Fiche du document numéro 28175

Num
28175
Date
Dimanche 11 avril 2021
Amj
Hms
20:30:00
Auteur
Fichier
Taille
161104
Pages
4
Titre
Hubert Védrine : « Moi, je suis à fond pour la vérité historique. Je ne suis pas pour le devoir de mémoire qui est une construction »
Sous titre
Transcription partielle de l’émission « 20h30 le dimanche », diffusée sur France 2 le 11 avril 2021.
Nom cité
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Source
Type
Langue
FR
Citation
Lien :
https://www.france.tv/france-2/20h30-le-dimanche/2370555-invite-hubert-vedrine.html


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HUBERT VEDRINE (A GAUCHE) ET LAURENT DELAHOUSSE (A DROITE)
SUR LE PLATEAU DE FRANCE 2, LE 11 AVRIL 2021.


[Début de la transcription à 12’ 45’’]

Laurent Delahousse : Un sujet d’actualité. 27 ans après le génocide rwandais, le rapport Duclert a été remis, pointant la responsabilité de la France dans le massacre des Tutsi. 800 000 personnes furent tuées...

[12’ 55’’]

Hubert Védrine : Non, non, non, non, attendez ! Non, non. Ils disent : « pas de complicité ». C’est l’élément…

[12’ 59’’]

Laurent Delahousse : Mais ils parlent de : « responsabilités ».

[13’ 01’’]

Hubert Védrine : Oui, mais alors comme il n’y a pas de complicité, on ne sait pas sur quoi porte la responsabilité. Mais l’élément fondamental – parce que c’est une accusation répétée, hein, depuis longtemps –, c’est : « y a pas de complicité ».

[13’ 10’’]

Laurent Delahousse : Vous étiez secrétaire général de l’Elysée auprès de François Mitterrand. Reconnaissez-vous, vous aussi, une forme de responsabilité de la France dans ce génocide ?

[13’ 21’’]

Hubert Védrine : Moi j’ai vu... Non, pas du tout ! Responsabilité ? Bien sûr que non puisque la France est le seul pays au monde qui ait tenté d’enrayer l’engrenage. Mais…, alors, j’ai une entrée sur les 250. Là, je dis il y a deux thèses complètement opposées : la France est complice d’un régime qui prépare un génocide. L’autre thèse : la France est le seul pays au monde qui a compris le risque dès le début et qui a tenté de l’enrayer. Mais…

[13’ 40’’]

Laurent Delahousse : Vous êtes donc opposé au travail des historiens 30 après ? Vous réfutez leur thèse ?

[13’ 43’’]

Hubert Védrine : Non, pas du tout ! Attendez, je suis à fond pour les historiens. Mais après il y a une question d’interprétation, il y a…, du moins, de l’usage qu’on en fait. Moi, je suis à fond pour la vérité historique – je ne suis pas pour le devoir de mémoire qui est une construction –, je suis à fond pour ça. Et je trouve qu’Alain Juppé avait raison, l’autre jour, de montrer qu’il y a un moment qui inspire un regret terrible compte tenu de l’atrocité de ce qui a suivi : c’est ce moment d’avril 94. Nous on était parti, après les accords de compromis qu’on avait imposés.

[14’ 08’’]

Laurent Delahousse : Arusha. Ouais.

[14’ 09’’]

Hubert Védrine : Il y a le moment où la force des Nations unies se disloque, là où elle aurait dû rester. Donc, là, il y a un regret qui est inguérissable sur ce moment d’avril 94. Mais ça concerne pas spécialement la France, hein. La Belgique, la MINUAR, etc.

[14’ 20’’]

Laurent Delahousse : Alain Juppé dit porter cette blessure…

[14’ 22’’]

Hubert Védrine : Oui, oui.

[14’ 23’’]

Laurent Delahousse : Il dit porter cette blessure 30 ans après.

[14’ 24’’]

Hubert Védrine : Oui. Bien sûr !

[14’ 25’’]

Laurent Delahousse : Est-ce que vous portez cette blessure ?

[14’ 26’’]

Hubert Védrine : Non, c’est une blessure collective.

[14’ 28’’]

Laurent Delahousse : Non ? Je n’ai pas entendu.

[14’ 29’’]

Hubert Védrine : C’est une blessure collective.

[14’ 31’’]

Laurent Delahousse : Aujourd’hui vous êtes le gardien du temple de… C’est le gardien du temple de François Mitterrand qui s’exprime aussi…

[14’ 36’’]

Hubert Védrine : Non, pas là-dessus !

[14’ 37’’]

Laurent Delahousse : Vous savez ce que l’on dit : « l’illustration du pouvoir et du choix solitaire de François Mitterrand », dans cette question. « Il était un informé de certaines choses, il aurait dû réagir autrement », c’est ce que certains disent. Est-ce que, aujourd’hui, vous vous exprimez entre… dans votre nom propre ou vous êtes toujours le gardien de ce que François Mitterrand a fait ?

[14’ 50’’]

Hubert Védrine : Je ne suis pas le gardien du temple. Il y a 20 à 25 livres, depuis des années, qui expliquent ce drame atroce qui conduit à l’abominable génocide autrement que ce que l’on lit d’habitude dans les médias français. J’aimerais qu’ils soient lus, également, qu’ils soient écoutés, que ce soit un travail objectif, honnête, sérieux par rapport à ça.

[15’ 10’’]

Laurent Delahousse : Et on attend la prise… Et il y a eu un travail fort et honnête qui a été fait et réalisé dans ce travail des historiens. On attend la prise de parole d’Emmanuel Macron à la suite de la remise de ce rapport. Il le fera, je cite, « le moment venu ».

[Fin de la transcription à 15’ 21’’]
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