Fiche du document numéro 28893

Num
28893
Date
Lundi 11 avril 1994
Amj
Hms
20:00:00
Auteur
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Fichier
Taille
12771011
Pages
0
Surtitre
Journal de 20 heures [3:46]
Titre
Il y a 35 ans que des massacres se produisent au Rwanda et au Burundi entre les différentes ethnies
Soustitre
L'ambassade de France finit de regrouper les derniers Français et comme de coutume en cas de crise grave, on détruit les documents diplomatiques.
Lieu cité
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Résumé
- All the French, with the exception of a very small number of religious in particular, were evacuated.

- Most often it is civilians who have massacred their own neighbors with a machete, only guilty of not being of the same ethnic group.

- The French Embassy is finishing regrouping the last French and as usual in the event of a serious crisis, diplomatic documents are destroyed.

- The evacuation of foreigners is proceeding without too much difficulty and it seems that it corresponds to the wishes of the parties in conflict.

- Rwanda and its neighbor Burundi are unfortunately used to these deadly clashes. Massacres have been taking place there between different ethnic groups for 35 years.

- However, a political agreement hardly negotiated last August had to be applied. But the process was delayed and to the impatience of the Tutsi the anger of the Hutu extremists hostile to the agreement and to democratic opening was answered.

- The most violent are the members of the presidential guard, accused of having indiscriminately killed Tutsi and Hutu liberals. In this murderous context, the new government was not recognized by the Patriotic Front, which resumed the offensive: in the country, where 4,000 men were reportedly approaching the capital, and in Kigali itself, where 600 rebels based near the Hotel Méridien, to the northeast, clash with Hutu soldiers. No one dares imagine what will happen tonight after the last foreign soldiers leave.
Source
TF1
Fonds d'archives
INA
Type
Journal télévisé
Langue
FR
Citation
[Dominique Bromberger :] […] un hôpital de Kigali a été frappé par un obus qui a fait 27 morts et une centaine de blessés. Trois avions français transportant 213 personnes ont quitté la ville aujourd'hui. Tous les Français, à l'exception d'un tout petit nombre de religieux notamment, ont été évacués. Et pendant ce temps, les forces rebelles s'approchent de la capitale. Reportage à Kigali de nos envoyés spéciaux Gauthier Rybinski et David Cosset.

[Gauthier Rybinski :] Voici le visage actuel de Kigali, la capitale du Rwanda : des corps allongés dans les rues. Le plus souvent ce sont des civils qui ont massacré à la machette leurs propres voisins, seulement coupables de ne pas être de la même ethnie [diffusion de la fin de la célèbre scène de massacre filmée par Nick Hughes ainsi que d'images de cadavres jonchant les rues de Kigali].

L'ambassade de France finit de regrouper les derniers Français et comme de coutume en cas de crise grave, on détruit les documents diplomatiques [on voit deux hommes noirs et deux militaires français en train de brûler les archives de l'ambassade de France].

Ceux qui s'en vont ne se sentent pas directement menacés en tant que Français mais la folie des combats les a surpris [on voit des militaires français en train d'évacuer des sœurs noires et des civils blancs]. Le Rwanda passait jusque-là pour un pays à peu près calme.

[Une jeune femme blanche : "On peut pas expliquer parce que…".

Une femme plus âgée, sans doute sa mère [elle a un léger accent espagnol] : "Nous avons eu des…, une bombe dans la maison. On était réuni avec les amis. Enfin c'est…, vous savez, on a…, ça fait trois jours que… on est terrorisé. On arrive même pas à parler".

Un homme blanc : "On a assisté ce matin tout près de l'hôpital, à côté du Méridien, à des pillages de maisons par, euh, les forces rwandaises et puis des civils".]

Retour vers l'aéroport. Le pire n'est jamais certain mais la route jamais complètement sûre. Les 85 étrangers qui quittent Kigali sont tassés à même le sol des camions pour éviter d'être pris pour cible par des tireurs incontrôlés [on voit des camions sillonner les routes de Kigali avec à leur bord des militaires français armés et des civils]. Et puis brusquement, quelques coups de feu. Les soldats français n'ont l'ordre de tirer que s'ils sont directement visés. Alors on attend [on voit des soldats français placés en embuscade derrière des véhicules]. Qui a tiré sur qui ? On ne sait pas très bien. L'incident sera de courte durée et les 85 civils atteindront sans encombre l'aéroport.

[Gauthier Rybinski, face caméra, devant l'aéroport de Kanombe : "L'évacuation des étrangers se déroule sans trop de difficulté et d'ailleurs il semble qu'elle corresponde au souhait des parties en conflits. Et bien évidemment ce départ ne résout en rien la crise rwandaise et l'on s'attend ici au pire, une fois que les troupes françaises auront quitté le pays".]

[Dominique Bromberger :] Oui, et cela d'autant plus que le Rwanda et son voisin le Burundi sont malheureusement coutumiers de ces affrontements extrêmement meurtriers. Et il y a 35 ans que des massacres s'y produisent entre les différentes ethnies. Explications d'Isabelle Marque.

[Isabelle Marque :] Ces massacres ne sont hélas qu'un épisode de plus dans la guerre qui n'a cessé d'opposer depuis la fin de la colonisation les Hutu, majoritaires dans le pays, à la minorité tutsi [diffusion d'images d'archives montrant des personnes massacrées].

Mais cette fois-ci, la mort du Président Habyarimana, tué la semaine dernière, intervient alors qu'un accord politique difficilement négocié en août dernier devait être appliqué [diffusion d'une image d'archive montrant Juvénal Habyarimana en train de parler face caméra]. Les 20 000 combattants du Front patriotique rwandais, des Tutsi pour la plupart, avaient mis fin à leur lutte armée lorsque le Président s'était engagé à mettre en place un gouvernement transitoire représentant toutes les ethnies jusqu'à la tenue d'élections démocratiques [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR].

Mais le processus tardait. Et à l'impatience des Tutsi répondait la colère des extrémistes hutu hostiles à l'accord et à l'ouverture démocratique. Les plus violents -- on l'a vu ces derniers jours -- sont les membres de la garde présidentielle, accusés d'avoir tué indistinctement Tutsi et libéraux hutu [diffusion d'images d'archives montrant notamment des Interahamwe et deux militaires des FAR en train de battre puis mettre en joue un civil].

Dans ce contexte meurtrier, le nouveau gouvernement [on voit Jean Kambanda à l'écran] n'est pas reconnu par le Front patriotique qui a repris l'offensive : dans le pays, où 4 000 hommes se rapprocheraient de la capitale [diffusion d'images d'archives montrant des soldats du FPR au combat], et à Kigali même où 600 rebelles basés près de l'hôtel Méridien, au nord-est, s'affrontent aux soldats hutu [diffusion d'un plan de Kigali situant l'ambassade de France au sud-ouest, la garde présidentielle au centre-est et l'hôtel Méridien au nord-est].

Une situation extrêmement confuse qui jette à nouveau des centaines de réfugiés sur les routes des pays voisins. Et personne n'ose imaginer ce soir ce qui va se passer après le départ des derniers soldats étrangers [diffusion d'images d'archives montrant des réfugiés].
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024