Fiche du document numéro 27655

Num
27655
Date
Vendredi 19 décembre 2008
Amj
Auteur
Fichier
Taille
145014
Pages
1
Surtitre
L'acteur
Titre
Théoneste Bagosora
Soustitre
Prison à vie pour un pilier du régime Habyarimana considéré comme le « cerveau du génocide ».
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Nom cité
Mot-clé
Mot-clé
Résumé
Portrait of Théoneste Bagosora, considered the creator of this terrible strategy, learned at the French War School: to mobilize and arm the population so that when the day comes they attack civilians considered to be accomplices.
Source
Type
Article de journal
Langue
FR
Citation
Petit homme rond, au sourire
goguenard, Théoneste Bagosora
fut longtemps l’homme
le plus redouté du Rwanda, même
si en 1994, il n’était plus officiellement
qu’un officier supérieur à
la retraite. S’il était membre de
l’Akazu, l’entourage présidentiel,
c’est parce que, comme le président
Habyarimana, il est originaire
du nord du pays, patrie des redoutables
Bakigas, un clan qui ne
fut jamais soumis à l’autorité des
Tutsis et donna du fil à retordre au
colonisateur belge.
Bagosora voit le jour en 1941 à
Gisye, près de Gisenyi et, issu
d’une famille chrétienne, il fut
d’abord enfant de choeur dans la
paroisse locale. En 1956, il fait ses
études secondaires au petit séminaire
de Nyundo puis rejoint, six
ans plus tard, l’Ecole des officiers,
qui deviendra plus tard l’Ecole supérieure
militaire de Kigali, vivier
des cadres de l’armée.
Au début des années 60, les tensions
ethniques sont très vives au
Rwanda : lorsque l’indépendance
est proclamée en 1962, 300.000
Tutsis ont été obligés de fuir car
leurs huttes sont incendiées, les
troupeaux ont été confisqués. Le
pays est enflammé par la haine et
la méfiance et les Hutus répètent
cette promesse : « Il faudra à tout
prix empêcher les Inyenzi, les cancrelats,
de revenir. » Car les exilés, installés
dans les pays voisins, multiplient
les incursions et chacune de
leurs tentatives se traduit par des
massacres de Tutsis.
Le 30 octobre 1966, le sous-lieutenant
Bagosora repousse pour la
première fois une attaque venue
du Burundi voisin. Après ce baptême
du feu, il se rapproche d’un autre
jeune officier prometteur, lui
aussi originaire du nord, Juvenal
Habyarimana, qui a épousé une
jeune fille de bon lignage, Agathe
Kanziga, qui deviendra la marraine
de la fille aînée de Bagosora.
Lorsqu’Habyarimana décide, en
1973, de renverser le président
Grégoire Kayibanda, un ancien séminariste
très soutenu par les milieux
catholiques belges, Bagosora
est à ses côtés et l’unité qu’il commande
s’empare de Kigali. Par la
suite, Bagosora soutient la création
de la gendarmerie nationale,
qui accueille des instructeurs et
des conseillers auprès de l’état-major.
Cette gendarmerie est bien
plus qu’une simple force de police
: elle quadrille la population,
mène des opérations de renseignement
et les Français appuient
la création du fichier central de recherche
criminelle.
Intelligent, bien organisé, Bagosora,
est invité en 1981 pour une
formation complémentaire à l’Ecole
supérieure de guerre interarmées
à Paris où il nouera amitiés
et contacts. C’est là qu’il confirme
sa stratégie de lutte contre l’« ennemi
intérieur », les Tutsis, censés
vouloir revenir au pays et reprendre
le pouvoir par la force. Par la
suite, il occupera plusieurs fonctions
au ministère de la Défense
et, membre du « premier cercle »,
le célèbre Akazu (petite maison), il
deviendra chef de cabinet du président.
En 1990, c’est lui qui commande
le camp Kanombe lorsque
le Front patriotique rwandais, composé
d’exilés tutsis, attaque le
pays depuis l’Ouganda.
Par la suite, Bagosora n’affrontera
pas l’ennemi sur le champ de bataille
mais à la table de négociations.
A Arusha, lors des pourparlers
de paix en 1993, ce défenseur
de la ligne dure refuse de signer
un accord qu’il considère comme
une reddition. Lors de son procès,
il niera toujours avoir prononcé
cette phrase terrible en quittant
Arusha : « Je vais préparer l’Apocalypse.
» Il est cependant considéré
comme le concepteur de cette
stratégie terrible, apprise à l’Ecole
de guerre française : mobiliser et
armer la population pour que le
jour venu elle s’en prenne aux civils
considérés comme complices.
C’est ainsi qu’il organise et supervise
le recrutement des miliciens Interhahamwe,
principaux acteurs
du génocide. En 1994, officiellement
à la retraite, il demeure très
puissant et, chacun le sait, hostile
aux accords d’Arusha qu’à la veille
de sa mort Habyarimana, aux
abois, a cependant décidé de mettre
en oeuvre. Dans les minutes qui
suivent l’attentat contre l’avion du
président, le 6 avril 1994, Bagosora
préside les réunions du comité de
crise et s’emploie à rendre impossible
une solution politique, en faisant
assassiner les principaux leaders
hutus modérés dont la Première
ministre Agathe Uwilingyimana
et les dix Casques bleus belges
chargés de la protéger.
Après être resté aux commandes
durant les trois mois que dura
le génocide, Bagosora quitte le
Rwanda en juillet 1994 devant
l’avancée du Front patriotique
rwandais et sera arrêté au
Cameroun en mars 1996 avant
d’être amené devant le tribunal
d’Arusha.
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