Fiche du document numéro 28533

Num
28533
Date
Samedi 22 mai 2021
Amj
Auteur
Fichier
Taille
236411
Pages
3
Urlorg
Titre
Discours prononcé par Espérance Patureau, présidente de la cellule d'Ibuka-France de Chalette-sur-Loing, lors de la 27ème commémoration du génocide contre les Tutsi au Rwanda en 1994
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Source
Type
Discours
Langue
FR
Citation
Son excellence Monsieur l’Ambassadeur du Rwanda en France,

Monsieur le Maire de Chalette sur Loing,

Chers présidents d’Ibuka, cher-es ami-es et cher-es membres d’Ibuka-France et de sa cellule.

Merci à toutes et tous d’être présents avec nous, pour la 27ème fois, afin d’honorer la mémoire des victimes de l’innommable.

Merci à Madame Mutsumi et aux représentants de la télévision publique japonaise de s’être déplacés jusqu’à nous pour cette cérémonie à la mémoire des nôtres.

Comme tous les ans, je remercie particulièrement la municipalité de Chalette et son maire de nous avoir accordé cet endroit pour que nous puissions nous recueillir et rendre hommage à une partie de notre humanité qui nous a été arraché dans des souffrances indescriptibles.

Après avoir annulé les commémorations de l’année dernière, nous voici réunis ici encore en petit comité à cause des mêmes raisons : la pandémie sanitaire !

Rien ne doit nous empêcher de nous souvenir pour pouvoir transmettre. Je remercie Myriam Destephen ici présente et Raphaël Ducourant qui ont participé à ce travail de transmission par le biais de l’art. Nous leurs devons la chanson de clôture avec Camille Patureau qui s’excuse de ne pas pouvoir venir la chanter directement.

C’est donc la deuxième année que le monde vit au rythme de la pandémie. Pour les rescapés cela signifie encore plus d’isolement malgré la connexion au monde entier grâce aux nouvelles technologies. Les commémorations se sont faites en ligne par toutes sortes d’applications. Le manque de contact direct avec des personnes qui peuvent apporter un soutien a été dramatique mais a permis de renouer des liens avec d’autres, géographiquement éloignés. Cela a permis aussi d’avoir d’autres témoignages, des personnes qui n’avaient jamais eu le courage de parler. Et surtout cela a permis une prise de conscience du temps qui passe trop vite, et de mesurer la nécessité et l’urgence du témoignage écrit. L’année prochaine Ibuka-France fêtera ses 20 ans d’existence ! Espérance Brossard qui l’a mis en place en 2002 vient de sortir son premier livre intitulé : Mon histoire Rwandaise, Ibuka (souviens-toi) : ma vie et mes combats. Elle parle des combats menés pour arriver à imposer Ibuka–France comme association connue et reconnue nationalement. A la fin de la conclusion elle écrit : une équipe a posé les fondations dans des conditions difficiles. Une autre a monté les murs, une autre bâtira le toit.

A vous rescapés et survivants d’en ouvrir les portes à tous ceux qui veulent perpétuer la mémoire des victimes de cette tragédie humaine, à tous ceux qui sont à la recherche de la vérité et de la justice, sillonnez le monde pour parler de ce qui s’est passé au Rwanda et prévenir le retour de la haine.

Dans le postface rédigé par Marcel Kabanda qui a pris le relai en 2007 et accompagné la naissance de notre cellule on peut lire : ibuka, le mot est court, mais il en dit très long ! Ce n’est pas le seul de son paradoxe. Il allie l’impératif, l’injonction à la bienveillance. Une rare si pas l’unique parole rwandaise que le locuteur prononce sans attendre de l’interlocuteur qu’il réponde. Il invite au voyage intérieur sans proposer des éléments nécessaires à la navigation, sans carte ni boussole. Elle interpelle mais laisse chacun libre de choisir le parcours à suivre dans l’exploration de ses souvenirs…..et il termine en disant : mais il faut plus, une grande conviction, une certaine passion et une grande capacité à mobiliser les partenariats. il faut et faire aimer ce qu’on fait. C’est ce qu’Espérance Brossard a assumé pendant 5 ans et consolidé et fait rayonné par Marcel pendant 13 ans. Nous savons cher Marcel combien tu t’es donné pour que notre maison, notre famille Ibuka en soient là où elles sont aujourd’hui. Je ne suis pas là bien sûr pour faire un bilan mais juste pour les remercier de leur incroyable dévouement.

La nouvelle génération a la tâche difficile d’assurer la maintenance tout en élargissant le cercle. Cher Etienne vous avez un héritage qu’il faut fructifier. La fondation est faite, les murs sont montés mettez la clôture mais laissez-là toujours ouverte à tous les amis qui voudront apporter une contribution à la mémoire des nôtres. Nos morts comprennent désormais toutes les langues, ils ont la couleur de l’arc-en-ciel, ils sont universels.

Merci pour votre attention !
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fgtquery v.1.9, 9 février 2024