait à l’étranger, on la mettait sur un ordre de mission
collectif comprenant les noms de tout un chacun….», c'est un constat normal parce
que ça se faisait, mais ce n'était pas une règle. C'était une question de facilité
administrative ou d'économie du temps pour ceux qui les établissaient ou même
d'épargner au Président de poser plusieurs signatures pour une même mission. Mais
souvent le chef de la délégation avait un ordre de mission séparé. Un membre d'une
délégation pouvait être désigné après la signature de l'ordre ou des ordres de mission
des autres. Il bénéficiait alors de son propre ordre de mission. Mais ce n'est pas le cas
du Général Nsabimana puisqu'il avait été désigné assez tôt.
Mais quand un caporal s'arroge le droit de juger de l'importance d'un sommet des
chefs d'Etat et de la qualité des membres de la délégation qui doivent y participer c'est
alors le renversement de la pyramide! Non seulement le Président Habyarimana s'est
fait accompagner par son chef d'Etat-major le Général Déogratias Nsabimana, mais
aussi le Président Ntaryamira s'est fait accompagner par son chef d'Etat-major le
Colonel Jean Bikomagu. Et c'était pour la première fois dans l'histoire des pays de la
région qu'on traitait de question de la création d'une force conjointe pouvant intervenir
dans un pays qui connaîtrait des troubles, alors prévisibles au Burundi.

Précision sur le voyage du Général-major Déogratias Nsabimana à Dar-esSalaam le 6 avril 1994.
Je démens catégoriquement les allégations du rapport du Comité Mutsinzi selon
lesquelles "La décision de faire voyager le chef de l’état-major de l’armée avec le
président de la République pour aller à Dar-es-Salaam était tout à fait anormale et
semble relever d’un complot. Nsabimana a été informé par Bagosora la veille de son
départ. Se trouvant en déplacement à Ruhengeri, Nsabimana a été rappelé en hâte
pour qu’il rentre à Kigali. Des témoins ont affirmé que le président Habyarimana
n’était pas informé de l`accompagnement de son chef d’état-major et l’a appris en le
voyant à l’aéroport de Kigali le matin du 06 avril avant le départ. Une situation qui
suscite bien des interrogations".
Ces allégations du rapport du Comité Mutsinzi sont une pure fabrication. D'abord le
Général Nsabimana n'a fait aucun déplacement le 5 avril 1994 d'après son ancien
secrétaire particulier. Ensuite le Colonel Théoneste Bagosora n'avait ni le pouvoir, ni
la compétence, ni le droit de désigner le Chef d'Etat-Major de l'Armée Rwandaise
pour l'envoyer en mission à l'étranger, ou d'introduire une personne dans la délégation
du chef de l'Etat.
Le Général Déogratias Nsabimana n'a pas été informé de sa mission à la dernière
minute. Il a été informé le 29 mars 1994. Ce matin là il est venu au service à 7 Heures
en tenue militaire comme d'habitude. Après un court moment passé au bureau il est

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allé visiter la Garde Présidentielle au camp Kimihurura. Vers 10 heures il a été appelé
par le Ministre de la défense et a interrompu sa visite au camp Kimihurura. Vers 11
heures il est revenu au bureau en costume civil. Il m'a appelé et m'a demandé
d'amener le photographe pour lui prendre des photos passeports. La photographie
était une sous-section de la section audio-visuelle de mon département (Service G2).
Le Général Nsabimana m'a dit qu'il avait besoin de ces photos parce qu'on allait lui
faire un passeport diplomatique pour aller en mission à l'étranger, la première depuis
qu'il était rentré de la diplomatie il y avait 7 ans précisait-il. Il ne m'a pas révélé sa
mission. Le développement des photos était fait dans l'après-midi et je les lui ai
données. Dans cette période je me préparais aussi à aller en mission à Yaoundé au
Cameroun et au Ghana avec le Ministre de la Défense Mr Augustin Bizimana. Je suis
parti le 3 avril 1994 de bonne heure et le Ministre a suivi le 5 avril 1994. Le Général
Nsabimana a donc été averti bien avant son départ en mission puisqu'il a commencé
à s'y préparer le 29 mars 1994, avant mon départ le 3 avril 1994. A mon départ le 3
avril je n'étais pas au courant du voyage du Chef de l'Etat à Dar-es-Salaam, tout
comme j'ignorais la mission dans laquelle le Général Nsabimana devait aller. Ce n'est
qu'après l'attentat du 6 avril 1994 que le Ministre de la Défense Augustin Bizimana
qui venait d'arriver en début de soirée à Yaoundé nous racontera (les membres de sa
délégation) les détails. Le Ministre nous a dit que Dieu l'a sauvé, puisque c'est lui qui
serait mort avec le Président s'il l'avait accompagné et non le Général Déogratias
Nsabimana. En voici le récit:
C'est au Ministre de la Défense Mr Augustin Bizimana que le Président a dit de
l'accompagner, le 29 mars 1994 matin, après avoir reçu le compte-rendu de
l'Ambassade du Rwanda à Dar-es-Salaam de la réunion que le Ministre des Affaires
Etrangères Tanzanien avait tenue avec les Ambassadeurs des pays de la Région le 25
mars 1994. Le Ministre a rappelé au Président qu'il se préparait déjà à aller à Yaoundé
au Cameroun pour participer à la Réunion du Comité Consultatif Permanent des
Nations Unies sur les Questions de Sécurité en Afrique Centrale où il avait à présenter
à ses homologues la situation qui régnait au Rwanda. Le PNUD avait déjà délivré les
billets d'avion à la délégation. En plus, après cette réunion le Ministre devait porter un
message du Président Habyarimana au Président Ghanéen. Ils ont alors convenu que
ce soit le Général-major Nsabimana qui accompagnera le Président à Dar-es-Salaam.
Le Ministre en a avisé le Général Nsabimana le même jour le 29 mars 1994 vers 10
heures. Il l'a donc appelé au Ministère au moment où il était au camp Kimihurura et le
Général Nsabimana a interrompu sa visite.
De ce qui précède le Général Nsabimana ne fut pas "informé de sa mission par
Bagosora la veille de son départ" contrairement à ce qui est stipulé dans le rapport du
Comité Mutsinzi. Non seulement le Colonel Bagosora ne pouvait pas signer un ordre
de mission, mais aussi ce n'est pas lui qui a proposé le Général-major Nsabimana au
Président pour l'accompagner.
Il est faux de prétendre que "le Président
Habyarimana n’était pas informé de l`accompagnement de son chef d’état-major et
qu'il l’a appris en le voyant à l’aéroport de Kigali le matin du 06 avril avant le
départ". C'est le Président en personne et son Ministre de la défense qui ont décidé la
mission du Général Nsabimana à Dar-es-Salaam. Le rapport du Comité Mutsinzi n'est
qu'un ensemble de fausses informations de ce genre.
L'ancien secrétaire particulier du général Nsabimana m'a informé, que l'intéressé ne
s'est pas rendu à Ruhengeri le 5 avril 1994 contrairement aux allégations du rapport

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Mutsinzi. Il précise que c'est faux de dire qu'il se trouvait en déplacement à
Ruhengeri et qu'il a été rappelé en hâte pour qu'il rentre à Kigali. C'est plutôt ce 5
avril 1994 que le général est allé prendre son passeport au Ministère des Affaires
Etrangères.
Tandis que l'ancien Directeur de cabinet à la Présidence, Mr Enoch Ruhigira, précise
que la signature des ordres de mission pour l'étranger était la prérogative exclusive du
Président de la République et que c'est bien le Président qui avait signé l'ordre de
mission du Général Nsabimana. Des membres de la délégation précisent également
que leur ordre de mission collectif, à l'exception de Nsabimana, avait été signé par le
Président contrairement aux allégations du Conseiller du Président aux affaires
politiques, Runyinya Barabwiriza, lui-même membre de la délégation, qui a prétendu
que c'est lui qui a signé les ordres de mission, excepté celui du Général Nsabimana
pour dire que Nsabimana n'était pas prévu dans la délégation. Runyinya Barabwiriza
est en prison sans jugement depuis 15 ans alors que sa femme a été tuée dans la
prison. Il a déclaré ce que le FPR lui a dicté.
La mission du chef d'Etat-major de l'Armée rwandaise n'était pas quelque chose à
divulguer. Il est tout à fait normal qu'il ait eu un ordre de mission personnel, qu'il en
ait gardé la discrétion et n'a même informé son épouse que la veille du départ le 5
avril 1994.

15- Proposition et refus de passer la nuit à Dar-es-Salaam
Extraits du rapport Mutsinzi:
Les interlocuteurs du Comité d’enquête en Tanzanie ont déclaré qu’ils avaient
encouragé le Président Habyarimana à remettre son retour au Rwanda jusqu’au
lendemain mais qu’il avait insisté pour partir le soir même.
Kamana Francois, affecté à la protection rapprochée du président Habyarimana lors
de ce déplacement, confirme que les mesures avaient été prises pour que la délégation
présidentielle rwandaise dorme sur place : « Avant que Habyarimana n’entre dans la
salle où se déroulait le Sommet, le responsable de la sécurité présidentielle qui était
mon chef direct, le capitaine Léopold Mujyambere, est venu nous informer que le
Président allait dormir sur place. Finalement, à la sortie du Sommet, j’ai vu que le
Président s’est immédiatement dirigé vers l’aéroport. L’équipage a exprimé des
inquiétudes au colonel Sagatwa sur ce départ de nuit, mais la décision de rentrer n’a
pas été abandonnée».
Le conseiller en communication du président Habyarimana, Mvulirwenande JeanMarie Vianney, signale qu’il a entendu des membres de la délégation rwandaise
restée à Dar-es- Salaam regretter la mort de Habyarimana en disant que le président
Mwinyi lui avait proposé de passer la nuit à Dar-es-Salaam et qu’il avait décliné la
proposition : « Ils l’ont dit tout de suite après avoir appris la nouvelle de sa
mort».[…..]
Première observation:

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Pourquoi les interlocuteurs tanzaniens du Comité Mutsinzi auraient-ils encouragé
seulement le Président Habyarimana à remettre son retour au Rwanda jusqu’au
lendemain et non son homologue Ntaryamira? Pourquoi ce terme encourager?
Cette thèse est contraire à la vérité que voici: Selon l'ancien chef du protocole d'Etat
rwandais, le Major Mageza Désiré et l'Ambassadeur Munyaneza Thomas, c'est le
Président Juvénal Habyarimana qui a plutôt demandé à son homologue tanzanien de les
loger la nuit du 6 avril 1994, lui faisant remarquer qu'il était tard pour voyager la nuit.
Mais le Président Mwinyi leur a refusé hospitalité, arguant que son protocole n'avait pas
pris les dispositions. Les intéressés m'ont fait cette révélation différemment, le Major
Mageza à Bukavu, Est de la République Démocratique du Congo en mai 1995 et
l'Ambassadeur Munyaneza à Douala au Cameroun en avril 1996. Etant donné qu'ils
côtoyaient chaque fois les chefs d'Etat et écoutaient leur entretien, leur témoignage est
plus crédible que celui des autres membres de la délégation. Dire que c'est le président
Mwinyi qui avait proposé à Habyarimana de passer la nuit à Dar-es-Salaam et que
Habyarimana avait décliné la proposition, tel que Mvulirwenande le rapporte, c'est
sûrement une manœuvre de diversion lancée par les services tanzaniens.
Deuxième observation:
Pourquoi le lieu du sommet a-t-il été changé?
Selon le compte-rendu de la réunion des Ambassadeurs de la région qui avait été
convoquée et dirigée par le Ministre Tanzanien des Affaires Etrangères le 25 mars 1994,
tenant lieu d'invitation au Sommet des Chefs d'Etats, la rencontre était prévue
initialement à Arusha. Deux jours avant le sommet, sans aucune explication, le lieu de la
Réunion a été changé et la réunion a été transférée à Dar-es-Salaam plus éloigné de
Kigali et Bujumbura qu’Arusha.
Troisième observation:
Le Président Museveni qui avait convoqué le Sommet a accusé un retard de 2 heures et
demie, retard qui s'est répercuté sur l'heure de clôture de la réunion. Pendant la réunion il
faisait retarder encore les débats par un semblant de sommeil et par des blagues de
diversion. A chaque réveil, il obligeait ses partenaires à recommencer les débats sous
prétexte qu'il n'avait pas bien suivi les discussions. Selon le major Mageza le Président
Habyarimana a fait plus d'une fois la motion demandant au Président Mwinyi de
ramener Museveni à l'ordre. Museveni faisait tout cela pour retarder la clôture de la
réunion et obliger les Présidents Rwandais et Burundais à voyager la nuit. A mon avis il
voulait que la fin de la réunion coïncide avec la nuit pour couvrir l’attentat du FPR
contre l’avion du Président Juvénal Habyarimana.
Quatrième observation:
Les hautes autorités tanzaniennes étaient au courant du complot. Il y eut même une
fuite d’information. L'officier de la Garde présidentielle qui commandait le
détachement envoyé à Dar-es-Salaam pour la sécurité du Président Habyarimana, le
capitaine Léopold Mujyambere, le signale dans son rapport: "Après le départ de nos
chefs d’état, le caporal Kamana a surpris le chauffeur du Ministre Anastase Gasana en
train de converser en Swahili avec les autres chauffeurs qu’il y avait des gens qui
allaient mourir. Il me l’a signalé et à mon tour je l’ai signalé au Major Mageza. Nous
ne savions pas qu’il s’agissait de notre Président". Par contre l'officier ne signale pas
dans son rapport qu'il avait entendu que le Président Habyarimana allait dormir sur

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place alors que le caporal Kamana François prétend que c'est cet officier qui leur a
donné l'information.
Le Gouvernement Tanzanien n'a pas présenté les condoléances aux Peuples Rwandais
et Burundais alors que les Présidents sont morts en provenance de Dar-es-Salaam. Il n'a
jamais demandé qu'il y ait une enquête internationale sur l'attentat du 6 avril 1994.
Le Gouvernement Tanzanien a bloqué la délégation rwandaise et ne l'a laissée partir
qu'après la prise du pouvoir par le FPR. Il a bloqué les avions rwandais au profit du FPR
et les a alors remis au FPR après la prise du pouvoir.
Selon le Major Désiré Mageza ce blocage a été exécuté spécialement par le Ministre des
Affaires Etrangères Joseph Rwegasira et le Ministre de la Défense, Colonel
Abdalahaman Kinana. Comment les interlocuteurs pareils tanzaniens du Comité
Mutsinzi peuvent-ils donner un témoignage crédible, impartial ou désintéressé? Ils ne
peuvent en aucun cas engager la responsabilité du Président Mwinyi d'avoir refusé
hospitalité à ses homologues!

16- Départ de Dar-es-Salaam
Extrait du rapport Mutsinzi:
"Peu avant le départ du Falcon 50, un autre fait troublant s’observa au niveau de la
délégation rwandaise. Alors que le président Habyarimana est déjà à bord, il
remarqua l’absence dans l’avion du chef d’état-major de l’armée, le général
Nsabimana, qui était reste sur le tarmac avec le Dr Akingeneye, ne voulant pas
embarquer. Le président Habyarimana ressortit aussitôt de l’appareil et leur intima
immédiatement l’ordre de monter dans l’avion avec lui. Le Cpl Senkeri, témoin direct
de la scène explique : « D’ordinaire, quand nous voyagions avec le Président, il
entrait dans l’avion en dernier lieu, et c’est comme cela que ça s’est passé quand
nous étions à Dar-es- Salaam. Lorsqu’il est arrivé dans l’avion, il a constaté que le
général Nsabimana et le Dr Akingeneye manquaient. Ces derniers se cachaient près
de l’une des ailes de l’avion. Le président Habyarimana est sorti de l’avion, ce qui
n’arrivait jamais, et a dit à haute voix : "Où est Akingeneye ? Celui-ci s’est manifesté.
"Où est Nsabimana ? Il s’est également manifesté. Puis, il leur a demandé :
"Pourquoi vous n’entrez pas dans l’avion ? Ils ont répondu qu’ils croyaient qu’il n’y
avait plus de places parce qu’on y avait mis des Burundais. Le président
Habyarimana leur a alors dit : ‘Entrez vite et on y va’. Ils sont entrés et l’avion a
décollé ».
Observation.
Ce scénario est vraiment ridicule. Un Chef d'Etat qui se lève et va lui-même faire
embarquer les gens alors qu'il est avec son officier d'ordonnance et son secrétaire
particulier, et a un chef du protocole, tous capables de transmettre son ordre aux
membres de la délégation qui traînent les pieds. Comment le Président Habyarimana
aurait-il abandonné son hôte le Président Ntaryamira à bord pour aller interpeller
personnellement le Général Nsabimana et le Dr Akingeneye avec nervosité, attitude
qu'on ne lui reconnaissait pas?
Voilà la version de l'officier commandant du détachement de sécurité complétée par
le chef du Protocole d'Etat le Major Mageza: "A l’aéroport, le président Habyarimana
s’est entretenu avec ses homologues burundais et tanzaniens pendant une trentaine de
minutes. Vers 19 heures, le président Habyarimana est sorti et a dit au Colonel Elie

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Sagatwa qu’ils allaient partir avec le président burundais. Le Dr Akingeneye figurait
parmi ceux qui devaient céder la place à la délégation burundaise. Quelques minutes
après, on est venu lui dire que sa place était disponible et s’est ainsi qu’il a
embarqué".
Le Major Mageza m'a confié ce qui suit: "Lorsque les Chefs d’Etat quittaient la salle
de réunion pour aller à l’aéroport, le Président Ntaryamira a demandé à son homologue
Habyarimana de le prendre à bord de son avion, pour pouvoir aller plus vite, car son petit
porteur était très lent disait-il. Le Président Habyarimana n’a fait que me regarder et sans
rien me dire j'ai compris que je devais arranger ce voyage. J'ai prévenu les deux
Ministres Burundais qui accompagnaient le Président Ntaryamira pour voyager avec les
Chefs d’Etat. Je devais alors leur trouver de la place dans l'avion. Le Dr Akingeneye
étant avisé qu'il devait céder la place n'avait pas embarqué. Tandis que l' Ambassadeur
Juvénal Renzaho s'était porté volontaire pour renforcer l'équipe de rédaction afin
d'apprêter le compte-rendu. Finalement j'ai plutôt désigné les deux gardes du corps du
Président Habyarimana pour céder la place aux Ministres Burundais; le Dr Akingeneye a
alors embarqué puisqu'il y avait de la place. Tandis que l' Ambassadeur Juvénal
Renzaho, c'est le Président Habyarimana qui lui a demandé de prendre place à bord
également puisqu'il y avait encore une place disponible, pour aller l'aider à accueillir les
hôtes disait-il. L'Ambassadeur lui apportait un exemplaire du compte-rendu de la
réunion en Français." Ni l'officier commandant de détachement de sécurité, ni le chef
du protocole, le Major Mageza ne parle du retard d'embarquement du Général
Nsabimana et la scène attribuée au Président Habyarimana. Le récit du caporal Senkeri
n'est qu'un montage.
Aussi, selon le rapport de l’officier, le même jour du sommet des Chefs d’Etat, il a
remarqué la présence suspecte du Major Pierre Buyoya, ancien Président du Burundi,
proche du FPR et qui serait derrière l'assassinat de son successeur le Président
Melchior Ndadaye le 21 octobre 1993, de Patrick Mazimpaka du FPR et d’un
Capitaine de l’APR (non autrement identifié) à l’Hôtel Kilimandjaro. Leur mission
probable était la coordination de l’assassinat des chefs d’Etats.

17- Elément occulté par la Commsion Mutsinzi
L'aveu de Paul Kagame
L'aveu de Paul Kagame complète les revendications des messages captés du FPR.
Paul Kagame a fait un aveu indirect au cours de son interview avec le journaliste de la
BBC Stephen Sackur de la BBC, à Londres le 7 décembre 2006. Tout en esquivant
que l'acte est un assassinat et attentat terroriste, il le revendique et le justifie à deux
reprises comme un acte de guerre, que Habyarimana était du côté de ceux qu'il
combattait et qu'il a été tué dans une situation de guerre. Puisque Paul Kagame
l'a attesté publiquement, il sait comment cette "opération de guerre" a été planifiée et
ceux qui l'ont exécutée. Sinon il aurait dit tout simplement qu'il n'avait pas d'idée sur
les auteurs de l'attentat. Ses révélations du fond de son cœur constituent un aveu. Le
Comité Mutsinzi a occulté cet aveu de Kagame et ne l'a pas intégré dans ses travaux,
alors qu'il aurait dû d'abord le réfuter avant de changer cet "acte de guerre" en un
attentat et l'attribuer au Colonel Théonsete Bagosora. Et pour le réfuter le Comité

51

devrait démontrer que Kagame avait perdu la tête et a lancé des propos insensés en
état de démence; ce qui n'était pas le cas!

18- Le revirement de Richard Mugenzi, opérateur au centre
d'écoute du Commandement Ops Gisenyi
Mugenzi:
Depuis novembre 1990, je donnais mes rapports au Cdt OPS, le major Bahufite. En
l’absence du commandant OPS, après l’arrivée du Lt. Bizumuremyi en 1992, je
devais remettre mes rapports à ce dernier. Le commandant OPS avait décidé qu’en
l’absence du lieutenant Bizumuremyi, je pouvais à tout moment me rendre au camp de
l’armée rwandaise sous escorte, pour les transmettre par téléphone à l’état-major de
l’armée rwandaise, à Kigali, plus précisément le secrétariat du chef d’état-major des
FAR et le secrétariat du G2.
Observation:
Pourquoi Mugenzi devait-il aller au camp militaire Gisenyi pour téléphoner; n'y avaitil pas de téléphone au camp Butotori et à la maison de passage présidentielle de
Gisenyi? Toutefois Richard Mugenzi n'était chargé que de l'interception et jamais de
la retransmission.
Comment peut-on transmettre des informations importantes à n'importe qui "au
secrétariat" puisque Mugenzi ne dit même pas "au secrétaire"! Il évite d'inventer les
noms des personnes qu'il prétend qu'il téléphonait au "secrétariat" parce qu'il ne
connaît pas ceux qui y travaillaient. Il évite également de dire qu'il téléphonait
directement au Chef d' Etat-major ou au G2, de peur d'être contredit par ces derniers.
Par ailleurs il veut faire croire que l'information était toujours relayée à l'EM par
téléphone. Or les messages interceptés étaient emmenés au Commandement du
secteur Ops par les plantons (coureurs dans le jargon des FAR) commis à cet effet ou
alors le S2 (officier chef des renseignements militaires du Secteur Ops) allait les
prendre personnellement. Ils étaient alors relayés au commandement des FAR par
radio au centre des transmissions situé à l'intérieur du camp militaire de Gisenyi,
après leur codage.
Il calomnie Bahufite et Bizumuremyi parce qu'il sait qu'ils sont morts et qu'on ne peut
les confronter avec ses dires. Tandis que le Lt Colonel Anatole Nsengiyumva a attesté
dans son procès au TPIR que le Lt Bizumuremyi n'était pas encore à Gisenyi en
1992. Le colonel André Bizimana, alors commandant de Groupement de Gendarmerie
Gisenyi précise plus loin que c'est le major BEMS Christophe Kabera qui travaillait
avec le Lt Colonel BEM Bahufite comme S2 du Secteur Ops Gisenyi. Mais Richard
Mugenzi ne fait pas du tout allusion à Kabera. Tandis que le Lieutenant Bizumuremyi
a travaillé avec le Lt Colonel Anatole Nsengiyumva après juin 1993.
Mugenzi:
Dans les cas d’extrême urgence et en l’absence des deux responsables cités plus haut,
je devais contacter directement le colonel Bagosora, au camp Kanombe et en son
absence, je devais m’adresser au major Ntabakuze Aloys, Cdt du bataillon Para. En

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l’absence de ce dernier, je devais contacter au camp GP, le colonel Nkundiye, qui fut
remplacé par la suite par un autre officier du nom de Mpiranya.
Avant les événements du 06 avril 1994, je pense avoir transmis un message urgent au
colonel Bagosora, pendant qu’il était encore Cdt du camp Kanombe. Je ne me
rappelle plus exactement de la date, ni du contenu du message. En dehors du contact
cité plus haut, le colonel Bagosora qui manifestait beaucoup d’intérêt pour le Centre,
me téléphonait de temps en autre pour s’enquérir de la bonne marche de mon travail.
Je me souviens aussi avoir transmis deux fois de suite, en l’absence du Cdt Ops, des
messages au major Ntabakuze. Il se trouvait à cette époque en repos au camp
Butotori, avec son unité.
Observation:
Pourquoi faire transiter ces messages destinés à l'EM par des commandants d'unités
ne faisant pas partie de l'équipe d'EM? Que pouvaient-ils en faire ? Le Colonel
Bagosora, commandant du camp militaire de Kanombe n'avait rien à faire avec un
opérateur qui n'était pas sous ses ordres. Le centre d'écoute n'étant pas sous sa
responsabilité il ne pouvait s'immiscer dans son fonctionnement et se permettre de
téléphoner à Mugenzi. Il en est de même du Lt Col BEM Nkundiye et des Majors
Mpiranya et Ntabakuze.
Mugenzi:
La liste des personnes dont je ne devais pas me méfier m’était donnée par écrit, et
était à l’occasion modifiée par mes supérieurs selon la situation. Cette liste
comprenait le colonel Sagatwa Elie, chef du bureau du secrétariat particulier, le
major Bagaragaza, chef du protocole et l’ambassadeur Ubarijoro, conseiller à la
Présidence.
Observation:
Qu'est ce que l'Ambassadeur Ubalijoro aurait-il fait de l'information qui lui aurait été
communiquée? Et le Comité Mutsinzi semble ne pas l'avoir entendu pour infirmer ou
affirmer ce témoignage. Mugenzi cite des gens dont il ignore les fonctions, prend le
Colonel Sagatwa pour un "chef du bureau du secrétariat particulier" alors que c'était
lui-même le secrétaire particulier du Président, et le major Bagaragaza pour le "chef
du protocole" alors qu'il était officier d'ordonnance du Président. Il fait de l'amalgame.

Mugenzi:
Lorsque le président Habyarimana était en même temps le ministre de la défense et
qu’il se rendait en visite à Gisenyi, il arrivait qu’il me fasse appeler pour me poser
des questions sur la vie et le fonctionnement du Centre. Je pouvais aussi parler avec
son secrétaire particulier. Quand Habyarimana céda sa place de ministre de la
défense, je fus averti par le lieutenant Bizumuremyi que je ne devais par parler avec
le nouveau ministre James Gasana et que mes contacts devaient se limiter à son
secrétaire particulier qui était un officier subalterne différent du secrétaire particulier
du président Habyarimana, le colonel Sagatwa. J’ai oublié le nom de cet officier.
Bizumuremyi n’avait pas fait de commentaire, mais j’ai pensé que s’était parce que
Gasana appartenait à l’opposition. A la fuite de Gasana James en 1993, je fus
autorisé par Bizumuremyi à parler directement avec le nouveau ministre Bizimana

53

Augustin qui était issu du MRND et avec le secrétaire particulier qui était resté après
le départ de Gasana ».
Observation:
Le Président Habyarimana avait confiance en ses commandants d'unités de telle
manière qu'il ne les contournait pas pour appeler à son audience des subalternes et
leur demander des informations sur la marche du service confié aux premiers. Je peux
garantir qu'il n'a sûrement jamais appelé Mugenzi. Ce dernier ne veut que se faire
valoir!
Quant à téléphoner au secrétaire particulier du ministre de la défense, que pouvait-il
faire de l'information s'il ne devait pas la communiquer au ministre ?
Mugenzi:
«Avec l’affectation de Bahufite à l’OPS Byumba, c’est le lieutenant-colonel Anatole
Nsengiyumva qui l’a remplacé comme chef des opérations à Gisenyi. Peu après son
arrivée, Nsengiyumva m’a donné de nouvelles fréquences que j’exploitais pour
l’interception des messages que je rédigeais ensuite et les lui transmettais. Il se
chargeait alors de leur amplification dans l’Armée. Ce n’était plus moi qui les
transmettais à Kigali aux destinataires qui m’avaient été désignés à l’époque de
Bahufite ».
Observation:
Il est obligé de dire la vérité sur le mode de retransmission des messages interceptés
puisque le Lt Colonel Anatole peut le contredire s'il continuait de prétendre qu'il
téléphonait à certaines personnes. Mais aussi il ne sait pas ou il a oublié que c'est le
même Anatole Nsengiyumva qui était le chef des renseignements militaires à l'Etatmajor de l' Armée avant d'aller au Commandement Ops Gisenyi, et que le système de
fonctionnement du centre d'écoute était sous sa responsabilité. Comme stipulé plus
haut les messages interceptés ont toujours été relayés au réseau opérationnel par radio
et jamais par Mugenzi lui-même et par téléphone.
Mugenzi:
« Lorsque Anatole Nsengiyumva est arrivé à Gisenyi, il a instauré un autre système
de montage pour des motifs que je ne connais pas très bien. Des fois, il m’amenait des
textes écrits par lui-même et me demandait de les écrire sur les formulaires prévus
pour des télégrammes. Je les écrivais et les lui remettais pour l’amplification.
Cela se passait très souvent lorsqu’il y avait des situations très tendues au front. Dans
pareils cas, Nsengiyumva écrivait des messages, me les amenait pour les recopier,
puis il les diffusait en utilisant le système militaire de transmission, probablement
pour l’encouragement des militaires, pour remonter leur moral ».
« Cette dernière forme de messages que je viens de vous expliquer qui consistait à
des montages, à des mises en scène pour des motifs différents, il y a aussi le message
du 07 avril le matin qui m’a été remis en main personnellement par le colonel
Nsengiyumva. Il l’avait écrit lui-même et m’a demandé de le répéter textuellement. Je
le lui ai remis pour la transmission et l’amplification. Pendant toute la période qui va
du 07 avril jusque vers la fin du mois d’avril, il y a eu toujours des messages que le
colonel Nsengiyumva m’amenait et je les recopiais sur le formulaire des télégrammes.

54

Il venait les récupérer par après pour une amplification et une transmission sur le
système militaire ».
Observation:
Le revirement de Richard Mugenzi s'inscrit dans celui du Lieutenant Abdul Ruzibiza,
Deus Kagiraneza, Ruzigana et autres. Ils sont achetés et sensibilisés par le FPR à
défendre sa cause au détriment de la vérité. Un autre témoin Innocent Marara a
dénoncé cette stratégie du FPR dans la période de la rétractation de Ruzibiza. Il a
également été approché par les services de sécurité du FPR lui proposant une grosse
somme de dollars mais il a décliné l'offre, ayant juré de ne pas trahir la vérité.
Richard Mugenzi semble avoir été recruté de longue date par le FPR qui lui a confié
la mission d'aller calomnier les gens au TPIR à Arusha. On constate dans le procès du
Colonel Théoneste Bagosora et ses camarades officiers, que les faux témoignages de
Mugenzi sont contredits par beaucoup d'autres témoins qui vivaient avec lui à
Gisenyi.
Sa mission en Tanzanie étant terminée en 2008, il est rentré au Rwanda pour être
utilisé dans le dossier de diversion sur l'attentat du 6 avril 1994.
Cependant la rétraction sur un témoignage qui a été donné librement sous serment et
sans aucune contrainte ne devrait pas être prise en considération. C'est d'ailleurs cette
rétractation qui semble plutôt être un mensonge!
Concernant la retranscription des messages, pourquoi le double emploi alors que le
commandement des opérations à Gisenyi n'avait à justifier devant personne
l'interception des messages du FPR par l'écriture de Mugenzi.
Mugenzi a été requis à cause de sa connaissance des langues utilisées par le FPR dans
ses transmissions et non pas parce qu'il avait une bonne écriture. Il y avait ses
manuscrits parce que c'est lui qui interceptait les messages et les traduisait. Il ne
faisait que ça. Puis les messages étaient codés par les spécialistes et retransmis sur le
réseau des Forces Armées Rwandaises dans le centre des transmissions.
Il est même possible que les manuscrits de Mugenzi ne fussent pas classés après la
retransmission des messages sur le réseau des Forces Armées Rwandaises. En
principe on classait les copies dactylographiées et les manuscrits encombrants étaient
détruits. L'écriture de Mugenzi en soi n'avait aucune valeur!
Le commandement Ops de Gisenyi ne peut pas avoir fabriqué ces messages pour les
utiliser comme des Psychops. Ce procédé vise normalement soit les troupes ennemies
pour les démoraliser, les démotiver ou les révolter contre leur hiérarchie, soit pour
galvaniser l'opinion et la retourner contre l'ennemi. Ils font toujours objet d'une large
diffusion. Or les messages émanant du commandement Ops Gisenyi n'étaient
destinés ni à l'une ni à l'autre de ces catégories. Les messages interceptés faisaient
l'objet d'une diffusion restreinte, seulement aux abonnés du réseau opérationnel
désignés par l'Etat-major de l'Armée rwandaise. Ils étaient uniquement utilisés pour
les besoins opérationnels et n'ont jamais été portés à la connaissance du public, ni à
celle de toutes les Unités ou militaires des FAR, ni à celle de toutes les Institutions de
l'Etat. Sinon les gens en auraient parlé avant avril 1994. En outre l'Etat-major de

55

l'Armée Rwandaise et le secteur Mutara disposaient chacun d'un autre centre d'écoute.
A en croire Richard Mugenzi, les officiers responsables de ces centres auraient donc
aussi rédigé des faux messages "interceptés" et les auraient remis au commandement !
Concernant précisément les messages de réjouissance et de félicitations échangés au
sein du FPR dès l'aube du 7 avril 1994, s'ils avaient été fabriqués par le
commandement Ops Gisenyi pour calomnier le FPR, ils auraient été diffusés dans les
médias et aux chancelleries. Or ce ne fut pas le cas.
Les commandements de secteurs (Gisenyi ou Mutara) transcrivaient et répercutaient
au Commandement des FAR des télégrammes du FPR dans leur intégralité, c'est-àdire l'expéditeur, le numéro du télégramme, les destinataires, le groupe date-heure de
la rédaction, le texte et le groupe date-heure de l'émission correspondant à celui de
l'interception. Le commandement des FAR ne pouvait pas se laisser intoxiquer par de
faux messages alors qu'il a visité les centres d'écoute de Gisenyi et Mutara pour être
sûr de l'interception des messages!
Ces télégrammes étaient doublement conservés à l'Etat-major de l' Armée Rwandaise,
retranscrits dans des registres et classés dans des classeurs. Le commandement des
FAR avait tout évacué avec ces propres télégrammes et d'autres documents pour
écrire les mémoires de la guerre. Mais n'ayant pas la possibilité de protéger toutes ces
archives contre les intempéries dans les camps des réfugiés, le Commandement des
FAR a pris la précaution de relever des extraits des informations pouvant répondre à
certaines interrogations. Ce sont ces informations qui sont disponibles puisque le
commandement des FAR ne pouvait pas transporter les dizaines de registres et de
classeurs lors de la destruction des camps des réfugiés en 1996 et leur poursuite dans
la forêt congolaise par le FPR en 1997.
La vérité est que les télégrammes que Richard Mugenzi a manipulés étaient tous
interceptés! Il n'a pas fait qu'intercepter les télégrammes relatifs à l'assassinat du
Président Habyarimana! Il en a intercepté des milliers traitant de domaines différents.
A titre d'exemple, voici certains extraits de télégrammes captés à l'époque; ils sont
relatifs aux renforts des forces étrangères pendant les préparatifs de la guerre finale et
son déroulement. Ils ont été bel et bien captés, traduits et retransmis sur le réseau
opérationnel:
- Le télégramme INT/OPS/93/2445 du 23 Novembre 1993 à 18H35 du
commandement OPS GISENYI : "Renforcez vos positions et multipliez vos activités
d'ensemble avec NRA dans vos ressorts".
- Le télégramme INT/OPS/93/2504 du 01 Décembre 1993 à 14H50 du
commandement OPS GISENYI "Le Chef donnera un effectif assez important pour les
opérations à partir du pays du Sud mais pas un effectif souhaité car la NRA doit
intervenir au LIBERIA dans les Forces d'Interposition".
- Le télégramme INT/OPS/94/311 du 16 Février 1994 à 14H50 du commandement
OPS GISENYI "Nous avons apprêté nos troupes et les éléments NRA sont avec vous
... Entre temps nous intensifions nos activités de reconnaissance dans la Zone tampon
et le camp adverse ... Nous avons apprêté nos troupes et matériel et nous attendons.
La NRA est avec nous".

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- Le télégramme INT/OPS/94/690 du 07 Avril 1994 à 10H05 du commandement OPS
GISENYI "Nos troupes ainsi que celles de la NRA dans nos Secteurs demeurent sur
le qui vive".
- Le message du FPR du 22 Avril 1994 à 11H20 de MBARARA pour KAMWEZI
"Nous continuons nos opérations de concert avec la NRA et les éléments blancs"
- Le télégramme INT/OPS/94/1088 du 11 Mai 1994 à 14H55 du commandement OPS
GISENYI "... Dans le pays du Sud, les préparatifs sont terminés et nous attendons
l'occasion propice pour ordonner leur intervention..."
- Le télégramme INT/OPS/94/1198 du 18 Mai 1994 à 16H00 du commandement OPS
GISENYI"...Le pays du Sud et de l'Est sont toujours à notre disposition...".
- Le télégramme INT/OPS/94/1257 du 22 Mai 1994 à 17H00 du commandement OPS
GISENYI "... Nous attendons encore les éléments en provenance du Pays du Sud
alertés depuis ce matin...".
- Au moment de l'assassinat du Président Melchior Ndadaye du Burundi le 21 octobre
1993, le commandement du FPR a donné au commandement du Secteur Opérationnel
Kamwezi, correspondant au Secteur Mutara des FAR, l'ordre d'apprêter deux unités
de 300 hommes chacune, devant intervenir au profit des putschistes au Burundi en cas
de résistance significative des loyalistes.
D'autres messages étaient d'ordre administratif et logistique. Ils faisaient référence des
rapports de situation journalière, des affectations des officiers et leur avancement en
grade, mais aussi des difficultés rencontrées ou des problèmes internes au FPR.
On peut en citer quelques-uns. Ceux-ci n'avaient pas été conservés au lendemain de la
signature de l'Accord de Paix d'Arusha du 4 août 1993 qui mettait fin à la guerre.
- On peut rappeler celui qui faisait état d'une position du FPR foudroyée au Mutara et
où tout un peloton avait péri.
- En outre à un certain moment le FPR a failli abandonner la guerre et le Colonel
Alexis Kanyarengwe, Président du FPR a envoyé un télégramme aux unités pour les
exhorter, leur disant de ne pas s'en vouloir, car elles avaient fait tout ce qu'elles
pouvaient. Tandis que le Président Museveni reprochait au leadership du FPR de ne
pas écouter les conseils.
- Dans un autre message on disait que chaque fois que le Colonel Kanyarengwe ne
s'accorde pas avec ses "collaborateurs", des jeunes officiers lui rappellent ouvertement
qu'il a déclaré qu'il ne s'entendra jamais avec les Tutsi aussi longtemps que des
cheveux n'auront pas poussé dans la cicatrice lui causée sur la tête par les tortures que
les Inyenzi l'avaient fait subir quand ils l'ont capturé dans les années 1960.
- Il y aussi lieu de citer le message dans lequel le FPR disait qu’il n’avait pas de
contentieux avec le Président Juvénal Habyarimana, qu’il ne trouvait même pas de
faille ou d’écart de langage dans ses discours à partir desquels il pouvait l’attaquer,
mais qu’il ne pouvait pas prendre le pouvoir sans le salir.

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Dans le même message le FPR disait qu’il n’avait pas de contentieux avec son parti,
le Mouvement Républicain National pour la Démocratie et le Développement
(MRND) mais plutôt avec le Mouvement Démocratique Républicain (MDR) qui a
mené la Révolution sociale de 1959 et a chassé les Tutsi du pouvoir. Il disait que
cependant il ne pouvait pas attaquer le MDR sans attaquer le MRND qui détenait le
Pouvoir et servait de parapluie au MDR, qu’il devait détruire le MRND d’abord tout
en sapant les racines du MDR, et qu’une fois le MRND détruit, il lui sera très facile
de faire tomber le MDR.
Le Commandement des FAR n'a donc conservé que les extraits de certaines
informations qui sont en relation avec la violation et la rupture de l'Accord de paix
d'Arusha, c'est-à-dire les préparatifs de la guerre finale, l'assassinat du Président
Juvénal Habyarimana et la guerre d'avril 1994. Sinon il avait des milliers de messages
interceptés du FPR.
Par ailleurs les FAR avaient pu faire passer la radio utilisée par Mugenzi entre le filet
des Forces Armées Zaïroises et Mugenzi a continué à intercepter les télégrammes du
FPR pendant qu'il était au camp des réfugiés de Mugunga à Goma.
Des exemples:
- Après la prise du pouvoir par le FPR, 27 personnes détenues ont été tuées par
asphyxie dans l’une des brigades de la Gendarmerie à Kigali. Les Organisations de
Défense des Droits de l’Homme se sont levées et ont réclamé le châtiment pour les
coupables. Les gendarmes impliqués ont alors été mis en prison.
Quelques jours plus tard, selon un message intercepté, le Ministre de la Défense, le
Général Paul Kagame, a envoyé un message à toutes les unités de l’APR et a ordonné
aux Commandants d’unités de dire à la troupe de ne pas se faire de souci à propos de
l’emprisonnement de leurs camarades. Il disait qu’on les a emprisonnés pour faire
taire la Communauté Internationale, mais qu’ils seront libérés sous peu. Il a ajouté:
«au contraire j’exhorte tous ceux qui ont la possibilité de faire comme eux de le
faire».
- En 1995 il y eut un malentendu entre Paul Kagame et le Général Samuel Kanyemera
alias Sam Kaka, alors Chef d'Etat-major de l'APR. Un groupe de 27 officiers réunis
autour de Sam Kaka avaient estimé opportun de proposer à Paul Kagame d'engager le
dialogue avec les réfugiés pour favoriser le retour pacifique et mettre fin aux
opérations de résistance. Paul Kagame a rejeté la proposition, mais SAM Kaka
insistait. Chaque fois que Sam Kaka téléphonait à Kagame ou allait le voir au bureau,
Paul Kagame envoyait un télégramme aux commandements de secteur (Brigades)
pour les informer de leur entretien et ajoutait des dénigrements à l'endroit de Sam
Kaka. Sam Kaka a aussi envoyé un télégramme à Paul Kagame lui reprochant son
opacité aux conseils qu'on lui donne, qu'il a un caractère impossible, et lui a dit qu'il
ne perdra plus son temps à lui proposer quoi que ce soit. Il s'est ensuite enfui en
Ouganda.
Paul Kagame a alors envoyé un télégramme aux unités pour les informer de la fuite
de Sam Kaka, mais que pour diversion Kagame a dit au gouvernement qu'il est allé se
faire soigner.

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En outre Paul Kagame a donné l'ordre de vendre toutes les vaches de Sam Kaka
partout où elles se trouvent et qu'à défaut de les vendre on devra les abattre car "cet
Imbécile ne doit rien posséder dans le pays" concluait-il.
Il a désigné le Général Marcel Gatsinzi comme chef d'Etat-major APR ad intérim
(alors que Gatsinzi était le chef d'Etat-major adjoint), et le Colonel Emmanuel
Habyalimana comme chef d'Etat-major adjoint (alors qu'il était Secrétaire général au
Ministère de la Défense).
Le président Museveni a vite fait la médiation entre les deux hommes et a convaincu
Paul Kagame de laisser Sam Kaka rentrer au pays et reprendre ses fonctions.
Cette affaire n'a pas filtré publiquement mais les FAR en exil ont tout suivi grâce aux
télégrammes interceptés. Richard Mugenzi peut-il prétendre que ces télégrammes
étaient aussi rédigés par des officiers qui les lui donnaient pour les transcrire, alors
que cette fois ils étaient donnés directement au Commandement des FAR en exil
après leur traduction sans devoir en faire la retransmission. Ces télégrammes visaientils "à accuser l'ennemi tutsi et à attiser la haine contre lui"?
- C'est également par l'interception des télégrammes du FPR qu'on a su que le Colonel
Déogratias Ndibwami a échappé à un attentat à la grenade lui lancée dans son bureau
à Kimihurura lorsqu'il était Chef d'état-major de la gendarmerie.
- De même une mine Antitank fut posée à l'endroit habituel où le Lieutenant-colonel
Cyriaque Habyarabatuma garait son véhicule tous les matins au camp Mubona de la
gendarmerie à Ruhengeri. Mais c'est un camion plein de gendarmes qui l'a précédé
qui a sauté au moment où il s'y garait. Il y eut des morts et des blessés.
- Des grenades furent aussi lancées dans des dortoirs des militaires au camp Muhoza à
Ruhengeri et ont fait plusieurs morts et blessés.

Mugenzi:
« Lors de mon audition par le juge Bruguière, il ne m’a pas été permis de donner des
explications relatives aux conditions dans lesquelles les messages du 06 et du 07 avril
1994 sur lesquels il m’a interrogés ont été rédigés. Malheureusement non. Je crois
que le juge et ses collaborateurs voulaient seulement savoir si les documents qu’ils
avaient dans leurs mains avaient été écrits par moi-même. Ils ne se sont pas
intéressés de savoir le contenu ou les versions ou les circonstances dans lesquelles je
les composais ou les écrivais. Ils voulaient simplement savoir si l’écriture était la
mienne, si le document avait été écrit par moi. C’est tout ce qu’ils voulaient savoir.
Le reste, ils avaient déjà leur réponse ».
Observation:
Le manuscrit montré à Mugenzi ne pourrait être son écriture que s'il provient des
archives du commandement opérationnel de Gisenyi ou si le message a été faxé à l'
Etat-major de l' Armée rwandaise au lieu d'être relayé sur le réseau opérationnel. S'il
a été faxé, c'est l'Etat-major de l'Armée rwandaise qui aurait donné des copies du texte
faxé aux autres échelons habilités, notamment l' Etat-major de la Gendarmerie
nationale. Par contre si le message a été relayé sur le réseau Ops par le

59

Commandement Ops Gisenyi il y avait autant d'écritures différentes du même
message que des centres des transmissions (CTR) qui l'ont réceptionné. Partant, si le
texte qui a été montré à Mugenzi provient d'un autre centre des transmissions
destinataire, il ne peut être son manuscrit. Par ailleurs, s'il a été faxé, le groupe dateheure devrait être automatiquement imprimé par la machine fax. Or ce message porte
un N° de classement Int/Ops/94/691 comme s'il a été relayé sur le réseau Ops. Je l'ai
trouvé dactylographié à mon retour de mission du Cameroun le 9 avril 1994. J'ai
conclu qu'il a transité par le réseau radio normal et que l'officier des transmissions de
l' EMAR l'a fait dactylographier comme d'habitude pour le remettre aux services
concernés. Tandis que les 3 autres messages faxés qui l'ont précédé n'avaient pas tous
les éléments d'entête ni le N° de classement; leur groupe date-heure était imprimé
automatiquement par la machine fax. Ce sont des photocopies des manuscrits tels que
faxés par le commandant Ops Gisenyi qui ont été remis aux services concernés. En
voici les extraits:
-"Nous avons entendu la voix de Radio-Rwanda disant que le tyran et le Président
Burundais sont morts par accident inopiné. Ce n'est pas possible pour nous!. Nous ne
croyons pas comme IKINANI CYANANIYE ABAGOME N'ABAGAMBANYI (c'est à dire
l'invincible) soit mort. Bref, nous félicitons les groupes d'actions en profondeur. La
victoire veut dire avantage remporté à la guerre sur autrui. Moral Haut! ".
(R Fax du 07 Avril 1994 à 07H00 du Commandement opérationnel GISENYI)
-RMT du 06 Avril 1994 à 09H00, la réunion qui devrait avoir lieu à MULINDI ce jeudi
07 Avril 1994 est annulée. Je vous remercie et vous félicite de l'opération d'hier. La
récompense est à vous pour le moment. Toutes les unités doivent se mettre en état
d'alerte. La guerre commence..." (R Fax du 07 Avril 1994 à 07H20 du Commandement
opérationnel GISENYI)
-"Vous confie la mission de terminer le projet comme je vous l'ai précisé. Le plan est
presque terminé. Les gorilles (HUTU) ont échoué et les bergeronnettes (TUTSI) ont
gagné le match ...." (R Fax du 07 Avril 1994 à 07H55 du Commandement opérationnel
GISENYI)
Mugenzi:
« Dans les messages que j’ai rédigés moi-même, il y avait des fautes d’orthographe
dues essentiellement à la rapidité car il fallait terminer à temps pour suivre d’autres
communications. Il y avait toujours des fautes d’orthographe ou de grammaire. Mais
pour les documents qui m’ont été présentés, j’évitais ces fautes. C’est le cas du
message du 07 avril à 08h45 que le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva m’a
apporté et que je n’ai fait que transcrire, je ne pouvais pas y mettre beaucoup de
fautes parce que c’est un document que je copiais. C’est la différence avec les autres
télégrammes ».
Colonel Bizimana:
« Je connaissais Mugenzi Richard. Nous sommes originaires de la même ancienne
commune de Mukarange à Byumba. Je l’ai recruté comme opérateur des FAR à
Gisenyi et il a occupé ce poste jusqu’en juillet 1994. Il a essentiellement travaillé
avec le major Bahufite qui est également originaire de Byumba et qui occupait le
poste de commandant des FAR à Gisenyi, ainsi qu’avec le major Kabera Christophe
qui était chargé des renseignements militaires à Gisenyi. Puis, dès la mutation de

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Bahufite vers Byumba en mai 1993, il a continué son travail avec le colonel Anatole
Nsengiyumva et son officier de renseignements, le lieutenant Bizumuremyi. Les
messages qu’il interceptait étaient donnés à Bahufite et à Nsengiyumva ou à leurs
adjoints, respectivement Kabera et Bizumuremyi, qui les acheminaient ensuite à
l’état-major de l’armée. Je connais l’écriture et le niveau de français de Mugenzi
Richard, je certifie que ses documents en français comportaient toujours des fautes
d’orthographe ».
Observation:
Mugenzi et le Colonel Bizimana parlent des fautes d'orthographe dans les messages
interceptés et écrits par Mugenzi comme s'ils étaient tous relayés par fax pour y
retrouver ces fautes. A part de rares exceptions envoyées uniquement à l'Etat-major
de l'Armée rwandaise par fax, les messages étaient codés pour les retransmettre sur le
réseau OPS. Celui qui les codait pouvait corriger les fautes d'orthographe. Si le
message du 7 avril 1994 à 08h45 portant félicitation du commando renforcé a été
relayé au réseau opérationnel par radio, les fautes d'écriture de Mugenzi qu'il
contiendrait ont d'abord été corrigées. Le fait que Bizimana parle aussi des fautes
d'orthographe dans les manuscrits de Mugenzi alors qu'il sait très bien que les
messages étaient codés et les fautes éventuelles corrigées, c'est que ce détail inutile
dans son témoignage lui a été suggéré. Puis, Mugenzi qui a étudié les
télécommunications au Zaïre ne connaît-il pas le Français alors que les études au
Zaïre se faisaient en Français?
Le Colonel André Bizimana est en prison depuis son rapatriement volontaire en 2004
de la Tanzanie. C'est lui qui avait découvert le système d'écoute des communications
du FPR alors qu'il était le commandant de Groupement de Gendarmerie de Gisenyi,
même si le centre d'écoute fut sous la responsabilité du Commandant Ops Gisenyi qui
était son supérieur. Cet antécédent est certainement parmi les raisons cachées de son
emprisonnement, d'autant plus qu'il n'était pas au Rwanda en 1994 pour trouver un
alibi de lui attribuer les massacres commis à Gisenyi. Il était aux études en France. Le
FPR cherche toujours des motifs pour se venger contre les officiers ex-FAR qui lui
ont causé des difficultés pendant la guerre. Le Colonel Bizimana était dans son
collimateur de logue date. Après la destruction des camps des réfugiés Hutu Rwandais
et Burundais à l' Est du Zaïre et le massacre de ces derniers à la fin de 1996 et début
1997, les Organisations de Défense des Droits de l'Homme ont accusé le FPR. Dans
ses tentatives de diversion et de désinformation pour se disculper le FPR a prétendu
que ce sont les Ex-FAR qui ont tué les réfugiés en les empêchant de rentrer au
Rwanda. Il a cité Bizimana parmi les officiers qu'il calomniait. Pourtant à la
destruction des camps des réfugiés commencé en octobre 1996, le Colonel Bizimana
n'y était plus; il s'était rendu à Nairobi en juin ou juillet 1996. Il a oublié cet
antécédent et il est rentré alors qu'il n'avait aucune garantie. Il est donc obligé de se
racheter.

19- Rapport des Experts britanniques sur leur enquête faite
du 17 au 24 février 2009.
Mise au point analytique de ce rapport.

61

*Les photos prises à partir des collines environnant la colline de Kanombe y
compris l'aéroport et la résidence présidentielle.
Il aurait été plus correct d'indiquer clairement le mois ou la période de la prise de
chaque photo puisqu'elles sont des périodes différentes. On souhaiterait surtout savoir
celles qui ont été prises en 1994, quel mois et pourquoi? Les plus intéressantes sont
les figures N° 3; N° 4; N° 5 et N° 8. S'agit-il de la reconstitution datant d'après
l'attentat ou bien sont-elles des photos ayant été prises avant. Quel est cet avion qu'on
a photographié? S'il s'agit du Falcon 50 présidentiel, pourquoi avait-il été
photographié en vol d'approche de l'aéroport?
*Les photos remises aux Experts britanniques par le Comité Mutsinzi
L'attribution de la prise de photos à la Société d'Assurance SONARWA aux environs
du 24 mai 1994 est invraisemblable et illogique puisque la SONARWA ne
fonctionnait pas à cette date. Le FPR est arrivé sur les lieux le 21 mai 1994 après la
rupture d'encerclement et l'exfiltration des unités des FAR se trouvant du côté est dans
la nuit du 20 au 21 mai 1994. La SONARWA étant fermée comme tous les autres
établissements publics et privés depuis le 7 avril 1994, où est ce que le FPR aurait
trouvé la Direction de la SONARWA pour qu'elle conduise cette prise de photos?

L'absence de certaines données techniques.
Les données techniques déterminantes ci-après manquent alors qu'elles devraient être
prises en considération pour le calcul de la trajectoire des missiles à partir des points
de départ identifiés ou supposés, comme c'est dans le cas présent. Il s'agit de:
*L'altitude à laquelle un Falcon 50 devrait se trouver et la vitesse qu'il devrait avoir
sur sa trajectoire au niveau de Masaka (19 km) et au niveau de la résidence
présidentielle pour atterrir à l'aéroport de Kanombe dans les conditions normales.
*L'angle optimal de la trajectoire du missile SAM 16 pour atteindre avec efficacité
une cible se trouvant à ladite altitude.
*La force de frappe du missile SAM 16 devant ébranler la cible, exprimée en Kgforce par centimètre carré à un angle et une distance donnés à partir du point de
lancement du missile.
La carte électronique fournie par le Comité Mutsinzi: Annexe M
Questions:
Sur quoi les Experts britanniques se sont-ils basés pour déterminer deux points de
départ
présumés des missiles dans le domaine militaire de Kanombe, un
apparemment au niveau du champ de Nyarugunga, formant un angle de 70 degrés par
rapport à la trajectoire de l'avion et la résidence présidentielle, et un autre
apparemment à la poudrière, formant un angle de 90 degrés, à partir desquels ils ont
fait leur calcul de la trajectoire des missiles alors que personne parmi les témoins
oculaires n'a indiqué ces lieux de la même manière que la Ferme de Masaka ?

62

Pourquoi privilégient-il la trajectoire imaginaire de 70 degrés qui a été évoquée par un
témoin, le caporal Moreau, qui se trouvait pendant la nuit à Rutongo, situé à 19 ou 20
km du lieu du crime à vol d'oiseau, alors que le témoin dit qu'il ne voyait pas l'avion
et ne savait pas dans quelle direction étaient les lumières qu'il a vues? Les 70 degrés
étaient estimés par rapport à quoi puisque son collègue Joël Hermeryck atteste qu'ils
n'ont pas vu les missiles, donc pas leur provenance ni leur trajectoire.
Constat:
Les experts britanniques n'ont pas mené leur propre enquête. Ils n'ont fait qu'entériner
les témoignages collectés par le Comité Mutsinzi quand bien même ils sont
ostensiblement sujet à caution! Ils auraient dû au moins réentendre les témoins en leur
posant des questions de précision sur le lieu supposé de départ des missiles puisque
leurs déclarations sont imprécises et contradictoires.
Les Experts britanniques confondent le lieu du crash avec le lieu de l'impact, c'est-àdire le lieu au niveau duquel l'avion arrivait lorsqu'il a été atteint par les missiles. Ils
semblent considérer que l'avion a chuté d'aplomb sans faire aucun mètre de plus après
avoir été atteint par les missiles. Or un avion en mouvement ne tombe pas d'aplomb
comme un matériel lourd largué ou une pierre lâchée à partir de la vitesse ZERO,
disons par un hélicoptère en position stationnaire.
Un avion touché par un tir ou dont les moteurs s'arrêtent par défaut technique ne
tombe pas verticalement d'aplomb au point de projection perpendiculaire par rapport
au niveau où l'impact s'est produit ou les moteurs se sont arrêtés. S'il n'explose pas en
l'air instantanément, il continue le mouvement par inertie tout en descendant faute de
force de propulsion devant le maintenir sur sa normale trajectoire et va s'échoir plus
loin en fonction de son poids, de la vitesse et de l'altitude auxquelles il volait au
moment de l'impact. Il devient donc un peu comme un objet largué normalement par
un avion en mouvement. Cet objet va tomber plus loin par rapport au niveau où il a
été lâché, lui aussi en fonction de son poids, de la vitesse et de l'altitude auxquelles
volait l'avion qui l'a lâché. Mais l'objet tombe encore plus près par rapport à l'avion
abattu ou en panne brutale en vol, parce que lui (l'objet) n'a pas sa propre vitesse de
propulsion qui continue de l'entraîner par inertie.
Par conséquent l'avion du Président Habyarimana doit avoir été touché par les
missiles avant d'arriver au niveau de la résidence, car la chute par terre se produit plus
loin par rapport au niveau de l'impact. Après avoir été touché il a continué sa
trajectoire par inertie mais en descendant faute de source d'énergie propulsive devant
le maintenir sur le niveau normal de descente pour l'atterrissage et il allé s'écraser
dans le jardin de la résidence. La thèse de Masaka est plus probable tel que les
témoignages qui avaient été recueillis le lendemain de l'attentat auprès des
populations déposant librement l'ont attesté. Le cratère au point de chute, qui n'est pas
profond, montre également que l'avion est tombé en pente douce au bout de la perte
de sa vitesse.
Si l'angle de 70 degrés privilégié par les Experts britanniques est appliqué sur le point
de départ des missiles à Masaka pour déterminer l'impact et non le lieu du crash, on
constatera que l'avion a effectivement été touché à un certain niveau entre la ferme et
la résidence, et a continué son mouvement par inertie tout en descendant pour s'échoir
plus loin. Alors ce fut dans le jardin de la résidence. Si l'avion volait à une vitesse

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supérieure et à une plus haute altitude, il serait allé s'écraser encore plus loin. Par
exemple s'il avait été atteint par un missile tiré à 70 degrés de sa trajectoire, alors qu'il
volait à 2.000 m d'altitude il ne serait pas tombé au même lieu mais plus loin, peutêtre plutôt sur la piste.
Si les missiles avaient atteint l'avion alors qu'il arrivait au-dessus de la résidence
présidentielle et que l'avion avait chuté à la verticale, le fils du Président
Habyarimana, Jean Luc, meilleur témoin oculaire qui a tout vu depuis que l'avion
venait de l'horizon et a assisté à sa chute puisqu'il était dehors, ne dirait pas que les
missiles ont été tirés à partir de Masaka.
Confondre le lieu du crash avec le lieu de l'impact semble être une méthode non
adéquate. L'objectif semble être situer coûte que coûte le point de départ des missiles
au camp Kanombe à partir de rien. Il faudrait refaire les calculs basés sur un angle de
70 degrés à partir de Masaka, point de départ qui a été indiqué avec précision par des
témoins libres et de première main le lendemain de l'attentat, et confirmé par certains
témoins du Comité Mutsinzi occultés par les Experts britanniques, si 70 degrés c'est
le seul angle d'efficacité des missiles SAM 16. Puis calculer le mouvement imprimé à
l'avion par l'inertie depuis le point d'impact trouvé et sa descente progressive, pour
voir si le point de chute ne serait pas bien la résidence présidentielle!
Le rapport des experts britanniques est biaisé. Le groupe ne fait qu'avaliser le rapport
du Comité Mutsinzi. Le groupe n'est ni indépendant ni impartial. Il est au service de
ce Comité et c'est son prolongement commandité pour donner une fausse image
scientifique au travail dudit Comité.
Puisque l'impact doit avoir eu lieu à une certaine distance du lieu du crash, l'avion
devrait avoir été touché avant d'atteindre le niveau de la résidence pour y chuter
verticalement comme si sa vitesse tombait automatiquement à ZERO. Les missiles
tirés de gauche ayant atteint la partie arrière, leur force de frappe a poussé la queue
vers la droite et la partie avant a basculé légèrement vers la gauche. L'avion a alors
chuté en oblique par rapport à la ligne d'atterrissage, adoptant la trajectoire qui l'a
conduit à la résidence présidentielle, suivant une pente douce et il a touché le sol
faisant un cratère peu profond puisqu'il était au bout de sa vitesse. L'angle de sa
descente devrait être calculé pour situer le point d'impact en l'air qui doit être à une
certaine distance de la résidence sur la trajectoire de l'avion. L'angle de chute de 20
degrés cité par la sous-section des investigations de la force aérienne belge dans son
rapport à la Commission d'enquête parlementaire belge est d'ailleurs plausible.
L'avion ne pouvait pas chuter verticalement à l'impact même comme les experts
britanniques le présentent. Si l'impact avait eu lieu au-dessus de la résidence l'avion
serait allé s'écraser plus loin vers l'aéroport. Si les experts étaient sérieux, ils auraient
déterminé le point de touche sur 70 degrés à partir de Masaka au lieu de prolonger la
ligne jusqu'à la résidence et former un angle impossible pour tromper l'opinion. A
partir de ce point de touche déterminé à 70 degrés à partir de Masaka, l'avion a été
emporté en descendant et est allé s'écraser dans le jardin présidentiel.
Selon mes propres estimations, la résidence présidentielle est située à environ 2,5 km
de la verticale de Masaka sur la ligne d'atterrissage. Si les missiles ont été tirés à partir
de la ferme de Masaka suivant l'angle de 70 degrés privilégié par les experts

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britanniques, ils devraient avoir atteint l'avion à 2 km de la résidence. Puisqu'ils n'ont
pas fait exploser l'avion en l'air et ne l'ont pas trop ébranlé, celui-ci est descendu
progressivement en fonction de la perte de vitesse, puis il est allé s'écraser dans le
jardin présidentiel.

20- Conclusion sur le rapport Mutsinzi.
Le rapport du Comité Mutsinzi n'est qu'un ensemble de montages de diversion, de
désinformation et d'informations travesties ou manipulées. Le Comité Mutsinzil prend
des informations engageant la responsabilité du FPR et les tourne contre les FAR. Il a
fait de même pour la responsabilité du Président Mwinyi qui a refusé hospitalité à ses
homologues et la tourne contre le Président Habyarimana lui prêtant le refus de
l'accueil proposé par son hôte Mwinyi. Le gouvernement rwandais a créé le Comité
Mutsinzi et commandé son travail pour semer le doute, manipuler l'opinion
internationale et gagner des délais, et surtout couvrir l'aveu de Paul Kagame fait lors
de son interview avec le journaliste de la BBC Stephen Sackur à Londres le 7
décembre 2006. C'est cet événement qui l'a contraint à créer ledit Comité alors qu'il
s'était opposé à toute enquête, ayant même déclaré à Stephen Sackur que l'enquête sur
l'assassinat de Habyarimana ne le préoccupait pas.
Les témoignages que la population de Masaka, Rusororo, Mulindi et Ndera avait
donnés le lendemain de l'attentat sont sans équivoque. Les témoins ont entendu les
coups de départ et vu "des boules de feu" partant de la vallée en contrebas de leurs
domiciles qu'est la ferme de Masaka. Les habitants de Rusororo au-dessus de la route
vers Kabuga voyaient cela de face dans la vallée, donc à quelques centaines de mètres
seulement de leurs domiciles à vol d'oiseau. Le FPR évoquait le même endroit durant
les 15 ans de refus d'enquête, bien qu'il attribuât le crime à l'ancienne partie
gouvernementale pour désinformation. La désignation du Camp militaire de Kanombe
comme point de départ des missiles qui ont abattu le Falcon 50 présidentiel le 6 avril
1994 n'est qu'une manœuvre de diversion.
Le Comité Mutsinzi n'a pas pu contredire le juge antiterroriste français Lean Louis
Bruguière sur l'origine de ces missiles dont les lanceurs ont été découverts le 25 avril
1994 dans la vallée de Masaka, en démontrant qu'ils ne parviennent pas des stock de
la NRA (Armée Ougandaise) alors pourvoyeur du FPR, tel qu'établi par le juge
Bruguière.
Fait le 30 mars 2010
Aloys Ntiwiragabo.
Gen. Maj.

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