Fiche du document numéro 28970

Num
28970
Date
Jeudi 16 juin 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
Auteur
Fichier
Taille
21643
Pages
2
Surtitre
Journal de 20 heures
Titre
La proposition d'Alain Juppé pour une intervention humanitaire de la France et de ses partenaires européens et africains n'a eu pour l'heure que peu d'écho. En attendant, les enfants meurent au Rwanda
Soustitre
Les forces gouvernementales et les rebelles rwandais ignorent le cessez-le-feu annoncé hier [15 juin] par leur représentant sous les auspices de l'Organisation de l'unité africaine.
Nom cité
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Lieu cité
Mot-clé
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Résumé
- The fighting resumed this morning in Kigali. The government forces and the Rwandan rebels ignore the ceasefire, announced yesterday [June 15] by their representative under the auspices of the Organization of African Unity.

- Alain Juppé's proposal for a humanitarian intervention by France and its European and African partners has so far received little response.

- In the meantime, children are dying in Rwanda. Those who escaped are haunted by the memory of the massacres, worried that the assassins will return to look for them.

- At the summit held yesterday [June 15] in Tunis, Africa said it was ready to take responsibility but does not have the means. The UN ended up deciding to tiptoe the 5,500 peacekeepers Rwanda is still waiting for.

- France would be ready for an intervention. But with what mandate, armed or not? If the intention is courageous belatedly, even laudable, our country is unfortunately no longer welcome in the land of a thousand hills.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Commentaire
This report is a model of duplicity with power: the short statement of the representative of the RPF is not made explicit; on the other hand, the viewer is saturated with images of excruciatingly mutilated children or in the most total destitution to justify the intervention from France to Rwanda. The journalist is also aware of this manipulation since she takes the trouble to clarify: "Easy, some would say, these images of children".
Type
Transcription d'une émission de télévision
Langue
FR
Citation
[Jean-Claude Narcy :] À l'étranger à présent, au Rwanda, où les combats ont repris ce matin à Kigali. Euh, les forces gouvernementales et les rebelles rwandais ignorent le cessez-le-feu, annoncé hier [15 juin] par leur représentant sous les auspices de l'Organisation de l'unité africaine, OUA. Par ailleurs, la proposition d'Alain Juppé pour une intervention humanitaire de la France et de ses partenaires européens et africains n'a eu pour l'heure que peu d'écho. En attendant, eh bien, chaque jour la population souffre, les enfants meurent au Rwanda. Marine Jacquemin.

[Marine Jacquemin :] Les grands lui ont volé sa jambe mais aussi son innocence [on voit à l'image un enfant assis dont la jambe droite a été amputée]. Et les enfants du Rwanda [image d'un enfant blessé au visage] ont cessé de jouer, ils ont presque cessé de parler [plusieurs gros plans sur des visages d'enfants]. Si certains chantent encore, c'est pour mieux étouffer leurs souffrances face à tant d'indifférence [rediffusion de la scène de l'enfant blessé chantant "Au pas camarade", initialement diffusée dans les JT de TF1 du 25 mai].

Leurs histoires sont communes, voire banales : il y a ceux trouvés, errants dans la ville ou dans les vallées. D'autres miraculés au milieu des cadavres [images d'enfants marchant seuls au milieu de nul part et d'enfants blessés]. Mais tous sont hantés par le souvenir des massacres, inquiets à l'idée que les assassins ne reviennent les chercher [diffusion d'une scène de massacre]. Combien de ces petites victimes, combien d'orphelins, combien de ces regards ? Les chiffres ont-ils encore une importance ? Tandis que pointent à l'horizon les déclarations de bonnes intentions des uns, des autres. Et même de la France [gros plans sur des visages d'enfants, dont certains gémissent de douleur].

Et ces yeux noyés de larmes semblent nous répondre que l'urgence était hier [gros plan sur les yeux d'un enfant assis avec deux autres enfants, sans bouger]. Facile, dirons certains, ces images d'enfants. Mais quelles images montrer dans ce pays de mort et de désolation ? Et vers qui se tourner pour trouver la solution ?

Au sommet qui s'est tenu hier [15 juin] à Tunis, l'Afrique se dit prête à s'assumer mais n'en a pas les moyens. L'ONU a fini par décider d'envoyer sur la pointe des pieds 5 500 soldats de la paix que le Rwanda attend encore [images de camps de réfugiés]. Tandis que les assassins défoncent chaque jour les portes, surtout les plus faciles, comme celles des orphelinats [on voit des gens sortir d'une église en se tenant le nez et la bouche dans la main].

Enfin la France, qui serait prête pour une intervention [on voit Bernard Kouchner sortir d'un camp de réfugiés en compagnie de personnels des Nations unies]. Mais avec quel mandat, armé ou non ? Si l'intention est tardivement courageuse, même louable, notre pays n'est hélas plus le bienvenu au pays des mille collines.

[Jacques Bihozagara, "Représentant des Forces Rebelles" : "S'il y a des troupes françaises dans… l'esprit qui a été, donc, euh, hi…, hier [15 juin], décrit et défini par le ministre français des Affaires étrangères, nous cond…, nous allons considérer ça comme une provocation. Et nous allons y répondre".]

Alors, après deux mois et demi de massacres [gros plan sur un enfant amaigri et à moitié dénudé qui fixe longuement la caméra], de silence et de guerre, qu'espérer si ce n'est que la volonté l'emporte sur l'adversité [gros plan sur le visage d'un enfant grièvement blessé au visage].
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024