Fiche du document numéro 29980

Num
29980
Date
Lundi 2 mai 2022
Amj
Auteur
Fichier
Taille
28531
Pages
2
Urlorg
Titre
"Rwanda : le silence des mots", ces femmes violées par les soldats français censés les protéger
Sous titre
Dans un documentaire Arte, Gaël Faye et Michael Sztanke donnent la parole à trois Rwandaises violées en 1994 par des soldats français de l’Opération Turquoise.
Nom cité
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Lieu cité
Mot-clé
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Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Le titre l’annonce, tout se joue au niveau sonore dans ce documentaire Arte. Bien sûr, les images sont belles. Lumière diffuse d’avant l’orage, lents plans appelant à la contemplation. Du vent dans les arbres du pays aux mille collines, des mains de femmes dans la terre ou sur le dos d’un patient, du linge mis à sécher, bercé par la musique grave de Guillaume Poncelet. Entrecoupées par les paysages, des femmes souvent silencieuses qui se tiennent bien droites. Marie-Jeanne, Concesa et Prisca, toutes les trois Tutsi, remontent le fil de leur mémoire meurtrie il y a presque 30 ans. Elles commencent par raconter l’horreur des massacres perpétrés par les Hutu envers leur ethnie en 1994, sur lequel Michael Sztanke, co-réalisateur avec l’auteur-compositeur franco-rwandais Gaël Faye, a déjà réalisé un reportage. Meurtres, mutilations, viols, rien n’est trop glauque pour le dernier génocide du 20ème siècle. Et les sauveurs s'avèrent parfois aussi barbares.

En juin 1994, la France envoie 2 500 militaires sur place dans le cadre de l’Opération Turquoise, soutenue par la résolution 929 de l’ONU qui vise à « contribuer, de manière impartiale, à la sécurité et à la protection des personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger au Rwanda ». Les survivantes des horreurs perpétrées par les Hutu se croient enfin en sécurité lorsqu’elles atteignent le camp de Nyarushishi, au sud du pays. « On croyait naïvement que le blanc était un sauveur » racontent-elles. Espoir fracassé les nuits où des soldats français passent faire leur marché dans les tentes des femmes, violent et prennent des Polaroïds de leurs crimes. Le sentiment d’impunité semble total et ne sera d'ailleurs pas démenti par la suite. Ces femmes, qui « [peuvent] tout oublier mais pas ce qu’[elles ont] vécu à Nyarushishi », ont porté plainte en 2004 et en 2012 contre X auprès de la justice française – « seule la justice peut m’aider à surmonter ma douleur et à reconnaître officiellement ma souffrance », souffle l'une d'elles. Les dossiers sont toujours en cours d’instruction. « L’histoire d’un génocide ne finit jamais de s’écrire », conclut Gaël Faye, voix off très discrète.

Rwanda : le Silence des mots. Michael Sztanke et Gaël Faye, Arte, 53 minutes, disponible sur Arte.fr.
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