Fiche du document numéro 30484

Num
30484
Date
Lundi 1er août 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
24596
Pages
3
Sur titre
Journal de 20 heures
Titre
L'aide humanitaire internationale commence véritablement à arriver à l'aéroport de Kigali : 14 atterrissages d'avions-cargos en 14 heures depuis la réouverture des pistes
Sous titre
Le Rwanda exsangue a besoin de cadres dûment rééduqués pour réconcilier le pays.
Nom cité
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Résumé
- International humanitarian aid is really starting to arrive at Kigali airport: 14 landings of cargo planes in 14 hours since the runways reopened last night [July 31]. They have been restored to working order by American troops. Some of these planes have been chartered by Germany, Great Britain, Australia, Canada or even the UN. About a hundred American soldiers work at the airport. The US Secretary of Defense said it would take 3,000 US troops in the coming days to support the humanitarian operation.

- In addition a first contingent of 60 British was to arrive this evening in Rwanda. They will be 600 in the next two weeks. On the spot, the figures are terrible: 50,000 refugees are said to have died in the camps, and that in just two weeks. These are figures provided by UNICEF. The intervention of the French military could extend beyond the deadline of August 22. This is what Edouard Balladur suggested yesterday [July 31] during a whirlwind visit to Goma.

- Today humanitarian organizations are fighting on two fronts: cholera and dysentery. More and more refugees want to return home to escape the disease.

- Returning candidates, refugees draw on their last resources. At the main post, controls have been remarkably lightened. But on the road which plunges towards Kigali, the new authorities fulfill a very specific task: to supervise those who return. An easy mission: some too weak have no choice, others seem to have quickly changed their minds about the new masters of the country.

- The omnipresent military patrols, however, can do nothing against the health situation of thousands of people exhausted by days of marching. New camps for displaced people are springing up on the way back. Same images as in Zaire, same concern. Malnutrition and cholera are already taking their toll.

- In the deserted town of Ruhengeri, there are indeed a few columns of refugees. But here politics has the clear advantage over humanitarianism. Priority of the new government in Kigali: regain control of the population. The bloodless Rwanda needs duly re-educated executives to reconcile the country. Deus Kagiraneza, "F.P.R., Prefect of Ruhengeri": "That does not exclude that the ringleaders, the leaders of these massacres, of this genocide will be prosecuted by the international community and will be brought to trial".

- The French Red Cross sent this morning to Goma a cargo plane loaded with 100 tons of goods, including 23 of medicines, five water treatment stations and all-terrain vehicles. The leaders of this organization hope to send one plane per week in this way.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Claude Narcy :] Le dossier rwandais à présent. L'aide humanitaire internationale commence véritablement à arriver à l'aéroport de Kigali : 14 atterrissages d'avions-cargos en 14 heures depuis la réouverture des pistes hier soir [31 juillet]. Elles ont été remises en état de fonctionnement par les troupes américaines. Certains de ces avions ont été affrétés par l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada ou bien encore l'ONU. Une centaine de soldats américains travaillent sur l'aéroport [on voit un cameraman en train de filmer des soldats américains qui déchargent des caisses de matériel d'un avion gros-porteur]. Et le secrétaire américain à la Défense a affirmé qu'il faudrait 3 000 soldats US dans les jours qui viennent pour soutenir l'opération humanitaire.

Par ailleurs un premier contingent de 60 Britanniques devait arriver ce soir au Rwanda. Ils seront 600 dans les deux semaines à venir. Sur place les chiffres sont terribles : 50 000 réfugiés auraient trouvé la mort dans les camps, et cela en deux semaines simplement. Ce sont des chiffres, euh, fournis par l'UNICEF. L'intervention des militaires français pourrait se prolonger -- vous le savez -- au-delà de la date butoir du 22 août. C'est ce qu'a laissé entendre hier [31 juillet] Edouard Balladur lors d'une visite éclair à Goma.

Aujourd'hui les organisations humanitaires luttent sur deux fronts : le choléra et la dysenterie. Les réfugiés qui veulent rentrer au pays pour échapper à la maladie sont de plus en plus nombreux. Et nos envoyés spéciaux Isabelle Baillancourt et Gilles Hémart ont suivi certains d'entre eux sur le chemin du retour.

[Isabelle Baillancourt :] [Inaudible] la frontière rwandaise, ils avancent, encore incertains. Candidats au retour, des réfugiés qui puisent dans leurs dernières ressources. Au poste principal les contrôles se sont remarquablement allégés. Mais sur la route qui s'enfonce vers Kigali, les nouvelles autorités s'acquittent d'une tâche bien particulière : encadrer ceux qui rentrent [on voit des réfugiés sur une route, dont un qui traîne une personne malade sur une planche à roulettes]. Une mission aisée : certains trop faibles n'ont pas le choix [on voit un enfant en train de marcher seul sur une route], d'autres semblent avoir rapidement changé d'avis sur les nouveaux maîtres du pays.

[Faustin, "Réfugié" [il s'exprime en kinyarwanda mais ses propos sont traduits] : "Non…, non je n'ai plus peur. Je suis parti parce que tout le monde partait. J'ai suivi le mouvement".]

Les patrouilles militaires, omniprésentes, ne peuvent toutefois rien contre la situation sanitaire de milliers de personnes épuisées par des jours de marche. Des nouveaux camps de déplacés surgissent sur la route du retour. Mêmes images qu'au Zaïre, même inquiétude. La malnutrition et le choléra y font déjà leur ravage. Depuis 24 heures, une antenne médicale tente de sauver une population [inaudible] et qui a peut-être quelque raison d'avoir peur [diffusion d'images de réfugiés dans un camp].

[Maureen, "M.S.F. Hollande" [elle s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "Dans la mesure du possible nous refusons les soldats dans ce camp. Ils ont déjà contrôlé tout le monde sur la route. Ici on donne des soins et c'est tout".]

[Au bord d'une route de "Mukungo, Rwanda", Isabelle Baillancourt, face caméra : "[Inaudible] qui rentrent peu à peu confirment -- s'il en est encore [inaudible] -- la nécessité et l'urgence d'une aide humanitaire internationale. Mais une aide qui se situerait au Rwanda même".]

Dans la ville désertée de Ruhengeri, il y a bien quelques colonnes de réfugiés. Mais ici la politique a nettement l'avantage sur l'humanitaire [on voit des gens assis massés dans une salle en train d'écouter le discours des autorités sous le contrôle d'un soldat du FPR]. Priorité du nouveau gouvernement de Kigali : reprendre en main la population. Le Rwanda exsangue a besoin de cadres dûment rééduqués pour réconcilier le pays.

[Deus Kagiraneza, "F.P.R., Préfet de Ruhengeri" : "Ça n'exclut pas que les meneurs, les leaders de ces massacres, de ce génocide seront poursuivis par la communauté internationale et seront traduits, jugés. Et ce sera un [inaudible] pour les générations futures".]

Encore faut-il que ces jeunes générations survivent à leurs souffrances [on voit un jeune enfant réfugié marcher le long d'une route avec son père et on l'entend pleurer].

[Jean-Claude Narcy :] Sachez enfin que la Croix-Rouge française a envoyé ce matin à Goma un avion-cargo chargé de 100 tonnes de marchandises -- dont 23 de médicaments --, cinq stations de traitement d'eau et des véhicules tout-terrain. Les dirigeants de cet organisme espèrent envoyer ainsi un avion par semaine.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024