Fiche du document numéro 29122

Num
29122
Date
Mercredi 6 juillet 1994
Amj
Hms
13:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
27760
Pages
4
Surtitre
Journal de 13 heures
Titre
Les troupes du Front patriotique rwandais se sont arrêtées à 10 kilomètres des positions françaises. Les Français ont ordre de les empêcher d'avancer vers la ville de Cyangugu
Soustitre
Il y a 24 heures, ceux qu'on appelait les rebelles ont pris le contrôle de la capitale du Rwanda après des combats extrêmement violents.
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Résumé
- Still criticism of the change in nature of Operation Turquoise in Rwanda: they emanate in particular from Valéry Giscard d'Estaing or Charles Millon, president of the UDF group.

- On the ground, the troops of the Rwandan Patriotic Front stopped 10 kilometers from the French positions. The French have orders to prevent them from advancing towards the town of Cyangugu.

- A few kilometers from Gikongoro, the marines of the Trépel commando are digging combat posts. Buried shelters to protect against possible bombardments. To help them, the mayor of the town sent them volunteer residents this morning. Elsewhere, there are sometimes common law prisoners. Here, it is emphasized, the trench faces south. Proof that the French are not worried only about the rebels in the north but about any aggressor.

- It is the neutrality displayed since the beginning of Operation Turquoise. An operation better accepted today by the Rwandan Patriotic Front which stopped 10 kilometers away. But that does not prevent vigilance. Marin Gillier, Commander: "We hope that there will be no combat and that the conflict will end soon. However, the best way to help stabilize the situation is to be ready for all eventualities".

- The tension has eased today. But in the camps, which are home to around 50,000 people, most of them Hutu fleeing the advancing rebels, there is little faith in peace with the majority Tutsi movement, the ethnic group that is the victim of most of the massacres. However, today, regardless of their origin, refugees first and foremost need care and extended humanitarian aid because they are completely destitute.

- Twenty-four hours ago, those known as the rebels took control of the capital of Rwanda, Kigali, after extremely heavy fighting. Just before the arrival of these RPF forces, another TF1 team had followed the remarkable work of the Red Cross in Kigali during these battles.

- June 27, 1994, 11 am: 41 wounded wait in a truck to be evacuated from the Red Cross hospital. A shell fell within 50 meters of the truck: order was given to hospital staff to go to the shelters. Philippe Gaillard, head of the Red Cross mission in Kigali: "The last bomb fell 20 meters from the hospital. There are 41 injured in the truck. We are unable to unload. And I do not know in what state are these wounded".

- Philippe Gaillard is the boss of the Red Cross in Kigali. On April 9, when everyone was fleeing the city, it was he who improvised this hospital. With eight expatriates and around thirty local employees, the hospital has for almost three months received up to 400 wounded per day.

- The wounded will spend the night in the truck. New attempt on June 28 in the morning. Finally, the truck arrives at the King Faisal hospital, also run by the Red Cross, but in the RPF zone protected from the bombs. 40 of the 41 injured survived these 24 hours of ordeal.

- At the same time in the city center, the tragedy continues: a man arrived in hospital crying, a nine-month-old child in his arms. Two stretchers immediately follow: his wife and his other son are seriously injured. A mortar shell fell on their house. The verdict of the hospital's only surgeon is final: the child will not survive.

- After six months of mission, Philippe Gaillard left Kigali on Wednesday [July 6], two days after the capture of the city by the RPF. He didn't count the lives the Red Cross was able to save.

- Since the arrival of the RPF in Kigali, the fighting has stopped.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Pierre Pernaut :] Toujours des critiques un peu partout sur le changement de nature de l'opération Turquoise au Rwanda. Valéry Giscard d'Estaing hier soir [5 juillet], vous l'avez entendu. Charles Millon, président du gru…oupe UDF, évoque aussi les risques de dérapage.

Sur le terrain, les troupes du Front patriotique rwandais se sont arrêtées à 10 kilomètres des positions françaises. Les Français, vous le savez, ont ordre de les empêcher d'avancer vers la ville de Cyangugu. Et là-bas se trouvent nos envoyés spéciaux Isabelle Marque et Gilles Hémart.

[Isabelle Marque :] À quelques kilomètres de Gikongoro, le capitaine de frégate, Marin Gillier, nous fait faire le tour de ses installations [une incrustation "Gikongoro, Rwanda" s'affiche à l'écran ; le lieu dont il s'agit est Cyanika]. Un peu partout sur cette colline, ses hommes, les fusiliers marins du commando Trépel, creusent des postes de combat. Des abris enterrés pour se protéger d'éventuels bombardements [on voit des militaires français et des Rwandais creuser des tranchées]. Pour les aider, le maire de la commune [il s'agit du bourgmestre Désiré Ngezahayo] leur a envoyé ce matin des habitants volontaires. Ailleurs, se sont parfois des prisonniers de droit commun. Ici, insiste-t-on, la tranchée fait face au sud. Preuve que les Français ne s'inquiètent pas des seuls rebelles du nord mais de tout agresseur [gros plans sur des soldats français en train de pointer leurs fusils dans une même direction]. C'est la neutralité affichée depuis le début de l'opération Turquoise. Une opération mieux acceptée aujourd'hui par le Front patriotique rwandais qui s'est arrêté à 10 kilomètres. Mais cela n'empêche pas la vigilance.

[Marin "Jillier" [Gillier], "Capitaine de Frégate" : "Notre premier souhait est que tout ceci ne serve à rien. Nous espérons bien qu'effectivement il n'y aura…, il n'y aura pas de combat et que le conflit va s'arrêter prochainement. Euh…, il n'empêche que… la meilleure façon, euh, d'aider à…, à stabiliser la situation est d'être prêt à toutes les éventualités".]

La tension a baissé aujourd'hui. Mais dans ces camps qui abritent environ 50 000 personnes -- pour la plupart des Hutu qui fuient l'avancée des rebelles --, on ne croit guère à la paix avec le mouvement à majorité tutsi, l'ethnie victime de la plupart des massacres.

[Ernest, "réfugié Hutu" : "Ce sont des mensonges dont…, dont ils ont fait depuis longtemps, euh…, comme la guerre médiatique, bien sûr ! Donc ils cachent la vérité ! C'est une façon de se couvrir !" [On entend une voix de femme ajouter : "Voilà !".].

Mais aujourd'hui, quelle que soit leur origine, les réfugiés ont avant tout besoin de soins et d'une aide humanitaire élargie car ils sont complètement démunis [on voit une famille devant un abri de fortune au milieu d'un camp de réfugiés].

[Jean-Pierre Pernaut :] Il y a 24 heures en tout cas, ceux qu'on appelait les rebelles ont pris le contrôle de la capitale du Rwanda, Kigali, après des combats extrêmement violents. Juste avant l'arrivée de ces forces du FPR, une autre équipe de TF1 avait suivi pendant ces combats le travail remarquable de la Croix-Rouge à Kigali. C'est un document de Loïck Berrou, Jean-François Monnet et Thierry Marquez.

[Loïc Berrou :] 27 juin 1994, 11 heures du matin : 41 blessés attendent dans ce camion d'être évacués de l'hôpital de la Croix-Rouge [on voit les blessés dans un camion benne puis on entend une très forte détonation]. Un obus tombe à moins de 50 mètres du camion : ordre est donné au personnel de l'hôpital de se rendre aux abris [on voit notamment un adulte et des enfants assis au milieu d'un couloir].

[Philippe Gaillard, "Chef de Mission, Croix-Rouge - Kigali" : "La dernière bombe qui est tombée est tombée à 20 mètres de l'hôpital. Il y a [silence]…, dans le camion, 41 blessés qu'on est même incapable de décharger. Et je sais pas, je sais pas dans quel état sont ces blessés. C'est tout".]

Philippe Gaillard est le patron de la Croix-Rouge à Kigali. Le 9 avril, alors que tout le monde fuyait la ville, c'est lui qui a improvisé cet hôpital [on entend une forte explosion]. Avec huit expatriés et une trentaine d'employés locaux, l'hôpital a reçu depuis bientôt trois mois jusqu'à 400 blessés par jour.

[Philippe Gaillard parle dans un talkie-walkie : - "On ne prend pas de risque à ce stade pour aller ressortir les blessés du camion. Si la situation le permet, on va le faire. À toi". Réponse de son interlocuteur : - "D'accord, dès que le temps s'éclaircira on…, on les remettra à leur place".]

Nous le découvrirons quelques minutes plus tard, le camion n'a pas été atteint.

[Major Mc Cumber, "MINUAR" [il s'exprime en anglais mais ses propos sont traduits] : "Ce qu'on va faire, c'est bouger le camion dans un endroit moins exposé. On ne sait pas encore si on va décharger les blessés".]

L'opération sera reportée, au lendemain [on entend un bruit de tir]. Les lits des évacués sont déjà occupés par d'autres blessés. Ils passeront effectivement la nuit dans le camion [gros plan sur les blessés].

Nouvelle tentative le 28 juin au matin. François est le chauffeur du camion.

[François Konrad, "Chauffeur C.I.C.R.", au volant de son camion : "Quand la guerre commençait, on a commencé à aller à l'aéroport. La ligne de front était beaucoup plus loin. Et puis on faisait d'autres déplacements au sud de… -- [on entend une forte détonation] ça c'est…, c'est un départ --, au sud de la ville, où on s'est fait tirer dessus pendant 1 h 20. On est tombé dans une embuscade".]

François a conduit pour la Croix-Rouge en Afghanistan, en Somalie, au Sri-Lanka. Sa cabine n'est toujours pas blindée.

[François Konrad : "Alors là, ça, c'est le point chaud. À partir d'ici. La ligne de front est juste, en fait, en bas. C'est le seul endroit où on peut prendre un peu de vitesse pour éviter, euh…, les tirs"].

Arrivé à l'hôpital King Faisal, tenu lui aussi par la Croix-Rouge, mais en zone FPR à l'abri des bombes. 40 des 41 blessés ont survécu à ces 24 heures de calvaire [on voit les blessés en train d'être déchargés du camion].

Dans le même temps dans le centre-ville, la tragédie se poursuit : un homme est arrivé en pleurs à l'hôpital, un enfant de neuf mois dans les bras. Suivent aussitôt deux brancards : sa femme et son autre fils sont grièvement blessés. Un obus de mortier est tombé sur leur maison [on entend le père pleurer]. Le verdict de John Sundin, le seul chirurgien de l'hôpital, est sans appel : l'enfant ne survivra pas.

[Un médecin s'entretient avec Philippe Gaillard : "Il vient de trouver sa femme et son enfant complètement… éclatés. Et…, et il lui reste plus qu'un petit bébé de neuf mois. Et il a fondu en larmes en [inaudible]".]

Après six mois de mission, Philippe Gaillard a quitté Kigali ce mercredi [6 juillet], deux jours après la prise de la ville par le FPR. Il n'a pas fait le décompte des vies que la Croix-Rouge a pu sauver.

[Jean-Pierre Pernaut :] Voilà. Et depuis l'arrivée du FPR dans Kigali les combats se sont arrêtés.
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024