Fiche du document numéro 30780

Num
30780
Date
Mercredi 22 novembre 2006
Amj
Auteur
Fichier
Taille
231278
Pages
2
Titre
Génocide rwandais : Kagamé en accusation
Sous titre
Les autorités rwandaises ont dénoncé hier le caractère « politique » de l'ordonnance rendue par le juge Bruguière.
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Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Génocide rwandais : Kagamé en accusation

AFRIQUE CENTRALE

Les autorités rwandaises ont dénoncé hier
le caractère « politique » de l'ordonnance
rendue par le juge Bruguière.

KIGALI a réagi avec force hier contre les « accusations
totalement infondées » du juge parisien Jean-Louis Bru-
guière qui, dans une ordonnance rendue vendredi der-
nier, a mis en cause l'actuel président rwandais, Paul
Kagamé, et son entourage, dans l'attentat du 6 avril
1994 qui avait déclenché le génocide rwandais.

Ces accusations ont été qualifiées de « ragots et ru-
meurs » par les autorités de Kigali « Ce sont des jeux po-
litiques plutôt qu'une procédure judiciaire », a estimé le

ministre rwandais de la Justice, Tharcisse Karugarama.
Accusé d’avoir, au risque du génocide contre sa propre
communauté tutsie, planifié l'attentat qui a coûté la vie

au président Habyarimana, le président Kagamé, à
l'époque chef de la rébellion du FPR, bénéficie de l’im-
munité présidentielle jusqu'à la fin de son mandat en
2010. Bruguïère a recommandé des poursuites contre
lui pour « participation présumée » à l'attentat de 1994.
Et il s'apprête à lancer des mandats d'arrêt contre neuf
de ses proches.

Le gouvernement français, pour sa part, s'est con-
tenté de réaffirmer le principe d'indépendance de la
justice. Paris a, toutefois, souhaité pouvoir « continuer
de travailler » avec Kigali. Sur son site Internet, Jacques
Hogard, un ancien officier de Turquoise, l'opération mi-
litaro-humanitaire française, lancée en juin 1994, a sa-
lué l'ordonnance rendue par le juge Bruguière : « Enfin
la vérité !», écrit-il Un communiqué de l'association
France Turquoise, créée à l’initiative de l’ancien com-
mandant des forces françaises déployées au Rwanda à

la fin juin 1994, salue une « mise en cause fondamenta-
le », Et estime que le travail du magistrat permet
« d'éclairer d'un jour nouveau l'ensemble de cette tragé-
die ».

« La réponse du berger à la bergère »

Les avocats de la défense du Tribunal pénal inter-
national d’Arusha (TPIR), chargés de juger les responsa-
bles du génocide, ont fait part.de leur satisfaction quant
au travail de Jean-Louis Bruguière. « Enfin, il y a eu une
enquête sérieuse », a déclaré l’avocat de Protais Zigira-
nyirazo, beau-frère de l’ex-président Juvénal Habyari-
mana. « C'est très positif, même si cela risque d'apparat-
tre comme la réponse du berger à la bergère », a noté
Me Raphael Constant, avocat de Théoneste Bagosora,
tenu par l'accusation pour le « cerveau du génocide ».
L'avocat faisait allusion aux travaux en cours de la com-

mission rwandaise d'enquête sur le rôle de la France
dans le génocide. Celle-ci, justement, a annoncé hier
qu'elle reprendra ses auditions publiques de témoins
du 11 au 19 décembre à Kigali. Les autorités rwandaises
ont récemment envisagé une procédure contre Paris
devant la Cour internationale de justice (CIJ) qui siège à
La Haye. Le procureur du TPIR, Hassan Bubacar Jallow,
a affirmé être en train d'évaluer les preuves collectées
par le juge Bruguière avant de décider d'ouvrir ou non
des poursuites. Dans son ordonnance, le magistrat a
fait part de son intention de transmettre son dossier au
secrétaire général de l'ONU afin que celui-ci saisisse le
TPIR.

P.S.-E.

En images : le bras-de-fer entre Paris et Kigali
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