Fiche du document numéro 29130

Num
29130
Date
Vendredi 15 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
24824
Pages
3
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Une véritable marée humaine submerge la ville de Goma au Zaïre. Ils sont 300 000, des Hutu pour la plupart. Depuis plus d'un mois ils fuient leurs pires ennemis, les rebelles tutsi du Front patriotique rwandais
Soustitre
À Kibuye, les habitants craignent le départ des soldats Français.
Lieu cité
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FPR
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ZHS
Résumé
- France, supported by the United States, called for an emergency meeting of the Security Council last night [July 14] in order to demand an immediate ceasefire in Rwanda. She also launched a new appeal to come to the aid of the hundreds of thousands of refugees who have been flocking to Zaire for 48 hours.

- We are talking about a real exodus (between 200,000 and 400,000 refugees) of a whole population terrorized by the advance of the RPF. And a completely catastrophic humanitarian situation.

- A real human tide submerges the city of Goma in Zaire. They are 300,000, mostly Hutus. For more than a month they have been fleeing their worst enemies, the Tutsi rebels of the Rwandan Patriotic Front. The RPF has captured Ruhengeri, the main town in the north of the country, and is advancing on Gisenyi, where the government forces are based.

- At the border post, the Zairian customs officers were unable to stop the mass of refugees. Men, women and children determined to leave their country at all costs with all that they were able to take with them. Many suffer from diarrhea, malnutrition and malaria. Overwhelmed aid organizations say Zaire will be hit by a human and ecological disaster by the end of the month.

- Yet this headlong rush was predictable. The international community has hesitated once again to come to the aid of populations in danger. It will take weeks to provide them with minimum assistance. It will be too late for hundreds of Rwandan refugees.

- Another consequence of the advance of the RPF: the flight of the former Hutu government towards the security zone controlled by the French. But the French army does not intend to protect them. In this area there are also refugees who fear the departure of our soldiers.

- Kibuye is one of the French CPs in the Safe Humanitarian Zone. It is also a large and infamous village: on April 17, 3,000 Tutsi trapped on the peninsula were massacred in this church.

- The survivors are under the protection of the French at HQ. 150 people who have lived through terrible hours. Jean-Baptiste lost his family. For him, and those who are still found every day, the massacres are over but their lives still depend on the French.

- In Kibuye today, it is mainly Hutu that we meet, the inhabitants, stricken with amnesia, but also refugees who fear reprisals while deploring the massacres.

- Only the French are reassuring. And the only point in common between the two torn populations is the fear of the soldiers being replaced by a UN mission in which they have no confidence.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] À la demande de la France, soutenue par les États-Unis, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies hier soir [14 juillet]. Il exige un cessez-le-feu immédiat au Rwanda et lance un nouvel appel pour venir en aide aux centaines de milliers de réfugiés qui affluent depuis 48 heures au Zaïre. On parle de 200 000 -- même 400 000 ! -- réfugiés [on voit la salle de réunion du Conseil de sécurité puis, sur un autre plan, Claude Dusaïdi en train d'être interviewé]. Un véritable exode de toute une population terrorisée par l'avance du FPR. Et une situation humanitaire complètement catastrophique. Nahida Nakad.

[Nahida Nakad :] Une véritable marée humaine submerge la ville de Goma au Zaïre [on voit deux colonnes de réfugiés le long des bords d'une route]. Ils sont 300 000, des Hutu pour la plupart. Depuis plus d'un mois ils fuient leurs pires ennemis, les rebelles tutsi du Front patriotique rwandais. Le FPR a pris Ruhengeri, la principale ville du nord du pays, et avance sur Gisenyi où s'étaient installées les forces gouvernementales [diffusion d'une carte montrant les villes de Kigali, Ruhengeri, Gisenyi et Goma ; une flèche part de Ruhengeri vers Gisenyi].

Au poste-frontière, les douaniers zaïrois n'ont pas pu arrêter la masse de réfugiés. Des hommes, des femmes et des enfants déterminés à quitter leur pays coûte que coûte avec tout ce qu'ils ont pu emporter de leurs biens [on voit les réfugiés massés au poste-frontière de Goma]. Beaucoup souffrent de diarrhées, de malnutrition et de paludisme. Les organisations humanitaires débordées affirment que le Zaïre sera frappé d'ici la fin du mois par un désastre humain et écologique.

Pourtant, cette fuite en avant était bien prévisible. La communauté internationale a hésité une fois de plus à venir en aide à des populations en danger. Il faudra des semaines pour leur assurer une assistance minimum. Ce sera trop tard pour des centaines de réfugiés rwandais [diffusion d'images de réfugiés en train de marcher].

[Jean-Pierre Pernaut :] Autre conséquence de l'avancée du FPR : la fuite de l'ancien gouvernement hutu vers la zone de sécurité contrôlée par les Français. Mais l'armée française n'a pas l'intention de les protéger. Dans cette zone il y a aussi des réfugiés qui craignent le départ de nos soldats. Envoyés spéciaux, Isabelle Marque et Gilles Hémart.

[Isabelle Marque :] Kibuye, c'est l'un des PC français de la Zone humanitaire sûre [on voit un groupe de soldats en train de discuter devant un bâtiment, l'un d'eux éclate de rire]. C'est aussi un gros bourg tristement célèbre : le 17 avril, 3 000 Tutsi piégés sur la presqu'île ont été massacrés dans cette église [la caméra dézoome sur l'église de Kibuye].

Les rescapés sont sous la protection des Français au QG. 150 personnes qui ont vécu des heures épouvantables [on voit notamment un enfant recevoir des soins par des médecins militaires français]. Jean-Baptiste a perdu sa famille [on le voit parler à un groupe d'enfants à côté d'un soldat français]. Pour lui, et ceux que l'on retrouve encore chaque jour, les massacres sont terminés mais leur vie dépend toujours des Français.

[Isabelle Marque interviewe Jean-Baptiste : - "Vous pensez que vous allez plutôt partir si les Français s'en vont, quoi ?". Jean-Baptiste : - "[Silence] On va partir peut-être vers d'autres camps où ils vont nous… laisser. Ça c'est leur mission. Euh…, nous, nous sommes… ici justement pour être sauvés".]

À Kibuye aujourd'hui, ce sont surtout des Hutu que l'on rencontre [on voit un véhicule passer devant la caméra sur lequel un drapeau français a été accroché], les habitants, frappés d'amnésie, mais aussi des réfugiés qui craignent des représailles tout en déplorant les massacres. Plutôt aisées, ces familles-ci n'ont pas encore de gros besoins [gros plan sur la main d'un enfant tenant la main d'un soldat français en train de discuter avec un villageois]. Leur souci, c'est la sécurité.

[Un villageois : "Les Français…, nous avons confiance en eux. Je sais pas pourquoi. On a confiance en… eux. Si ils sont là, on pense qu'on est protégés. Mais s'ils partent, on sait pas que…, on n'est pas sûr que les autres vont faire ce que les Français faisaient. Ou bien essayaient de faire".]

Tout le problème est là : seuls les Français rassurent [on voit un soldat français jouer avec un groupe d'enfants]. Et l'unique point commun entre les deux populations déchirées, c'est la peur de la relève des soldats par une mission de l'ONU en laquelle ils n'ont aucune confiance [on voit un soldat français marcher de dos en tenant deux enfants par les mains].
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024