Fiche du document numéro 3043

Num
3043
Date
Friday July 1, 1994
Amj
Auteur
Fichier
Taille
19154
Pages
2
Sur titre
French rescuers confront Rwanda horrors
Titre
Injured Tutsi stagger from forest hideouts
Page
15
Nom cité
Lieu cité
Source
Traduction
Traduction :
Les sauveteurs français confrontés aux horreurs du Rwanda
Des Tutsi blessés sortent en titubant de leurs cachettes dans la
forêt.
Par Sam Kiley à Bisesero, ouest du Rwanda
Une semaine après le début de leur mission de secours au Rwanda, les
commandos des forces spéciales françaises ont fini par découvrir hier
250 Tutsi, dont beaucoup d'entre eux grièvement blessés, qui se
cachaient dans des forêts et des plantations près de la ville de
Kibuye au bord du lac.
Quand la nouvelle de l'arrivée des Français s'est répandue d'un groupe
de Tutsi à l'autre, dispersés dans les collines, ils se sont
précipités vers les quatre Jeeps françaises. Les blessés boitillant
sur des béquilles ou appuyés sur des lances, pendant que les autres
souffrant d'inanition faisaient de douloureux efforts pour courir.
Un membre de l'unité française de gendarmerie contre-terroriste en est
venu aux larmes devant ce spectacle, et par ce qu'il a découvert
quelques minutes avant. A 400 yards (365 m) de là où les soldats
français distribuaient des biscuits, ils ont été confrontés à la
raison de leur travail au Rwanda. Sous presque chaque arbre gît un
cadavre. Enfants décapités et femmes au crâne fracassé se disputent la
place avec des fleurs sauvages aux couleurs éclatantes.
Sur une population de 3.000 personnes de la région de Bisesero, juste
au sud de Kibuye, il ne reste que 600 Tutsi, dit Aphrodise
Mutatumura [Mudacumura]. Tous les autres ont été tués depuis le début du
génocide. Seules trois femmes ont survécu aux massacres, toutes les
autres ont été éliminées chaque jour par les milices hutu.
La journée n'avait pas bien commencé pour les Français. Leur première
visite avait été pour le hameau de Gisovu, où leur commandant avait
naïvement cru un homme très grand qui prétendait être Tutsi et disait
qu'il vivait en harmonie avec ses voisins hutu -- une affirmation
incroyable au Rwanda. Les Français, voulant aller approvisionner en
nourriture les villageois, les trouvèrent revenant de leur champ,
croulant sous le poids des haricots et du sorgho qu'ils avaient
récolté.
Lorsque les survivants Tutsi racontèrent comment ils avaient été
attaqués par un groupe de Gisovu. ``Nous sommes allés offrir un
buffet à une bande d'assassins'', s'écria un gendarme tout en jurant.
Dans cette région où les Tutsi, qui représentaient 15 % des 7,5
millions de Rwandais, étaient assez concentrés, environ 300 maisons
ont été détruites. De petits groupes campaient, entassés à 30 dans une
pièce dans les ruines. D'autres se cachaient dans la forêt. Mais les
miliciens et l'armée y mettaient le feu en incendiant l'herbe autour
des arbres -- les cicatrices noires de ce que les Tutsi eux-mêmes
appellent ``la chasse aux Tutsi'' étaient visibles dans tout le
voisinage.
Les rudes soldats français n'étaient visiblement pas préparés à voir
un massacre d'une telle ampleur. Aucun reportage télévisé ne saurait
rendre compte d'une réalité aussi accablante. Mais ce qui les
étonnaient le plus c'était la capacité de ces gens à survivre. Un
homme leur montra une blessure par balle qui traversait sa main,
laquelle avait doublé de taille. Une charmante petite fille d'environ
dix ans qui mâchonnait ses biscuits fit un sourire à un soldat puis
s'en alla laissant voir une entaille de 4 pouces (10 cm) dans le crâne
et au fond le cerveau purrulent. ``Mon Dieu, aucune mort n'est
acceptable, mais mourir de cette façon, ou être comme ces
morts-vivants, c'est incroyable,'' s'écrie un soldat.
Peu après, un pick-up blanc plein de soldats gouvernementaux rwandais,
qui avaient mis autant d'enthousiasme à tuer leurs compatriotes que
les milices civiles, s'arrêta. Un capitaine demanda aux occupants d'où
ils venaient. Ils prétendirent venir de Butare, à une centaine de
miles au Sud (cent soixante
kilomètres). Mais quand la voiture passa à leur hauteur, les
réfugiés tutsi se jetèrent en arrière comme électrocutés.
Ils connaissaient la voiture, ils connaissaient leurs assassins
``Cette voiture vient chaque matin remplie d'Interahamwe [ceux
qui tuent ensemble] et ils essaient de nous tuer,'' dit Célestin, âgé
de 18 ans.
Type
Article de journal
Langue
EN
Citation
From Sam Kiley in Bisesero, Western Rwanda


A WEEK after starting their rescue mission in Rwanda, French special
forces commandos finally discovered about 250 Tutsi people yesterday,
many of them badly wounded, hiding in forests and plantations near the
lake-side town of Kibuye.


As news of the arrival of the French spread through the isolated
pockets of Tutsi scattered across the hills they rushed towards the
four French Jeeps: the wounded hobbling on crutches or supported by
spears, while those who were malnourished made wobbly efforts to run.
One member of the French gendarmerie counter-terrorist unit was moved
to tears by the sight, and by what he had seen a few minutes
before. Four hundred yards from where the French soldiers were
handing out biscuits, they were confronted with the reason for their
work in Rwanda. Under almost every tree lay a decomposing
body. Decapitated children and women with shattered skulls competed
for space with vivid wild flowers.


From a population of 3.000 people in the Bisesero area, just south of
Kibuye, there remained only 600 Tutsis, Aphrodise Mutatumura said.
All the others had been killed since Rwanda's genocide began. Only
three women lived through the massacres, and the remaining menfolk
were being picked off by Hutu militia daily.


The day had not started well for the French. Their first visit was to
the hamlet of Gisovu, where their commander naively believed a tall
man who claimed to be a Tutsi and said he was living in harmony with
his Hutu neighbours -- a statement that is unbelievable in Rwanda. The
French flew in food for the villagers, only to find them staggering in
from their fields under the weight of the beans and sorghum they were
harvesting.


Then Tutsi survivors described how they were attacked by a group from
Gisovu. ``We have just been giving a buffet to a bunch of murderers,''
said one of the gendarme, swearing.


In the area where Tutsis, who once made up 15 per cent of Rwanda's 7.5
million people, had lived in some concentration, perhaps 300 houses
had been destroyed. Small groups have been camping huddled 30 to a
room in the ruins. Others took to the forests. But the militia and the
army simply burnt them out by setting fire to the grass around the
trees -- the black scars of what the Tutsis themselves call ``Tutsi hunting''
were in evidence all around.


The tough French soldiers were clearly unprepared for the scale of the
slaughter they saw. No amount of television coverage can compare to
the overpowering reality. But what staggered them was the capacity for
people to survive. One man showed them a bullet wound through his hand
which has swollen to twice its normal size. A pretty young girl of
about ten chewed on her biscuits, smiled at a soldier, then walked
away revealing a four-inch gash through her skull and the septic brain
beneath. ``God, no death is OK, but to be killed like this, or to look
like the living dead is unbelievable,'' said the soldier.


Soon afterwards a white pick-up full of Rwandan government soldiers,
who have been as enthusiastic about killing their countrymen as the
civilian militia, drew up. A captain asked the occupants where they
were from. They claimed to have come from Butare, hundred of miles to
the south. But as the car drove by, the Tutsi refugees backed off as
if they had been electrocuted.


They knew the car, and they knew their killers. ``That car comes
here every day filled with Interahamwe [those who killed
together] and they try to kill us'' said Celestin, 18.
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