Fiche du document numéro 29951

Num
29951
Date
Dimanche 10 avril 1994
Amj
Hms
19:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
10801609
Pages
0
Urlorg
Sur titre
Journal de 19 heures 30 [3:00]
Titre
Dès vendredi [8 avril], 4 000 rebelles ont quitté Mulindi pour se rendre sur Kigali avec une seule idée en tête : venger les leurs, les Tutsi, massacrés par la garde présidentielle et l'armée régulière dominée par les Hutu
Sous titre
À l'aéroport, les militaires français organisent des évacuations.
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Résumé
- The situation in Rwanda continues to worsen. According to the International Red Cross, fighting with heavy weapons is currently taking place on the outskirts of Kigali, the capital.

- A capital that foreigners have fled all day. The first French are expected tonight in Paris.

- We are with the Tutsi rebels in Mulindi, headquarters of the RPF, the Patriotic Front of Rwanda. Here the fighting resumed on Friday [April 8], as soon as the announcement of the first bloodbaths perpetrated by the Hutu in the capital Kigali.

- 4,000 rebels very quickly left this front zone to go to the capital with a single idea in mind: to avenge their own, the Tutsi, massacred by the presidential guard and the regular army dominated by the Hutu. But according to the leader of the RPF, the Hutu are not the only ones responsible for these latest killings. Théogène Rudasingwa: "The United Nations were there. I think they somehow contributed to this situation, to this escalation of violence".

- Today in Kigali, fighting continued with heavy weapons. In working-class neighborhoods, corpses litter the streets. There would already be thousands of deaths. Father Pierre Jault: "Dead people? But I saw plenty of them on the way here this morning! I saw the houses burning, I even heard people screaming, calling for help! There were some near us: girls I knew well. Children have said to me: 'Father, they are sleeping on the road'. Do you see what we say? It does not stop. They are drunk with blood".

- At the airport, the French soldiers organize evacuations. Of the 600 French people identified in Rwanda, 246 had been evacuated at the start of the afternoon. Michel Roussin: "I think that if we can continue at the pace we have been at since last night [April 9], I think that during the day, we will have been able to evacuate the majority of our compatriots".

- All humanitarian organizations except the International Red Cross have left the country. Some of them arrived in Nairobi, very quickly joined by 150 Belgian, American, British and Canadian nationals. All these foreigners share the same feeling: the situation is likely to get worse in Kigali.

- The Ministry of Foreign Affairs has set up a contact unit with French families in Rwanda.
Source
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Richard Tripault :] La situation au Rwanda ne cesse elle aussi de s'aggraver. Selon la Croix-Rouge internationale, des combats à l'arme lourde se dérouleraient actuellement à la périphérie de Kigali, la capitale.

Une capitale que les étrangers ont fui toute la journée. Les premiers Français sont attendus ce soir à Paris. Le point avec Morad Aït-Habbouche.

[Morad Aït-Habbouche :] Nous sommes avec les rebelles tutsi à Mulindi [une incrustation "Mulindi (Nord du Rwanda), hier [9 avril]" s'affiche à l'écran], quartier général du FPR, le Front patriotique du Rwanda [on voit un soldat du FPR en train de tirer au mortier]. Ici les combats ont repris dès vendredi [8 avril], dès l'annonce des premiers bains de sang perpétrés par les Hutu dans la capitale Kigali.

4 000 rebelles ont d'ailleurs très vite quitté cette zone de front pour se rendre sur la capitale avec une seule idée en tête : venger les leurs, les Tutsi, massacrés par la garde présidentielle et l'armée régulière dominée par les Hutu. Mais selon le chef du FPR, les Hutu ne sont pas les seuls responsables de ces dernières tueries [diffusion d'images montrant des soldats du FPR en action].

[On voit un homme avec des lunettes [il s'agit de Théogène Rudasingwa ; il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "Les Nations unies étaient là. Je pense qu'ils ont d'une certaine manière contribué à cette situation, à cette escalade de la violence".]

Aujourd'hui à Kigali, les combats se sont poursuivis à l'arme lourde. Dans les quartiers populaires, les cadavres jonchent les rues. Il y aurait déjà des milliers de morts [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR et des FAR].

["Par téléphone de Kigali, Père Pierre Jault" : "Des morts ? Mais j'en ai vu plein la route en venant ce matin ! J'ai vu les maisons brûler, j'ai…, j'ai…, j'ai même entendu les gens crier, appeler au secours ! Y en avait à côté de chez nous : des filles que je connaissais bien. Des enfants m'ont dit : 'Père, elles sont en train de dormir sur la route'. Vous voyez ce qu'on dit ? Ça ne s'arrête plus. C'est…, c'est. Ils sont, je vous dis, ils sont ivres de sang. Les gens qui étaient réfugiés dans l'église, on les a fait sortir de l'église, on les a tués. Maintenant, nous, on est passé devant leurs cadavres ! On les a tués. Ces gens s'accrochaient au Père, disaient au Père : 'Vous nous avez trahi. Vous avez dit que vous nous protégez'. Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ?" [diffusion d'une carte de l'Afrique puis de la région des Grands lacs localisant le Rwanda et le Burundi].]

À l'aéroport, les militaires français organisent des évacuations. Sur les 600 Français recensés au Rwanda, 246 avaient été évacués en début d'après-midi [diffusion d'images d'archives montrant des soldats français en action].

[Michel Roussin : "Je pense que si nous pouvons poursuivre au rythme où nous sommes depuis hier soir [9 avril], je pense que dans la journée, on aura pu évacuer, euh…, la majorité de nos compatriotes".]

Toutes les organisations humanitaires, à l'exception de la Croix-Rouge internationale, ont quitté le pays. Certaines d'entre elles sont arrivées à Nairobi, très vite rejointes par 150 ressortissants belges, américains, britanniques et canadiens. Tous ces étrangers partagent le même sentiment : la situation risque de s'aggraver à Kigali [on voit des civils blancs sur le tarmac de l'aéroport de Nairobi].

[Richard Tripault :] Le ministère des Affaires étrangères a mis une cellule de contact avec les familles françaises du Rwanda. Voici les numéros que vous pouvez composer : le 45. 50. 34. 60 ou 40. 63. 31. 64. Il y a deux autres numéros : le 40. 63. 31. 31 et 40. 63. 31. 57.

Et puis sachez qu'à 22 h 55, dans "le Soir", nous consacrerons un dossier à cette situation au Rwanda avec comme invités le ministre de la Coopération, Michel Roussin, et Edgard Pisani.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024