Fiche du document numéro 29694

Num
29694
Date
Mardi 14 juin 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
21475
Pages
2
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Père Henri Blanchard : « Il faut qu'on essaye de témoigner, de faire bouger. De parler de cette terrible souffrance des gens ! Et des deux côtés ! »
Soustitre
Les deux derniers Pères blancs du Rwanda sont rentrés en France. Ils ont vu se faire massacrer 180 personnes qui s'étaient réfugiés auprès d'eux.
Nom cité
Nom cité
Lieu cité
Mot-clé
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Résumé
- The horrible war continues in Rwanda. The last two White Fathers from Rwanda returned to France, they saw 180 people massacred who had taken refuge with them.

- When last Friday [June 10] Hutu militiamen presented themselves in front of a religious mission in Kigali on the pretext of evacuating civilians to safety, the 180 refugees who were trying to protect themselves knew that they were living their last hour. They were kidnapped before the very eyes of Fathers Mayer and Blanchard. Father Mayer was even injured.

- Father Henri Blanchard: "They attacked, they shot at the doors, they fired a tear gas canister into the house. The children were suffocating. They forced people into a truck. We know that there is a dozen of them were killed because we saw them afterwards". No news from the others since. Unfortunately, there is little doubt about their fate.

- The two men returned to France to witness the daily horror in an abandoned country. Father Henri Blanchard: "We must try to bear witness, to make people move. To speak about this terrible suffering of people! And on both sides! This is what we would like to say and that we be helped to say and to shout: that we must come to the aid of this country. And that politicians on both sides come to understand that there is no solution without dialogue and without giving up something of oneself".
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] Je vous propose de commencer ce journal p…, avec la guerre horrible qui continue au Rwanda. Les deux derniers Pères blancs du Rwanda sont rentrés en France. Ils ont vu massacrer -- presque sous leurs yeux -- 200 personnes qui s'étaient réfugiées auprès d'eux. Leur témoignage recueilli ce matin par Isabelle Marque.

[Isabelle Marque :] Lorsque vendredi dernier [10 juin] des miliciens hutu se présentent devant une mission religieuse de Kigali en prétextant une évacuation de civils en lieu sûr, les 180 réfugiés qui tentent -- comme des milliers d'autres -- de se protéger [diffusion d'images d'archives de personnes réfugiées] savent qu'ils vivent leur dernière heure. Ils ont été enlevés sous les yeux mêmes de ces deux hommes [on voit à l'écran les Pères Mayer et Blanchard en train de regarder une carte du Rwanda accrochée au mur] : des Pères qui sont restés impuissants malgré leur courage. Le Père Mayer a même été blessé [gros plan sur sa croix catholique puis sur sa main gauche soutenue par un bandage].

[Père Henri Blanchard : "Et ils ont attaqué, ils ont… tiré sur les portes, ils nous ont tiré une grenade lacrymogène dans la maison. Vous pensez bien que… avec 180 personnes dans une petite maison -- nous étions 180 personnes dans cette petite maison -- les enfants suffoquaient. Moi aussi j'ai cru que j'allais [sourire] être asphyxié complètement. Les gens sont montés…, ils les ont fait monter de force dans un camion. Il y en a qui sont tombés, il y en a qui sont remontés. Nous savons que…, en tout cas, qu'il y a au moins une dizaine qui ont été tués parce qu'on les a vus après".]

Depuis, aucune nouvelle des autres. Mais leur sort ne fait hélas guère de doute dans l'esprit de ces hommes rentrés en France pour témoigner de l'horreur quotidienne dans un pays abandonné [diffusion de scènes de massacre].

[Père Henri Blanchard : "Et on s'est dit, probablement que… il faut qu'on essaye de témoigner, de faire bouger. De parler de cette terrible souffrance… des gens ! Et des deux côtés ! C'est ce que nous voudrions dire et qu'on nous aide à dire et à crier : qu'il faut venir au secours de ce pays. Et que les politiciens des deux bords… finissent par comprendre que… il n'y a pas de solution sans dialogue et sans renoncer à quelque chose de soi-même".]

Dès qu'ils le pourront le Père Blanchard et le Père Mayer retourneront au Rwanda. Ils savent qu'ils sont pratiquement les seuls à pouvoir apporter un peu de réconfort dans un pays déchiré. Alors que la bataille continue à faire rage entre les rebelles et les troupes gouvernementales [diffusion d'images de combat dans la ville de Kigali ; on entend le bruit des obus].
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