Fiche du document numéro 31152

Num
31152
Date
Mercredi 18 mai 1994
Amj
Hms
12:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
22994
Pages
3
Surtitre
Journal de 12 heures
Titre
Bernard Kouchner : « Les Hutu tuent les Tutsi et apparemment ont décidé de les tuer tous ! Ça s'appelle un génocide ! »
Soustitre
Hier [17 mai] les Nations unies ont décidé l'envoi d'une mission à caractère strictement humanitaire.
Nom cité
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Lieu cité
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Mot-clé
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Résumé
- Fights of unsustainable cruelty are continuing in Rwanda where humanitarian organizations speak of 400,000, even 500,000 deaths. The massacres that finally made the international community react: yesterday [May 17] the United Nations decided to send a strictly humanitarian mission.

- The first characteristic of the international community is that it does not exist. This quote by researcher Pierre Hassner is tragically applicable in Rwanda. How to effectively protect people who flee the fighting to take refuge in neighboring countries?

- Answer: the sending of more than 5,000 Blue Helmets, decision Tuesday [May 17] by the UN. The Blue Helmets, the armed forces of the international community, who demand means: planes, armored vehicles, trucks. Their mandate: strictly humanitarian. There is no question, according to Washington, traumatized by its experience in Somalia, that it is moving towards the imposition of peace. Paris wanted a larger mission and the use of force. But to protect the population, the Blue Helmets will still be able to invoke legitimate defense.

- Warning shot last night [May 17], on the part of the Rwandan Patriotic Front rebels: "If the forces of the UN seek to intervene, they will be treated as enemies".

- First test for the United Nations: get the Kigali airport reopened now to allow humanitarian aid to be distributed.

- Bernard Kouchner is back from Rwanda where he tried in vain to open humanitarian corridors. Il lance un veritable cri d'alarme. Bernard Kouchner: "We pile people into churches. We sprinkle the roof with gasoline. We put a grenade. We saw all that! So we have to remember something anyway: there is a majority group, around 90%, called the Hutu. There is a minority group called the Tutsi, 10%. The Hutu kill the Tutsi and apparently have decided to kill them all! It's called genocide! We kill because we is Tutsi, not because we did something bad. There is only one thing that I would like to convey: when will we understand, after how many massacres, after how many dead children? When we walk in grass, over there, around Kigali, we walk on the skulls of severed children. We walk on bodies that have been eaten by dogs. Not a member of the family has survived. So if we want to witnessing that, so it's classic: massacre, humanitarians who shout that the politicians have done nothing, and then finally the politicians do something and the international intervention ernationale arrives too late, after the massacre. So will we understand once and for all that what has been called the right of interference is only a rapid action force, under the flag of the United Nations but which can be an African force , much better still, come at the slightest alarm and better still before the massacre. It will be called prevention, the right to interfere, as you like. It would prevent the massacre. What can we do now? Do you know why we never intervene? It's not pretty, they say it's neocolonialism. They say we have no soldiers, no money and no political will. Well after the massacre you find soldiers, you find money and you find political will. Only people died".
Source
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Laurence Bobillier :] Bonjour. Des combats d'une cruauté insoutenable se poursuivent au Rwanda où les organisations humanitaires parlent de 400 000, voire 500 000 morts. Des massacres qui ont enfin fait réagir la communauté internationale : hier [17 mai] les Nations unies ont décidé l'envoi d'une mission à caractère strictement humanitaire. Pascal Verdeau.

[Pascal Verdeau :] La première caractéristique de la communauté internationale, c'est de ne pas exister [une incrustation "Frontière Tanzanie, aujourd'hui" s'affiche à l'écran]. Cette boutade du chercheur Pierre Hassner s'applique tragiquement au Rwanda [on voit des réfugiés parqués derrière un grillage]. Comment protéger efficacement les personnes qui fuient les combats pour se réfugier dans les pays voisins [diffusion d'images du pont de Rusumo sur lequel marchent des soldats du FPR puis gros plan sur un panneau indiquant "Tanzania / Keep left"] ?

Réponse : l'envoi de plus de 5 000 Casques bleus, décision mardi [17 mai] de l'ONU [une incrustation "Conseil de Sécurité ONU, 17 mai 1994" s'affiche à l'écran]. Des Casques bleus, bras armés de la communauté internationale, qui réclament des moyens : avions, véhicules blindés, camions [on voit les membres du Conseil de sécurité en train de voter à main levée]. Leur mandat : strictement humanitaire. Pas question selon Washington traumatisée par son expérience en Somalie de s'orienter vers une imposition de la paix. Paris souhaitait une mission plus large et l'emploi de la force [gros plans sur les représentants du Rwanda, du Nigéria et de la France en pleine séance du Conseil de sécurité]. Mais pour protéger les populations, les Casques bleus pourront tout de même invoquer la légitime défense [diffusion d'images d'un camp de réfugiés].

Coup de semonce, hier soir [17 mai], de la part des rebelles du Front patriotique rwandais : "Si les forces de l'ONU cherchent à s'interposer, elles seront traitées en ennemi" [on voit un groupe de soldats du FPR en train de marcher].

Premier test pour les Nations unies : obtenir à présent la réouverture de l'aéroport de Kigali pour permettre de distribuer l'aide humanitaire [on voit des réfugiés en train de recevoir des vivres].

[Laurence Bobillier :] Bernard Kouchner est de retour du Rwanda où il a tenté en vain d'ouvrir des couloirs humanitaires. Il lance un véritable cri d'alarme. Son témoignage recueilli par Claire Sébastien et Christophe Airaud.

[Bernard Kouchner : "On entasse les gens dans les églises [une incrustation "Roissy, ce matin" s'affiche à l'écran]. On arrose… le toit avec de l'essence. On met une grenade. On a vu tout ça ! Alors il faut rappeler quelque chose quand même : y'a un groupe majoritaire -- environ 90 % -- ça s'…, qui s'appelle les Hutu. Y'a un groupe minoritaire qui s'appelle les Tutsi -- 10 %. Les Hutu tuent les Tutsi et apparemment ont décidé de…, de les tuer tous ! Ça s'appelle un génocide ! On tue parce qu'on est Tutsi, pas parce qu'on a fait quelque chose de mal. Il y a une seule chose que je voudrais faire passer : quand comprendra-t-on, après combien de massacres, après combien d'enfants morts ? Quand on marche dans l'herbe, là-bas, autour de Kigali, on marche sur des crânes d'enfants coupés. On marche sur des corps qui ont été mangés par des chiens. Pas un membre de la ch…, famille n'a réchappé. Donc si on veut assister à ça, alors c'est classique : massacre, humanitaires qui crient que les politiques ont rien fait, et puis finalement les politiques font quelque chose et l'intervention internationale arrive trop tard, après le massacre. Alors est-ce qu'on comprendra une fois pour toutes que ce que on a appelé le droit d'ingérence, c'est qu'une force d'action rapide -- sous le drapeau des Nations unies mais qui est…, peut être une force africaine, beaucoup mieux encore -- vienne à la moindre alerte et mieux encore avant le massacre. Ça s'appellera la prévention, le droit d'ingérence, comme on veut. Ça empêcherait le massacre. Qu'est-ce qu'on peut faire maintenant ? Vous savez pourquoi on…, on n'intervient jamais ? C'est pas beau, on dit que c'est du néocolonialisme. On dit qu'on n'a pas de soldats, qu'on n'a pas d'argent et qu'on n'a pas de volonté politique. Eh bien après le massacre on trouve des soldats, on trouve de l'argent et on trouve de la volonté politique. Seulement les gens sont morts".]
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024