Fiche du document numéro 3024

Num
3024
Date
Mercredi 11 janvier 2012
Amj
Auteur
Fichier
Taille
87918
Pages
2
Titre
Rwanda : une vaste opération d'enfumage
Nom cité
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Mot-clé
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
En désignant l'enceinte du camp de la garde présidentielle, bastion
du pouvoir hutu, comme le lieu d'où ont été tirés les deux missiles
qui ont abattu l'avion du président Habyarimana le 6 avril 1994, les
experts convoqués par le juge d'instruction Marc Trevidic ont secoué
l'opinion française. Depuis une quinzaine d'années en effet, les
ordonnances du juge Bruguière, largement relayées par des livres et
des articles, avaient accrédité l'idée d'un attentat commis par le
Front patriotique rwandais, qui auraient ainsi déclenché le dernier
génocide du siècle dernier.

Au lendemain de la communication du rapport d'expertise, qui exonère
le FPR de cette accusation, les avocats des neuf personnalités
rwandaises incriminées par le juge anti terroriste, Mes Lev Forster et
Bernard Maingain ont tiré les premières conclusions de ce revirement
de l'enquête. La première, c'est qu'ils espèrent que leurs clients, de
hautes personnalités du régime de Kigali, dont James Kabarebe l'actuel
ministre de la Défense, bénéficieront d'un non lieu lorsque, après
trois mois environ, toutes les conclusions du rapport d'expertise
auront été tirées.

La seconde constatation, c'est que l'enquête sur le terrain a été
minutieuse et complète : six lieux de tirs possibles ont été visités,
56 missiles ont été examinés avant que le SA16 d'origine russe soit
désigné comme l'arme du crime. Une arme sophistiquée, dont la
manipulation exige plus d'une centaine d'heures de pratique. Ce
constat rejoint déjà la remarque de l'un des avocats de la famille
Habyarimana, qui a rappelé que les Forces armées rwandaises n'avaient
pas été formées au maniement de ces engins sophistiqué...

Le troisième point qui a frappé les avocats, c'est que la
déconstruction de l'enquête du juge Bruguière est désormais
entamée. Rappelons que le célèbre magistrat avait instruit uniquement
à charge et refusé de se rendre sur le terrain, au contraire de Marc
Trevidic qui fut longtemps son disciple. Cette déconstruction passe
par la remise en cause des témoins (dont la plupart, comme Abdul
Ruzibiza ou Emmanuel Ruzindana) se sont rétractés, mais aussi par le
dévoilement des véritables réseaux de désinformation ayant opéré en
marge de l' « enquête » : des universitaires comme André Guichaoua ou
Claudine Vidal ont apporté leur caution scientifique, des
journalistes comme Pierre Péan ont vulgarisé la version, tandis que
de nombreuses pièces du dossier démontrent une totale proximité entre
enquêteurs, témoins, traducteur et magistrat. C'est ainsi que Pierre
Payebien, l'enquêteur principal de Bruguière, a utilisé comme
traducteur Fabien Singaye, un ami de Jean Luc Habyarimana, et beau
fils de Félicien Kabuga, le financier du génocide. Singaye avait été
présenté à Payebien par l'ancien gendarme de l'Elysée, le capitaine
Paul Barril, omniprésent dans les opérations de diversion. Ce réseau
de connivences, cet « enfumage » du dossier, suivant les termes de Me
Maingain a d'ailleurs incité les avocats à déposer plainte pour «
tentative d'escroquerie à jugement » et subornation de témoins.
Le rideau de fumée s'est étendu à la Belgique et Me Maingain a rappelé
le rôle joué par le professeur anversois Filip Reyntjens qui aurait
entre autres conseillé l'enquêteur Payebien et eu des contacts avec le
colonel Bagosora à propos des missiles. Les manoeuvres ne sont sans
doute pas terminées :on peut s'attendre à de prochaines « révélations
» sur de possibles infiltrations de combattants du FPR à l'intérieur
même du camp Kanombe, ce bastion hutu et Théogène Rudasingwa, ancien
secrétaire général du FPR, en rupture avec Kagame ainsi que d'autres
ex rebelles accusés de corruption retrouvent soudain la mémoire et
revendiquent l'attentat.

Les avocats ont aussi tenu à rappeler que les dix Casques bleus
belges, massacrés au camp Kigali, ont été parmi les premières victimes
de la désinformation : c'est une source française qui avait désigné
les Belges comme les auteurs de l'attentat...
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